Crash du vol MH17: un tribunal néerlandais rend son verdict tant attendu

Les juges et le président Hendrik Steenhuis assistent au procès concernant le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines qui survolait l’est de l’Ukraine en 2014. Ici, aux Pays-Bas, le 9 juin 2022. (AFP)
Les juges et le président Hendrik Steenhuis assistent au procès concernant le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines qui survolait l’est de l’Ukraine en 2014. Ici, aux Pays-Bas, le 9 juin 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 13 novembre 2022

Crash du vol MH17: un tribunal néerlandais rend son verdict tant attendu

  • Les Russes Igor Guirkine, Sergueï Doubinski et Oleg Poulatov ainsi que l'Ukrainien Leonid Khartchenko risquent la perpétuité s'ils sont reconnus coupables
  • Les procureurs affirment qu'ils faisaient partie des forces séparatistes soutenues par le Kremlin et ont joué un rôle clé dans l'acheminement d'un système de missiles BUK en Ukraine depuis une base militaire en Russie

LA HAYE: Un tribunal néerlandais rend son verdict jeudi dans le procès pour meurtre de quatre hommes pour la destruction du vol MH17 de Malaysia Airlines au-dessus de l'Ukraine en 2014, dans un contexte de montée des tensions autour de l'invasion russe.

Les 298 passagers et membres d'équipage ont été tués lorsque l'avion reliant Amsterdam à Kuala Lumpur a été touché au-dessus de l'est de l'Ukraine tenue par les séparatistes pro-russes, par ce que les procureurs disent être un missile fourni par Moscou.

Les Russes Igor Guirkine, Sergueï Doubinski et Oleg Poulatov ainsi que l'Ukrainien Leonid Khartchenko risquent la perpétuité s'ils sont reconnus coupables. Mais ils sont toujours en liberté, et ont refusé d'assister au procès.

Les procureurs affirment qu'ils faisaient partie des forces séparatistes soutenues par le Kremlin et ont joué un rôle clé dans l'acheminement d'un système de missiles BUK en Ukraine depuis une base militaire en Russie, même s'ils n'ont pas appuyé sur la gâchette.

La région où l'avion s'est écrasé, déjà en proie à des combats en 2014, est devenue une terre d'affrontements clé dans l'invasion russe de l'Ukraine cette année.

Il y a huit ans, ses célèbres champs de tournesol avaient été jonchés de corps et de débris. Certaines victimes, dont des enfants, étaient encore attachées à leur siège.

"S'ils sont coupables, la communauté internationale devrait les traquer", a déclaré à l'AFP Evert van Zijtveld, qui a perdu sa fille Frederique, 19 ans, son fils Robert-Jan, 18 ans, et ses beaux-parents. "Je ne peux pas leur pardonner."

«Traquez-les»: l'espoir de justice des familles du vol MH17

Chaque soir avant de se coucher dans le village néerlandais de Vleuten, Evert van Zijtveld allume deux bougies dans un petit sanctuaire en béton à côté de sa porte d'entrée en hommage à ses enfants.

Cela fait plus de huit ans que sa fille Frederique, 19 ans, et son fils Robert-Jan, 18 ans, sont morts avec 296 autres personnes dans le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines au-dessus de l'Ukraine déjà en guerre.

Pour enfin pouvoir tourner la page, l'homme de 67 ans espère que la justice sera enfin rendue jeudi. Un tribunal néerlandais doit prononcer son verdict dans le procès de quatre suspects toujours en liberté.

"Ceux qui sont responsables de la destruction du MH17 devraient être envoyés en prison. S'ils sont reconnus coupables, la communauté internationale devrait les traquer", lâche M. Van Zijtveld dans un entretien avec l'AFP.

Pour M. Van Zijtveld et d'autres qui ont perdu des êtres chers lorsque le Boeing 777 voyageant d'Amsterdam à Kuala Lumpur a été touché par ce que les procureurs disent être un missile fourni par la Russie, la douleur est encore vive.

A Vleuten, près d'Utrecht, au centre des Pays-Bas, de grandes photos de Frederique et Robert-Jan ornent la maison d'Evert Van Zijtveld et de sa femme Grace, qui a également perdu dans la tragédie sa mère Neeltje Voorham, 77 ans, et son beau-père Jan van der Steen, 71 ans.

L'une des photos montre un Evert souriant, câlinant sa fille. Ironie du sort, le cliché a été pris dans le hall des départs de l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol alors que Frederique partait pour un autre voyage.

«Quête de justice»

M. Van Zijtveld, grand, calme et réfléchi, n'est pas en colère, "ce n'est pas le bon mot", mais "juste très triste". Avec son travail pour aider d'autres proches de victimes à faire leur deuil, et la création d'un fonds pour les enfants défavorisés, il a gagné le respect et l'admiration de nombreux de ses compatriotes.

