Attentat déjoué du Thalys: perpétuité confirmée pour Ayoub El Khazzani

Sur ce croquis de salle d'audience réalisé le 17 décembre 2020, on voit l'accusé Ayoub El Khazzani réagir après le verdict du palais de justice de Paris, lors du procès d'un attentat terroriste déjoué contre un train Thalys (Amsterdam-Paris), en août 2015. (Photo, AFP)
Sur ce croquis de salle d'audience réalisé le 17 décembre 2020, on voit l'accusé Ayoub El Khazzani réagir après le verdict du palais de justice de Paris, lors du procès d'un attentat terroriste déjoué contre un train Thalys (Amsterdam-Paris), en août 2015. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 09 décembre 2022

Attentat déjoué du Thalys: perpétuité confirmée pour Ayoub El Khazzani

  • Debout dans son box, l'accusé, âgé de 33 ans, a accueilli le verdict sans réagir
  • Ayoub El Khazzani était monté dans le train à Bruxelles avec un arsenal impressionnant

PARIS: La cour d'assises spéciale de Paris a confirmé jeudi en appel la condamnation du Marocain Ayoub El Khazzani, le tireur mandaté par le groupe Etat islamique (EI) pour commettre un attentat contre un train Thalys en août 2015, à la réclusion criminelle à perpétuité pour "tentatives d’assassinats terroristes".

La cour présidée par David Hill a suivi à la lettre les réquisitions du ministère public.

"La dangerosité de l'intéressé et la nécessité de garantir l'effectivité de la sanction nécessitent de porter la période de sûreté à 22 ans", a précisé la cour.

Debout dans son box, l'accusé, âgé de 33 ans, a accueilli le verdict sans réagir.

Ayoub El Khazzani dispose d’un délai de cinq jours pour former un pourvoi en cassation.

Lors de l'audience en appel, Ayoub El Khazzani a livré "peu d'éléments utiles à l'enquête", a estimé M. Hill en annonçant le verdict. Le fait "d’avoir continué d'affirmer qu’il visait exclusivement des membres de la Commission européenne" fait "douter qu’un véritable travail de remise en question a été suffisamment engagé", a poursuivi le magistrat.

Dans ses motivations, la cour a relevé notamment qu'à l'audience "l'accusé a été dans l'incapacité de dire comment il aurait pu reconnaitre des membres de la Commission européenne" parmi les passagers du Thalys Amsterdam-Paris.

L'enquête a démontré par ailleurs que le train ne transportait "strictement aucun" membre de ladite Commission.

"C’est triste et c’est aussi une vision un peu sombre de la justice que nous offre la cour d’assises parce que ça veut dire que tous les efforts qui peuvent avoir été faits pendant sept ans en détention, notamment, n’auront servi à rien", a déploré, à l'issue de l'audience, son avocat Martin Méchin, interrogé par l'AFP.

"Il savait qu’il allait être condamné mais on peut regretter qu’il n’y ait pas eu un tout petit geste" de la cour, a-t-il ajouté avant de rappeler que son client est détenu à l'isolement depuis sept ans.

Ayoub El Khazzani a "beaucoup changé", a concédé Me Antoine Casubolo-Ferro, avocat de parties civiles, mais, a-t-il souligné, il aurait dû aller plus loin "quant à ses actes et son idéologie".

Invité dans la matinée à s'exprimer avant le verdict, M. El Khazzani avait fait part de ses "regrets" et de sa "honte" pour l'acte qu'il comptait accomplir.

"S'il n'y a pas eu un seul mort" dans l'attaque avortée du train Thalys Amsterdam-Paris du 21 août 2015, "ce n'est pas grâce à M. Khazzani mais à l'intervention héroïque de passagers" du train, avait relevé mercredi l'avocate générale dans son réquisitoire.

 Arsenal impressionnant 

Ayoub El Khazzani était monté dans le train à Bruxelles avec un arsenal impressionnant: une kalachnikov avec neuf chargeurs contenant près de 300 munitions, un pistolet semi-automatique de type Lüger, un cutter et une bouteille remplie de liquide inflammable.

Ayoub El Khazzani n'a été empêché de commettre un massacre que par la courageuse intervention de plusieurs passagers, dont deux soldats américains en civil et non armés alors en vacances en Europe. Avant d'être maîtrisé, il a fait usage de ses armes, blessant d'une balle dans le dos un passager qui avait réussi à s'emparer de sa kalachnikov.

L’attaque du Thalys avait pour but "de faire le plus de victimes possible", a soutenu l'accusation au cours du procès.

Le commanditaire du tireur contrarié était Abdelhamid Abaaoud, un recruteur de l'EI, futur coordinateur des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis.

M. El Khazzani a caché aux enquêteurs ses liens avec Abdelhamid Abaaoud jusqu'à la mort de ce dernier, tué par la police à Saint-Denis cinq jours après les attaques du 13-Novembre.

Connaissait-il les projets d'attaques sur Paris ? Il n'a rien dit et surtout pas révélé qu'Abdelhamid Abaaoud était à Bruxelles à l'été 2015 et non plus en Syrie comme le pensait alors les services de renseignement occidentaux.

