L’Arabie saoudite espère que le sommet du G20 permettra d’élaborer des solutions pour lutter contre les problèmes mondiaux

L’Indonésie accueille le sommet du G20 dans un contexte de difficultés économiques mondiales et de reprise postpandémique. (Photo, AFP)
L’Indonésie accueille le sommet du G20 dans un contexte de difficultés économiques mondiales et de reprise postpandémique. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 15 novembre 2022

L’Arabie saoudite espère que le sommet du G20 permettra d’élaborer des solutions pour lutter contre les problèmes mondiaux

L’Indonésie accueille le sommet du G20 dans un contexte de difficultés économiques mondiales et de reprise postpandémique. (Photo, AFP)
  • Depuis l’établissement des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Indonésie en 1950, les deux pays ont connu des décennies de liens religieux et interpersonnels solides
  • Un premier engagement a été annoncé au début de l’année, à la suite d’une rencontre entre Luhut Pandjaitan, ministre indonésien chargé de l’Investissement et des Affaires maritimes, et le prince héritier d’Arabie saoudite, à Riyad

DENPASAR, Bali: L’Arabie saoudite attend du prochain sommet du Groupe des vingt (G20) qu’il contribue à résoudre les défis mondiaux, déclare l’ambassadeur du Royaume auprès de l’Indonésie, Esam Abid al-Thagafi, à Arab News, avant l’arrivée du prince héritier, Mohammed ben Salmane, à Bali, où les réunions auront lieu cette semaine.

L’Indonésie, le plus grand pays à majorité musulmane, assure cette année la présidence du groupe des vingt plus grandes économies et accueille la réunion de ses dirigeants à Bali les 15 et 16 novembre.

La délégation de l’Arabie saoudite – l’un des principaux membres du G20 – assistera à toutes les sessions du sommet.

Le prince héritier, qui est également Premier ministre du Royaume, tiendra également des réunions avec des dirigeants mondiaux en marge de l’événement.

Le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, Mohammed ben Abdel Karim al-Issa (au centre), pose avec les participants pour une photo de groupe, lors du Sommet des chefs religieux du Forum interreligieux du G20 à Nusa Dua, sur l’île indonésienne de Bali. (AFP)
Le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, Mohammed ben Abdel Karim al-Issa (au centre), pose avec les participants pour une photo de groupe, lors du Sommet des chefs religieux du Forum interreligieux du G20 à Nusa Dua, sur l’île indonésienne de Bali. (AFP)

Le Royaume espère que le sommet contribuera à «mettre en place des solutions rigoureuses aux problèmes du monde», déclare l’ambassadeur à Arab News.

Le sommet se tient au moment où l’économie mondiale peine à se remettre de la pandémie de Covid-19 et dans le contexte du conflit en cours entre la Russie et l’Ukraine.

«Le Royaume espère que les résultats de ce sommet limiteront l’escalade politique existante à la suite de la guerre et des répercussions négatives qui en découlent», poursuit M. Al-Thagafi, ajoutant qu’il est important de rappeler que le G20 a été créé «pour discuter de l’avenir économique du monde et résoudre ses problèmes».

Depuis que l’Indonésie a succédé à l’Italie à la présidence du G20 à la fin de l’année dernière, l’Arabie saoudite – qui a présidé le groupe en 2020 –, «a tenu à apporter tout son soutien au succès de cet accueil», rapporte M. Al-Thagafi.

«La plupart des ministres saoudiens ont participé aux réunions organisées à Bali et dans d’autres villes indonésiennes tout au long de l’année, assistant par ailleurs à des rencontres bilatérales avec leurs homologues indonésiens.»

Le 2 novembre, avant le sommet, l’Indonésie a accueilli le tout premier Forum interreligieux du G20.

L’ambassadeur d’Arabie saoudite, Esam Abid al-Thagafi, s’exprimant à l’Institut de technologie de Bandung en 2019. (Institut de technologie de Bandung)
L’ambassadeur d’Arabie saoudite, Esam Abid al-Thagafi, s’exprimant à l’Institut de technologie de Bandung en 2019. (Institut de technologie de Bandung)

Le Forum interreligieux a été créé par la plus grande organisation musulmane du pays, Nahdlatul Ulama, et la Ligue islamique mondiale.

«Il a une incidence positive, œuvrant pour plus de dialogue interreligieux et de coexistence pacifique entre les peuples du monde», indique M. Al-Thagafi.

Le soutien de l’Arabie saoudite à l’Indonésie s’inscrit dans une réciprocité, car il fait suite au soutien accordé par Djakarta à Riyad il y a deux ans.

