Paris, Madrid et Lisbonne peaufinent leur projet de pipeline d'hydrogène «vert»

Pensé initialement pour transporter temporairement du gaz de la péninsule ibérique vers le reste de l'UE afin de réduire la dépendance au gaz russe, le H2Med ne devrait finalement servir qu'à acheminer de l'hydrogène, selon des sources gouvernementales espagnoles (Photo, AFP).
Pensé initialement pour transporter temporairement du gaz de la péninsule ibérique vers le reste de l'UE afin de réduire la dépendance au gaz russe, le H2Med ne devrait finalement servir qu'à acheminer de l'hydrogène, selon des sources gouvernementales espagnoles (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 09 décembre 2022

Paris, Madrid et Lisbonne peaufinent leur projet de pipeline d'hydrogène «vert»

  • Il a été baptisé «H2Med» ou «BarMar» (contraction de Barcelone et Marseille, les deux villes reliées par ce tuyau)
  • Ce projet remplace le «MidCat», lancé en 2003 pour relier les réseaux gaziers français et espagnol via les Pyrénées

ALICANTE: La France, l'Espagne et le Portugal discuteront vendredi, pour la première fois en détail, de leur projet de pipeline destiné au transport d'hydrogène "vert" de la péninsule ibérique vers la France et le reste de l'Europe.

Le président français Emmanuel Macron et les chefs de gouvernement espagnol et portugais, Pedro Sanchez et Antonio Costa, doivent se retrouver en fin de matinée, en amont d'un sommet des pays du Sud de l'Union européenne à Alicante (est de l'Espagne), pour formaliser la feuille de route de ce projet annoncé le 20 octobre lors d'un sommet européen.

Ce pipeline sous-marin doit permettre d'acheminer de l'hydrogène dit "vert" – car fabriqué à partir d'électricité renouvelable – depuis la péninsule ibérique, qui ambitionne de devenir un champion de cette énergie du futur, vers la France et le nord de l'UE.

Il a été baptisé "H2Med" ou "BarMar" (contraction de Barcelone et Marseille, les deux villes reliées par ce tuyau).

Ce projet remplace le "MidCat", lancé en 2003 pour relier les réseaux gaziers français et espagnol via les Pyrénées, mais finalement abandonné en raison de son manque d'intérêt économique, de l'opposition des écologistes et de celle de Paris.

Maintenant que des "pré-études" ont été réalisées depuis fin octobre, "les ministres de l'Energie des trois pays ou leurs représentants seront là pour présenter leurs premières conclusions sur la faisabilité de l'infrastructure, son financement et un pré-planning", indique-t-on au sein de la présidence française.

Convaincre Bruxelles

Pensé initialement pour transporter temporairement du gaz de la péninsule ibérique vers le reste de l'UE afin de réduire la dépendance au gaz russe, le H2Med ne devrait finalement servir qu'à acheminer de l'hydrogène, selon des sources gouvernementales espagnoles.

Et ce, afin de convaincre la Commission européenne – dont la présidente Ursula von der Leyen sera présente vendredi à Alicante – de le déclarer "projet d'intérêt commun" et de le financer en partie sur des fonds communautaires.

Paris, Madrid et Lisbonne doivent soumettre leur dossier d'ici le 15 décembre et espèrent une réponse début 2023.

La ministre française de l'Energie Agnès Pannier-Runacher avait évoqué fin octobre une mise en service en 2030.

Le sommet de l'EU Med, qui s'ouvrira après cette réunion sur H2Med, sera notamment consacré aux questions de souveraineté économique, en particulier en matière d'énergie.

La Croatie, Chypre, la Grèce, l'Italie, Malte et la Slovénie sont membres de ce forum des pays du Sud de l'UE aux côtés de la France, de l'Espagne et du Portugal.

Selon l'Elysée, aucune rencontre bilatérale n'est prévue a priori entre Emmanuel Macron et la Première ministre post-fasciste italienne Giorgia Meloni.

Depuis son arrivée au pouvoir, les relations entre Rome et Paris ont été marquées par des tensions causées par le blocage de centaines de migrants début novembre au large de l'Italie sur des navires humanitaires.

Le gouvernement français avait alors dénoncé le "comportement inacceptable" des autorités italiennes, le jugeant "contraire au droit de la mer et à l'esprit de solidarité européenne".

Ce sommet de l'EU Med devait initialement se tenir en septembre. Il avait dû être reporté car Pedro Sanchez avait la Covid-19.