C'est Abdelhamid Abaaoud lui-même qui l'a formé au maniement des armes lors de son séjour en Syrie en mai 2015, a reconnu M. El Khazzani. Et c'est ensemble qu'ils ont rejoint clandestinement l'Europe en août 2015.

Selon l'accusation, il ne fait aucun doute que l'attaque ratée du Thalys s'est inscrite "dans une véritable campagne d'attentats de masse qui trouve son apogée" dans les attentats du 13-Novembre à Paris et en mars 2016 à Bruxelles.


Troisième jour de grève au Louvre, le musée partiellement ouvert

Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre. (AFP)
Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre. (AFP)
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  • "On est déterminés mais en tant que syndicalistes responsables on a envie d'un apaisement. Il y a eu des avancées mais ça ne répond pas à nos revendications"
  • En première ligne dans ce dossier, le ministère de la Culture a jusqu'à présent notamment promis l'annulation d'une baisse de 5,7 millions d'euros des dotations publiques au Louvre et des recrutements que les syndicats jugent insuffisants

PARIS: Les agents du Louvre ont reconduit leur mouvement de grève jeudi au troisième jour de leur mobilisation contre leurs conditions de travail, contraignant de nouveau le musée à n'ouvrir qu'une partie de ses espaces, a-t-on appris de sources concordantes.

Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre.

De nouveau réunis en assemblée générale jeudi matin, les salariés ont approuvé la poursuite de leur mobilisation contre les problèmes de sous-effectifs, la hausse des tarifs pour les non-Européens ou la dégradation du bâtiment, ont indiqué la CFDT et la CGT.

"On est déterminés mais en tant que syndicalistes responsables on a envie d'un apaisement. Il y a eu des avancées mais ça ne répond pas à nos revendications", a déclaré à l'AFP la déléguée CFDT Valérie Baud.

En première ligne dans ce dossier, le ministère de la Culture a jusqu'à présent notamment promis l'annulation d'une baisse de 5,7 millions d'euros des dotations publiques au Louvre et des recrutements que les syndicats jugent insuffisants.

Jeudi, avec quelques heures de retard liées à la mobilisation, le musée a, comme mercredi, ouvert partiellement ses espaces aux visiteurs qui ont notamment accès au "parcours chefs d’œuvre" incluant la Joconde, la Vénus de Milo ou la Victoire de Samothrace, a indiqué la direction à l'AFP.

"Ce n'est pas un message positif par rapport aux grévistes", a réagi la CFDT.

Parallèlement à ce conflit social, la présidente du Louvre s'est de nouveau défendue jeudi matin, au lendemain d'une audition au Sénat où sa gestion de la sécurité du musée a été durement critiquée.

Interrogée sur France Inter, Laurence des Cars a affirmé disposer encore du crédit suffisant pour se maintenir à la tête du Louvre, qu'elle dirige depuis fin 2021.

"Je suis à la manoeuvre, je dirige ce musée dans une tempête, c'est très clair, mais je suis calme, déterminée pour accompagner les 2.300 agents du Louvre", a-t-elle assuré, ajoutant prendre sa "part quotidienne" de responsabilité dans les dysfonctionnements du musée.

 


«Marseille doit continuer à être debout», appelle Amine Kessaci, invité du conseil municipal

"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire. (AFP)
"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire. (AFP)
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  • Accueilli par des applaudissements nourris, le jeune homme a réclamé "des actions concrètes"
  • "Sans la rénovation des écoles, sans la création de services publics, sans l'action des centres sociaux, on ne pourra jamais sortir ces enfants des quartiers"

MARSEILLE: "Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue", a appelé jeudi le militant écologiste Amine Kessaci, après le meurtre de son frère Mehdi en novembre, invité du dernier conseil municipal de la ville avant les prochaines élections municipales.

"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire.

Accueilli par des applaudissements nourris, le jeune homme a réclamé "des actions concrètes". "Sans la rénovation des écoles, sans la création de services publics, sans l'action des centres sociaux, on ne pourra jamais sortir ces enfants des quartiers".

Pour le militant écologiste, "attaquer les petits jeunes au pied d'immeuble ne va pas stopper ces trafics internationaux". Il faut "exiger des pays comme l'Arabie Saoudite, comme le Qatar, comme la Thaïlande" d'extrader "les têtes de réseau qui vivent très bien de l'argent de la drogue, vivent loin du territoire et font couler le sang ici chez nous et nos enfants se retrouvent assassinés".

Mardi, lors de son déplacement à Marseille, le président de la République Emmanuel Macron a réaffirmé sa détermination à mener la "guerre" contre le narcotrafic.

Il a affiché sa volonté d'aller "chercher dans les pays où sont les têtes de réseau de la coopération, pour pouvoir saisir leurs biens, pour pouvoir arrêter les têtes de réseau, nous les restituer".

Le chef de l’Etat doit se rendre dimanche pour le Noël aux troupes aux Emirats arabes unis, où d'importants narcotrafiquants ont trouvé refuge, selon la justice française.


