La gauche critique Reconquête! qui «menace» une enseignante de Valenciennes

Le député écologiste Benjamin Lucas a demandé dans un communiqué «la dissolution du mouvement» de M. Zemmour, dénonçant les «mêmes procédés terrorisants que les islamistes, en faisant déferler en raid menaces et injures». (Photo, AFP)
Le député écologiste Benjamin Lucas a demandé dans un communiqué «la dissolution du mouvement» de M. Zemmour, dénonçant les «mêmes procédés terrorisants que les islamistes, en faisant déferler en raid menaces et injures». (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 01 décembre 2022

La gauche critique Reconquête! qui «menace» une enseignante de Valenciennes

Le député écologiste Benjamin Lucas a demandé dans un communiqué «la dissolution du mouvement» de M. Zemmour, dénonçant les «mêmes procédés terrorisants que les islamistes, en faisant déferler en raid menaces et injures». (Photo, AFP)
  • L'enseignante devait emmener vendredi sa classe préparatoire Hypokhâgne du lycée Watteau de Valenciennes à la rencontre d'une association de soutien aux exilés, dans le cadre d'un projet pédagogique interdisciplinaire, intitulé 'exil et frontières'
  • «Cette histoire est édifiante. Le parti de (Eric) Zemmour utilise les mêmes méthodes et intimidations que les islamistes radicaux pour faire pression sur les enseignants», a dénoncé le premier secrétaire du PS Olivier Faure

PARIS: Le PS et les écologistes ont critiqué jeudi le parti Reconquête! d'Éric Zemmour, à l'origine d'une série de "menaces" sur les réseaux sociaux contre une enseignante de Valenciennes dont une sortie pédagogique auprès de migrants de Calais a dû être annulée. 

L'enseignante devait emmener vendredi sa classe préparatoire Hypokhâgne du lycée Watteau de Valenciennes à la rencontre d'une association de soutien aux exilés, dans le cadre d'un projet pédagogique interdisciplinaire, intitulé 'exil et frontières'". 

Mais la sortie, dont les détails ont été livrés lundi sur les réseaux sociaux par le "réseau parents vigilants", proche du parti d'extrême droite Reconquête!, a été annulée "par sécurité" par le rectorat de Lille. 

"Cette histoire est édifiante. Le parti de (Eric) Zemmour utilise les mêmes méthodes et intimidations que les islamistes radicaux pour faire pression sur les enseignants", a dénoncé le premier secrétaire du PS Olivier Faure sur Twitter, y voyant une "légitimation de la violence" qui s'est "soldée par un assassinat" dans le cas de Samuel Paty il y a deux ans. 

Le professeur d'histoire-géographie de 47 ans a été poignardé puis décapité le 16 octobre 2020, près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), par un jeune homme radicalisé qui lui reprochait d'avoir montré des caricatures de Mahomet en classe. 

Le député écologiste Benjamin Lucas a demandé dans un communiqué "la dissolution du mouvement" de M. Zemmour, dénonçant les "mêmes procédés terrorisants que les islamistes, en faisant déferler en raid menaces et injures". Il a appelé le gouvernement à "protéger les personnels éducatifs, les élèves et la communauté scolaire". 

A l'inverse, le député RN Sébastien Chenu a estimé sur le plateau de Public Sénat que "cette enseignante (avait) agi en militante et pas en éducatrice". "Une enseignante doit transmettre un savoir, or aller trimballer des gamins dans un centre de migrants, c'est avoir une prise de position politique", a-t-il jugé. 

"Reconquête a fait son devoir: alerter l'opinion publique", a réagi le parti d'Eric Zemmour dans un communiqué. "Une militante pro-migrants se sert de son statut d'enseignante pour endoctriner des élèves. C'est absolument insupportable au regard du principe de neutralité qui doit régir l'instruction de nos enfants". 

Le parti "se réserve le droit de saisir la justice contre le rectorat et l'établissement pour atteinte à l'obligation de neutralité de notre enseignement" et promet d'attaquer "toute personne accusant le mouvement de ‘menacer’ un enseignant". 


