Ukraine: Le Kremlin admet que la Crimée est vulnérable

Un drapeau national ukrainien est affiché devant une maison détruite près d'Izyum, dans l'est de l'Ukraine, le 1er octobre 2022, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un drapeau national ukrainien est affiché devant une maison détruite près d'Izyum, dans l'est de l'Ukraine, le 1er octobre 2022, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
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Publié le Jeudi 08 décembre 2022

Ukraine: Le Kremlin admet que la Crimée est vulnérable

  • La Russie peine à consolider non seulement ses positions mais aussi à protéger ses bases-arrières loin du front
  • En Crimée, «il y a des risques, car la partie ukrainienne continue de suivre sa ligne consistant à organiser des attaques terroristes», a indiqué Dmitri Peskov

MOSCOU: La Russie a reconnu jeudi être vulnérable à des attaques en Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014, une admission qui intervient après plusieurs frappes, attribuées à l'Ukraine, sur des cibles russes loin du front.

Ces derniers jours, plusieurs bases militaires russes, dont deux situées à quelque 500 kilomètres de l'Ukraine, soit autant que la capitale russe Moscou, ont été prises pour cible par des drones d'attaque.

Jeudi encore, un drone a été abattu par la flotte russe à Sébastopol en Crimée, ont indiqué les autorités locales, signe des risques qui continuent de peser sur la péninsule annexée que Kiev a juré de reprendre.

Ces attaques, associées à une série de retraites russes en Ukraine, semblent témoigner du fait que, neuf mois après le début de l'offensive, la Russie peine à consolider non seulement ses positions mais aussi à protéger ses bases-arrières loin du front.

En Crimée, "il y a des risques, car la partie ukrainienne continue de suivre sa ligne consistant à organiser des attaques terroristes", a indiqué jeudi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Mais le fait que le drone a été abattu "montre bien que des contre-mesures efficaces sont prises", a-t-il estimé.

La flotte russe de la mer Noire, basée dans le port de Sébastopol, avait été touchée fin octobre par ce que les autorités avaient qualifié d'attaque "massive" de drones, qui avait endommagé au moins un navire.

Et cet automne, le pont reliant la péninsule à la Russie a été partiellement détruit par une énorme explosion que Moscou a attribuée aux forces ukrainiennes.

C'est dans ce contexte que les autorités installées par Moscou en Crimée ont annoncé la construction de fortifications et de tranchées, d'autant que les forces ukrainiennes ont repris en novembre une partie de la région de Kherson, frontalière de la péninsule.

«Espions» arrêtés 

Avec des lignes de front qui risquent de se figer avec l'hiver, les Ukrainiens se tournent de plus en plus vers les drones pour frapper les bases russes situées à l'arrière, tandis que les Russes bombardent eux l'infrastructure énergétique ukrainienne, quitte à plonger les civils dans le froid et le noir.

Ainsi, le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a indiqué que l'armée ukrainienne avait intégré "sept modèles de drones fabriqués en Ukraine" au cours du mois précédent, contre seulement "un ou deux" par an avant l'offensive russe.

Signe que les autorités russes sont sur les dents en Crimée, les services de sécurité russes (FSB) ont annoncé jeudi l'arrestation de deux habitants de Sébastopol soupçonnés d'avoir transmis à l'Ukraine des informations sur des cibles militaires.

Dans un communiqué, le FSB indique que l'un des suspects a été recruté en 2016 par Kiev et a transmis, depuis l'attaque massive du Kremlin contre l'Ukraine fin février, des "informations sur l'emplacement d'installations du ministère russe de la Défense".

L'armée ukrainienne s'est rapprochée de la Crimée grâce à une contre-offensive victorieuse qui lui a permis de reprendre mi-novembre la ville stratégique de Kherson, dans le sud du pays.

Dans cette zone, où le gros des forces des deux camps est séparé par le fleuve Dniepr, la situation reste tendue, avec des frappes russes régulières sur la ville de Kherson.

Oleksiï Kovbassiouk, un habitant de la région rencontré par l'AFP, traverse le fleuve malgré les risques et les températures glaciales pour aider les habitants coincés sur la rive gauche, occupée par les Russes, à fuir.

