Karabakh: La paix russe règne déjà

Les soldats russes déployés pour le maintien de la paix sur la route de Stepanakert, le 14 novembre (Photo, Russian Defence Ministry/AFP).
Les soldats russes déployés pour le maintien de la paix sur la route de Stepanakert, le 14 novembre (Photo, Russian Defence Ministry/AFP).
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Publié le Samedi 14 novembre 2020

Karabakh: La paix russe règne déjà

  • Après la signature de l'accord parrainé par Moscou, les soldats de la paix russes sont déployés au cœur de l'enclave du Karabakh, séparant les belligérants
  • Les armes sont toujours là, mais elles se sont tues. « Toutes les lignes de front se sont calmées dès l'annonce de l'accord », raconte un sous-officier

STEPANAKERT: La paix russe règne déjà au Nagorny Karabakh : après la signature de l'accord parrainé par Moscou, les soldats de la paix russes sont déployés au cœur de l'enclave, séparant les belligérants sur les nouvelles positions conquises par les forces azerbaïdjanaises.

Leur uniforme flanqué d'un écusson aux lettres « MC » -- pour « forces de paix » --, ils contrôlaient déjà vendredi les abords de Stepanakert, la capitale du Nagorny Karabakh, gardant l'accès de la ligne de front toute proche désormais apaisée.

Les armes sont toujours là, mais elles se sont tues. « Toutes les lignes de front se sont calmées dès l'annonce de l'accord », raconte un sous-officier. Aux violents combats de ces sept dernières semaines et aux bombardements qui faisaient trembler chaque jour les immeubles de la ville, un calme presque étrange a succédé.

A la sortie sud-ouest de la ville, toujours sous contrôle des forces arméniennes, des dizaines de militaires russes et leurs blindés ont pris position à un carrefour.

Stepanakert, en partie défigurée par les roquettes, reste une ville fantôme. Les autorités locales ont appelé les habitants à rentrer au plus vite mais la quasi-totalité des magasins sont fermés et la dernière supérette ouverte a été dévalisée.

Internet ne fonctionne plus et le réseau portable en filigrane, court-circuité désormais par les opérateurs azerbaïdjanais.

« Un massacre »

La route menant à Choucha (Chouchi en arménien), fortin stratégique au sommet d'une montagne à une dizaine de kilomètres, conquis de haute lutte par les troupes de Bakou, reste interdite d'accès par les forces russes et coupée par des barrages azerbaïdjanais.

Sur le point de passage russe, des militaires arméniens aident au contrôle des véhicules empruntant une autre route vers Martouni, plus au sud de l'enclave et encore sous leur contrôle.

« On vérifie les identités, les passeports ; on s'assure qu'il n'y a pas d'armes dans les véhicules, on ne bloque pas », explique une sentinelle russe. La presse n'est évidemment pas la bienvenue, mais vu le nombre de journalistes et l'objectif pacifique de la mission, il va falloir faire avec.

L'ambiance est d'ailleurs plutôt détendue. Les forces de Moscou sont manifestement bienvenues : Russes et Arméniens discutent la cigarette au bec et les pieds dans la boue. Quelques occupants des véhicules contrôlés donnent par la fenêtre baissée des provisions, un pain, des confiseries ou des cigarettes.

« Si les Russes n'était pas venus, nous aurions tout perdu », estime Artik, venu aux nouvelles, comme d'autres hommes, sur le barrage russe. « Tout est clair, tout est joué... », lâche un autre badaud, dépité.

« Ce n'était pas une guerre, c'était un massacre », confie un jeune soldat, bonnet sur les yeux, mains dans les poches de sa vareuse à col fourrure : « Les Azerbaïdjanais avaient tout, des drones, le soutien des Turcs, les mercenaires syriens... Alors oui c'est bien que les Russes soient là ».

« Sans le cessez-le-feu et leur intervention, Stepanakert aurait été envahi, ça aurait été un désastre », reprend ce volontaire.

Cadavres et snipers

Selon l'accord de paix, près de 2 000 soldats russes doivent être prochainement déployés dans tout le Nagorny Karabakh, autour des anciennes lignes de front de Martakert (nord) et Martouni.

La zone entourant Stepanakert revêt elle une priorité toute particulière, par la proximité des belligérants et l'importance que chaque camp y accorde : Stepanakert est la capitale de la république indépendantiste, Choucha est pour Bakou une cité historiquement azerbaïdjanaise.

Ces montagnes sont surtout stratégiques, car elles commandent l'accès à tout le Nagorny Karabakh sous contrôle arménien, ou ce qu'il en reste aujourd'hui.  

Sur le barrage russe menant à Choucha, des hommes au visage fermé viennent également prendre des nouvelles de leurs proches, disparus et dont ils sont sans nouvelles. De nombreux cadavres jonchent encore la route autour de Choucha, selon un témoin.

Des négociations existent pour organiser leur collecte, espéraient vendredi soir des proches des disparus. »Il y a des snipers partout », prévient l'un d'entre eux. « Au-delà des barrages russes, les Azerbaïdjanais sont très agressifs, ne vous aventurez surtout pas par là... »


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.