L'Iran gagne au Mondial, les manifestations continuent

Des supporters iraniens descendent dans les rues de la capitale Téhéran pour célébrer la victoire de leur équipe de football contre le Pays de Galles lors de la Coupe du monde Qatar 2022, le 25 novembre 2022. (Photo, AFP)
Des supporters iraniens descendent dans les rues de la capitale Téhéran pour célébrer la victoire de leur équipe de football contre le Pays de Galles lors de la Coupe du monde Qatar 2022, le 25 novembre 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 26 novembre 2022

L'Iran gagne au Mondial, les manifestations continuent

  • Pour les Iraniens, l'enjeu sportif de la dernière rencontre du groupe B sera immense puisque la «Team Melli» («l'équipe nationale» en persan) jouera une qualification pour les 8e de finale, un stade qu'elle n'a encore jamais atteint
  • Ce match aura aussi une dimension hautement politique alors que les sujets de tension se multiplient entre Washington et Téhéran, sur le mouvement de contestation en Iran, le dossier nucléaire ou le conflit en Ukraine

DOHA : Les footballeurs iraniens ont marqué les esprits vendredi en gagnant leur 2e match du Mondial-2022 au Qatar et en décidant de chanter l'hymne national, avant leur choc de mardi contre les Etats-Unis sur fond de poursuite de la répression des manifestations en Iran.

Pour les Iraniens, l'enjeu sportif de la dernière rencontre du groupe B sera immense puisque la «Team Melli» («l'équipe nationale» en persan) jouera une qualification pour les 8e de finale, un stade qu'elle n'a encore jamais atteint.

Mais ce match aura aussi une dimension hautement politique alors que les sujets de tension se multiplient entre Washington et Téhéran, sur le mouvement de contestation en Iran, le dossier nucléaire ou le conflit en Ukraine.

Le 11 iranien va tenter de faire aussi bien qu'au match historique du Mondial-1998 en France, remporté par l'Iran 2 à 1.

Au-delà de cette rivalité, l'équipe iranienne est également scrutée de près pour les messages qu'elle envoie aux victimes des manifestations durement réprimées dans son pays.

L'Iran est le théâtre d'un mouvement de contestation déclenché le 16 septembre par la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée par la police des moeurs pour avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique.

Les autorités dénoncent ces protestations comme des «émeutes» encouragées par l'Occident. Au moins 416 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations en Iran, selon un dernier bilan diffusé par l'ONG Iran Human Rights (IHR), dont le siège est en Norvège.

Parmi elles, 290 ont péri lors des protestations liées à la mort de Mahsa Amini et 126 au Sistan-Baloutchistan, une province du sud-est, dont plus de 90 le 30 septembre dans la capitale provinciale Zahedan, lors de manifestations contre le viol d'une adolescente imputé à un policier.

Selon plusieurs ONG, le mouvement se poursuivait vendredi, notamment au Sistan-Baloutchistan.

L'ONG Baloch Activists Campaign (BAC), basée à Londres, a accusé les forces de l'ordre d'avoir tiré sur des manifestants à Zahedan, faisant étant de «dizaines de morts et de blessés».

Au même moment, à Doha, les joueurs ont créé la surprise en entonnant l'hymne iranien avant le match contre le Pays de Galles (2-0), même si la plupart d'entre eux n'ouvraient à peine la bouche.

Quatre jours plus tôt, ils étaient restés silencieux pour le début de la compétition face à l'Angleterre. Un geste décrit comme une décision «collective» et perçu comme un acte de défiance vis-à-vis du pouvoir.

Les joueurs ont également célébré leurs deux buts marqués en fin de match contre les Gallois, alors que certains attendaient qu'ils fassent preuve de retenue.

- «Aucune pression» -

Comment expliquer un tel changement? Sur les réseaux sociaux, certains internautes dépités dénonçaient des pressions exercées depuis Téhéran. «Les joueurs ont été forcés, sous la menace, de chanter l'hymne national», a avancé Maziar Bahari, le fondateur du site d'information Iran Wire.

Hasard ou non, un ancien footballeur international, Voria Ghafouri, 35 ans, a été arrêté jeudi après avoir soutenu les manifestations en Iran. Ce Kurde est accusé d'avoir «insulté et sali la réputation de l'équipe nationale et de s'être livré à de la propagande» contre l'Etat, selon l'agence de presse iranienne Fars.

