FIFM 2022: Philippe Faucon revisite sa propre histoire avec son dernier film, Les Harkis

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Publié le Mercredi 16 novembre 2022

FIFM 2022: Philippe Faucon revisite sa propre histoire avec son dernier film, Les Harkis

  • «J'ai eu le sentiment que c'était une période sur laquelle j'allais revenir; peut-être pas tout de suite, parce que c'est compliqué d'aborder cette période de l’Histoire en France»
  • «La France a créé et armé les harkis, mais elle n’a pas assuré ses responsabilités vis-à-vis d’eux»

MARRAKECH: À l’occasion de la présentation de son film, ILes Harkis, dans le cadre de la 19e édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM), Philippe Faucon est revenu pour Arab News en français sur son parcours cinématographique ainsi que sur son envie de réaliser son film, Les Harkis, un sujet «compliqué» à aborder en France.

Après La Trahison en 2006, Philippe Faucon évoque donc une nouvelle fois la guerre d'Algérie. Il y raconte les trajectoires et le combat des soldats autochtones au sein de l’armée française, pendant la guerre d’indépendance du pays. Une œuvre dense et passionnante qui s’attaque aux plaies toujours ouvertes de la guerre d’Algérie à travers le sort complexe et douloureux de ces supplétifs, aujourd’hui encore marginalisés.

Philippe Faucon en bref

Philippe Faucon remporte le prix Louis-Delluc, en décembre 2015; le prix du Syndicat français de la critique de cinéma et des films de télévision, en février 2016; le César de la meilleure adaptation et celui du meilleur film, en février 2016, pour son film Fatima.

Son père, militaire, a fait la guerre. C’est donc aussi sa propre histoire qu’il revisite dans ce film. «Moi, je suis né en effet pendant la guerre de parents qui l'ont vécue», note d’emblée Philippe Faucon avant d’ajouter que «tout ça, c'est resté» et qu’avec le temps, il a été amené à «rencontrer en France des jeunes du même âge qui eux aussi étaient porteurs d'une mémoire de la guerre qu'ils avaient reçue un peu de la même façon».

Après le film La Trahison, pourquoi vouloir donc revenir sur le sujet de la guerre après toutes ces années? Philippe Faucon affirme à ce sujet qu’«il y a eu un moment où j'ai voulu aborder cette période par le film au cinéma, d'autant que c'était quelque chose qui restait très absent des écrans du cinéma français. J'ai abordé cette période de l'Histoire dans un premier film qui s'appelle La Trahison, inspiré d'un petit livre de Claude Sales qui racontait son expérience de la guerre d'Algérie. Et une fois ce film terminé, je savais. J'ai eu le sentiment que c'était une période sur laquelle j'allais revenir. Peut-être pas tout de suite, parce que c'est compliqué d'aborder cette période de l’Histoire en France, donc j'ai tourné d'autres sujets.»

«La France a créé et armé les harkis, mais elle n’a pas assuré ses responsabilités vis-à-vis d’eux.» Ce film est-il un hommage à ces harkis ou un rappel à la France de ses responsabilités jamais assumées dans ce dossier, ou les deux? «C'est surtout le fait, effectivement, que la France, à un moment, a armé des gens qui étaient dans une situation de vulnérabilité, on le voit dans le film… parce que c’étaient des gens qui, en raison de la guerre, étaient très démunis économiquement, qui n'avaient plus d'autres moyens de faire vivre leur famille.»

D’où vient cette volonté des dates tout au long du film? «Il y a un désir de revenir sur une période longtemps passée sous silence, dissimulée et cachée, mais que, à mon avis, il était nécessaire de rappeler et de faire connaître. Il s’agit d’essayer de trouver une justesse d’une réalité qui ne donne pas le sentiment de quelque chose de faux.»

Les Harkis

Le film commence en 1959, époque où Charles de Gaulle révèle petit à petit ses intentions d’aller vers l’autodétermination, donc la fin de l’Algérie française, et va jusqu’à l’été 1962, au moment de l’exode des pieds-noirs vers la métropole et du drame des supplétifs abandonnés par l’armée à une mort certaine.

Quelques officiers, comme celui incarné par Théo Cholbi dans le film, décident courageusement de désobéir et de tenter de sauver certains de leurs hommes.

Tout au long du film, la caméra de Philippe Faucon suit ces hommes, traîtres souvent par la force des situations, utilisés par l’armée pour contrôler la population.

Philippe Faucon retourne-t-il souvent au Maroc et en Algérie? «J'y suis allé plusieurs fois. Oui, bien sûr. Comme c'était quelque chose de très important, il y a eu beaucoup de recherches qui ont été faites et qui ont été commencées très en amont du tournage. À un moment, on a renoncé à tourner le film en Algérie parce que les frontières étaient fermées (…) Mais j'avais tout de même le sentiment que les personnages algériens devaient être joués par des Algériens. Donc, on a quand même commencé des recherches de casting sans savoir si les gens pourraient sortir. On nous indiquait que les frontières allaient finir par rouvrir et la préparation du film se poursuivait, le casting se poursuivait, on se rapprochait de la date de début du tournage et les frontières ne rouvraient pas. Il y a eu un moment où on a été très inquiets et on s'est dit qu’il allait falloir doubler le casting qu'on avait fait en Algérie par un autre casting fait au Maroc et en France. Et puis les frontières ont finalement été rouvertes, quatre semaines à peine avant le début du tournage.»

Concernant le choix des acteurs, les recherches pour le casting ont été effectuées dans la ville où Phillipe Faucon est né, «parce que c'est une région frontalière de l'Algérie et dans laquelle les gens ont un accent qui est très proche de l'arabe parlé dans l'ouest algérien».


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.