En proie à des manifestations, l’Iran entame la construction d’une nouvelle centrale nucléaire

Une combinaison d’images créées le 16 août 2022 montre des images satellites collectées au-dessus de l’Iran et fournies par Maxar Technologies, prises (de gauche à droite en haut) à partir du réacteur à eau lourde d’Arak. (Image satellite ©2021 Maxar Technologies /AFP)
Une combinaison d’images créées le 16 août 2022 montre des images satellites collectées au-dessus de l’Iran et fournies par Maxar Technologies, prises (de gauche à droite en haut) à partir du réacteur à eau lourde d’Arak. (Image satellite ©2021 Maxar Technologies /AFP)
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Publié le Dimanche 04 décembre 2022

En proie à des manifestations, l’Iran entame la construction d’une nouvelle centrale nucléaire

  • La nouvelle centrale de 300 mégawatts, connue sous le nom de Karoon, nécessitera huit ans de construction et coûtera environ deux milliards de dollars
  • Samedi, la marine américaine dit avoir intercepté jeudi un navire de pêche dans le golfe d’Oman qui tentait de faire passer en contrebande 50 tonnes de munitions et un composant-clé de missiles de l’Iran vers le Yémen

DJEDDAH: L’Iran a commencé samedi la construction d’une nouvelle centrale nucléaire dans le sud-ouest du pays, annonce la télévision d’État iranienne, au milieu de tensions avec les États-Unis au sujet des sanctions radicales imposées après le retrait de Washington de l’accord nucléaire du pays avec les puissances mondiales.

L’annonce intervient au moment où des manifestations antigouvernementales secouent l’Iran. Celles-ci ont commencé après la mort d’une jeune femme en garde à vue et s’opposent au gouvernement théocratique du pays.

Mahsa Amini, une Iranienne d’origine kurde de 22 ans, est décédée le 16 septembre après son arrestation à Téhéran pour une violation présumée du code vestimentaire des femmes du pays.

La nouvelle centrale de 300 mégawatts, connue sous le nom de Karoon, nécessitera huit ans de construction et coûtera environ deux milliards de dollars (1 dollar = 0,95 euro), rapporte l’agence nationale de télévision et de radio du pays. L’usine sera située dans la province iranienne du Khouzistan, riche en pétrole, près de sa frontière occidentale avec l’Irak, précise-t-il.

L’Iran possède une centrale nucléaire dans son port méridional de Bushehr qui a été mise en service en 2011 avec l’aide de la Russie mais aussi plusieurs installations nucléaires souterraines.

L’annonce de la construction de Karoon intervient moins de deux semaines après que l’Iran a déclaré qu’il avait commencé à produire de l’uranium enrichi à 60% dans l'installation nucléaire souterraine de Fordo. Cette décision est considérée comme un ajout important au programme nucléaire du pays.

En bref

L’annonce de la construction de Karoon intervient moins de deux semaines après que l’Iran a déclaré qu’il avait commencé à produire de l’uranium enrichi à 60% dans l'installation nucléaire souterraine de Fordo.

L’enrichissement à 60% de pureté est une courte étape technique loin des niveaux de qualité militaire de 90%. Les experts en non-prolifération ont averti ces derniers mois que l’Iran dispose désormais d’assez d’uranium enrichi à 60% pour le retraiter en combustible en vue de la mise au point d’une bombe nucléaire au moins.

Pendant ce temps, le régime a annoncé qu’environ 200 personnes avaient été tuées lors des manifestations – première annonce officielle sur les victimes. La semaine dernière, le général iranien Amir Ali Hajjizadeh avait estimé le nombre de morts à plus de 300.

Les bilans contradictoires sont inférieurs à ceux rapportés par Human Rights Activists in Iran, une organisation basée aux États-Unis qui surveille de près les soulèvements populaires depuis leur déclenchement.

Dans sa dernière mise à jour, le groupe indique que 469 personnes ont été tuées et 18 210 autres détenues lors des manifestations et de la violente répression des forces de sécurité qui a suivi.

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Turk, a déclaré la semaine dernière que 14 000 personnes, dont des enfants, avaient été arrêtées dans le cadre de mesures répressives contre la manifestation.

Samedi, la marine américaine dit avoir intercepté jeudi un navire de pêche dans le golfe d’Oman qui tentait de faire passer en contrebande 50 tonnes de munitions et un composant-clé de missiles de l’Iran vers le Yémen.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com