Dans le même temps, l'un des joueurs de la «Team Melli», l'attaquant Mehdi Taremi, affirmait à Doha que ses coéquipiers et lui ne subissaient «aucune pression» et qu'il ne souhaitait pas «parler de politique».

Au cours de la conférence de presse, le sélectionneur, le Portugais Carlos Queiroz, s'est étonné que les journalistes ne posent pas les mêmes questions «à d'autres coachs de pays où il y a aussi des problèmes». «Pourquoi n'interrogez-vous pas (l'entraîneur anglais Gareth) Southgate sur le retrait de l'Angleterre et des Etats-Unis d'Afghanistan?», a-t-il demandé.

Avant le début de la compétition, les joueurs iraniens avaient été vivement critiqués par les opposants pour avoir accepté d'être reçus par le président ultraconservateur Ebrahim Raïssi avant le départ pour le Qatar.

Dans le stade de Doha, un photographe de l'AFP a vu des supporters habillés aux couleurs de l'Iran se faire confisquer un drapeau «Femme Vie Liberté», devenu le cri de ralliement de la contestation. A leurs côtés, une supportrice tenait dans les mains un maillot floqué au nom de Mahsa Amini et portant le numéro 22, correspondant à l'âge de la jeune femme au moment de son décès.

Des images de la télévision iranienne ont par ailleurs montré des scènes de célébrations à Téhéran à l'issue du match.


Gaza: le Hamas rencontre les médiateurs au Caire

L'Egypte et le Qatar sont des médiateurs de longue date dans les pourparlers indirects avec Israël et le Hamas pour mettre un terme à la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023. (AFP)
L'Egypte et le Qatar sont des médiateurs de longue date dans les pourparlers indirects avec Israël et le Hamas pour mettre un terme à la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023. (AFP)
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  • Cette rencontre intervient au lendemain de frappes israéliennes sur Gaza, Israël ayant accusé le Hamas de violations du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, ce que le mouvement islamiste a réfuté
  • La source a précisé que la rencontre avec les médiateurs au Caire devrait porter notamment sur "les dizaines de frappes aériennes israéliennes" ayant fait la veille "des dizaines de morts dans la bande de Gaza"

LE CAIRE: Une délégation du Hamas, conduite par Khalil al-Hayya, rencontre lundi au Caire des responsables égyptiens et qataris pour évoquer le cessez-le-feu fragile et l'après-guerre à Gaza, a indiqué à l'AFP une source proche des négociations.

Cette rencontre intervient au lendemain de frappes israéliennes sur Gaza, Israël ayant accusé le Hamas de violations du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, ce que le mouvement islamiste a réfuté.

La source a précisé que la rencontre avec les médiateurs au Caire devrait porter notamment sur "les dizaines de frappes aériennes israéliennes" ayant fait la veille "des dizaines de morts dans la bande de Gaza".

L'Egypte et le Qatar sont des médiateurs de longue date dans les pourparlers indirects avec Israël et le Hamas pour mettre un terme à la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023.

"Unifier" les mouvements 

Par ailleurs, "la délégation, aux côtés de plusieurs dirigeants du mouvement, tiendra des réunions avec des responsables égyptiens au sujet du dialogue interpalestinien que l'Egypte doit prochainement parrainer", a précisé la source familière des négociations.

L'Egypte a déjà accueilli plusieurs rencontres entre les mouvements politiques palestiniens, notamment les deux principaux groupes politiques palestiniens, le Hamas et le Fatah de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne.

Ces deux mouvements sont opposés depuis des décennies.

"Ce dialogue vise à unifier le corps politique palestinien et à aborder les grandes questions, notamment l'avenir de la bande de Gaza et la formation d'un comité d'experts indépendants chargé de la gestion du territoire", a déclaré la source, faisant écho à la mise en place d'une autorité de transition formée de technocrates chapeautée par un comité dirigé par le président américain Donald Trump, et proposée par ce dernier.

Le Hamas a déjà fait savoir qu'il ne tenait pas à gouverner la bande de Gaza, ravagée par deux ans de guerre.

