CHICAGO: Hady Amr, le nouveau représentant spécial des États-Unis pour les affaires palestiniennes, qualifie sa nomination de décision «sans précédent» qui «renforcera» les relations américaines avec le peuple palestinien.
Sa désignation aidera également à coordonner l’engagement auprès du Bureau américain des affaires palestiniennes à Jérusalem, qui a été créé en juin, ajoute-t-il.
M. Amr occupe ce nouveau poste depuis le 22 novembre. Il était auparavant sous-secrétaire adjoint pour les affaires israéliennes et palestiniennes au Bureau des affaires du Proche-Orient au sein du département d’État américain.
Dans un entretien exclusif accordé à Arab News, M. Amr déclare qu’il a deux objectifs principaux: «œuvrer pour la mise en place de mesures égales pour le peuple palestinien en matière de liberté, de sécurité, de prospérité, de justice et de dignité; et prendre des initiatives pour tenter de préserver et de faire progresser la solution à deux États selon les frontières de 1967, avec des échanges de terres qui seraient le fruit d’un commun accord.»
Il souligne également que le président Joe Biden reste «déterminé» à rouvrir le consulat américain à Jérusalem, qui avait été fermé en 2018 par l’administration Trump.
Il reconnaît par ailleurs que sa nomination intervient à un moment crucial, à la lumière d’une flambée des tensions et de la violence entre Israéliens et Palestiniens au cours de l’année écoulée.
«Il est indéniable que 2022 a été une année extrêmement douloureuse sur place», poursuit M. Amr. «En réalité, pour les Palestiniens de Cisjordanie, il s’agit de l’année la plus meurtrière depuis 2004, avec environ 150 Palestiniens tués sur environ 200 en tout, aux côtés de 31 morts israéliens et plus de 9 000 blessés palestiniens et 150 blessés israéliens. Nous sommes donc conscients que la situation sur le terrain est très difficile.»
«J’entrerai en contact avec le peuple et les dirigeants palestiniens pour mieux comprendre les défis auxquels nous sommes confrontés et adapter notre politique en vue de relever ces défis. Je discuterai également avec le gouvernement israélien et d’autres gouvernements de la région pour essayer de mener à bien nos objectifs politiques.»
M. Amr soutient que sa nomination reflète l’engagement du président Biden à poursuivre les efforts qui peuvent garantir aux Israéliens et aux Palestiniens de «vivre en toute sécurité et de jouir de mesures égales en termes de liberté, de prospérité, de dignité et de justice», en plus de soutenir une solution à deux États dans le cadre de ce conflit qui dure depuis plus de soixante-dix ans.
«La création de ce poste est un pas en avant pour les relations américano-palestiniennes», insiste M. Amr. «C’est aussi une étape sans précédent, qui accordera une plus grande attention aux enjeux qui préoccupent les Palestiniens à Washington.»
«Notre but, semaine après semaine, mois après mois, est de rendre notre monde meilleur. C’est notre objectif et c’est ainsi que nous prévoyons d’aller de l’avant.»
«Je pense que l’administration et le secrétaire d’État estiment qu’il est important pour nous de renforcer nos relations avec le peuple palestinien. Ils ont donc cherché à créer ce poste. Pour la toute première fois, il y aurait un représentant spécial basé à Washington pour les affaires palestiniennes. Il entretiendrait des discussions avec le peuple et les dirigeants palestiniens. Dans ce nouveau rôle, mes principales responsabilités seront de mener à bien ce dialogue.»
Bien qu’il ait refusé de s’attarder sur les détails des mesures qu’il a prises depuis sa nomination il y a un peu plus d’une semaine, M. Amr précise que l’administration Biden a déjà déployé beaucoup d’efforts pour améliorer la vie des Palestiniens.
«Je ne veux parler d’aucune étape de la semaine dernière, mais je tiens à insister sur l’engagement des États-Unis à améliorer la qualité de vie du peuple palestinien», dit-il.
«Nous sommes désormais le plus grand donateur au monde à l’Unrwa (l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient). Nous avons fait don de plus de 680 millions de dollars (1 dollar = 0,96 euro) au cours des dix-huit derniers mois. Nous avons relancé notre aide au peuple palestinien, par l’intermédiaire de l’Agence des États-Unis pour le développement international. Nous comptons la tripler – elle passe de 75 millions de dollars l’an dernier à 219 millions de dollars l’année prochaine. Par ailleurs, nous continuons de fournir une gamme complète d’assistance», ajoute-t-il. «Dans mon nouveau rôle, je vais essentiellement me concentrer un peu plus sur cette aide et m’assurer qu’elle répond à nos objectifs de politique étrangère américaine.»
M. Amr met également l’accent sur un problème clé qui doit être résolu par toutes les parties. «Le plus important, comme nous le répétons depuis un moment, c’est d’inciter les parties à contenir la violence et le conflit armé», affirme-t-il.
«Les États-Unis et les partenaires internationaux sont prêts à aider, mais nous ne pouvons pas remplacer les actions vitales des parties elles-mêmes. Donc, quelles que soient ces actions – qu’il s’agisse de la violence palestinienne contre les Israéliens, de la violence israélienne contre les Palestiniens, des démolitions de maisons ou de l’expansion des colonies –, les États-Unis y accorderont toujours beaucoup d’importance et nous continuerons de traiter ces problèmes auprès des parties concernées», assure-t-il. «Nous appelons les parties à faire tout leur possible pour contenir la violence et les conflits armés.»
M. Amr explique que, dans son nouveau rôle, il sera amené à se rendre plus souvent au Moyen-Orient que par le passé.
«Je pourrai consacrer la majeure partie de mon temps aux discussions avec le peuple et les dirigeants palestiniens et aux questions en lien avec la Palestine auprès d’autres gouvernements de la région, notamment Israël, la Jordanie et l’Égypte, en plus d’autres gouvernements européens», poursuit-il.
En plus de son entretien exclusif accordé à Arab News mardi, M. Amr a également tenu une conférence de presse mercredi au cours de laquelle il a réitéré l’engagement de Joe Biden en faveur d’une solution à deux États et a rappelé le principe fondamental selon lequel Israéliens et Palestiniens ont le même droit de vivre en toute sécurité et de jouir de mesures égales en termes de liberté, de prospérité et de dignité.
«Nous restons déterminés à rouvrir un consulat à Jérusalem», ajoute-t-il. «Nous persistons à croire que c’est un moyen important de dialoguer avec le peuple palestinien… et nous continuerons de discuter des échéances.»
M. Amr réitère qu’il renforcera les relations des États-Unis avec le peuple palestinien et l’Autorité palestinienne et «entreprendra des réformes importantes pour rendre la société palestinienne plus dynamique et plus libre».
«Les élections sont une décision qui incombe au peuple palestinien», conclut-il.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com