En Asie centrale, la Turquie s'immisce dans les brèches russes

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui sera présent à ce sommet de l'Organisation des Etats turciques (OET) à Samarcande (Ouzbékistan), cultive depuis plusieurs années les liens culturels, linguistiques et religieux avec les ex-républiques soviétiques turciques d'Asie centrale et du Caucase (Photo, AFP).
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui sera présent à ce sommet de l'Organisation des Etats turciques (OET) à Samarcande (Ouzbékistan), cultive depuis plusieurs années les liens culturels, linguistiques et religieux avec les ex-républiques soviétiques turciques d'Asie centrale et du Caucase (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 11 novembre 2022

En Asie centrale, la Turquie s'immisce dans les brèches russes

  • Signe de l'énergie croissante déployée par Ankara pour renforcer ses positions dans la région, il s'agit du troisième déplacement de Erdogan en Asie centrale en moins de deux mois
  • La Turquie s'efforce d'exercer un soft power vers les ex-républiques soviétiques en leur vendant des drones militaires

SAMARCANDE: La Turquie va profiter vendredi d'un sommet en Asie centrale pour resserrer ses liens avec ce carrefour énergétique et commercial majeur, tirant parti de l'affaiblissement de la Russie, ex-puissance tutélaire enlisée dans son offensive en Ukraine.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui sera présent à ce sommet de l'Organisation des Etats turciques (OET) à Samarcande (Ouzbékistan), cultive depuis plusieurs années les liens culturels, linguistiques et religieux avec les ex-républiques soviétiques turciques d'Asie centrale et du Caucase.

Mais l'invasion russe de l'Ukraine, fin février, a ouvert de nouvelles brèches en détournant l'attention de Moscou et en suscitant l'inquiétude des pays de la région, qui regardent plus que jamais ailleurs, vers la Chine mais aussi l'Europe.

Le président du Conseil européen Charles Michel s'est ainsi rendu au Kazakhstan pour un premier sommet "Union européenne-Asie centrale" fin octobre, plaidant pour un rapprochement.

Signe de l'énergie croissante déployée par Ankara pour renforcer ses positions dans la région, il s'agit du troisième déplacement de M. Erdogan en Asie centrale en moins de deux mois.

Vue de Turquie, l'OET est un outil qui pourrait lui permettre d'accroître son influence dans une région dominée depuis des décennies par Moscou qui, même après la chute de l'Union soviétique, a conservé sa mainmise à travers des alliances militaires et économiques.

Fondée en 2009 et autrefois appelée "Conseil turcique" avant d'être renommée en 2021, cette organisation regroupe quatre ex-républiques soviétiques du Caucase (Azerbaïdjan) et d'Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizstan et Ouzbékistan), ainsi que deux pays observateurs: le Turkménistan – autre pays ex-soviétique d'Asie centrale – et la Hongrie.

«Erreurs» de Moscou

Mais la famille pourrait s'agrandir si le Turkménistan devenait vendredi membre à part entière de l'OET, ce qu'a annoncé Ankara, mais que n'a pas confirmé ce pays reclus.

En cas d'adhésion du Turkménistan, tous les pays centrasiatiques de langue turcique feraient partie de cette union.

"Cette communauté des Etats turciques commence à prendre de la consistance", explique Bayram Balci, docteur en sciences politiques affilié à Sciences Po et ex-directeur de l'Institut Français d'études sur l'Asie centrale.

Sevintch Djourakoulova, une étudiante de 18 ans rencontrée à Samarcande, se réjouit de la tenue du sommet, estimant que le peuple turc est "un peuple frère" avec lequel l'Ouzbékistan "a beaucoup en commun".

Pourtant, après la chute de l'Union soviétique et l'indépendance des républiques centrasiatiques en 1991, les efforts d'Ankara sont longtemps restés vains.

"Depuis le début de ce rêve de création d'une communauté turcique, le poids et l'influence de la Russie ont été des obstacles", souligne M. Balci.

Mais cette influence russe s'érode depuis quelques années, notamment depuis la guerre du Haut-Karabakh entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan en 2020, et surtout l'invasion de l'Ukraine par Moscou cette année.

"La Turquie récolte indirectement les fruits des échecs et des erreurs de la Russie, qui permettent à d'autres pays de s'implanter", selon M. Balci.

Intérêts «pas incompatibles»?

Pour Andreï Grozine, spécialiste russe de l'Asie centrale à l'Institut des pays de la Communauté des Etats indépendants, "toute activité en Asie centrale est perçue par Moscou (...) comme indésirable".

Mais la Turquie et la Russie, qui coopèrent par ailleurs sur plusieurs dossiers, pourraient trouver un terrain d'entente pour essayer d'exercer une influence conjointe en Asie centrale, dit-il.

