A Marseille, la désespérante quête d'un logement social

Sur cette photo d'archive prise le 30 août 2021, une femme et un enfant se tiennent debout dans une cage d'escalier du quartier «Les rosiers» à Marseille, dans le sud de la France. (Photo, AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 30 août 2021, une femme et un enfant se tiennent debout dans une cage d'escalier du quartier «Les rosiers» à Marseille, dans le sud de la France. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 27 novembre 2022

A Marseille, la désespérante quête d'un logement social

Sur cette photo d'archive prise le 30 août 2021, une femme et un enfant se tiennent debout dans une cage d'escalier du quartier «Les rosiers» à Marseille, dans le sud de la France. (Photo, AFP)
  • Deux chiffres résument la crise: 40 000 taudis et autant de demandes de logement social en souffrance
  • Sitti Ahmed attend elle depuis onze ans un HLM en rez-de-chaussée adapté à son fils autiste qui «essaie de monter sur les fenêtres»

MARSEILLE: A Marseille, déposer une demande de logement social "c'est comme jeter une bouteille à la mer", regrette Karim*, pourtant prêt à aller partout: "quartiers Nord, quartiers Sud, aux îles du Frioul... où ils veulent c'est pas bien grave".

Devant "l'espace accompagnement habitat" de la métropole Aix-Marseille-Provence, près du Vieux-Port, les récits sont à l'image de la grande ville la plus pauvre de France, qui concentre toutes les formes de mal-logement. Deux chiffres résument la crise: 40 000 taudis et autant de demandes de logement social en souffrance.

Ce sujet sera au cœur d'"états généraux" organisés pour la première fois lundi et mardi par la municipalité de gauche qui a conquis la ville en 2020, deux ans après l'effondrement mortel de deux immeubles vétustes dans le centre, rue d'Aubagne.

Sitti Ahmed attend elle depuis onze ans un HLM en rez-de-chaussée adapté à son fils autiste qui "essaie de monter sur les fenêtres".

"Une fois, on m'a proposé quelque chose mais très haut. J'ai refusé et depuis ce jour-là, plus rien". Cette femme de 50 ans continue donc de vivre avec ses six enfants dans un "T4 très humide aux Rosiers", une de ces copropriétés privées dégradées connues pour être un repaire de marchands de sommeil dans les quartiers pauvres du nord.

Son loyer est certes minime (226 euros/mois). Mais aux Rosiers certains paient jusqu'à 700 euros par mois pour un T3 insalubre, selon des témoignages de locataires et d'acteurs sociaux.

A l'espace accompagnement habitat, Rachid*, 49 ans, sort dépité. Il voulait déposer une première demande mais il y avait trop de monde.

Punaises de lit et dealers

"Je dors dehors", confie ce frêle monsieur aux épaisses lunettes. "Je suis citoyen français, je fais du bénévolat quatre jours par semaine aux Restos du Cœur, j'aide les gens, est-ce que ça compte pour la société? L'administration?", se demande-t-il, face à des démarches qui semblent inaccessibles.

Meddou Smail, coresponsable des Restos du Cœur dans le 3e arrondissement, l'accompagne. Il aimerait au moins lui trouver une chambre d'hôtel provisoire via le Samu social, mais le dispositif est saturé. "Je les appelle tous les matins, mais je n'ai jamais entendu une voix derrière le 115. Une fois j'ai attendu 2h28...".

"Le logement c'est la première pierre" pour les gens en difficulté, insiste le bénévole: "Mais dans ma ville c'est vachement triste. On essaie de les aider mais ils reviennent le lendemain aux Restos, en pleurs".

Des demandeurs en larmes, l'AFP en a croisé en marge des visites d'Emmanuel Macron pour son plan "Marseille en grand", pour rattraper les retards abyssaux de la deuxième ville française en termes d'écoles, transports, logement.

Comme cette maman, qui brandissait des photos des bras de ses enfants dévorés par les punaises de lit envahissant son logement social, malgré 20 désinsectisations. Ou cette autre, suppliant aussi qu'on lui attribue un autre HLM, pour fuir sa cité gangrénée par les trafics de drogue.

"On n'arrive plus à répondre aux besoins de nos concitoyens, on ne produit plus assez de logements sociaux pour les accueillir", notamment dans les départements littoraux, souligne le préfet de région Christophe Mirmand.

"La crise est aigüe et ne pourra être résolue que par une relance très vigoureuse de la construction", insiste-t-il, regrettant le développement de "discours hostiles au logement social, et plus largement à la venue de nouveaux habitants".

La première "urgence" est que la Métropole Aix-Marseille-Provence, présidée par Martine Vassal (Les Républicains), adopte un Plan local d'habitat (PLH), outil clé pour définir la stratégie du logement sur un territoire, au premier semestre 2023, ajoute le préfet.

