La Palestine doit devenir un État membre à part entière de l'ONU, déclare l'ambassadeur Mansour à Arab News

L'ambassadeur palestinien Riyad Mansour assistant à une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU en 2018 (Photo, AFP).
L'ambassadeur palestinien Riyad Mansour assistant à une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU en 2018 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 21 novembre 2022

La Palestine doit devenir un État membre à part entière de l'ONU, déclare l'ambassadeur Mansour à Arab News

  • La Palestine aurait été un État membre de l’ONU depuis bien longtemps si les États-Unis ne disposaient pas du droit de veto pour s’y opposer
  • Il a exprimé sa gratitude envers les pays arabes, en particulier l'Arabie saoudite, qui sont restés unis pour soutenir la Palestine au sein des Nations unies

NEW YORK: Accorder à la Palestine le statut de membre à part entière de l'ONU serait une mesure «pratique» qui pourrait préserver la solution à deux États et contribuer à relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, affirme Riyad Mansour, l'ambassadeur palestinien auprès de l'ONU.
M. Mansour a entamé cette année des consultations avec les membres du Conseil de sécurité de l'ONU pour faire pression en faveur d'une résolution permettant d’élever la Palestine de son statut actuel d'État observateur et de lui accorder le statut de membre à part entière.
Lors d’un entretien exclusif accordé à Arab News au siège des Nations unies à New York, M. Mansour a déclaré que son initiative était ancrée dans le «droit naturel et légal de la Palestine à devenir un membre à part entière du système des Nations unies».
La recherche du statut d'État est encore plus urgente car, poursuit-il, Israël tente de saper la perspective d'une solution permettant la création d’un État palestinien indépendant, en «créant non seulement une réalité à État unique mais une réalité d'apartheid».
M. Mansour a indiqué avoir déjà obtenu le soutien suffisant des membres du Conseil de sécurité – y compris les votes de l'Irlande, de l'Albanie et de la Norvège – pour obtenir la recommandation pour accorder à la Palestine le statut d'État membre à part entière à l'Assemblée générale.
«L'article 4 de la Charte des Nations unies stipule que l'adhésion est une décision de l'Assemblée générale sur recommandation du Conseil de sécurité. L'Assemblée générale ne peut pas décider de l'adhésion sans la recommandation du Conseil de sécurité», a indiqué à Arab News Paulina Kubiak Greer, porte-parole du président de l'Assemblée générale.
Bien que l'octroi du statut d'État membre à part entière à la Palestine réponde à la volonté de l'administration américaine actuelle de prendre des «mesures pratiques» pour parvenir à une solution à deux États, M. Mansour a fait savoir que Washington «n'était pas enthousiaste à cette idée».
«J'ai dit à Linda (Thomas-Greenfield, l'ambassadrice américaine à l'ONU), lors de plus d'une réunion: si vous n'aimez pas notre idée, proposez une alternative – une idée pratique pour protéger la solution à deux États. Mais si vous affirmez ne pas partager pas mon idée, et si vous ne proposez pas de solution alternative, alors ceci est inacceptable», a-t-il poursuivi.

L'ambassadrice américaine auprès de l'ONU Linda Thomas-Greenfield s'exprimant lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU (Photo, AFP).

M. Mansour pense que la réticence de Washington est liée à sa préférence pour une «solution négociée à deux États», une voie que, selon ses dires, les Palestiniens continuent de soutenir.
Les Palestiniens «ne refusent pas de négocier avec qui que ce soit, même avec la partie israélienne – (à condition que les pourparlers soient menés) sur la base du droit international et compte tenu du consensus mondial, y compris l'Initiative de paix arabe – si la partie israélienne est disposée à le faire».
L'Initiative de paix arabe est une proposition lancée par l'Arabie saoudite pour mettre fin au conflit israélo-arabe. Elle a obtenu l’approbation de la Ligue arabe en 2002. Elle propose la normalisation des relations entre les États arabes et Israël en échange d'un retrait complet d'Israël des territoires occupés, d'un «règlement juste» de la question des réfugiés palestiniens et de la création d'un État palestinien avec pour capitale Jérusalem-Est.
M. Mansour a remercié les pays arabes d'être restés unis pour soutenir la Palestine au sein de l'ONU et de n'avoir jamais manqué de voter en sa faveur. Il a notamment souligné le rôle joué par l'Arabie saoudite.

