Commerce et technologie: Volonté de convergences entre USA et UE mais peu d'avancées

La représentante américaine au Commerce Katherine Tai, le secrétaire d'État américain Antony Blinken, la secrétaire américaine au Commerce Gina Raimondo, la vice-présidente exécutive de la Commission européenne Margrethe Vestager et le vice-président exécutif de la Commission européenne Valdis Dombrovskis participent à un dialogue des parties prenantes USA - UE lors de la réunion ministérielle du Conseil du commerce et de la technologie (TTC) à l'Université du Maryland à College Park, le 5 décembre 2022 (Photo, AFP).
La représentante américaine au Commerce Katherine Tai, le secrétaire d'État américain Antony Blinken, la secrétaire américaine au Commerce Gina Raimondo, la vice-présidente exécutive de la Commission européenne Margrethe Vestager et le vice-président exécutif de la Commission européenne Valdis Dombrovskis participent à un dialogue des parties prenantes USA - UE lors de la réunion ministérielle du Conseil du commerce et de la technologie (TTC) à l'Université du Maryland à College Park, le 5 décembre 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 06 décembre 2022

Commerce et technologie: Volonté de convergences entre USA et UE mais peu d'avancées

  • Les Etats-Unis et l'UE ont par ailleurs annoncé leur volonté d'avancer sur «la mise en place d'un mécanisme d'échange d'informations» sur les soutiens publics accordés au secteur des semi-conducteurs
  • Ils ont également affirmé vouloir travailler sur des normes internationales sur l'intelligence artificielle, et étudier le développement d'une «IA digne de confiance»

COLLEGE PARK: L'Europe et les Etats-Unis ont assuré lundi, à l'issue de discussions commerciales près de Washington, vouloir aller plus loin dans la coopération et la transparence sur les nouvelles technologies, mais ont fait peu d'annonces concrètes à ce stade.

Des délégations des deux premières économies mondiales se sont retrouvées lundi sur le campus de l'Université du Maryland, dans la banlieue de Washington, pour une troisième réunion dans le cadre du Conseil pour le commerce et les technologies (TTC).

Ils ont notamment annoncé la création d'une initiative transatlantique en faveur d'un commerce soutenable, qui doit permettre de "soutenir la transition vers une économie bas carbone" et "augmenter les investissements et échanges transatlantiques", selon le communiqué commun.

Le TTC avait été lancé par le président américain Joe Biden et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen en juin 2021.

Les discussions ont rassemblé le secrétaire d'Etat Antony Blinken, la ministre du Commerce Gina Raimondo et l'ambassadrice au Commerce Katherine Tai côté américain, et côté européen, les commissaires Valdis Dombrovskis, en charge du Commerce, et Margrethe Vestager, pour la Concurrence.

Les Etats-Unis et l'UE ont par ailleurs annoncé leur volonté d'avancer sur "la mise en place d'un mécanisme d'échange d'informations" sur les soutiens publics accordés au secteur des semi-conducteurs, "afin d'en améliorer la transparence".

Ils ont également dit vouloir travailler sur des normes internationales sur l'intelligence artificielle, et étudier le développement d'une "IA digne de confiance et prenant en compte la gestion des risques" liés.

«Attente d'une réponse plus solide»

En revanche, peu d'avancées concernant les discussions relatives au grand plan américain pour le climat et l'emploi (IRA), le sujet qui suscite pourtant des inquiétudes tant à Bruxelles que dans les capitales européennes.

"Nous avons la volonté d'avancer ensemble, pas aux dépens des uns et des autres", a cependant assuré Antony Blinken lors d'une conférence de presse à l'issue des réunions.

De son côté, Valdis Dombrovskis s'est déclaré "plutôt optimiste" quant à l'issue des discussions sur le sujet, qui seront menées pas un groupe de travail particulier entre européens et américains.

Cette déclaration rejoint le sentiment exprimé par le président français Emmanuel Macron lors de sa visite d'Etat à Washington la semaine dernière, durant laquelle il s'est déclaré également "optimiste" quant à la prise en compte des craintes européennes par l'administration Biden

Côté européen, on reconnaît cependant qu'une évolution éventuelle de la législation sera "très difficile", selon des officiels européens présents sur place.

"Il y a une volonté de prendre en compte nos inquiétudes sans entrer en confrontation", a confirmé à la presse un responsable européen présent sur place, malgré "l'attente d'une réponse plus solide" de la part des Etats-Unis.

Les responsables européens veulent s'appuyer sur les précédentes discussions concernant les semi-conducteurs, pour lesquels la coopération est jugée "très positive". Elles sont ainsi vues comme "un bon point de départ" pour avancer sur les préoccupations liées à l'IRA, a-t-on expliqué de même source.

Les marges de manœuvre américaines sont cependant réduites sur ce texte, entre perte de la majorité démocrate à la Chambre des représentants début janvier, conséquence des élections de mi-mandat, et l'aspect hautement symbolique du plan pour Joe Biden.

Le commissaire européen Thierry Breton, chargé du marché intérieur, avait d'ailleurs choisi de ne pas accompagner ses collègues aux Etats-Unis du fait du peu d'avancées attendues sur ce sujet.

"L'agenda du TTC ne laisse pas suffisamment d'espace pour répondre aux inquiétudes de nombreux ministres et industriels européens, le commissaire a donc décidé de ne pas y assister", expliquait-on à son bureau à Bruxelles vendredi.

L'UE et les Etats-Unis ont par ailleurs de nouveau condamné l'invasion russe de l'Ukraine et leur volonté de continuer à soutenir le gouvernement ukrainien. Les deux parties ont assuré travailler à limiter "la dissémination de fausses informations par la Russie, en particulier vers l'Afrique et l'Amérique latine".


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Short Url
  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".