Crise au Liban: Les braquages de banques font leur retour

Deux tentatives de braquage de banques et un sit-in de protestation mercredi ont mis en évidence le désespoir croissant des Libanais (Photo, Reuters).
Deux tentatives de braquage de banques et un sit-in de protestation mercredi ont mis en évidence le désespoir croissant des Libanais (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 24 novembre 2022

Crise au Liban: Les braquages de banques font leur retour

  • Trois incidents en une seule journée font craindre des troubles croissants
  • Le Liban est en proie à ce qui, selon la Banque mondiale, pourrait figurer parmi les trois principales crises financières de l'histoire moderne

BEYROUTH: Deux tentatives de braquage de banques et un sit-in de protestation mercredi ont mis en évidence le désespoir croissant des Libanais aux prises avec la crise économique qui s'aggrave dans le pays.
Les attaques de banques par des épargnants réclamant leur argent ont été relativement rares au cours des deux derniers mois, mais une série d'incidents survenue ces derniers jours a de nouveau fait craindre une agitation croissante.
Dans la troisième incursion contre une banque en une seule journée, Amina Mohammed a fait irruption dans une succursale de l'Intercontinental Bank of Lebanon à Tripoli, exigeant l'accès à ses économies pour payer une intervention chirurgicale pour sa mère âgée.
La banque a été contrainte de fermer ses portes pendant que le personnel négociait avec Mohammed et sa mère.
Plus tôt, un ancien soldat, Rida Rida, a fait irruption dans une succursale de la Bank Audi à Tyr, dans le sud du Liban, réclamant son dépôt de 15 000 dollars (1 dollar américain = 0,96 euro) pour payer le traitement de sa mère atteinte d’un cancer.
Des patrouilles des services de renseignement de l'armée et de la sécurité ont été envoyées à la banque pendant que Rida exposait ses exigences au directeur de l'enseigne.
Lors du premier incident de la journée, Anis Tannous a organisé un sit-in devant la succursale de la Société Générale de Banque au Liban à Amioun, au nord du Liban, empêchant les gens d'entrer ou de sortir de la banque.
Tannous a exigé que l'institution bancaire transfère les frais d'inscription de son fils à une université aux États-Unis.
Il y a deux jours, un autre épargnant, Hossein Ramadan, et sa mère ont fait irruption dans la banque Al-Baraka à Hamra, à Beyrouth, pour tenter de récupérer 132 000 dollars d'économies. Après des heures de négociations, l'enseigne a accepté de leur verser 15 000 dollars.
Le licenciement d'employés a également pris une tournure tragique; un homme a tenté de se suicider à l'aide d'une arme d'assaut devant son ancien lieu de travail à Jnah, dans la banlieue sud de Beyrouth. Les forces de sécurité sont arrivées immédiatement et ont arrêté l'homme.
Le Liban est en proie à ce qui, selon la Banque mondiale, pourrait figurer parmi les trois principales crises financières de l'histoire moderne.
Le ministre des Finances par intérim, Youssef Khalil, a déclaré mercredi que son ministère commencera à calculer les taux de change pour les taxes et les frais perçus par le département des douanes sur les marchandises importées. Cela sur la base du taux de change de 15 000 livres libanaises pour un dollar à partir du 1er décembre, quelques semaines avant le début de la saison des vacances.
Cette mesure «contribuera à limiter l'exploitation des différences de prix et à réduire les distorsions et les pertes subies par le trésor public», a-t-il souligné.
Les observateurs pensent que les commerçants ont anticipé cette mesure en stockant des centaines de tonnes de marchandises importées au taux de change en vigueur avant le début des difficultés économiques du Liban.
À l'époque, le taux était de 1 500 livres libanaises pour un dollar.
Rien qu'au cours des sept premiers mois de cette année, les importations ont totalisé 10,5 milliards de dollars, tandis que le total des importations pour l'année devrait atteindre 18 milliards de dollars – un record proche des niveaux d'avant la crise.
L'année dernière, les activités d'importation ont totalisé 13,6 milliards de dollars, un chiffre surprenant dans un pays confronté à l'effondrement et à un taux de pauvreté élevé, et qui supplie le Fonds monétaire international de lui fournir 3 milliards de dollars.
Les Libanais sont convaincus que le gouvernement, en particulier le ministère de l'Économie et du Commerce, est incapable de contrôler le prix des marchandises après l'application du dollar des douanes aux droits et taxes, ce qui entraîne une exploitation par les commerçants.
Les revenus des marchandises, pour lesquelles les droits et taxes sont payés par les consommateurs, iront dans les poches des commerçants plutôt que dans le trésor public, affirment plusieurs analystes.
Riad Salamé, le gouverneur de la banque centrale, a indiqué lundi que la banque adoptera un taux de change de 15 000 livres libanaises pour un dollar à partir du 1er février, dans le cadre d'un processus visant à unifier le système de taux de change multiples du pays.
Commentant la question de savoir si la mesure entraînera une hausse ou une baisse du taux de change, Salamé a assuré que ce «sera déterminé par le marché en fonction de l'offre et de la demande».
Le député Michel Daher a avisé que «des mesures strictes devraient être prises pour absorber l'excès de liquidités qui pourrait être causé par la décision d'augmenter le taux de change».
Il a averti que «le taux de change montera en flèche pour dépasser les 75 000 livres libanaises pour 1 dollar s'il s'accompagne d'un vide présidentiel permanent».
Selon les données bancaires, les Libanais ont retiré environ 70 milliards de dollars, principalement sur des comptes de petite et moyenne taille, entre 2019 et 2021.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.