Sommet du G20: les jeunes saoudiens du Y20 veulent partager leur préoccupations

Les jeunes délégués saoudiens (Y20) posent avec le drapeau du Royaume. (Fourni)
Les jeunes délégués saoudiens (Y20) posent avec le drapeau du Royaume. (Fourni)
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Publié le Jeudi 17 novembre 2022

Sommet du G20: les jeunes saoudiens du Y20 veulent partager leur préoccupations

  • Les participants au Y20 ont proposé des politiques sur la santé mondiale, la transition énergétique durable et la transformation numérique
  • Avec une majorité de Saoudiens âgés de moins de 35 ans, les délégués ont joué un rôle crucial dans la mise en évidence des opportunités

RIYAD: Alors que les chefs d'État se réunissaient pour discuter de la politique de la santé mondiale, de la transition énergétique durable et de la transformation numérique à l’occasion du 17e sommet du Groupe des 20 à Bali, les jeunes délégués saoudiens (Y20) proposaient des axes exploitables liés à ces sujets au nom des générations futures.
Sous le titre «Recover Together, Recover Stronger» («Récupérer ensemble, récupérer plus fort»), les participants au Y20 ont abordé certains des défis engendrés par la pandémie de coronavirus en se concentrant sur les quatre thèmes suivants: le maintien d'une planète durable et vivable, l'emploi des jeunes, la numérisation, la diversité et l'inclusion.
Plus des deux tiers de la population du Royaume ayant moins de 35 ans, le groupe Y20 joue un rôle crucial en plaçant les préoccupations des communautés locales sur une plate-forme mondiale.

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Des délégués de la jeunesse saoudienne (Y20) prennent un selfie. (Fourni)

La déléguée saoudienne pour une planète durable et vivable, Raghad Fathaddin, a déclaré à Arab News: «C'est un endroit tellement stratégique et opportun. Il est possible d'y investir. La seule façon d'aller de l'avant et d'atteindre les objectifs de développement durable basés sur la Vision 2030 est d'intégrer les jeunes dans les échanges. Nous en sommes le sujet.»
L'Arabie saoudite a fait de grands progrès dans le secteur de la durabilité environnementale. Elle est devenue un catalyseur destiné à soutenir la croissance économique et les réformes avec des stratégies clés telles que les initiatives vertes de l'Arabie saoudite et du Moyen-Orient. L’objectif qu’elle a récemment annoncé est d'atteindre des émissions nettes zéro de dioxyde de carbone d'ici à 2060.
«Les défis auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui exigent une perspective nouvelle, de l'énergie, une action rapide et de l'agilité; le fait que la majorité de la population soit jeune est une chance», a déclaré Mme Fathaddin.

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Entrepreneuse et leader dans le secteur de la durabilité, Mme Fathaddin est aussi la fondatrice et la PDG de la plate-forme Sangha Estidama Hub. Elle est par ailleurs coach en santé holistique et bien-être, des domaines dans lesquels elle dispose d’une certification internationale.
Elle défend la cause de la jeunesse saoudienne, des futurs dirigeants et de la création d'un environnement mondial durable par le biais de politiques concrètes.
Les trois autres filières du Y20 étaient représentées par Yusr al-Otaibi pour la diversité et l'inclusion, Abdelmajid Alrefaie pour l'infrastructure numérique et Saïd Bazroun pour l'emploi des jeunes.
Le bien-être numérique a été l’un des points de discussion majeurs lors des débats sur l'infrastructure numérique. C'était l'une des initiatives mises en avant par l'Arabie saoudite lors d'un sommet sur le sujet organisé par le Centre du roi Abdelaziz pour la connaissance et la culture (Ithra), à Dhahran, au début de l'année. Le Royaume devrait devenir le marché de la santé numérique dont la croissance est la plus rapide de la région du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
Le groupe a proposé une stratégie inclusive et transjuridictionnelle sur un gouvernement de conception numérique dans le but qu’il soit basé sur la technologie et qu’il devienne plus dynamique.
Le communiqué souligne également l'importance d'un emploi équitable et durable pour les jeunes, qui mette l'accent sur l'élargissement de l'accès numérique aux ressources académiques en garantissant des politiques solides contre la discrimination au travail. Il rappelle que l'accès à Internet est un droit fondamental pour l’ensemble des travailleurs.