Mais aussi que chacun prenne sa part, alors qu'une trentaine de communes sur 92 n'ont pas le quota de logements sociaux requis par la loi: "Il faut un engagement politique très fort (...) et accompagner ces communes afin d'éviter une stratégie de fuite", martèle-t-il.

Marseille propose une production annuelle de 4 500 logements, mais veut que d'autres communes jouent le jeu.

Dans le cadre du futur PLH 2023-2028, la Métropole s'engagerait elle sur un rythme annuel de 11 000 logements, dévoile à l'AFP David Ytier, vice-président chargé du dossier. Mais en faisant de "la dentelle", car "on ne va pas résoudre le problème de Marseille en créant 10 000 logements dans le nord de la métropole".

 

* Craignant des conséquences négatives sur leurs demandes de logement social, Karim et Rachid ont préféré taire leur nom.


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."


Le musée du Louvre resté fermé lundi en raison d'une grève

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.  Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron. Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
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  • Les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public
  • Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR"

PARIS: Le musée du Louvre à Paris est resté fermé lundi en raison d'une "grève reconductible" de ses agents, une nouvelle épreuve pour une institution dans la tourmente depuis le spectaculaire cambriolage du 19 octobre et la mise à nu de ses dysfonctionnements.

A 9H00 (8H00 GMT), les portes du musée sont restées closes devant une file de visiteurs, puis la direction a annoncé la fermeture pour "toute la journée".

"Je suis vraiment déçu, le Louvre était la raison principale de notre venue à Paris, parce que nous voulions voir Mona Lisa", le célèbre tableau de La Joconde de Léonard de Vinci, a déclaré à l'AFP Minsoo Kim, 37, Coréen, en lune de miel.

"C'est normal qu'ils fassent grève s'ils ont besoin de meilleures conditions de travail. Bien sûr, en tant que touriste, ce n'est pas génial d'être ici et que le musée soit fermé, mais nous avons réussi à reporter notre visite, donc ça n'est pas un problème", a estimé de son côté Patricia, une touriste brésilienne qui n'a pas souhaité donner son nom.

Un peu plus tôt, les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public.

Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR".

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.

Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture.

"Nous avons eu quelques avancées en matière de rémunération, mais cela reste insuffisant et nous attendons une proposition écrite du ministère - certainement mardi - pour nous prononcer", a déclaré à l'AFP Alexis Fritche, du syndicat CFDT-Culture, à l'issue de deux heures de réunion.

Selon lui, "pas d'avancée" non plus sur les emplois: "On nous annonce 28 postes pour la surveillance, mais ils proviennent de redéploiements".

A l'issue de l'AG, le délégué du syndicat CGT Christian Galani avait rappelé que la filière accueil et surveillance avait "perdu 200 équivalents temps plein en l'espace de 15 ans, alors que la fréquentation a augmenté de moitié".

Une prochaine AG est prévue mercredi à 9H00 locales, le mardi étant le jour de fermeture hebdomadaire du Louvre.

Conflit social et réorganisation 

"On est en colère", "nous ne sommes pas d'accord avec la manière dont Le Louvre a été géré", a dit devant la presse Elise Muller, agente de surveillance du syndicat Sud Culture.

Valérie Baud, représentante CFDT, s'était félicitée d'un mouvement "interprofessionnel", regroupant métiers de la "conservation, agents d'accueil et de surveillance, professions support, juristes, graphistes".

En parallèle de ce conflit social, le musée doit faire face à une réorganisation à marche forcée et continuer de répondre aux interrogations sur les failles qui ont permis à un commando de s'emparer de huit joyaux de la Couronne, toujours introuvables.

Fragilisée, la présidente du Louvre, Laurence des Cars, devra travailler en tandem avec Philippe Jost, le haut fonctionnaire chargé du chantier de reconstruction de Notre-Dame, à qui la ministre française de la Culture Rachida Dati a confié vendredi la mission de "réorganiser en profondeur le musée".

Audition de la présidente mercredi 

"Des mesures indispensables sont à prendre, bien au-delà de la sûreté et de la sécurité", a déclaré Mme Dati.

"Toute réflexion sur l'avenir du Louvre ne saurait se limiter à une approche technico-organisationnelle", avait réagi la CFDT.

Le ministère de la Culture a précisé que la mission de M. Jost serait menée en janvier et février et que ses recommandations étaient attendues "fin février".

Des sénateurs vont par ailleurs poursuivre leur quête de réponses sur les dysfonctionnements du musée.

Mardi, ils doivent entendre pour la première fois l'ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire pendant son double mandat (2013-2021) de deux audits alarmants peu suivis d'effets.

Mercredi, ce sera Mme des Cars, à la tête du musée depuis fin 2021, pour comprendre notamment comment ces deux audits n'ont été découverts par l'actuelle direction qu'après le casse du 19 octobre.