Massacre en RDC: Le gouvernement évoque «autour de 300 morts»

Des militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) sont aperçus à bord d'un véhicule de patrouille à Beni, le 3 décembre 2022 (Photo, AFP).
Des militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) sont aperçus à bord d'un véhicule de patrouille à Beni, le 3 décembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 06 décembre 2022

Massacre en RDC: Le gouvernement évoque «autour de 300 morts»

  • Des habitants ont raconté avoir dû, à la demande des rebelles, enterrer les victimes dans des fosses communes
  • Le mouvement rebelle a rejeté les accusations des autorités congolaises et reconnu la mort de huit civils dans ce village, tués selon lui par des «balles perdues»

KINSHASA: Le gouvernement de la République démocratique du Congo a revu lundi à la hausse, à environ 300 morts, le bilan d'un massacre dont il accuse la rébellion du M23 le 29 novembre dans un village de l'est du pays, Kishishe.

Ce chiffre a été avancé par le ministre congolais de l'Industrie, Julien Paluku, gouverneur du Nord-Kivu (est) de 2007 à 2019, lors d'un point de presse animé par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.

L'armée avait accusé jeudi le M23 d'avoir massacré au moins 50 civils dans ce village du Nord-Kivu, bilan que le gouvernement établissait le lendemain à "plus d'une centaine" de morts.

Des habitants interrogés par téléphone par l'AFP ont raconté avoir dû, à la demande des rebelles, enterrer les victimes dans des fosses communes.

Le mouvement rebelle a rejeté les accusations des autorités congolaises et reconnu la mort de huit civils dans ce village, tués selon lui par des "balles perdues" lors de combats avec des miliciens.

Pour expliquer les nouveaux chiffres en possession du gouvernement, MM. Paluku et Muyaya ont indiqué qu'ils provenaient de la société civile et d'une "organisation qui regroupe toutes les communautés" de la région.

"Chaque communauté a pu recenser, à travers les antennes qui sont à Kishishe et environs, les personnes qui sont mortes", a expliqué M. Paluku. "Une communauté à elle seule a plus de 105 personnes tuées", a-t-il précisé.

"On a autour de 300 morts", a-t-il dit, en réponse à une question, "des gens qui sont connus, régulièrement habitants de Kishishe, qui n'ont rien à voir avec les FDLR (rebelles hutu des Forces démocratiques de libération du Rwanda), rien à voir avec des maï-maï" (miliciens communautaires), a-t-il affirmé.

Dans son propos introductif, le ministre de l'Industrie a parlé de quelque "272 civils tués".

17 enfants

"Il y a des enfants qui ont été tués, dans une église, dans un hôpital", a précisé Patrick Muyaya, en évoquant le chiffre de 17, "selon les premiers éléments donnés".

"Il y a des difficultés à recouper tous les chiffres", a-t-il dit, "la zone est sous occupation du M23". "Un travail de consolidation est en cours", a-t-il ajouté. Des enquêtes ont été demandées, ont souligné les deux ministres.

Le M23, une ancienne rébellion tutsi vaincue en 2013, a repris les armes en fin d'année dernière et conquis ces derniers mois de larges portions d'un territoire au nord de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu.

Kinshasa accuse Kigali d'apporter à cette rébellion un soutien que des experts de l'ONU et des responsables américains ont également pointé, mais le Rwanda nie avec constance, en accusant en retour Kinshasa, qui nie également, de collusion avec les FDLR, un mouvement constitué par certains auteurs du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda.

Lundi, Washington a annoncé que le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, dans un appel la veille au président rwandais Paul Kagame, avait exhorté celui-ci à cesser "tout soutien" au M23, exprimant "sa profonde préoccupation à propos de l'impact des combats sur les civils congolais, qui ont été tués, blessés, ou déplacés".

Il a aussi appelé au respect de l'accord négocié par l'entremise de l'Angola.

Un sommet organisé le 23 novembre à Luanda a ordonné un cessez-le-feu suivi du retrait du M23 des positions conquises, mais aucun retrait n'a été observé à ce jour.

En mémoire des victimes de Kishishe, le gouvernement congolais avait décrété trois jours de deuil national, qui s'est achevé lundi. Dans la soirée à Goma, des jeunes se sont rassemblés dans le centre ville et ont déposé en silence sur le sol des bougies formant une carte de la RDC.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.