Macron ne voit pas de «discussion utile »avec Poutine à ce stade

Emmanuel Macron assiste à une conférence de presse lors du deuxième sommet de la Communauté politique européenne à Bulboaca en Modavie sur l'opportunité d'échanger avec Vladimir Poutine (Photo, AFP).
Emmanuel Macron assiste à une conférence de presse lors du deuxième sommet de la Communauté politique européenne à Bulboaca en Modavie sur l'opportunité d'échanger avec Vladimir Poutine (Photo, AFP).
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  • «Si l’occasion se présente, et en fonction du contenu, je ne n’exclus pas de discuter avec Vladimir Poutine» a précisé Emmanuel Macron
  • Dans l'immédiat, l'Ukraine doit obtenir des garanties de sécurité plus fortes a insisté Emmanuel Macron au sommet de l'Otan en juillet

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a affirmé jeudi qu'il ne voyait pas, à ce stade, de "discussion utile" avec son homologue russe Vladimir Poutine, tout en n'excluant pas des échanges à l'avenir.

"Aujourd'hui, il n’y a pas matière à une discussion utile", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à l'issue du deuxième sommet de la Communauté politique européenne à Bulboaca, en Moldavie.

"Si l’occasion se présente, et en fonction du contenu, je ne l’exclus pas", a poursuivi le président français qui avait été l'un des rares dirigeants occidentaux à poursuivre ses échanges avec Vladimir Poutine au début de l'offensive russe en Ukraine.

"Si les questions de nucléaire civil et de la sécurité à (la centrale de) Zaporijia l'exigent ou s’il y a des avancées, des ouvertures qui le permettent et le justifient, je le ferai sans aucune hésitation", a-t-il ajouté.

L'Allemagne, l'Ukraine et la Russie

Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est dit prêt vendredi à reprendre contact "le moment venu" au sujet de l'Ukraine avec Vladimir Poutine.

Dans l'immédiat, l'Ukraine doit obtenir des garanties de sécurité "plus fortes, tangibles et très claires" au sommet de l'Otan en juillet, a insisté Emmanuel Macron, relevant que ce serait aussi un "message clair dans le contexte actuel à la Russie".

"Il faudra aussi donner des perspectives dans la durée à l’Ukraine" sur sa demande d'intégration à l'Otan même si une "pleine adhésion n'est pas accessible tout de suite" en raison de la guerre engagée par la Russie, a-t-il dit.


Biden chute sur scène lors d'une cérémonie militaire

Le président américain Joe Biden, 80 ans, a fait une chute semblant à première vue sans gravité lors d'une cérémonie militaire jeudi à Colorado Springs, dans l'ouest des Etats-Unis. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden, 80 ans, a fait une chute semblant à première vue sans gravité lors d'une cérémonie militaire jeudi à Colorado Springs, dans l'ouest des Etats-Unis. (Photo, AFP)
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  • Le président, Joe Biden, candidat à l'élection de 2024 face notamment au républicain Donald Trump, a assisté à la fin de la cérémonie, ne semblant pas dans l'immédiat affecté par la chute
  • Le plus récent bilan de santé du démocrate, en février, a établi qu'il était en bonne santé

COLORADO SPRINGS, ETATS UNIS: Le président américain Joe Biden, 80 ans, a fait une chute semblant à première vue sans gravité lors d'une cérémonie militaire jeudi à Colorado Springs, dans l'ouest des Etats-Unis.

Le démocrate, qui venait de remettre des diplômes à des élèves de l'académie de l'armée de l'air dans le Colorado, est tombé vers l'avant, se réceptionnant sur les genoux et les mains, après avoir apparemment trébuché sur un sac noir.

Joe Biden, dont l'âge et la forme physique sont un sujet constant d'attaques par certains de ses adversaires politiques, s'est ensuite relevé avec l'aide d'un militaire se trouvant à ses côtés et de ses gardes du corps.

On l'a vu montrer du doigt ce sac, utilisé visiblement pour lester un appareil se trouvant sur la scène, comme pour expliquer la raison de sa chute.

Le président, candidat à l'élection de 2024 face notamment au républicain Donald Trump, a assisté à la fin de la cérémonie, ne semblant pas dans l'immédiat affecté par la chute.

La Maison Blanche n'a pas donné tout de suite d'indications sur l'incident et ses éventuelles conséquences.

En juin 2022, une image du président chutant lors d'une promenade à vélo avait déjà fait grand bruit. Là encore, Joe Biden s'était relevé et n'avait pas subi de conséquences physiques particulières.

Le plus récent bilan de santé du démocrate, en février, a établi qu'il était en bonne santé.

Mais selon les sondages, la majorité des Américains estiment qu'il est trop âgé pour briguer un second mandat.


La chasse aux négationnistes climatiques se complique sur Twitter

Pendant des années, un groupe de «chasseurs de trolls» épris de science a chassé les négationnistes du changement climatique sur Twitter. (AFP)
Pendant des années, un groupe de «chasseurs de trolls» épris de science a chassé les négationnistes du changement climatique sur Twitter. (AFP)
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  • Malgré la menace que représente le changement climatique pour la planète, la désinformation autour de ce sujet n'a été que très rarement sanctionnée sur Twitter
  • Une communauté mondiale secrète d'environ 25 scientifiques et militants, se faisant appeler Team Ninja Trollhunters (TNT), a trouvé un moyen détourné de s'y attaquer

PARIS: Pendant des années, un groupe de "chasseurs de trolls" épris de science a chassé les négationnistes du changement climatique sur Twitter. Mais la prise de contrôle d'Elon Musk a bouleversé leurs efforts, entraînant le retour de nombre de compte évincés et donc de la désinformation.

