Soudan: Compromis politique trouvé, l’espoir peut renaître

Des dirigeants civils soudanais brandissent des documents après la signature d'un premier accord conclu avec les pouvoirs militaires le 5 décembre à Khartoum (Photo, AFP).
Des dirigeants civils soudanais brandissent des documents après la signature d'un premier accord conclu avec les pouvoirs militaires le 5 décembre à Khartoum (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 12 décembre 2022

Soudan: Compromis politique trouvé, l’espoir peut renaître

  • L'émissaire onusien estime que l'accord-cadre du 5 décembre offre une voie pour sortir de l'incertitude provoquée par le coup d'État de 2021
  • Les experts sont sceptiques quant à la tenue d'élections démocratiques et au retour de l'armée dans ses casernes

LONDRES: Les centres du pouvoir soudanais ont signé un accord-cadre qui devrait ramener le pays vers un gouvernement civil après le coup d'État militaire d'octobre 2021. Toutefois, les doutes des ONG et des universitaires, ainsi que les manifestations de rue qui perdurent, mettent en garde contre des attentes trop optimistes.

Dévoilé le 5 décembre dans la capitale Khartoum, l'accord a été signé par les généraux Abdel-Fattah Burhan et Mohammed Hamdan Dagalo, également connu sous le nom de Hemeti, ainsi que par les dirigeants des Forces pour la liberté et le changement (FFC), le plus grand groupe prodémocratie du pays, et 40 autres partis.

L'accord-cadre, qui ouvre la voie à une transition dirigée par des civils, qui prévoit des élections démocratiques et le retour des militaires dans leurs casernes, reconnaît la nécessité d'un contrôle civil total sur tous les aspects de la société, avec un conseil de sécurité et de défense présidé par le Premier ministre.

Réagissant à la nouvelle, Volker Perthes, chef de la Mission intégrée des Nations unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), a qualifié l'accord de «mesure courageuse», tandis que John Godfrey, ambassadeur des États-Unis au Soudan, a tweeté son soutien à l'accord, qui, selon lui, ouvre une «voie crédible... pour sortir de la crise politique».

Malgré le soutien positif de la communauté internationale et des généraux – puisque Burhan a scandé l'un des slogans des manifestants «les militaires dans leurs casernes» – l'accord n'a toujours pas enthousiasmé de nombreuses composantes de la société civile soudanaise.

Des manifestants soudanais déploient un drapeau national géant en défilant devant le siège de l'ONU dans le quartier de Manshiya, dans la capitale Khartoum, le 3 décembre 2022 (Photo, AFP).

Durant la séance de signature de l'accord dans l'enceinte fortifiée du palais républicain de Khartoum, des manifestants sont descendus dans les rues de la capitale pour dénoncer l'accord considéré comme un moyen pour les généraux de conserver leur pouvoir tout en s'exonérant des conséquences politiques et économiques du coup d'État de 2021.

«L'accord a pour objectif d'établir une autorité entièrement civile, de créer un climat de liberté politique et de parvenir à un accord final avec la plus grande participation politique», a déclaré Al-Wathiq al-Barir, un porte-parole du FFC, à la chaîne BBC la semaine dernière.

Cependant, Kholood Khair, fondatrice et directrice du think tank Confluence Advisory, basé à Khartoum, décrit l'accord comme étant essentiellement «une liste de souhaits de cinq pages», défaillante en raison de ses ambiguïtés et de l'absence de détails.

«Cet accord est censé être basé sur un projet de la Société du barreau du Soudan, mais il s'agit au mieux d'un accord initial, d'un document préliminaire, qui ne précise pas comment parvenir à des résultats conséquents, comme le choix du Premier ministre, les questions de responsabilité financière, de justice transitionnelle et de réforme de la sécurité», a déclaré Mme Khair à Arab News.

Mme Khair considère la nomination d'un Premier ministre et d'un cabinet potentiel comme la première phase de l'accord et une phase particulièrement urgente, étant donné que ces décisions doivent être prises avant que la phase de transition de deux ans ne puisse prendre effet, et ce dans un délai d'un mois.

Alors qu'elle s'attendait à une série d'annexes établissant explicitement les mécanismes de sélection d'un Premier ministre et un programme pour le gouvernement de transition, Mme Khair déclare que l'absence de la phase «vitale» de mise en œuvre l’amène à douter de la viabilité de l'accord.

Le commandant paramilitaire soudanais Mohammed Hamdan Dagalo (Photo, AFP).

«Ce qui a été rendu vraiment difficile, c'est la mesure dans laquelle le gouvernement civil aura l'espace et la capacité de fournir ce que le cadre prétend vouloir, car le simple fait d'être Premier ministre ne revient pas à avoir le pouvoir politique», a-t-elle déclaré à Arab News.

