«D'une crise à l'autre»: François Braun, un ministre, des tas d'urgences

Le ministre français de la Santé, François Braun, porte un masque facial alors qu'il assiste à une session territoriale du Conseil national de la refondation sur la santé (CNR) à Fontaine-le-Comte, près de Poitiers, en France, le 8 décembre 2022. (AFP).
Le ministre français de la Santé, François Braun, porte un masque facial alors qu'il assiste à une session territoriale du Conseil national de la refondation sur la santé (CNR) à Fontaine-le-Comte, près de Poitiers, en France, le 8 décembre 2022. (AFP).
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Publié le Samedi 10 décembre 2022

«D'une crise à l'autre»: François Braun, un ministre, des tas d'urgences

  • Pas le temps de souffler pour le ministre de la Santé, le Dr François Braun
  • Nommé au début de l'été pour soigner une énième poussée de fièvre aux urgences, le placide praticien encaisse sans broncher l'accumulation des calamités: variole du singe inédite, bronchiolite record, grippe précoce etc

PARIS : Urgentiste un jour, urgentiste toujours: ballotté "d'une crise à l'autre" depuis son arrivée au ministère de la Santé, François Braun espère encore, entre grèves et épidémies, passer au "traitement de fond" et imprimer sa marque.

Le costume trois pièces a remplacé la blouse. Et le ministre prend peu à peu le pas sur le médecin. "Pas le ministre qui niera les difficultés" des soignants affrontant "avec courage et abnégation les épreuves qui se succèdent", a-t-il assuré vendredi lors d'une conférence de presse aux accents alarmistes.

Mais quand même le ministre qui prédit que "dans six mois, ça va aller mieux". Pronostic audacieux lancé fin novembre par celui qui, début juillet, évoquait un "système de santé à bout de souffle".

Pas le temps de souffler pour le Dr Braun. Nommé au début de l'été pour soigner une énième poussée de fièvre aux urgences, le placide praticien encaisse sans broncher l'accumulation des calamités: variole du singe inédite, bronchiolite record, grippe précoce etc. "Il y en aura d'autres, je ne me fais aucune illusion par rapport à ça", lâchait-il à l'orée d'une nouvelle vague de Covid automnale.

Aux épidémies s'ajoutent les virus informatiques, qui mettent à genou même les plus gros hôpitaux. Ainsi, Corbeil-Essonnes et Versailles, deux sièges locaux du Samu, renvoyés à l'âge du papier par des hackers avides de rançons. Face visible des "attaques quotidiennes" que le ministre déplore, affirmant à chaque fois que "la santé des Français ne sera pas prise en otage".

«Convaincre et faire confiance»

Difficile de rassurer une population déjà souvent inquiète des pénuries de médicaments, réelles ou ressenties mais toujours plus nombreuses. Alors que la peur de manquer touche des produits aussi essentiels que le paracétamol et l'amoxicilline, il ne peut promettre qu'un retour à la normale "dans les semaines, les mois qui viennent".

Comme face à la fronde des pédiatres débordés, qu'une rallonge budgétaire est censée calmer jusqu'à des Assises de la santé de l'enfant annoncées pour le printemps. La gestion de crise des premiers mois érigée en politique, faute de temps.

L'intéressé s'en défend et se veut "le ministre de l'ensemble du traitement, pas que du +damage control+", capable de mener "en parallèle le traitement d'urgence" et "le traitement de fond, la refondation de notre système de santé".

Mais il se sait à la tête d'un "ministère qui a l'habitude depuis longtemps de passer d'une crise à l'autre et qui, de fait, a beaucoup de mal à prendre de la distance pour régler les problèmes de fond".

Pas évident non plus de s'affranchir de la tutelle élyséenne. Quand le masque obligatoire revient dans le débat, le ministre s'avance ("mon bras ne tremblera pas") puis le président recadre ("sur la base du volontariat"). Et le premier tempère: "Ma méthode est de convaincre et de faire confiance aux Français".

Goût de la mêlée

Une mission prioritaire, à en juger par l'avancement du volet santé du Conseil national de la refondation, lancé bien avant ceux sur l'éducation ou le "bien vieillir". Pas un hasard non plus si l'ex-urgentiste est surexposé dans les médias, tandis que d'autres recrues de la "société civile" comme Pap Ndiaye (Education) ou Jean-Christophe Combe (Solidarités) y sont plus rares.

L'ombre de son prédécesseur Olivier Véran n'est cependant jamais loin, l'actualité fournissant régulièrement au porte-parole du gouvernement l'occasion de rappeler qu'il a occupé le poste. Moins expert en communication, comme en politique --"l'incapacité à pouvoir débattre vraiment à l'Assemblée" l'a surpris--, François Braun compense en arpentant le terrain.

Partout où il passe, l'ancien chef des urgences de Metz vante sa "boîte à outils", faite de "droits et devoirs". Mais le discours n'apaise pas toutes les tensions. Son premier budget de la Sécu a provoqué des grèves d'internes et de biologistes. Les médecins libéraux leur ont emboité le pas, manifestant leur colère au pied du ministère.

Scène insolite, François Braun est allé à leur rencontre, quitte à se faire chahuter par ses confrères. Un goût de la mêlée propre à l'amateur de rugby, qui a "toujours préféré la percussion au cadrage-débordement". Le pilier doit maintenant éviter les raffuts.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
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  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.

 


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.