Éducation Nationale : plus de 3.600 actes racistes et antisémites recencsé à l'école l'an dernier

Anne Genetet, ministre de l’Éducation, quitte le gouvernement à la suite de la réunion hebdomadaire du cabinet à l’Élysée, le 1er octobre 2024. (Photo AFP)
Anne Genetet, ministre de l’Éducation, quitte le gouvernement à la suite de la réunion hebdomadaire du cabinet à l’Élysée, le 1er octobre 2024. (Photo AFP)
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  • .670 actes à caractère antisémite (insultes et violences verbales ou physiques, inscriptions antisémites...) et 1.960 actes racistes ont été signalés sur l'ensemble de l'année scolaire 2023-2024
  • Sur un an, les actes antisémites ont été multipliés par plus de quatre et les actes racistes par près de deux.

PARIS : Plus de 3.600 actes racistes et antisémites ont été recensés à l'école sur l'année scolaire 2023-2024, multipliés par près de trois sur un an, après l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, selon des chiffres communiqués jeudi par le ministère de l'Education nationale.

Selon le ministère, confirmant des chiffres donnés par RMC, 1.670 actes à caractère antisémite (insultes et violences verbales ou physiques, inscriptions antisémites...) et 1.960 actes racistes ont été signalés sur l'ensemble de l'année scolaire dernière pour le premier degré (écoles maternelles et élémentaires) et le second degré (collèges et lycées).

"Le déclenchement du conflit israélo-palestinien du 7 octobre 2023 et son impact en France est évidemment à prendre en compte dans l'explication de ces chiffres, qui sont en forte hausse par rapport à l'année précédente", a précisé le ministère à la presse.

La nouvelle ministre de l'Education nationale, Anne Genetet, qui rencontrait jeudi matin les recteurs d'académies, leur a demandé "la plus grande vigilance et une remontée la plus précise des actes antisémites - et plus largement des actes ou discours de haine - ainsi que des sanctions justes et proportionnées, en complément des actions de sensibilisation et prévention prévues par les enseignants", a encore indiqué le ministère.

Sur un an, les actes antisémites ont été multipliés par plus de quatre et les actes racistes par près de deux. Lors de l'année scolaire 2022-2023, 400 actes antisémites et 870 actes racistes avait été signalés, selon les chiffres communiqués par le ministère.

Au total, comparé aux 1.270 actes recensés en 2022-23, le nombre d'actes racistes et antisémites signalés a donc presque triplé l'an dernier.

En mai, le ministère de l'Education nationale avait fait état de 1.434 actes racistes et antisémites après le 7 octobre, mais ces chiffres portaient seulement sur la période allant de décembre à mars, a-t-il précisé jeudi.

Le ministère avait alors indiqué que, selon ses remontées, le conflit israélo-palestinien pouvait expliquer "une partie" de ces faits, "en raison des tensions qu’il provoque et de l'atmosphère qui en découle, les insultes étant majoritaires dans les faits recensés".


La réclusion criminelle à perpétuité a été requise contre le jihadiste Peter Cherif.

Portrait-robot réalisé le 16 septembre 2024 montre le Français Peter Cherif, associé présumé des frères Kouachi qui ont perpétré l'attentat contre Charlie Hebdo en 2015, debout lors de son procès devant la cour d'assises spéciale de Paris, à Paris. (Photo par Benoit PEYRUCQ / AFP)
Portrait-robot réalisé le 16 septembre 2024 montre le Français Peter Cherif, associé présumé des frères Kouachi qui ont perpétré l'attentat contre Charlie Hebdo en 2015, debout lors de son procès devant la cour d'assises spéciale de Paris, à Paris. (Photo par Benoit PEYRUCQ / AFP)
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  • La réclusion criminelle à perpétuité a été requise contre le jihadiste Peter Cherif, jugé devant la cour d'assises spéciale de Paris.
  • L'accusé de 42 ans est jugé depuis le 16 septembre pour association de malfaiteurs terroriste criminelle entre 2011 et 2018, période de sa présence au Yémen au sein d'Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa).

PARIS : La réclusion criminelle à perpétuité a été requise contre le jihadiste Peter Cherif, jugé devant la cour d'assises spéciale de Paris pour le rôle qu'il a pu jouer au Yémen auprès de Chérif Kouachi, l'un des assaillants du journal Charlie Hebdo en 2015, et pour la séquestration de trois humanitaires en 2011.

