Elargissement de Schengen: verdict attendu pour Croatie, Bulgarie et Roumanie

Czech Interior Minister Vit Rakusan rings the bell to give the start of the Justice and Home Affairs Council on Schengen area, asylum and migration at the EU headquarters in Brussel on December 8, 2022. (AFP)
Czech Interior Minister Vit Rakusan rings the bell to give the start of the Justice and Home Affairs Council on Schengen area, asylum and migration at the EU headquarters in Brussel on December 8, 2022. (AFP)
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Publié le Jeudi 08 décembre 2022

Elargissement de Schengen: verdict attendu pour Croatie, Bulgarie et Roumanie

  • L'Autriche, qui fait face à une forte hausse des demandes d'asile, redoute que la levée des contrôles aux frontières avec la Roumanie et la Bulgarie accroisse encore les arrivées de migrants
  • L'adhésion, qui doit être décidée à l'unanimité des Etats membres, aurait notamment pour effet de supprimer les longues files d'attente de véhicules aux frontières de ces pays et d'encourager le tourisme

BRUXELLES: La Roumanie et la Bulgarie devront encore patienter avant d'entrer dans l'espace Schengen: l'Autriche a mis son veto jeudi à cet élargissement, tandis qu'une décision positive était attendue, sauf surprise, pour la Croatie.

"Je voterai aujourd'hui contre l'élargissement de Schengen à la Roumanie et la Bulgarie", a annoncé le ministre autrichien de l'Intérieur Gerhard Karner en arrivant à une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles.

L'Autriche, qui fait face à une forte hausse des demandes d'asile, redoute que la levée des contrôles aux frontières avec ces deux pays accroisse encore les arrivées de migrants. "Cette année, nous avons enregistré plus de 100.000 passages illégaux de la frontière en Autriche", a-t-il indiqué.

La Commission européenne et le Parlement réclament de longue date d'inclure la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie dans cette vaste zone (22 pays de l'Union européenne plus Islande, Liechtenstein, Norvège et Suisse) au sein de laquelle plus de 400 millions de personnes peuvent voyager librement, sans contrôles aux frontières intérieures.

L'adhésion, qui doit être décidée à l'unanimité des Etats membres, aurait notamment pour effet de supprimer les longues files d'attente de véhicules aux frontières de ces pays et d'encourager le tourisme.

En contrepartie, les pays membres de Schengen doivent assumer un contrôle rigoureux des frontières extérieures de cet espace, et s'engager à une coopération policière pour lutter contre la criminalité organisée ou le terrorisme.

La Croatie (3,9 millions d'habitants), membre de l'UE depuis 2013 et qui rejoindra la zone euro en janvier prochain, s'attend à une réponse positive.

Outre l'Autriche, un autre Etat membre, les Pays-Bas, est hostile à l'entrée de la Bulgarie dans Schengen. Le ministre néerlandais de la Migration, Eric van der Burg, a expliqué jeudi que son pays avait des inquiétudes concernant "la corruption et les droits humains" dans ce pays et demandait un nouveau rapport à la Commission sur ces points.

"Pour nous c'est un oui à la Croatie et un oui à la Roumanie", a-t-il dit.

Plan d'action 

Mais actuellement le dossier de la Roumanie (19 millions d'habitants) est lié du point de vue procédural à celui de la Bulgarie (6,5 millions). Les deux anciens pays communistes sont entrés en 2007 dans l'UE et frappent à la porte de Schengen depuis plus de dix ans.

La question de l'élargissement de l'espace Schengen revient sur la table alors que les arrivées irrégulières aux frontières extérieures de l'UE sont en forte hausse, après avoir connu une baisse pendant la pandémie de Covid-19.

La poussée est particulièrement marquée par la route des Balkans occidentaux, où quelque 139 500 entrées irrégulières dans l'UE ont été détectées depuis janvier, selon Frontex. Un chiffre loin des 764 000 entrées enregistrées en 2015, au moment de la crise des réfugiés, mais qui ne prend pas en compte l'exode ukrainien.

La hausse des arrivées par les Balkans occidentaux -- notamment par la Serbie-- a poussé la Commission européenne à présenter un plan d'action pour tenter de réduire l'afflux par cette voie, comme elle l'a fait récemment pour la route de la Méditerranée centrale.

Bruxelles propose entre autres de déployer l'agence européenne Frontex non seulement aux frontières de l'UE avec les Balkans occidentaux mais également entre ces pays.

