En désaccord avec Washington et l'Otan, Zelensky maintient que le missile était «russe»

Le président des chefs d'état-major interarmées, le général Mark Milley, s'exprime lors d'une conférence de presse au Pentagone à Washington (Photo, AFP).
Le président des chefs d'état-major interarmées, le général Mark Milley, s'exprime lors d'une conférence de presse au Pentagone à Washington (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 17 novembre 2022

En désaccord avec Washington et l'Otan, Zelensky maintient que le missile était «russe»

  • «Je n'ai aucun doute que ce missile n'était pas à nous», a déclaré mercredi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la télévision
  • Il a ensuite réclamé l'accès pour les experts ukrainiens à «toutes les données» des Occidentaux et au site de l'explosion du missile tombé en Pologne

KIEV: Kiev a réaffirmé mercredi que le missile ayant tué deux personnes la veille dans un village polonais près de la frontière avec l'Ukraine était "russe", contredisant l'Otan et Washington qui accréditent plutôt la thèse d'un missile de défense ukrainien.

"Je n'ai aucun doute que ce missile n'était pas à nous", a déclaré mercredi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la télévision tout en soulignant que Kiev voulait faire partie d'un groupe d'enquête international sur cet incident.

"Je crois que c'était un missile russe, conformément au rapport des militaires" ukrainiens, a-t-il ajouté alors que les responsables de l'Otan ont estimé qu'il s'agissait probablement d'un missile du système ukrainien de défense anti-aérienne.

Il a ensuite réclamé l'accès des experts ukrainiens à "toutes les données" des Occidentaux et au site de l'explosion du missile tombé en Pologne. "Nous voulons établir tous les détails, chaque fait".

Budapest avait fustigé auparavant M. Zelensky, estimant qu'il donnait "un mauvais exemple" en affirmant que le missile était russe. "Dans une telle situation, les dirigeants mondiaux s'expriment de manière responsable", a déclaré Gergely Gulyas, chef de cabinet du Premier ministre hongrois Viktor Orban.

La chute du missile sur le village polonais de Przewodow a fait craindre que l'Otan ne soit entraînée dans le conflit -- provoquant une escalade majeure -- en Ukraine, car la Pologne est protégée par un engagement de défense collective de l'Alliance atlantique.

La Russie a nié avoir tiré ce missile, Varsovie elle-même jugeant "hautement probable" qu'il s'agisse d'un projectile anti-aérien ukrainien, évoquant "un accident malheureux".

Le missile a tué deux hommes à Przewodow en frappant un bâtiment agricole, laissant la Pologne sous le choc et son armée en état d'alerte renforcée.

La Maison Blanche n'a "rien vu qui contredise" l'hypothèse, avancée par Varsovie, selon laquelle ce missile provenait "selon toute probabilité" de la défense anti-aérienne ukrainienne, a estimé mercredi une porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Adrienne Watson.

"Cela étant dit, quelles que soient les conclusions définitives, il est clair que la Russie est, au bout du compte, responsable de cet incident tragique" à cause de ses frappes contre les infrastructures civiles ukrainiennes, a-t-elle estimé dans un communiqué, en ajoutant: "L'Ukraine avait, et a, le droit de se défendre".

"L'incident a été probablement causé par un missile du système ukrainien de défense anti-aérienne tiré pour défendre le territoire ukrainien contre les missiles de croisière russes", a déclaré le chef de l'Otan Jens Stoltenberg, après une réunion de crise à Bruxelles.

Pas d'attaque «intentionnelle»

"Rien n'indique qu'il s'agissait d'une attaque intentionnelle contre la Pologne", a également affirmé le président polonais Andrzej Duda.

Depuis Bali où le G20 était réuni en sommet, le président américain Joe Biden avait auparavant lui aussi jugé "improbable" que le missile ait été tiré par la Russie.

Moscou a salué la "retenue" de Washington.