"Mes enfants et mes beaux-parents partaient en vacances dans l'est du monde. Ils ont été touchés par un BUK. Ils ont été assassinés. C'étaient des gens formidables", raconte-t-il à l'AFP.

Selon le parquet, les quatre suspects, trois Russes et un Ukrainien, ont joué un rôle clé dans la fourniture du missile. Ils risquent la perpétuité s'ils sont reconnus coupables.

A soixante kilomètres de Vleuten, dans le village de Renkum, Sander Essers, 72 ans, écoute souvent de la musique pour l'aider dans le deuil de son frère Peter, sa belle-sœur Jolette et leurs deux enfants Emma, 20 ans et Valentijn, 17 ans, également morts dans le drame.

"Certains soirs, je prends le temps d'écouter la musique brésilienne préférée de mon frère, de penser à lui et à sa famille et de pleurer", témoigne-t-il auprès de l'AFP.

"Pour moi, le verdict sera la fin partielle de la quête de justice pour ma chère famille", déclare-t-il, entretenant l'espoir que les preuves seront jugées suffisantes pour parvenir à une condamnation.

«Impardonnable»

Pour Evert Van Zijtveld et Sander Essers, quel que soit le verdict, il représente une étape importante après plus de huit ans de deuil et une tragédie hautement médiatisée aux Pays-Bas.

"C'est une façon pour nous de tourner la page. Il faut bien clore cette phase un jour ou l'autre. C'est trop lourd de recommencer" au gré des développements judiciaires, observe M. Van Zijtveld, évoquant un éventuel procès en appel.

Cela ne l'empêche pas d'avoir des mots durs envers les accusés, les Russes Igor Guirkine, Sergei Doubinski et Oleg Poulatov, et l'Ukrainien Leonid Khartchenko, qui ne se sont pas présentés au procès.

"Ce sont de vrais lâches", fulmine Evert van Zijtveld.

De son côté, Sander Essers exhorte les personnes impliquées dans la destruction du MH17 à se montrer honnêtes, s'ils veulent un jour pouvoir se regarder dans la glace "avec au moins un sentiment de dignité".

"S'ils sont coupables, s'ils avaient ce rôle que nous pensons qu'ils avaient, cela semble impardonnable", affirme-t-il.

"Mes enfants et mes beaux-parents ont été tués. Je ne peux pas leur pardonner", abonde M. Van Zijtveld. "Je ne pourrai jamais faire ça".

«Des jouets éparpillés»

Des familles en deuil voyageront du monde entier vers le tribunal près de l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, d'où le Boeing 777 avait décollé le 17 juillet 2014, pour entendre le verdict jeudi à 13H30 (1230 GMT).

Le procès, qui a commencé en 2020, a eu lieu aux Pays-Bas car 196 victimes étaient néerlandaises.

Les avocats de M. Poulatov, seul suspect à disposer d'une représentation légale, soutiennent que le procès a été inéquitable, et que le parquet n'a pas réussi à prouver qu'un missile BUK a abattu l'avion.

Ils ont évoqué des "scénarios alternatifs", notamment qu'un avion ukrainien ait abattu le MH17.

Moscou nie toute implication dans la tragédie.

Dans son dossier, le parquet s'est largement appuyé sur des appels téléphoniques interceptés passés par les suspects et des données qui les localiseraient à proximité du site de lancement ou dans des centres de décision.

Les procureurs ont également utilisé des déclarations de témoins - notamment un ancien séparatiste qui s'est effondré en décrivant les "jouets pour enfants éparpillés" sur les lieux - et des preuves vidéo et photo des mouvements du missile.

Du matériel médico-légal comprenant plus de 300 fragments, certains trouvés dans les corps des victimes, a été cité comme preuve qu'il s'agissait d'un missile BUK.

Espoirs de capture 

M. Guirkine, ancien espion russe devenu le soi-disant ministre de la Défense de la République populaire séparatiste de Donetsk, a aidé à fournir le système de missiles, selon le parquet.

Récemment devenu critique de l'armée russe pour sa gestion de l'invasion de l'Ukraine, il se serait porté volontaire pour s'y battre, donnant des espoirs aux proches des victimes du MH17 qu'il soit capturé et extradé aux Pays-Bas.

M. Doubinski, également lié aux services de renseignement russes, aurait été le chef du renseignement militaire des séparatistes, et aurait donné des ordres concernant le missile.

Leurs subordonnés, M. Poulatov, un ancien soldat des forces spéciales russes, et M. Khartchenko, qui aurait dirigé une unité séparatiste, ont joué un rôle plus direct dans l'acheminement du missile vers le site de lancement, selon le parquet.

Les accusés auraient fait en sorte que le missile soit amené pour contrer la puissance aérienne ukrainienne, mais en vertu de la loi néerlandaise, cela "n'a aucune importance" qu'ils aient ou non abattu l'avion par erreur, selon les procureurs.


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.