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Les délégués de la jeunesse (Y20) brandissent les drapeaux de leurs pays. (Fourni)

Leader dans le secteur de l'éducation, Mme Al-Otaibi est vice-présidente d'AlYusr Holding, un investisseur saoudien qui dispense un enseignement international à plus de six mille étudiants dans l'ouest du Royaume. En tant que membre de l'organisation Young Arab Leaders, elle s'engage à donner du pouvoir aux jeunes et à placer le pays sur la scène mondiale en poursuivant son objectif: surmonter les inégalités existantes et émergentes.
«Je pense qu'il est très important d'être un citoyen du monde, d’être conscient de qui l'on est, de son identité, de sa place dans le monde et de la manière dont on joue un rôle dans ce domaine, même si c'est au sein de son foyer, entre ses amis d'école ou dans sa communauté, peu importe tant que la personne la plus jeune en prend l'initiative», a confié Mme Al-Otaibi à Arab News.
Le forum des jeunes est une plate-forme importante qui donne une voix aux jeunes générations dans le monde, façonnant les politiques autour de leur avenir, de leur présent et de leurs communautés respectives.
Mme Al-Otaibi a fait remarquer que le Royaume, qui fait partie des vingt premières économies du monde, offre aux jeunes Saoudiens une voix puissante.
«Les jeunes sont importants non seulement parce qu'ils sont ceux qui seront là dans le futur, mais aussi parce que nous avons tendance à être résilients, à nous adapter plus facilement et à apprendre plus rapidement», a-t-elle également précisé.
«Tous ces facteurs nous rendent capables d'apporter des changements lorsqu'ils sont nécessaires, de rendre nos communautés meilleures et de résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans le monde aujourd'hui.»
Après avoir décroché un diplôme en politique internationale et en droit, à Londres, Mme Al-Otaibi a décidé de s'impliquer dans l'élaboration des politiques en tant que jeune décideuse.
Si le terme «jeunesse» a été défini de façons diverses au cours de l'histoire, dans le cadre des sciences sociales et des études sur le développement, les jeunes d'aujourd'hui sont définis comme des personnes âgées de 10 à 30 ans.
Les délégués saoudiens de l'Y20 ont été sélectionnés dans le cadre du programme intitulé «Ignited voices» de la Fondation Misk, une formation intensive de neuf semaines qui a pour objectif de maîtriser les compétences clés en matière de leadership, d'élaboration de politiques et de négociation en vue de devenir des représentants et des ambassadeurs mondiaux.
Le programme vise à donner à des jeunes en milieu de carrière une visibilité mondiale, une autonomisation, un réseau international et une défense des intérêts culturels.
«Nous sommes très reconnaissants envers la fondation Misk [créée par le prince héritier, Mohammed ben Salmane] pour le travail qu'elle accomplit en vue d'autonomiser les jeunes de manière générale dans le Royaume, et pas seulement en matière de représentation internationale», a ajouté Mme Al-Otaibi.
Le communiqué de l'Indonésie Y20 propose diverses stratégies judicieuses en faveur de la diversité, notamment dans le secteur de l'éducation, pour décoloniser et contextualiser les programmes d'études, accroître la coopération mondiale, promouvoir le leadership et l'engagement civique, et sensibiliser davantage à la santé mentale et au bien-être.
Si la Vision 2030 a fait de l'offre d’emploi aux hommes et aux femmes une initiative centrale, Mme Al-Otaibi a souligné que la diversité allait au-delà du genre.
«La diversité signifie aussi embrasser les différences des autres personnes. Il s'agit de connaître son identité, d’y croire, d'être parfaitement conscient de qui l'on est et de la place qu’on occupe dans le monde tout en acceptant tous ceux qui nous entourent», a-t-elle souligné.
Le communiqué proposé a désormais été transmis aux dirigeants du sommet du G20 en guise d’appel à l'action pour répondre aux problèmes modernes auxquels sont confrontées les jeunes communautés dans le monde.
«Notre rôle est maintenant de défendre ces questions dans nos sociétés, dans nos communautés, et de les faire avancer au G20. Espérons que les dirigeants s'en chargeront également», a ajouté Mme Al-Otaibi.
«L'ensemble de la population devrait être représentée et faire entendre sa voix non seulement pour influencer la politique, mais aussi pour que le gouvernement sache ce que les gens pensent et quels sont leurs besoins, de sorte que, s’il y a une lacune, nous puissions y remédier. Il s'agit donc parfois d'une communication ouverte», a précisé Mme Fathaddin.
Elle a souligné que si la contribution à une plate-forme mondiale permettait aux représentants de défendre l'avenir des économies des jeunes, les changements tangibles nécessitaient souvent des efforts à la base, et c'est là que le public intervient.
«Comment pouvez-vous atteindre les politiques ou les objectifs communs que nous avons mis en place? Pour une planète durable et vivable, comment pouvons-nous vivre sur une planète plus saine en étant des êtres plus sains?»
«En agissant mieux – au niveau de la manière dont nous consommons, dont nous produisons, pensons, interagissons, etc. C'est un état d'esprit différent que nous prônons.»
«Changer n’a rien d’un fardeau. C’est amusant; c'est être un artiste et s'exprimer. Si nous prenions plus de plaisir à vivre, le résultat de nos actions serait bien meilleur.»
«Le problème est interne: il s'agit d'investir dans l'intelligence émotionnelle, le bien-être, la santé mentale, la guérison et l'éducation. Nous devons révolutionner tout cela», a conclu Mme Fathaddin.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