Pour le Noël des armées, Macron fait cette année le choix des Emirats

La ministre française de la Défense, Catherine Vautrin, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après une réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 17 décembre 2025. (AFP)
La ministre française de la Défense, Catherine Vautrin, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après une réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 17 décembre 2025. (AFP)
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  • En se rendant aux Émirats arabes unis pour le Noël des armées, Emmanuel Macron adresse un message de soutien aux militaires français tout en réaffirmant l’engagement stratégique de la France dans une région marquée par de fortes tensions géopolitiques
  • Ce déplacement met en lumière la solidité du partenariat de défense franco-émirien, pilier de la présence militaire française dans le Golfe et vecteur de stabilité régionale

En choisissant les Émirats arabes unis pour célébrer, les 21 et 22 décembre, le traditionnel Noël des armées françaises, le président Emmanuel Macron a voulu adresser un message clair à ses militaires engagés loin de leurs familles, mais aussi aux partenaires de la France dans une région marquée par de fortes turbulences géopolitiques.

Ce déplacement présidentiel, à la fois militaire et diplomatique, illustre la solidité d’un partenariat stratégique noué de longue date entre Paris et Abou Dhabi.

Comme le veut la tradition, le président de la République partagera un moment privilégié avec les forces françaises déployées sur place, après une séquence bilatérale avec les autorités émiriennes.

Selon le palais de l’Élysée, Emmanuel Macron se rendra directement auprès des militaires : il dînera avec eux, avant de consacrer la matinée suivante à des échanges de terrain et à des démonstrations opérationnelles, au plus près de la réalité de leur engagement en période de fêtes.

Si le choix des Émirats arabes unis n’a rien d’anodin, c’est parce que la région concentre aujourd’hui un grand nombre de crises majeures : conflits persistants au Moyen-Orient, tensions maritimes affectant le commerce mondial, instabilité chronique de plusieurs États.

Un déplacement stratégique dans une région sous tension

Le Golfe est devenu un carrefour stratégique où se croisent enjeux sécuritaires, diplomatiques et économiques et, en s’y rendant, le chef de l’État entend rappeler que la France demeure un acteur militaire et diplomatique engagé à l’échelle mondiale.

Mais ce déplacement est aussi l’occasion d’incarner la relation de confiance qui lie Paris et Abou Dhabi depuis plus de trente ans.

Le partenariat de défense franco-émirien, formalisé et renforcé par un accord signé en 2009, s’est progressivement imposé comme l’un des piliers de la présence française dans la région. Il repose sur une coopération étroite, une interopérabilité accrue des forces et un partage d’objectifs communs en matière de stabilité régionale.

Les Émirats arabes unis accueillent en effet un dispositif militaire français structurant. À Abou Dhabi se trouve un état-major interarmées, à la tête duquel est placé un amiral commandant à la fois les Forces françaises aux Émirats arabes unis (FFAU) et les forces françaises déployées dans l’océan Indien.

Cette implantation est complétée par une base navale française, ainsi que par une base aérienne située à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale, où sont notamment stationnés des avions de combat Rafale.

À environ 70 kilomètres à l’ouest d’Abou Dhabi, dans une zone désertique, est également déployé le 5ᵉ régiment de cuirassiers, équipé de matériels de dernière génération, dont des chars Leclerc et des véhicules blindés de combat.

C’est sur ce site que se déroulera l’essentiel de la séquence militaire du déplacement présidentiel, avec une démonstration interarmées illustrant les capacités opérationnelles françaises.

Au total, près de 900 militaires français sont stationnés aux Émirats arabes unis. Ils jouent un rôle clé dans plusieurs opérations majeures.

Un partenariat militaire franco-émirien au cœur de la présence française dans le Golfe

Les moyens aériens basés aux Émirats contribuent notamment à l’opération Chammal de lutte contre le terrorisme, tandis que les capacités maritimes participent à l’opération européenne Aspides, destinée à sécuriser le trafic international en mer Rouge, récemment menacé par des attaques visant la navigation commerciale.

Au-delà de la dimension opérationnelle, la présence française aux Émirats arabes unis constitue un symbole fort de coopération stratégique et traduit la volonté partagée de renforcer la stabilité régionale, de sécuriser les grandes routes maritimes internationales et de soutenir les efforts de paix dans des zones fragilisées comme l’Irak, le Yémen, la Libye ou encore le Soudan.

Tous ces sujets pourraient être abordés lors des échanges entre le président français et le président émirien, Cheikh Mohamed ben Zayed.

En se rendant auprès des forces françaises à Noël, accompagné de la ministre des Armées, Emmanuel Macron entend surtout témoigner de son attachement personnel aux militaires engagés loin de la métropole.

Le message qu’il veut leur adresser est autant humain que politique, puisqu’il s’agit d’exprimer la reconnaissance de leur engagement et d’affirmer la crédibilité militaire française.

Dans un contexte international tendu, le choix des Émirats arabes unis pour le Noël des armées apparaît ainsi comme un signal fort : celui d’une France fidèle à ses alliances, pleinement investie dans la sécurité internationale et consciente que sa présence militaire est indissociable de relations diplomatiques durables et de partenariats stratégiques solides.