Les membres du Comité de l'Initiative de paix arabe réunis à New York le 21 septembre 2022, en marge de la 77e Assemblée générale des Nations unies (Photo d'archive, SPA).

«L'Arabie saoudite a un rôle très, très important et influent», a-t-il déclaré. «Nous sommes reconnaissants aux Saoudiens de soutenir les droits du peuple palestinien. Ils continuent ainsi d’honorer et de respecter l'Initiative de paix arabe, qu'ils ont lancée il y a 20 ans lors du sommet arabe de Beyrouth.»
«Nous sommes également reconnaissants à l'Arabie saoudite d’avoir déclaré ouvertement et courageusement, lors du sommet de Djeddah, en présence du président Joe Biden, que la question palestinienne était une question centrale pour les pays arabes et que l'Initiative arabe de paix était toujours considérée et respectée.»
«Ces éléments constituent pour nous l'essence de la position arabe et nous ne nous attendons pas à moins que cela.»
Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité nationale palestinienne, a dernièrement multiplié les initiatives afin d’obtenir le statut de membre à part entière de l'ONU. Depuis l'été dernier, il a abordé la question avec le président français Emmanuel Macron et le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi qu'avec Joe Biden lors de la visite du président américain à Bethléem en juillet.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, une photo dans la main, lors de son allocution à la 77e session de l'Assemblée générale des Nations unies, le 23 septembre 2022 à New York (Photo, Getty Images via AFP).

«La clé de la paix et de la sécurité dans notre région commence par la reconnaissance de l'État de Palestine», avait alors affirmé M. Abbas à M. Biden.
L'Autorité nationale palestinienne a demandé pour la première fois le statut de membre à part entière de l'ONU en 2011. Elle a fait valoir que l'organisation avait adopté en 1947 la résolution 181, qui divisait le territoire palestinien en deux États, un texte qui a effectivement servi d'«acte de naissance à Israël». Selon l’Autorité, l'ONU avait désormais «le devoir moral et historique» de sauver les chances de paix en délivrant un acte de naissance similaire à la Palestine.
La question a été soumise à l'examen du Comité d'admission de nouveaux membres, mais l'opposition de l'administration du président américain Barack Obama a empêché le comité de soumettre une recommandation unanime au Conseil de sécurité.
En 2012, une majorité de l'Assemblée générale a voté pour élever le statut de la Palestine de simple «entité» à celui d'État observateur, le même statut accordé au Vatican; 138 pays ont voté en faveur, 9 contre et 41 se sont abstenus.

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas (photo du haut), applaudi lors de son allocution à l'Assemblée générale de l'ONU avant le vote visant à accorder à la Palestine le statut d'État observateur non membre, le 29 novembre 2012 à New York (Photo, Getty Images/AFP).

Le vote était en grande partie symbolique, car les États observateurs ne peuvent pas voter sur les résolutions de l'Assemblée générale, mais il a néanmoins permis aux Palestiniens d'adhérer à plus de 100 traités et conventions internationaux en tant qu'État partie.
Cela a octroyé aux Palestiniens, selon M. Mansour, le droit «de faire partie de l'humanité», de prendre leur place dans le monde et de partager ses préoccupations.
Par ailleurs, les autorités américaines ont cherché à convaincre les Palestiniens de ne pas aller jusqu'au bout de leurs efforts pour obtenir le statut de membre à part entière de l'ONU, répétant les mêmes arguments selon lesquels cela ne ferait que contourner des négociations de paix en bonne et due forme avec Israël.
«Les États-Unis ont clairement exprimé leur opposition à la candidature palestinienne au statut de membre à part entière de l'ONU», a affirmé un responsable américain à Arab News. «Il n'y a pas de raccourci vers un État palestinien en dehors de négociations directes entre les parties.»
«Les États-Unis s'efforcent de rapprocher les Palestiniens et les Israéliens dans la poursuite de la solution à deux États, pour deux peuples, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. Les États-Unis restent attachés à une solution à deux États. Comme l'a déclaré le président Biden, aux côtés du président Abbas en juillet, “le peuple palestinien mérite un État qui lui soit propre, indépendant, souverain, viable et contigu”.»