IA: pour la présidente de Microsoft France, il n'y a pas de «bulle»

 "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
"Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
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  • Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde
  • En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute

PARIS: "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs.

Pour certains experts, les investissements colossaux dans l'IA semblent démesurés par rapport aux bénéfices générés, alimentant la peur d'une survalorisation du secteur.

Mais selon Corine de Bilbao, à la tête de la filiale française du géant américain des logiciels depuis 2021, "il y a des signes forts" de solidité comme le fait que cette technologie se diffuse "dans toutes les sphères de la société".

Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde, dans laquelle Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars.

En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute.

Un milliard d'agents IA

L'énergéticien français TotalEnergies utilise par exemple Copilot et des agents IA, capables de réaliser des tâches de façon autonome, à travers des cas d'usage "dans la maintenance, les achats, la sécurité", énumère la patronne.

Tandis que l'assureur italien Generali a "adopté massivement l'IA et automatisé plus d'un million d'opérations", ajoute-t-elle.

"Plus d'un milliard d'agents à l'échelle mondiale vont être diffusés dans les entreprises" d'ici 2028, s'enthousiasme Corine de Bilbao, citant une étude IDC pour Microsoft.

L'irruption de l'intelligence artificielle dans les entreprises peut toutefois se traduire par des vagues de licenciements comme chez Amazon, le groupe informatique HP ou encore l'assureur allemand Allianz Partners.

Microsoft France, qui compte près de 2.000 employés, a de son côté supprimé 10% de ses effectifs via un accord collectif de rupture conventionnelle sur la base du volontariat.  -

"C'est lié à la transformation de certains métiers, mais pas à l'IA", assure la dirigeante, ajoutant qu'en parallèle Microsoft est en train de recruter "des profils plus techniques", comme des "ingénieurs solutions", pour s'adapter aux demandes de ses clients.

"L'IA suscite beaucoup de peur", reconnaît Mme de Bilbao."On préfère parler de salariés augmentés" plutôt que d'emplois supprimés, poursuit-elle, beaucoup de tâches considérées comme rébarbatives pouvant être réalisées avec l'assistance de l'intelligence artificielle.

Selon elle, l'enjeu central est surtout celui de la formation des salariés à ces nouveaux outils.

"Nouvelle économie" 

"Il n'y aura pas de déploiement de l'IA s'il n'y a pas de valeur partagée, si l'ensemble des citoyens, des étudiants, des entreprises ne sont pas formés", souligne la patronne.

En France, le géant de Redmond (Etat de Washington) a déjà formé 250.000 personnes à l'IA sur un objectif d'un million d'ici 2027 et veut accompagner 2.500 start-up françaises.

"Un écosystème complet se développe entre les fournisseurs de modèles de langage, les infrastructures, on est en train de créer une nouvelle économie autour de cette IA", déclare Corine de Bilbao.

Microsoft a ainsi annoncé en 2024 un investissement de 4 milliards d'euros en France lors du sommet Choose France pour agrandir ses centres de données dans les régions de Paris et Marseille (sud), et construire un datacenter dans l'est de la France, près de Mulhouse.

"Ca avance très bien", explique-t-elle, sans donner de date à laquelle le centre sera opérationnel. "Cela ne pousse pas comme des champignons, ce sont des projets qui prennent quelques années en général", entre le dépôt de permis, de construction et l'accompagnement.

Pour 2026, le défi sera de passer d'une intelligence artificielle "expérimentale à une IA opérationnelle, qui délivre de la valeur pour les entreprises, à la fois sur leurs revenus, la productivité, et qui les aide à se transformer", conclut-elle.