La Pologne avait réuni mardi en urgence son Conseil de sécurité nationale et convoqué l'ambassadeur de Russie pour "des explications détaillées immédiates".

Le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué mercredi soir avoir signifié à l'ambassadeur polonais à Moscou Krzysztof Krajewski, "le caractère inacceptable du renforcement en Pologne d'une hystérie antirusse" après l'incident.

"Alors qu'il faisait nuit et qu'il n'y avait à ce moment-là aucune information fiable sur ce qui venait de se passer, Varsovie a jugé nécessaire de convoquer l'ambassadeur russe et de transformer cela en un show politique", a dénoncé la diplomatie russe, tout en appelant la Pologne à ne pas prendre part à "de sales provocations".

Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a appelé "toutes les parties concernées" à "rester calmes et à faire preuve de retenue afin d'éviter une escalade".

Alerte de l'AIEA

La Russie a envahi l'Ukraine le 24 février et en contrôle encore des portions de territoire, malgré une série de défaites sur le champ de bataille ces derniers mois.

La Pologne, qui a une frontière de 530 km avec l'Ukraine, est un leader régional en terme d'assistance militaire et humanitaire à son voisin oriental. Elle accueille sur son territoire quelque 10 000 militaires américains.

Le missile est tombé alors que la Russie menait mardi des frappes massives sur les infrastructures civiles ukrainiennes, qui ont laissé des millions de foyers sans électricité. Les missiles russes ont frappé des villes dans tout le pays, dont Lviv (ouest), près de la frontière polonaise.

"La panne d'électricité d'hier (mardi) montre clairement que la situation en matière de sûreté et de sécurité nucléaires en Ukraine peut soudainement empirer, ce qui accroît le risque d'une urgence nucléaire", a déclaré dans un communiqué Rafael Grossi, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Le chef d'état-major américain, le général Mark Milley, a jugé mercredi que ces frappes de missiles russes constituaient un "crime de guerre".

Le plus haut gradé des Etats-Unis a estimé que la Russie avait échoué sur tous les fronts dans sa guerre contre l'Ukraine, et y menait par conséquent une "campagne de terreur".

Ces frappes, qui ont fait au moins un mort à Kiev, ont entraîné des coupures de courant généralisées en Ukraine et jusqu'en Moldavie voisine.

Moscou a nié mercredi avoir visé la capitale, affirmant que "toutes les destructions dans les quartiers d'habitation de la capitale ukrainienne (...) sont le résultat direct de la chute et de l'autodestruction des missiles anti-aériens lancés par les forces ukrainiennes".

Chambre de torture

La semaine à venir sera "difficile" pour les habitants de la région de Kiev, a prévenu le gouverneur régional Oleksiï Kouleba, car "les destructions sont importantes" et "on s'attend à ce que (...) les températures descendent jusqu'à -10°C".

Ces attaques russes ont eu lieu quatre jours après l'humiliant retrait des forces russes d'une partie de la région de Kherson, dont la ville du même nom, dans le sud, après plus de huit mois d'occupation.

Le service de sécurité de l'Ukraine a annoncé mercredi soir la découverte d'une "autre chambre de torture des occupants russes" à Kherson.

"Les Russes y ont gardé des patriotes locaux qui refusaient de coopérer avec l'ennemi dans des conditions inhumaines. Les habitants de Kherson ont été interrogés et brutalement torturés", a ajouté cette source.

Le ministre ukrainien des Affaires intérieures Denys Monastyrskyi a indiqué mercredi soir que 436 procédures avaient été ouvertes après la découverte dans cette région d'éléments pouvant être qualifiés de crimes de guerre, notamment onze sites d'emprisonnement dont "quatre" ayant des traces de salles de torture.

Jusqu'à présent, "63 corps" ont été retrouvés "mais les recherches ne font que commencer et beaucoup plus de sites de torture et de mises en terre seront découverts", a-t-il relevé, selon le site du gouvernement ukrainien.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.