Le président américain Joe Biden (G) reçu par le président palestinien Mahmoud Abbas (D) lors d'une cérémonie d'accueil à Bethléem, en Cisjordanie occupée, le 15 juillet 2022 (Photo, AFP).

«La seule voie réaliste vers une paix globale et durable qui mette un terme définitif à ce conflit passe par des négociations directes entre les parties. Or, ces conditions ne sont pas encore réunies pour des négociations directes. Les efforts américains visent donc à établir de telles conditions.»
Cet argument a déjà été avancé par les États-Unis à plusieurs reprises lorsque l'ONU a adopté des mesures favorisant la représentation palestinienne sur la scène internationale. Washington a qualifié la résolution de 2012 accordant à la Palestine le statut d'observateur de «malheureuse et contre-productive» et de «grand écran de fumée qui s'estomperait rapidement».
De même, Washington s'est opposé à une décision de 2015 visant à autoriser les Palestiniens à hisser leur drapeau au siège de l'ONU à New York. Par ailleurs, lorsque la Palestine a été admise en 2011 à l'Unesco, le Congrès américain a interrompu tout financement américain de l'agence. L'ancien président Donald Trump est allé jusqu'à retirer entièrement les États-Unis de l'Unesco en 2019, l'accusant de partialité anti-israélienne.

Des Palestiniens appellent à la fin des atrocités israéliennes lors d'une manifestation à proximité du siège de l'Unesco dans la ville de Gaza, le 16 mai 2018 (Photo, AFP).

Le Congrès à majorité démocrate a récemment autorisé le retour des États-Unis à l'Unesco. Or, cette décision a été prise à condition que la Palestine ne devienne membre d’aucun autre organe des Nations unies. Les législateurs américains ont même adopté une loi interdisant le financement de toute agence onusienne accordant à la Palestine le statut de membre.
«Cette réaction hostile montre que même les petits pas que les Palestiniens font à travers cette initiative, cet élan... Je ne voudrais pas dire qu'ils ont peur de notre initiative, mais ils la prennent au sérieux», a déclaré M. Mansour.
Après avoir vécu des années d'aliénation sous l'administration Trump, M. Mansour a exprimé sa gratitude à celle de Joe Biden pour avoir rétabli le financement humanitaire de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa), et pour avoir pris des «mesures pratiques» pour parvenir à la paix.

Des Palestiniens reçoivent leurs rations alimentaires mensuelles de l'Office de secours et de travaux des Nations unies (Unrwa) à Khan Younis, dans la bande de Gaza, le 14 juin 2022 (Photo, AFP).

M. Mansour a toutefois déploré ce qu'il a décrit comme la réticence de Joe Biden à aborder les dimensions politiques de la question. En effet, certain nombre de promesses ne sont toujours pas tenues, comme la réouverture du consulat américain à Jérusalem-Est et du bureau de l'Organisation de libération de la Palestine à Washington.
«Bien que nous nous réjouissions de l'aide économique et humanitaire, nous avons besoin d'un processus politique pour avancer vers la fin de cette occupation et actualiser le consensus mondial sur la solution à deux États», a souligné M. Mansour.
«Nous ne constatons aucun progrès quant à cette question, et ils continuent de nous enjoindre d’attendre. Nous attendons depuis la Nakba, depuis presque 75 ans. Nous attendons depuis l'occupation de 1967, soit près de 55 ans. Combien de temps voulez-vous que nous continuions à attendre?»
«Si (les Américains) ne disposaient pas du droit de veto pour nous arrêter, alors nous aurions été un État membre il y a bien longtemps.»


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".