Mercosur: Paris et Rome contrarient les plans de l'UE, ultimatum de Lula

Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Italie rejoint la France pour demander un report de l’accord UE–Mercosur, menaçant la signature espérée par Ursula von der Leyen et ouvrant la voie à une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept
  • Le Brésil met la pression, tandis que les divisions européennes persistent entre défense des agriculteurs et impératif économique face à la concurrence chinoise et américaine

BRUXELLES: L'Italie a rejoint la France mercredi pour réclamer un report de l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, ce qui risque d'empêcher Ursula von der Leyen de parapher ce traité en fin de semaine, au grand dam du Brésil.

Une signature dans les prochains jours est "prématurée", a lâché Giorgia Meloni à la veille d'un sommet européen à Bruxelles.

La cheffe du gouvernement italien veut d'abord des garanties "suffisantes" pour le secteur agricole, et se dit "convaincue qu'au début de l'année prochaine, toutes ces conditions seront réunies".

Cette sortie est une douche froide pour la Commission européenne. Bruxelles n'a cessé de marteler ces derniers jours qu'une signature était indispensable avant la fin de l'année, pour la "crédibilité" de l'Union européenne et afin de ne pas contrarier les partenaires latino-américains.

Prudent, l'exécutif européen fait mine d'y croire encore. "Les chefs d'Etat et de gouvernement vont en discuter au sommet européen" ce jeudi, a dit à l'AFP Olof Gill, porte-parole de la Commission.

Au Brésil, le président Lula, qui avait appelé à la responsabilité Emmanuel Macron et Georgia Meloni, a posé une forme d'ultimatum.

"Si on ne le fait pas maintenant, le Brésil ne signera plus l'accord tant que je serai président", a-t-il menacé. "Si jamais ils disent non, nous serons désormais fermes avec eux, parce que nous avons cédé sur tout ce qu'il était possible de céder diplomatiquement".

- "Billet remboursable" -

La prise de position de Rome sur ce dossier est potentiellement décisive.

Avec la France, la Pologne et la Hongrie, l'Italie est en capacité de former une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept, ce qui empêcherait un examen de l'accord durant la semaine.

"Ca risque d'être très chaud", convient un diplomate européen anonymement, alors que l'Allemagne comme l'Espagne insistent pour approuver ce traité de libre-échange le plus vite possible.

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a promis d'exercer une pression "intensive" sur ses partenaires européens mercredi soir et jeudi matin, en appelant à ne pas "chipoter" avec les grands traités commerciaux.

Emmanuel Macron a prévenu que "la France s'opposerait de manière très ferme" à un éventuel "passage en force" de l'Union européenne, a rapporté la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Paris ne considère pas encore comme "acquis" le report de la signature du traité, mais les déclarations de Giorgia Meloni sont la "preuve" que "la France n'est pas seule", a-t-elle ajouté.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espérait parapher ce traité lors du sommet du Mercosur samedi dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle a besoin au préalable de l'aval d'une majorité qualifiée d'Etats membres à Bruxelles.

"J'espère qu'elle a un billet (d'avion) remboursable", glisse une source diplomatique européenne.

- Manifestation à Bruxelles -

Cet accord commercial avec l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay permettrait à l'UE d'exporter davantage de véhicules, de machines, de vins et de spiritueux, tout en facilitant l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées.

Les agriculteurs européens ne décolèrent pas et annoncent une dizaine de milliers de manifestants jeudi à Bruxelles contre ce traité.

Pour rassurer la profession, l'UE a ajouté des mesures de sauvegarde: un suivi des produits agricoles sensibles et une promesse d'intervention en cas de déstabilisation du marché.

Un compromis a été trouvé mercredi soir sur ce volet entre des eurodéputés et des représentants des États membres: les garanties pour les agriculteurs y sont supérieures à ce qu'avaient voté les Vingt-Sept en novembre, mais en deçà de la position adoptée par le Parlement européen mardi.

Elles ne devraient toutefois pas suffire à la France. Le bras de fer avec Bruxelles s'inscrit dans un contexte de vaste mobilisation agricole dans l'Hexagone contre la gestion par les autorités de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Et au sein de l'Union européenne, une série d'États redoutent que Paris ne se contente pas d'un report du Mercosur mais essaye de faire échouer le traité, malgré plus de 25 ans de négociations.

Allemands, Espagnols et Scandinaves comptent quant à eux sur cet accord pour relancer une économie européenne à la peine face à la concurrence chinoise et aux taxes douanières des États-Unis.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.