Malgré un revers judiciaire sur un référendum d'indépendance, le gouvernement écossais ne renonce pas

La Première ministre écossaise et chef du Parti national écossais (SNP), Nicola Sturgeon, réagit alors qu'elle prononce son discours devant les délégués lors de la conférence annuelle du SNP à Aberdeen, en Écosse, le 10 octobre 2022 (Photo, AFP).
La Première ministre écossaise et chef du Parti national écossais (SNP), Nicola Sturgeon, réagit alors qu'elle prononce son discours devant les délégués lors de la conférence annuelle du SNP à Aberdeen, en Écosse, le 10 octobre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 24 novembre 2022

Malgré un revers judiciaire sur un référendum d'indépendance, le gouvernement écossais ne renonce pas

  • La Cour suprême britannique a estimé, sans surprise, que l'Écosse ne pouvait pas organiser un nouveau référendum d'indépendance sans l'accord de Londres
  • Le gouvernement central à Londres considère lui que le vote de 2014 a clos le débat pour une génération

ÉDIMBOURG: Après un revers judiciaire devant la Cour suprême mercredi, la Première ministre écossaise a averti qu'elle transformerait les prochaines élections générales britanniques en un vote "de facto" sur l'indépendance de l'Écosse.

La Cour suprême britannique a estimé, sans surprise, que l'Écosse ne pouvait pas organiser un nouveau référendum d'indépendance sans l'accord de Londres.

"La Cour a unanimement conclu que la proposition de loi (pour un référendum, ndlr) relève des questions réservées" au pouvoir central à Londres, a expliqué le président de la Cour suprême Robert Reed. De fait, "le Parlement écossais n'a pas le pouvoir de légiférer pour un référendum d'indépendance".

La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, "déçue", a rapidement réagi: une "loi qui ne permet pas à l'Écosse de choisir son propre avenir sans l'accord de Westminster montre que toute notion de partenariat volontaire avec le Royaume-Uni est un mythe".

Face à cet échec en justice, Mme Sturgeon a répété lors d'une conférence de presse à Édimbourg qu'elle ferait des prochaines élections générales au Royaume-Uni, qui doivent se tenir d'ici à janvier 2025, un "référendum de facto" sur la question de l'indépendance.

"Nous trouverons d'autres moyens démocratiques, légaux et constitutionnels pour que le peuple écossais puisse exprimer sa volonté", a-t-elle également dit.

Nicola Sturgeon avait déjà dévoilé la question qui serait posée aux Écossais ("L'Écosse doit-elle être un pays indépendant?") ainsi que la date à laquelle elle souhaitait organiser le nouveau référendum (le 19 octobre 2023).

Les Écossais ont refusé à 55% en 2014 de quitter le Royaume-Uni. Mais aux yeux des indépendantistes du SNP au pouvoir à Édimbourg, le Brexit intervenu depuis, auquel 62% des électeurs de la province se sont opposés, change la donne. Ils souhaitent que l'Écosse réintègre l'Union européenne en tant qu'État indépendant.

Le gouvernement central à Londres considère lui que le vote de 2014 a clos le débat pour une génération.

Anticipant un bras de fer judiciaire, Nicola Sturgeon avait pris les devants en saisissant la Cour suprême.

En colère

À Édimbourg, quelques Écossais se sont réunis pour exprimer leur colère. "Je suis un peu dévastée mais ce n'est que le début. (...) Nous aurons l'indépendance soit de mon vivant, soit de celui des enfants", a dit Margaret Turner, une directrice de magasin de 58 ans.

"L'Angleterre ne nous laisse pas notre mot à dire. (...) Je suis en colère et déçu", a renchéri Gerard Clarke, un retraité de 74 ans.

La Cour a estimé qu'un tel référendum -même consultatif- aurait des conséquences directes sur l'union du Royaume-Uni, un domaine "réservé" au gouvernement central à Londres, qui doit donc donner son accord avant la tenue d'un tel vote.

Devant les députés au Parlement, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a lui dit respecter "le jugement clair et définitif" qui a été rendu.

"En cette période de défis sans précédent, les bénéfices de faire partie du Royaume-Uni n'ont jamais été aussi visibles", a de son côté affirmé le ministre britannique chargé de l'Écosse, Alister Jack.

Il a appelé Édimbourg à se "concentrer (...) sur les problèmes qui comptent le plus" pour les Écossais en pleine crise du coût de la vie.

Pour le député indépendantiste Ian Blackford, la question d'un référendum est une "question massive de démocratie". Il a fustigé le "soi-disant partenariat dans lequel un partenaire n'a pas le droit de choisir un futur différent ou même de poser la question".

«Droit fondamental et inaliénable»

Opposé à l'indépendance, le chef de file des travaillistes en Écosse, Anas Sarwar, a lui appelé à se "débarrasser" de ce gouvernement conservateur "pourri". "Démontrons qu'on peut faire que le Royaume-Uni fonctionne pour toutes les régions du pays", a-t-il lancé sur la BBC.

Lors de l'audience le mois dernier, la plus haute magistrate écossaise, Dorothy Bain, avait fait valoir que "le droit à l'auto-détermination était un droit fondamental et inaliénable".

Mais la Cour suprême a rejeté mercredi ses arguments, Robert Reed indiquant que le droit international en matière d'autodétermination ne s'appliquait qu'aux anciennes colonies ou à des populations opprimées par une occupation militaire, ou quand un groupe n'a pas accès à certains droits.

"J'aurais préféré une autre décision, mais elle donne une réponse claire et je pense que c'est bienvenu", a indiqué à l'issue du jugement Philippa Whitford, députée indépendantiste. Pour elle, les partisans de l'union devraient quand même "réfléchir au droit démocratique qu'ont les Écossais de choisir leur propre avenir".


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com