"J'ai déjà eu deux impacts de balles dans mon bateau", dit-il.

«Russophobie»

Le Kremlin a par ailleurs accusé jeudi de "russophobie" le magazine américain Time, qui a désigné mercredi comme personnalités de l'année 2022 le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ainsi que "l'esprit ukrainien" face à Moscou.

Alors que Moscou a essuyé depuis l'été plusieurs revers cinglants, ce qui a contraint le Kremlin de mobiliser plusieurs centaines de milliers de réservistes, le président russe Vladimir Poutine semble préparer l'opinion à un conflit susceptible de durer.

L'intervention en Ukraine est "un long processus", a-t-il reconnu mercredi, tout en assurant que "l'apparition de nouveaux territoires" que Moscou affirme avoir annexés était un "résultat significatif pour la Russie".

Le maître du Kremlin a aussi semblé relativiser le risque d'un recours à l'arme nucléaire. "Nous ne sommes pas devenus fous", a-t-il déclaré, ajoutant que l'arme ultime ne serait utilisée qu'en "représailles".

Ces déclarations ont été condamnées par Washington, qui a qualifié d'"irresponsable" ce "discours à la légère" sur les armes nucléaires.

Jeudi, M. Poutine a lors d'une rare cérémonie en public au Kremlin décoré des militaires déployés en Ukraine de l'ordre de "Héros de Russie".

"Je veux dire à chacun qui est en première ligne que pour moi, pour tous nos concitoyens, vous êtes tous des héros", a-t-il dit.


Macron, Starmer et Merz se sont entretenus avec Trump sur l'Ukraine

Le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président français Emmanuel Macron s'assoient avant une réunion au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 8 décembre 2025. (AFP)
Le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président français Emmanuel Macron s'assoient avant une réunion au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 8 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a tenu un appel de 40 minutes avec Donald Trump, Keir Starmer et Friedrich Merz pour discuter des efforts de médiation américains et d’une solution durable au conflit en Ukraine
  • Les dirigeants ont souligné un moment critique pour l’Ukraine et la sécurité euro-atlantique

PARIS: Emmanuel Macron a annoncé mercredi s'être entretenu au téléphone avec le président américain Donald Trump et d'autres dirigeants européens au sujet de l'Ukraine, "pour essayer d'avancer".

L'appel a duré 40 minutes, selon le président français. Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le chancelier allemand Friedrich Merz ont pris part aussi à cet entretien, a précisé l'Élysée à l'AFP.

De même source, les dirigeants ont "discuté des derniers développements de la médiation engagée par les Etats-Unis et salué leurs efforts pour parvenir à une paix robuste et durable en Ukraine et mettre fin aux tueries".

"Ce travail intensif se poursuit et va se poursuivre dans les prochains jours", a ajouté l'Élysée. "Ils ont convenu qu'il s'agissait d'un moment critique pour l'Ukraine, pour son peuple et pour la sécurité commune de la région euro-atlantique", a-t-on complété.

Les trois dirigeants européens se sont réunis lundi à Londres avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour lui apporter leur soutien appuyé au moment où il est de nouveau sous la pression des États-Unis pour faire des concessions afin de mettre fin à la guerre avec la Russie.

Emmanuel Macron et Keir Starmer doivent aussi présider jeudi une nouvelle réunion, par visioconférence, de la "coalition des volontaires", qui rassemble les soutiens de Kiev disposés à lui apporter des "garanties de sécurité" dans le cadre d'un éventuel futur cessez-le-feu ou accord de paix.


Guerre au Soudan: Washington sanctionne un réseau colombien

Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
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  • Les États-Unis sanctionnent un réseau majoritairement colombien accusé de recruter d’anciens militaires — y compris des enfants soldats — pour soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan
  • Washington intensifie ses efforts diplomatiques avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et d’autres partenaires pour obtenir une trêve

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions à l'encontre d'un réseau principalement colombien, qui recrute des combattants en soutien aux forces paramilitaires au Soudan, tout en poursuivant leurs efforts diplomatiques en vue d'une trêve dans ce pays ravagé par la guerre.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu ce même jour avec ses homologues égyptien Badr Abdelatty et saoudien Fayçal ben Farhane, sur "la nécessité urgente de faire progresser les efforts de paix au Soudan", a indiqué le département d'Etat dans des communiqués.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023 et oppose les forces paramilitaires à l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane, a fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, plongeant le pays dans la "pire crise humanitaire" au monde selon l'ONU.

