Malgré la précarité de l'économie mondiale, les entreprises saoudiennes et émiraties restent optimistes

Les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite se sont engagés à atteindre zéro émission de carbone d'ici 2050 et 2060 respectivement (Photo, AFP).
Les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite se sont engagés à atteindre zéro émission de carbone d'ici 2050 et 2060 respectivement (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 02 décembre 2022

Malgré la précarité de l'économie mondiale, les entreprises saoudiennes et émiraties restent optimistes

  • Une enquête indique que les entreprises tirent confiance des plans ambitieux des gouvernements
  • Le changement climatique et les questions de durabilité figurent parmi les priorités des entreprises des deux pays

LONDRES: Une nouvelle enquête menée auprès de chefs d'entreprise en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis révèle un optimisme généralisé des entreprises des deux pays pour l'année prochaine, malgré les incertitudes et les défis ayant pesé sur l'économie mondiale en 2022.

Dans l'ensemble, 70% des 250 décideurs représentant un large éventail de secteurs ont exprimé leur optimisme quant aux perspectives de l'économie mondiale en 2023, 46% se déclarant très optimistes.

L'optimisme des entreprises est généralisé en Arabie saoudite et aux EAU (Photo, AFP).

L'enquête a été réalisée pour Gedeon Mohr & Partners, un nouveau cabinet de conseil basé à Dubaï et spécialisé dans les secteurs du commerce de détail, du divertissement, des voyages et de l'hôtellerie, qui sont tous appelés à jouer un rôle de plus en plus important dans la transformation des économies de la région du Golfe arabe.

«Il est extrêmement positif de constater que la majorité des chefs d'entreprise des Émirats arabes unis et de l'Arabie saoudite sont si optimistes quant à l'avenir de l'économie et reconnaissent le dynamisme de l'écosystème commercial et les opportunités de la région», a déclaré Maria Gedeon, PDG et fondatrice de Gedeon Mohr & Partners.

Selon elle, plusieurs raisons expliquent l’optimisme régional solide qui ressort de l’enquête.

«Évidemment, l’augmentation des prix du pétrole a été une chance pour nous. L’économie est donc naturellement en meilleure forme qu’ailleurs dans le monde. De même, la région est géographiquement éloignée de la guerre russo-ukrainienne, et est moins touchée que l’Europe par la hausse des prix et les autres répercussions qui en découlent.

«Mais dans l'ensemble, je pense que le sentiment est meilleur en raison de la quantité de travail que les deux gouvernements mettent en œuvre dans le but de développer les économies, augmenter la qualité de vie et attirer les étrangers et les expatriés dans cette partie du monde.»

L'enquête a également montré que, dans l'ensemble, 29% des chefs d'entreprise des deux pays – 22% aux Émirats arabes unis et 37% en Arabie saoudite – étaient légèrement ou très préoccupés par ce que la nouvelle année pourrait apporter.

Plusieurs raisons expliquent l’optimisme régional solide qui ressort de l’enquête (Photo, AFP).

«Je suppose que ces personnes travaillent probablement pour des organisations mondiales, parce qu’elles ont connu des licenciements et de nombreux problèmes financiers, ainsi que des ralentissements de la croissance, etc.», a expliqué Gedeon.

Les entreprises des deux pays tirent des conseils et de la confiance, des plans ambitieux établis par leurs gouvernements, a-t-elle affirmé.

«Ces deux pays ont publié leurs visions, le Royaume pour 2030 et les EAU pour 2031. En Arabie saoudite notamment, les méga-projets comme Neom, le projet de la mer Rouge et Qiddiya, ainsi que les investissements massifs dans les infrastructures, sont de formidables catalyseurs économiques.»

En novembre, le Fonds monétaire international a prévu que la croissance du PIB de l'Arabie saoudite serait de 7,6% en 2022, ce qui la place parmi les cinq premières économies à forte croissance du monde.

Selon le FMI, les décideurs du Conseil de coopération du Golfe dans leur ensemble ont «réussi à atténuer rapidement l'impact économique du double choc de la Covid-19 et des prix du pétrole».

Même si les prix mondiaux des produits de base ont grimpé: «Les perspectives sont plus positives pour les pays du CCG, les nouveaux défis liés à l'invasion de l'Ukraine par la Russie et le resserrement des conditions financières mondiales devant avoir un impact limité sur les économies du CCG.»

Le FMI a également émis une note de prudence, avertissant que même si les pays du CCG bénéficient de «prix du pétrole et du gaz plus élevés, quoique volatils, de nombreux risques assombrissent encore les perspectives, notamment un ralentissement de l'économie mondiale».

«Dans ce contexte, l’élan de réforme établi au cours des années précédentes doit être maintenu afin de garantir l'équité entre les générations et une transition énergétique fluide loin des combustibles fossiles.»

Les méga-projets saoudiens, tels que Neom, le projet de la mer Rouge et Qiddiya, et les investissements massifs dans les infrastructures, sont de formidables catalyseurs économiques (Photo, AFP).

