Libye: l'ex-émissaire de l'ONU Ghassan Salamé "optimiste" sur une sortie de crise

Ghassan Salame déclare qu'il a plus d'espoir que jamais de mettre fin à une décennie de violence dans ce pays d'Afrique du Nord. (Fabrice COFFRINI / AFP)
Ghassan Salame déclare qu'il a plus d'espoir que jamais de mettre fin à une décennie de violence dans ce pays d'Afrique du Nord. (Fabrice COFFRINI / AFP)
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Publié le Samedi 14 novembre 2020

Libye: l'ex-émissaire de l'ONU Ghassan Salamé "optimiste" sur une sortie de crise

  • L'ex-émissaire de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, assure n'avoir "jamais été aussi optimiste"
  • Les 75 délégués choisis par l'ONU ont des objectifs ambitieux: ils doivent mettre au point un nouvel exécutif unifié

L'ex-émissaire de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, assure n'avoir "jamais été aussi optimiste" quant à la possibilité de voir la fin d'une décennie de violences dans ce pays d'Afrique du Nord.

Ce diplomate libanais de 69 ans avait démissionné en mars pour raison de santé, après trois ans d'éprouvantes médiations dans ce pays miné par les conflits et les luttes de pouvoir depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. 

"L'architecture conçue à Berlin est enfin mise en application", se réjouit-il, en référence à la conférence tenue dans la capitale allemande en janvier 2020, qui avait dessiné, en présence des dirigeants des principaux pays impliqués, les grandes lignes d'un plan de sortie de crise.

"Cela prendra du temps, il y a les partisans du statu quo qui vont essayer de perturber le processus, il y aura des pays étrangers mécontents, mais je n'ai jamais été aussi optimiste qu'aujourd'hui", a assuré à l'AFP celui qui fut aussi ministre au Liban, lors d'un entretien depuis son domicile parisien.

Tout en tempérant: "une guerre en cours depuis une décennie ne se résout pas en un jour".

L'échec de l'offensive menée contre Tripoli par le maréchal Haftar, homme fort de l'Est, et repoussée en juin par ses rivaux du Gouvernement d'union nationale (GNA) avec l'appui de la Turquie, a conduit à une impasse militaire.

Des négociations ont alors pu reprendre pour réunifier la Libye, déchirée depuis plusieurs années entre le GNA basé à Tripoli (ouest) et reconnu par l'ONU, et un pouvoir incarné par le maréchal Haftar, soutenu par une partie du Parlement élu.

Elections

Les responsables militaires des deux camps, qui mènent actuellement des échanges directs pour pérenniser un cessez-le-feu officialisé en octobre, ont annoncé jeudi un accord sur le retrait des forces étrangères de la ligne de front. 

Des milliers de mercenaires, notamment africains et syriens, ont participé aux combats en Libye, où sont également implantés des groupes paramilitaires privés comme le russe Wagner et des instructeurs militaires turcs.

Politiquement, un dialogue orchestré par l'ONU entre des délégués de tous bords, initialement prévu en avril 2019 et annulé en raison de l'offensive des forces pro-Haftar, a démarré lundi à Tunis.

Les 75 délégués choisis par l'ONU ont des objectifs ambitieux: ils doivent mettre au point un nouvel exécutif unifié. Vendredi soir, l'ONU a annoncé que les délégués étaient parvenus à un accord prévoyant "des élections nationales" le 24 décembre 2021.

Les conditions permettant des élections "crédibles" peuvent être "réunies d'ici six ou sept mois", avait estimé M. Salamé avant l'annonce de la date du scrutin.

"Il faut une loi, une base constitutionnelle. Et un niveau raisonnable de sécurité et de liberté", a-t-il ajouté. 

Il faudra également, selon M. Salamé, vaincre les fortes réticences de la classe politique, d'autant que de nombreux dirigeants élus en 2012 et 2014 craignent de perdre leur siège en cas de nouveau scrutin.

"Les partisans du statu quo sont très actifs, ils font de l'obstruction", reconnaît M. Salamé.

Contrats

Outre la classe politique, les parrains étrangers de chaque camp pourraient être tentés, selon des observateurs, de saboter un accord ne leur convenant pas, dans un pays où les ingérences sont multiples depuis 2014.

M. Salamé avait très fermement critiqué en juillet l'"hypocrisie" des pays siégeant au Conseil de sécurité de l'ONU, dont la majorité avait soutenu l'offensive militaire de Haftar. Aujourd'hui, il souligne que les puissances impliquées ont aussi à gagner avec la paix.

La Russie, qui soutient Haftar, et la Turquie, directement impliquée auprès des troupes du GNA, attendent notamment de voir honorés "plus de 20 milliards de dollars de contrats" signés sous Kadhafi, rappelle-t-il. Ces contrats concernent des ports, des centrales, du ferroviaire ou la construction d'infrastructures routières.

"Les Libyens sont prêts à honorer ces contrats", souligne M. Salamé: "Leur message c'est cessez de vous disputer le contrôle de la Libye, votre part du gâteau est garantie".

"La plupart des pays étrangers sont intéressés par la Libye -- sa position géographique, son rôle comme corridor pour l'émigration illégale, ses richesses en pétrole et en gaz -- mais très peu par l'avenir des Libyens", déplore-t-il.


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.


Série de raids israéliens sur le Liban, Israël dit viser le Hezbollah

Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
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  • Israël a mené des raids aériens contre le sud et l’est du Liban, affirmant viser des infrastructures militaires du Hezbollah
  • Ces frappes surviennent à la veille d’une réunion du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, toujours fragile

BEYROUTH: L'aviation israélienne a lancé jeudi matin une série de raids contre le sud et l'est du Liban, selon l'agence de presse officielle libanaise, Israël affirmant viser des infrastructures du Hezbollah pro-iranien.

Ces frappes interviennent à la veille d'une réunion du groupe de surveillance du cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre 2024, qui comprend, outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, l'ONU et la France.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), des raids ont visé plusieurs régions du sud du Liban, frontalier d'Israël, ainsi que des zones montagneuses de la Békaa (est), un bastion du Hezbollah.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir frappé "plusieurs structures militaires du Hezbollah où des armes étaient stockées, et à partir desquelles les terroristes du Hezbollah ont continué d'opérer récemment".

Deux personnes avaient été tuées mardi dans deux frappes israéliennes qui avaient visé une camionnette au sud de Beyrouth et une voiture dans le sud du Liban. L'armée israélienne avait affirmé avoir visé des membres du Hezbollah.

Malgré le cessez-le-feu qui a mis fin il y a plus d'un an à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier poursuit ses frappes au Liban, qui ont fait environ 340 morts selon une compilation de l'AFP sur la base des chiffres du ministère de la Santé.