Washington a récemment durci le ton vis-à-vis des Forces de soutien rapide (FSR), et appelé à l'arrêt des livraisons d'armes et le soutien dont bénéficient les FSR, accusés de génocide au Soudan.

Les efforts diplomatiques en faveur d'une trêve se sont récemment intensifiés, notamment de la part du président Donald Trump qui s'est dit "horrifié" par les violences dans le pays, sans résultat pour le moment.

Concernant le réseau sanctionné, il "recrute d'anciens militaires colombiens et forme des soldats, y compris des enfants, pour combattre au sein du groupe paramilitaire soudanais", selon un communiqué du département du Trésor.

"Les FSR ont montré à maintes reprises qu'elles étaient prêtes à s'en prendre à des civils, y compris des nourrissons et des jeunes enfants", a déclaré John Hurley, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, cité dans le communiqué.

Les sanctions américaines visent quatre personnes et quatre entités, dont Alvaro Andres Quijano Becerra, un ressortissant italo-colombien et ancien militaire colombien basé dans les Emirats, qui est accusé de "jouer un rôle central dans le recrutement et le déploiement d'anciens militaires colombiens au Soudan".

Ces sanctions consistent essentiellement en une interdiction d'entrée aux Etats-Unis, le gel des éventuels avoirs et interdit de leur apporter un soutien financier ou matériel.

Selon Washington, depuis septembre 2024, des centaines d'anciens militaires colombiens ont combattu au Soudan aux côtés des FSR.

Ils ont participé à de nombreuses batailles, dont la récente prise d'El-Facher, la dernière grande ville du Darfour (ouest) tombée dans les mains des FSR fin octobre.


Nationalisation du rail: Londres dévoile ses trains aux couleurs de l'Union Jack

Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement travailliste britannique dévoile le nouveau design des trains, aux couleurs de l’Union Jack
  • Après des décennies de privatisation marquées par retards, annulations et scandales, sept opérateurs sont déjà sous contrôle public et Great British Railways deviendra l’entité centrale du système ferroviaire

LONDRES: Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a présenté mardi le nouveau design des trains britanniques, aux couleurs de l'Union Jack, amorçant leur uniformisation dans le cadre de la nationalisation du secteur.

Le logo de la nouvelle entité qui chapeautera les trains britanniques, Great British Railways (GBR), ainsi que les nouvelles couleurs, commenceront à être "déployés au printemps prochain sur les trains" et les sites internet, souligne le ministère des Transports dans un communiqué.

Le projet de loi pour nationaliser le rail, actuellement en débat à la Chambre des Communes, avait été annoncé dès le retour des travaillistes au pouvoir en juillet 2024, après 14 ans de gouvernement conservateur.

"Sept grands opérateurs ferroviaires sont déjà sous contrôle public, couvrant un tiers de l'ensemble des voyages de passagers en Grande-Bretagne", est-il souligné dans le communiqué.

La compagnie ferroviaire South Western Railway, qui opère dans le sud-ouest de l'Angleterre, est devenue en mai dernier la première à repasser dans le giron public. Tous les opérateurs doivent être placés sous contrôle étatique d'ici la fin 2027.

La privatisation du secteur a eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur John Major, dans la continuité de la politique libérale de Margaret Thatcher dans les années 1980.

Malgré la promesse d’un meilleur service, d’investissements accrus et de moindres dépenses pour l'Etat, le projet était alors très impopulaire, dénoncé par les syndicats, l'opposition, certains conservateurs et une large partie de la population.

Le nombre de passagers s'est accru dans un premier temps, tout comme les investissements.

Mais un déraillement causé par des micro-fissures dans les rails, qui a fait quatre morts en 2000, a profondément choqué l'opinion publique.

Les annulations et les retards sont aussi devenus monnaie courante et les passagers se sont plaints des prix.

Le réseau ferré est déjà redevenu public, géré par la société Network Rail.