Selon Gedeon, c'est exactement ce qui se passe, l'Arabie saoudite s'efforçant de diversifier son économie et d'ouvrir sa société. En tant que cadre supérieur du groupe Majid al-Futtaim, elle a eu l’occasion d’observer de première main le programme de réformes sociales et économiques en cours dans le Royaume.

Les deux pays du Golfe «continueront d'investir dans le pétrole, mais ils tiennent à se diversifier», a-t-elle indiqué, et l'un des moyens d'y parvenir est de «développer le tourisme dans de très beaux pays».

Un aspect qui ressort clairement de l'enquête est que le changement climatique et les questions de durabilité sont en tête de l'agenda des entreprises dans les deux pays. Interrogés sur l'importance de la durabilité pour leur entreprise, 90% des répondants aux Émirats arabes unis et 85% en Arabie saoudite ont répondu qu'elle était très importante. Dans l'ensemble, seuls 2% ont déclaré qu'elle importait peu.

Le changement climatique est également considéré comme la plus grande menace pour les entreprises en 2023 par 11% des personnes interrogées aux Émirats arabes unis et 18% en Arabie saoudite.

Toutefois, ce qui est plus surprenant et plus préoccupant, selon Gedeon, c'est l'attitude qui ressort de l'enquête dans les deux pays à l'égard de l'épineux problème des entreprises que sont les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), une métrique de plus en plus appréciée par les investisseurs et les consommateurs afin de mesurer l'impact et l'interaction des entreprises avec la société et l'environnement.

Selon le FMI, les décideurs du CCG dans leur ensemble ont «réussi à atténuer rapidement l'impact économique du double choc de la Covid-19 et des prix du pétrole» (Photo, AFP).

Dans son récent rapport 2022 Social & Governance, la firme de conseil PwC Middle East a conclu que «l'intégration des principes environnementaux, sociaux et de gouvernance dans tous les domaines de l'évolution économique et sociale est essentielle pour réaliser les ambitions de notre région, lui permettant de devenir un leader sur la scène mondiale de la durabilité».

D’après Gedeon, dans la nouvelle enquête, «le développement durable et la croissance des entreprises figurent en tête de l'ordre du jour. Ce qui est cependant clair, c'est que malgré le fait que les dirigeants se soucient du changement climatique, beaucoup de travail reste à faire en matière d'ESG, offrant une opportunité de croissance durable».

Le résultat final, est que de plus en plus, «les consommateurs veulent acheter et être associés à des marques qui ont un objectif solide, et qui font du bien à la planète et à l'organisation».

«Les consommateurs n'achèteront plus un produit d'une entreprise ou d'une marque qui ne respecte pas tous ces paramètres de durabilité et d’ESG, et les entreprises qui ne le font pas deviendront tout simplement obsolètes si elles ne sont pas transparentes sur leurs politiques et procédures, sur la façon dont elles compensent leur empreinte carbone.»

Une fois encore, les initiatives gouvernementales sont susceptibles de forcer le rythme. L'organisation de la COP27 en Égypte le mois dernier et le fait que la prochaine conférence des parties se tiendra aux Émirats arabes unis l'année prochaine ont placé les questions de responsabilité environnementale et sociale au centre des préoccupations des gouvernements, des entreprises et des particuliers dans toute la région.

Il est également très important que les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite, deux des plus grands producteurs de pétrole au monde, se soient engagés à atteindre zéro émission de carbone d'ici 2050 et 2060 respectivement – des objectifs ambitieux qui exigeront la collaboration et la coopération des entreprises de tous les secteurs, et qui feront très certainement l'objet d'une législation.

Un sujet de préoccupation qui éclipse légèrement la confiance globale identifiée par l'enquête est le recrutement et la rétention des talents nécessaires pour que les entreprises donnent le meilleur d'elles-mêmes.

Alors que 62% des chefs d'entreprise estiment avoir les bons talents dans leur entreprise d'ici 2023, ils sont très préoccupés par les défis à relever en matière de main-d'œuvre dans l'année à venir. Dans l'ensemble, 18% d'entre eux s'inquiètent de ne pas pouvoir attirer les talents, et 10% de ne pas pouvoir retenir ceux qu'ils ont déjà.

Malgré l'expérience généralement positive du travail à distance pendant les périodes de confinement de la Covid-19, un quart de toutes les personnes interrogées considèrent également le travail hybride comme un défi en 2023. L'une des raisons, selon Gedeon, est la nature unique de nombreux grands projets en cours, notamment en Arabie saoudite.

«Beaucoup de ces projets sont vraiment éloignés et vous devez être là, à regarder le projet se développer», a-t-elle signalé.

«Si vous réalisez des projets de développement sur la mer Rouge, il sera très difficile de gérer le projet depuis New York, Londres ou même Dubaï.

«Il y a donc un empressement à avoir des gens sur le site de projets tels que Neom, et ils construisent des logements pour le personnel et même des écoles, ce qui rend travailler si loin de la capitale et d'autres villes passionnant pour les gens.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".