A l'inverse de l'Autriche, la France estime que l'intégration de la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie dans Schengen permettrait "de mieux respecter le contrôle de nos frontières" et de limiter les arrivées par la route des Balkans.

Ces trois pays ont "fait beaucoup d'efforts pour maîtriser leurs frontières", a estimé le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin, sur la même ligne que son homologue allemande Nancy Faeser.

Les deux ministres se sont par ailleurs réunis dans la matinée avec leurs homologues néerlandais, belge mais aussi britannique, afin de renforcer leur coopération judiciaire et les échanges d'information pour lutter contre les réseaux de passeurs.

Gérald Darmanin a indiqué que "plus de 1 100 interpellations de passeurs (avaient eu lieu) en France grâce notamment aux informations européennes l'année dernière".

Si les pays méditerranéens dans lesquels arrivent les migrants reprochent régulièrement au reste de l'UE un manque de solidarité, des Etats comme l'Autriche, la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne et la France se plaignent de voir arriver des demandeurs d'asile qui devraient être pris en charge par les pays du Sud.


Gaza: les Etats-Unis font pression pour l'adoption de leur résolution à l'ONU lundi

Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
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  • Les États-Unis poussent pour l’adoption par le Conseil de sécurité de leur résolution soutenant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza
  • Malgré des réticences de certains membres et un texte concurrent présenté par la Russie, Washington met en avant un large soutien arabe et occidental et avertit qu’un rejet ouvrirait la voie à la poursuite du conflit

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont mis la pression vendredi pour convaincre de la nécessité d'adopter leur projet de résolution endossant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza, qui sera mis au vote du Conseil de sécurité de l'ONU lundi.

La semaine dernière, les Américains ont officiellement entamé des négociations au sein du Conseil sur un projet de texte qui "endosse" le plan du président américain ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas. Le texte autorise notamment le déploiement d'une "force de stabilisation internationale" (ISF).

Face aux réserves de certains membres et à la proposition d'un texte concurrent de la Russie, ils ont mis en garde vendredi contre les risques d'un rejet de leur texte et affiché le soutien de plusieurs pays arabes et musulmans.

"Les Etats-Unis, le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, le royaume d'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie expriment leur soutien conjoint" au projet de résolution américaine autorisant notamment une force internationale dans le territoire palestinien, et espèrent son adoption "rapide", disent-ils dans une déclaration commune.

Ce plan offre "un chemin viable vers la paix et la stabilité, non seulement pour les Israéliens et les Palestiniens, mais pour toute la région", ont-ils insisté.

Le Royaume-Uni a également apporté vendredi son soutien public au texte américain.

Et le Conseil se prononcera lundi à 17H00 (22H00 GMT) sur le texte, ont indiqué vendredi soir plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

Le projet de résolution américain, plusieurs fois modifié, prévoit de donner un mandat jusqu'à fin décembre 2027 à un "comité de la paix" censé être présidé par Donald Trump, organe de "gouvernance de transition" pour administrer Gaza.

Il "autorise" également le déploiement de l'ISF qui pourra utiliser "toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international": appui à la sécurisation des frontières en coopération notamment avec Israël et l'Egypte, démilitarisation de Gaza, désarmement "des groupes armés non étatiques", protection des civils, formation d'une police palestinienne...

- Conflit perpétuel" -

La décision de programmer le vote intervient alors que la Russie a fait circuler aux membres du Conseil un projet de résolution concurrente qui n'autorise ni la création d'un "comité de la paix", ni le déploiement immédiat d'une force internationale à Gaza, selon le texte vu vendredi par l'AFP.

Ce texte demande simplement au secrétaire général de l'ONU "d'identifier des options pour appliquer les dispositions" du plan de paix et présenter "rapidement" des "options de déploiement d'une force" à Gaza.

"Nous voulons souligner que notre document ne contredit pas l'initiative américaine", a assuré vendredi dans un communiqué la mission russe à l'ONU.

La "logique" du texte russe est de permettre au Conseil "de définir des modalités claires de déploiement d'un contingent de maintien de la paix et d'établir une administration à Gaza tout en s'assurant que ces modalités sont en accord" avec les normes internationales, a-t-elle ajouté.

Alors que des échanges publics de ce type lors de négociations du Conseil sont plutôt rares, l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz a également publié un texte vendredi dans le Washington Post.

"Tout refus de soutenir cette résolution (le texte américain, ndlr) est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a-t-il déclaré.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas en Israël, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.

Plus de 69.185 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par la campagne militaire israélienne de représailles, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas et dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.