Corrida: Le débat stoppé net à l'Assemblée

Vue générale de l'Assemblée nationale lors d'une séance le 24 novembre (Photo, AFP).
Vue générale de l'Assemblée nationale lors d'une séance le 24 novembre (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 25 novembre 2022

Corrida: Le débat stoppé net à l'Assemblée

  • Il est «impossible» d'atteindre «un vote final dans les délais impartis, c'est-à-dire minuit», a convenu le LFI Aymeric Caron
  • Le retrait du texte a suscité une pluie de réactions agacées et de rappels au règlement dans l'hémicycle

PARIS: "Lâcheté", "invectives", "fuite": à peine démarré, le débat enflammé sur la proposition d'interdiction de la corrida s'est arrêté net à l'Assemblée, où le LFI Aymeric Caron a retiré son texte en s'emportant contre les centaines d'amendements "d'obstruction".

"Cela me navre", a lancé le député de Paris. "Applaudissez, soyez fiers de vous", a-t-il déclaré aux élus favorables à la corrida.

Avec des centaines d'amendements "d'obstruction", il est "impossible" d'atteindre "un vote final dans les délais impartis, c'est-à-dire minuit", a convenu Aymeric Caron. Il a promis à l'avenir une nouvelle "proposition de loi transpartisane".

Le retrait du texte a suscité une pluie de réactions agacées et de rappels au règlement dans l'hémicycle. "Vous fuyez le débat" par peur du rejet du texte, l'a accusé la LR Anne-Laure Blin, pro-corrida.

Au coup d'envoi de ces discussions vite interrompues, Aymeric Caron a de nouveau porté le fer contre la "torture" du taureau et son "calvaire" dans l'arène.

La secrétaire d'Etat chargée de la ruralité Dominique Faure a reconnu que ce "sujet traverse toute la société". Mais le gouvernement s'oppose à l'interdiction de la corrida, une "tradition ancestrale qui participe à l'identité de certains territoires", a-t-elle souligné.

La proposition de loi avait été rejetée une première fois en commission le 16 novembre.

Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a fait part sur twitter de sa "rage" face à "l'obstruction du RN + LR + macronistes", saluant toutefois la "victoire morale" d'avoir fait parvenir ce sujet jusqu'à la tribune de l'Assemblée".

L'Observatoire national des cultures taurines s'est réjoui que la "corrida gagne par abandon", tandis que la Fondation Brigitte Bardot a condamné l'"obstruction" des pro-corrida, une "honte profonde pour nos élus".

Le débat entre défenseurs de cette "tradition culturelle régionale" et militants de la cause animale a largement dépassé l'enceinte de l'Assemblée, avec des manifestations pro et anti-corrida le week-end dernier dans les villes taurines et à Paris.

«Basta»

Parti animaliste et association L214, une centaine de personnes ont encore manifesté jeudi pour dire "basta" à la "corrida" aux abords de l'Assemblée. "C'est une torture", estime Emmanuelle Gaillard, venue de Clichy, en banlieue parisienne.

De l'autre côté, 13 toreros français ont défendu leur pratique près du Palais Bourbon.

Mercredi, lors d'une visite au salon de l'Association des maires de France, Emmanuel Macron avait écarté une interdiction dans l'immédiat. Il prône la "conciliation" entre les "coutumes locales" et la "sensibilité" à la condition animale, plutôt que "l'invective".

Aymeric Caron voulait modifier le code pénal, qui punit la maltraitance animale, mais dont les sanctions de l'article 521-1 "ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée".

Les partisans de la corrida revendiquent un "art", une "identité régionale", une "culture populaire" et louent les "milliers de terres sanctuarisées" par "l'élevage des taureaux sauvages".

En commission, le débat s'est souvent focalisé sur la personnalité clivante d'Aymeric Caron, ancien chroniqueur télé.

«Mangeurs de graines»

"Caron a tendu le débat au lieu de l'apaiser, cela crispe de donner une victoire à quelqu'un qui nous insulte", lâche un élu macroniste.

Le sujet embarrassait dans tous les camps et la liberté de vote était de mise.

Côté présidentiel, avant de devenir cheffe du groupe Renaissance, Aurore Bergé avait signé une tribune pour interdire la corrida.

Mais Jean-René Cazeneuve, élu du Gers, une terre taurine, était vent debout. "Après la corrida, ce sera le foie gras, le barbecue, les escargots, les huîtres (...), on le connaît l'animal Caron", avait-il lancé.

Marine Le Pen affiche régulièrement sa sensibilité pour la cause animale, mais le RN était divisé.

Le député RN du Gard Yoann Gillet taclait directement Aymeric Caron dans ses amendements en série contre une loi visant à "promouvoir la carrière d'un seul homme". Son collègue Julien Odoul qui soutenait l'interdiction, a jugé sur twitter que "le député de carnaval" Aymeric Caron avait "trahi les espoirs de millions de Français".

À droite, LR revendique plutôt majoritairement la "défense de la tradition taurine".

Côté gauche, LFI et écologistes soutiennent l'interdiction, comme une majorité de Français selon les sondages. Le PS est partagé et les communistes plutôt contre l'interdiction.


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
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  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).