"Les intérêts de la Turquie et de la Russie en Asie centrale ne sont pas fondamentalement incompatibles", estime M. Grozine, soulignant qu'Ankara n'a de toute façon "pas autant de ressources que Moscou".

Selon M. Balci, les Etats centrasiatiques "feront partie de ces deux unions (turque et russe) en prenant ce qui les intéresse et rejetant ce qui ne les intéresse pas".

La Turquie s'efforce d'exercer un soft power vers les ex-républiques soviétiques en leur vendant des drones militaires, mais aussi via des projets humanitaires, religieux ou éducatifs.

Cependant, si la Turquie accroît ses investissements en Asie centrale, les échanges commerciaux restent bien modestes.

Selon des données du Centre international du commerce, un organisme dépendant de l'Organisation mondiale du commerce et de l'ONU, le volume des échanges turco-centrasiatiques en 2019 s'élevaient à quelque 7,3 milliards de dollars. Bien loin derrière la Russie et l'Union européenne (environ 29 Mds) et la Chine (25 Mds).


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.

 


Un pilote de ligne dit avoir évité une collision avec un avion militaire américain au large du Venezuela

Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
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  • Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne
  • Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants

NEW YORK: La compagnie américaine JetBlue a annoncé lundi avoir fait état aux autorités d'un incident en vol, l'un de ses pilotes ayant affirmé avoir dû modifier sa trajectoire pour éviter une collision avec un avion ravitailleur de l'armée américaine, au large du Venezuela.

Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne.

Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants.

Le dirigeant a toujours réfuté ces allégations, affirmant que Washington s'en servait comme d'un prétexte pour le renverser et mettre la main sur les immenses réserves de pétrole du pays.

Vendredi, l'un des pilotes d'un vol JetBlue assurant la liaison entre l'île caribéenne de Curaçao et New York, a signalé, par radio au contrôle aérien, avoir dû interrompre son ascension après détection d'un avion ravitailleur de l'US Air Force.

Toujours selon le pilote, dont la conversation avec les contrôleurs a été enregistrée et est disponible sur le site LiveATC.net, l'appareil militaire n'avait pas activé son transpondeur, l'émetteur-récepteur qui permet au trafic aérien de le repérer.

"On a failli avoir une collision", explique le pilote. "C'est scandaleux."

"Scandaleux", lui répond le contrôleur aérien. "Vous avez tout à fait raison."

Sollicité par l'AFP, JetBlue a salué l'initiative de l'équipage ayant "rapporté promptement cet incident" à sa hiérarchie, qui en a fait état "aux autorités fédérales". La compagnie américaine "contribuera à toute enquête" sur les circonstances de ce chassé-croisé.

Le commandement militaire américain dédié à cette région, l'US Southern Command, a expliqué à l'AFP "étudier" le dossier, tout en rappelant que "la sécurité (demeurait sa) priorité absolue".

Fin novembre, l'Agence de régulation de l'aviation civile, la FAA, avait demandé aux vols opérant dans la région où se trouve le Venezuela de "faire preuve de prudence".

Elle avait justifié cet avis par "une détérioration des conditions de sécurité et du renforcement de l'activité militaire au Venezuela et dans ses environs".

La FAA avait évoqué des "menaces qui pourraient présenter un risque pour les appareils (commerciaux) à toutes altitudes, que ce soit en vol, à l'atterrissage et au décollage".

 


Le réalisateur hollywoodien Rob Reiner et sa femme retrouvés morts à leur domicile

Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
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  • D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire
  • Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery"

LOS ANGELES: Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN.

La police de Los Angeles a fait état de deux personnes retrouvées mortes dans la maison du réalisateur du film "Quand Harry rencontre Sally", mais n'a pas confirmé publiquement leur identité, lors d’une conférence de presse dimanche soir.

Selon la chaîne NBC, le couple serait mort des suites de coups de couteau.

Rob Reiner était âgé de 78 ans.

D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire. Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery".

Retrouvant parfois son rôle de comédien, il était apparu récemment dans la série "The Bear".

"C'est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès tragique de Michele et Rob Reiner. Nous sommes bouleversés par cette perte soudaine et nous demandons le respect de notre vie privée en cette période incroyablement difficile", a annoncé la famille du couple dans un communiqué cité par la revue Variety.

"C'est une perte immense pour notre ville et notre pays. L'héritage de Rob Reiner est profondément ancré dans la culture et la société américaines", a déclaré la maire de Los Angeles, Karen Bass sur son compte X.

Elle a salué "son oeuvre créative ainsi que son engagement pour la justice sociale et économique" qui "ont transformé la vie d'innombrables personnes".

"Acteur, réalisateur, producteur, scénariste et militant politique engagé, il a toujours mis ses talents au service des autres", a ajouté Mme Bass.