Malgré la menace que représente le changement climatique pour la planète, la désinformation autour de ce sujet n'a été que très rarement sanctionnée sur Twitter. Mais une communauté mondiale secrète d'environ 25 scientifiques et militants, se faisant appeler Team Ninja Trollhunters (TNT), a trouvé un moyen détourné de s'y attaquer.

Depuis sa création en 2019, TNT affirme avoir obtenu la suspension de quelque 600 comptes de négationnistes du changement climatique en les signalant pour d'autres infractions, notamment des discours haineux, qui eux sont officiellement reconnus par la plateforme comme des motifs valables de résiliation.

"S'ils disent quelque chose de raciste, d'offensant ou de misogyne, nous pouvons les faire expulser", a déclaré à l'AFP un membre du TNT basé en Allemagne, un scientifique qui a demandé à être identifié sous le nom de "Tom". Comme d'autres membres de TNT interrogés par l'AFP, il a réclamé que sa véritable identité ne soit pas divulguée pour éviter le harcèlement en ligne.

"Nous nous assurons de rester autant que possible sous les radars (...) Nous sommes plus efficaces si nous restons discrets. Les négationnistes sont assez souvent très violents quand on corrige leur désinformation sur le climat. L'intimidation et les abus sont très courants", a expliqué "Peter", un autre membre de TNT, basé au Canada.

Le retour des trolls 

Cette approche semblait fonctionner ... avant l'acquisition de Twitter par Elon Musk pour 44 milliards de dollars en octobre dernier. Depuis, les recherches menées par des groupes de surveillance indiquent un pic de désinformation sur la plateforme alors que la modération a été largement supprimée et qu'un système de vérification payant a donné contre argent une apparence de légitimité et une plus grande visibilité aux théoriciens du complot.

Pire, Elon Musk, défenseur autoproclamé d'une liberté d'expression absolue, a restauré ce que les chercheurs estiment être des dizaines de milliers de comptes autrefois suspendus pour violations, y compris l'incitation à la violence, le harcèlement et la désinformation.

Sollicités par l'AFP, Twitter comme les membres de son équipe de développement durable, licenciés après la prise de contrôle, se sont refusés à tout commentaire.

Parmi les exemples emblématiques cités par TNT, un négationniste climatique basé au Canada, qui avait notamment qualifié le changement climatique d'"arnaque", signalé puis suspendu pour un comportement jugé menaçant et offensant, a fait son retour sur Twitter en octobre 2022 avec un identifiant différent.

"Me voilà revenu", a-t-il fanfaronné, avant de poster à nouveau des contenus niant les causes du changement climatique.

Un éminent négationniste américain du changement climatique, suspendu en 2021 pour "diffusion d'informations trompeuses et potentiellement nuisibles liées au Covid-19", a lui aussi fait sa réapparition sous une nouvelle identité, et dispose même maintenant d'un compte certifié payant, publiant régulièrement des informations trompeuses avec le hashtag négationniste #ClimateScam.

Changement de tactique 

Depuis octobre, Tom juge que ce retour des comptes supprimés s'apparente à une "inondation".

Alors "nous avons donc dû changer de tactique": moins de signalements de comptes abusifs et plus de démystification des affirmations scientifiques, a-t-il expliqué. "C'est difficile de suivre le rythme".

Les anciennes techniques du groupe restent néanmoins en partie valables. En mars, TNT a ainsi réussi à faire supprimer un compte basé en Australie diffusant des informations erronées sur le climat, notamment en affirmant que la Terre se refroidit et que le dioxyde de carbone n'est pas responsable du réchauffement.

Le motif de sa suspension n'a pourtant rien à voir avec le climat puisqu'il fait référence à une "conduite haineuse". TNT l'a en effet signalé pour un tweet qui concernait "l'immigration au Royaume-Uni".

Mais cette tactique a aussi son revers: TNT doit parfois se justifier, certains membres flirtant de temps à autre avec les limites en cherchant à provoquer les négationnistes pour qu'ils dépassent les bornes.

Lors d'un échange, l'un d'entre eux a ainsi qualifié un négationniste de "crétin lobotomisé qui caquète".

N'y a-t-il donc pas un risque de devenir soi-même un troll au nom de la "chasse aux trolls" ?

Une idée qu'écarte Peter. "Nous ne trollons pas les gens. Nous ne ciblons que les comptes qui ont eux-mêmes des comportements répréhensibles".