Plusieurs responsables politiques palestiniens ont également évoqué ces derniers mois la création d'un groupe de gestionnaires palestiniens, non affiliés, en charge d'administrer le territoire où le Hamas avait pris le pouvoir par la force en 2007.

Une autre source informée a affirmé que "les contacts et efforts des médiateurs ont permis hier soir de rétablir le calme et de réactiver le cessez-le-feu à Gaza", ajoutant que "les médiateurs continueront de suivre et de surveiller les violations israéliennes".


Gaza: la Défense civile annonce un nouveau bilan de 45 morts dans des frappes israéliennes dimanche

La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche au cours de frappes aériennes israéliennes dans le territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan de 33 morts. (AFP)
La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche au cours de frappes aériennes israéliennes dans le territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan de 33 morts. (AFP)
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  • Quatre hôpitaux du territoire palestinien ont confirmé ce bilan de 45 décès à l'AFP, disant avoir reçu morts et blessés
  • L'armée israélienne a déclaré avoir frappé dans la journée des dizaines de cibles du Hamas à travers le territoire palestinien, Israël et le Hamas s'accusant mutuellement de violer un cessez-le-feu parrainé par le président américain Donald Trump

GAZA: La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche au cours de frappes aériennes israéliennes dans le territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan de 33 morts.

L'armée israélienne a déclaré avoir frappé dans la journée des dizaines de cibles du Hamas à travers le territoire palestinien, Israël et le Hamas s'accusant mutuellement de violer un cessez-le-feu parrainé par le président américain Donald Trump, en vigueur depuis le 10 octobre.

"Au moins 45 personnes ont été tuées du fait de frappes aériennes israéliennes sur plusieurs endroits de la bande de Gaza", a indiqué Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile, service de secours opérant sous l'autorité du Hamas.

Quatre hôpitaux du territoire palestinien ont confirmé ce bilan de 45 décès à l'AFP, disant avoir reçu morts et blessés.

L'hôpital Al-Awda à Nuseirat a recensé 24 morts, l'hôpital Al-Aqsa à Deir al-Balah 12, l'hôpital Nasser à Khan Younès cinq et celui d'Al-Shifa à Gaza-ville  quatre.

Des dizaines de blessés ont également été pris en charge par ces hôpitaux. L'armée israélienne a déclaré à l'AFP qu'elle vérifiait les informations concernant les frappes.

Parmi les victimes figure, selon M. Bassal, six personnes tuées quand une frappe israélienne a ciblé "un groupe de civils" dans la ville de Zuwaida (centre).

Il a également fait état de deux autres Gazaouis, dont un journaliste, tués dans la partie ouest de cette ville.

Deux frappes distinctes ont par ailleurs tué six personnes, dont des enfants, près de Nuseirat (centre) et blessé 13 autres, a-t-il indiqué.

Il a aussi fait état d'une femme et deux enfants tués dans une frappe de drone sur une tente abritant des personnes déplacées au nord de Khan Younès (sud).

Dans la soirée, l'armée israélienne a annoncé cesser ses frappes et reprendre l'application du cessez-le-feu.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

 


Mohammed ben Salmane et Emmanuel Macron discutent de l'évolution de la situation à Gaza

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  • Les entretiens ont porté sur la situation dans la bande de Gaza et sur les efforts en cours pour mettre fin au conflit et rétablir la stabilité au Moyen-Orient
  • Le prince Mohammed et M. Macron ont souligné l'importance d'alléger immédiatement les souffrances humanitaires du peuple palestinien et de parvenir à un retrait israélien complet

RIYADH : Le prince héritier Mohammed bin Salman a reçu dimanche un appel téléphonique du président français Emmanuel Macron, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

Les deux dirigeants ont passé en revue la coopération dans divers domaines et ont discuté des développements régionaux et internationaux d'intérêt commun.

Les entretiens ont porté sur la situation dans la bande de Gaza et sur les efforts en cours pour mettre fin au conflit et rétablir la stabilité au Moyen-Orient.

Le prince Mohammed et M. Macron ont souligné l'importance d'alléger immédiatement les souffrances humanitaires du peuple palestinien et de parvenir à un retrait israélien complet.

Ils ont également souligné la nécessité de prendre des mesures concrètes en vue d'une paix juste et durable fondée sur la solution des deux États.