«Les dirigeants saoudiens déploient tous les efforts nécessaires pour garantir le succès du sommet de Bali, un rôle que l’Indonésie a également joué lorsque le Royaume a accueilli le sommet du G20 en 2020», ajoute l’ambassadeur.

Depuis l’établissement de relations diplomatiques en 1950, les deux pays ont connu des décennies de liens religieux et interpersonnels solides – l’Arabie saoudite étant le berceau de l’islam et l’Indonésie abritant la plus grande population musulmane du monde.

L’Indonésie envoie chaque année le plus grand nombre de pèlerins à La Mecque et à Médine. Avant la pandémie, plus de deux cent mille pèlerins indonésiens se rendaient chaque année au Royaume pour le Hajj et plus d’un million d’Indonésiens pendant la saison de l’Omra.

L’ambassadeur d’Arabie saoudite auprès de l’Indonésie, Esam Abid al-Thagafi, affirme que Riyad a offert tout son soutien à Djakarta pour que la réunion du G20 soit un succès. (Photo fournie)
L’ambassadeur d’Arabie saoudite auprès de l’Indonésie, Esam Abid al-Thagafi, affirme que Riyad a offert tout son soutien à Djakarta pour que la réunion du G20 soit un succès. (Photo fournie)

La visite historique du roi Salmane à Djakarta et à Bali en 2017 est la première d’un monarque saoudien en près de cinq décennies.

Son voyage, qui a abouti à la signature de onze pactes et autres accords, a depuis donné lieu à une série d’échanges de haut niveau pour dynamiser davantage les relations.

M. Al-Thagafi, qui a présenté ses lettres de créance au président indonésien en 2019, confie à Arab News que les liens sont actuellement à leur apogée.

«Les relations saoudo-indonésiennes traversent actuellement leurs meilleures phases et elles se développent régulièrement dans tous les domaines», soutient-il, ajoutant qu’elles sont particulièrement solides en termes d’économie, de commerce et d’investissement.

Plus de quarante hommes d’affaires et investisseurs saoudiens ont accompagné le ministre du Commerce, le Dr Majid ben Abdallah al-Qasabi, à Djakarta, lors d’un voyage officiel en Indonésie organisé plus tôt cette année.

Plusieurs accords et protocoles d’entente ont alors été signés, suivis de multiples visites d’hommes d’affaires indonésiens en Arabie saoudite.

«Cela montre clairement que les relations économiques entre les deux pays connaissent une croissance rapide», renchérit l’ambassadeur.

M. Al-Thagafi, qui est également ambassadeur de l’Arabie saoudite auprès de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, affirme que l’Indonésie peut contribuer à la mise en œuvre de l’initiative Vision 2030, qui vise à éloigner le Royaume de la dépendance pétrolière et à en faire une centrale d’investissement mondiale dotée d’une infrastructure numérique sophistiquée.

Luhut Pandjaitan et le prince héritier, Mohammed ben Salmane. (Photo fournie)
Luhut Pandjaitan et le prince héritier, Mohammed ben Salmane. (Photo fournie)

«Des expériences indonésiennes exceptionnelles permettaient d’y parvenir et les consultations se poursuivent entre les deux pays pour renforcer les possibilités de participation», souligne-t-il.

Avec des mégaprojets dans les deux pays, comme Neom en Arabie saoudite et une nouvelle capitale en Indonésie, les deux pays ont la possibilité de renforcer leurs relations dans le secteur de l’investissement, précise M. Al-Thagafi. «Il est important à ce stade de développer les investissements entre les deux pays», insiste-t-il.

L’Indonésie a en effet fait appel à l’Arabie saoudite pour financer son projet de développement d’une nouvelle capitale dont la valeur s’élève à 32 milliards de dollars (1 dollar = 0,96 euro).

Un premier engagement a été annoncé au début de l’année, à la suite d’une rencontre entre Luhut Pandjaitan, ministre indonésien chargé de l’Investissement et des Affaires maritimes, et le prince héritier d’Arabie saoudite, à Riyad.

Les deux pays doivent également développer leurs relations commerciales, explique M. Al-Thagafi, «car il existe des possibilités commerciales considérables qui n’ont toujours pas été exploitées».

Pour que les relations bilatérales se développent davantage, Djakarta devrait travailler sur plusieurs aspects, selon Teuku Rezasyah, un expert en relations internationales à l’université Padjadjaran, dans la ville indonésienne de Bandung.

«C’est à l’Indonésie de faire ses preuves», déclare M. Rezasyah à Arab News. «Le pays doit améliorer la qualité en matière de bonne gouvernance au niveau de l’État et des entreprises. Il doit également avoir une vision économique claire de l’engagement diplomatique auprès de l’Arabie saoudite.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.