"Nous vous demandons qu'à la perpétuité Peter Cherif soit reclus", a déclaré l'avocate générale Aurélie Valente, en demandant que cette peine soit assortie d'une période de sûreté de 22 ans.

A l'issue d'un réquisitoire à deux voix, rendu avec son collègue Benjamin Chambre, elle a demandé à la cour d'assises spéciale de reconnaître Peter Cherif "coupable" de l'ensemble des charges qui lui sont reprochées.

L'accusé de 42 ans est jugé depuis le 16 septembre pour association de malfaiteurs terroriste criminelle entre 2011 et 2018, période de sa présence au Yémen au sein d'Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa).

Il lui est reproché d'avoir rejoint les rangs de cette organisation jihadiste et, dans ce cadre, d'avoir participé à la formation de son ami d'enfance Chérif Kouachi à l'attentat commis le 7 janvier 2015 au journal satirique Charlie Hebdo, dans lequel 12 personnes ont été assassinées. L'attaque a été revendiquée par Aqpa.

Il comparaît aussi pour la séquestration en bande organisée en 2011, pendant plus de cinq mois, de trois ressortissants français, membres de l'ONG Triangle génération humanitaire.

Pendant plus de quatre heures, les deux représentants du ministère public ont dressé le portrait d'un "jihadiste intégral" qui fut "la pierre angulaire de la préparation des attentats des frères Kouachi" en janvier 2015 et qui "n'a entamé aucune remise en cause".

"Son jihad, il n'en sortira pas", a asséné l'avocate générale, estimant que sa dangerosité était "toujours maximale".


Lucie Peytermann, journaliste à l’AFP, primée pour ses enquêtes sur les enfants harkis privés de sépulture

Des tombes de harkis, au cimetière de la commune à Bias, près de Villeneuve-sur-Lot (Photo, AFP).
Des tombes de harkis, au cimetière de la commune à Bias, près de Villeneuve-sur-Lot (Photo, AFP).
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  • Ce prix est décerné par la Commission nationale indépendante de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les Harkis.
  • "En réalisant cette enquête, j'ai d'abord voulu faire connaître cette tragédie méconnue des enfants et bébés harkis, morts dans ces camps indignes et traumatisantes", a déclaré Lucie Peytermann en recevant son prix

PARIS : La journaliste de l'AFP Lucie Peytermann a reçu mercredi le prix "général François Meyer" pour sa série d'enquêtes et de reportages sur les cimetières de fortune d'enfants harkis en France, qui ont poussé les autorités à entreprendre des fouilles en vue de leur offrir une sépulture digne.

Ce prix est décerné par la Commission nationale indépendante de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les Harkis (CNIH), ces Français musulmans recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre d'indépendance algérienne (1954-1962), abandonnés par la France à la fin du conflit.

Des dizaines de milliers d'entre eux et leurs familles ont fui les massacres de représailles en Algérie et ont été parqués en France dans des "camps de transit et de reclassement" gérés par l'armée française, aux conditions de vie déplorables.

"En réalisant cette enquête, j'ai d'abord voulu faire connaître cette tragédie méconnue des enfants et bébés harkis, morts dans ces camps indignes et traumatisantes", a déclaré Lucie Peytermann en recevant son prix des mains de la présidente de la CNIH Françoise Dumas et de l'académicien Jean-Marie Rouart, président du jury.

En 2020, une enquête de Lucie Peytermann avait révélé l'existence d'un cimetière de fortune sur l'ancien camp de Saint-Maurice-l'Ardoise (Gard), ce qui avait conduit en mars 2023 à des fouilles menées par l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).

Fin septembre, une stèle y a été inaugurée portant le nom d'une trentaine d'enfants harkis enterrés là.

"Il faut maintenant que les fouilles soient enfin menées au cimetière de fortune de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), où, selon les statistiques que j'ai pu compiler, 101 enfants sont décédés, dont 86 avaient moins d'un an", a-t-elle souligné. A l'automne 2023, le gouvernement avait annoncé le prochain lancement de ces fouilles.