De plus, a-t-elle ajouté, au sein des mouvements prodémocratie, «il y a des désaccords importants, en nombre et en portée, et des zones de divergence. Étant donné la façon dont cet accord s'est produit – à huis clos et sans transparence – la méfiance est grande, car de nombreuses parties impliquées ont perdu la capacité de dire qu'elles ont le soutien de la rue».

Cela pourrait être vital, compte tenu du mécontentement de la société accumulé depuis le coup d'État du 25 octobre 2021, avec plus de 7 000 manifestants blessés, plus de 100 tués, et des prévisions selon lesquelles un tiers de la population aurait besoin d'une aide humanitaire l'année prochaine si la dégradation de l'économie n'était pas stoppée.

Gilbert Achcar, professeur d'études de développement et de relations internationales à la School of Oriental and African Studies de l'université de Londres, partage le scepticisme de Mme Khair quant à la teneur réelle de l'accord.

«Je doute qu'il puisse résoudre le problème. Les conditions sont encore pires qu'elles ne l'étaient après la destitution d'Omar al-Bachir en 2019, ce qui a entraîné une mobilisation contre le coup d'État et le régime militaire qui a suivi», a-t-il indiqué à Arab News.

«L'accord peut dire le contraire, mais ceux qui s'opposent frontalement au coup d'État poursuivent la lutte contre les militaires et rejettent l'accord, qu'ils considèrent comme un moyen pour les militaires de légitimer leur pouvoir.»

Des manifestants soudanais prient devant le siège de l'ONU dans le quartier de Manshiya, dans la capitale Khartoum, le 3 décembre 2022 (Photo, AFP).

À l'instar de Mme Khair, M. Achcar s'interroge sur la logique des omissions dans le texte de l'accord. Par exemple, il note que l'accord stipule que les militaires doivent retourner dans les casernes, mais il souligne que les engagements ne sont associés ni à un calendrier ni à des mesures concrètes. Il considère plutôt l'accord comme une tactique des militaires pour «gagner du temps» tout en divisant l'opposition.

«Le coup d'État a été un échec total selon toute norme objective, il s'est produit à un moment où le pays était déjà confronté à une grave crise économique, et a eu lieu sans aucun signe qu'il recevrait un soutien populaire – et il n'a pas reçu de soutien populaire», a déclaré M. Achcar à Arab News.

«Par conséquent, les militaires n'ont pas été en mesure de maintenir la paix civile, et ils ont opté pour cet accord alors qu'ils étaient confrontés à un échec.» 

«Ils devaient agir, et en approuvant cet accord avec les groupes prodémocratie, tout ce qu'il leur a coûté, ce sont quelques promesses vides qui garantiront que le gouvernement civil assumera la responsabilité de la crise économique et sociale qui engloutit le Soudan.»

En bref

* Le Soudan est en crise depuis que l'armée a renversé le dictateur Omar al-Bachir en 2019. 

* Les dirigeants militaires et civils ont convenu de former un gouvernement de transition conjoint.

* L'arrangement s'est terminé à la fin de l'année dernière lorsque les militaires ont renversé le Premier ministre Abdalla Hamdok.

* Hamdok a été réintégré au début de l'année, mais a démissionné à la suite de manifestations de masse.

Mme Khair considère que le «vrai gagnant» de l'accord est Hemeti. Commandant du groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR), il a bénéficié de promotions rapides après le coup d'État de 2019 qui a renversé Al-Bachir. Malgré les multiples accusations de crimes contre l'humanité lancées par des groupes tels que Human Rights Watch, Hemeti a réussi en jouant sur son soutien national et international.

«Il est vraiment inquiétant de voir que le cadre reconnaît les FSR comme l'une des quatre forces militaires du Soudan, avec son propre commandant et responsable devant le chef d'État civil, d'autant plus qu'il ne s'agit pas d'une disposition particulièrement bien définie dans l'accord», a indiqué Mme Khair à Arab News.

«Les généraux sont les seuls véritables partisans et ils ont confié la tâche aux FFC, qui doivent maintenant tenir leurs promesses, et ce très rapidement, dans un environnement politique fragile, avec un accord précaire qui décharge les généraux du coup d'État et de la charge de gouverner.»

«Les FFC ont tout à offrir et tout à perdre ; ils ne sont pas gagnants dans cette affaire», a poursuivi Mme Khair.

«[L’accord] met symboliquement fin au coup d'État, mais si les protestations et les conflits au sein des camps rebelles se poursuivent, dans quelle mesure peut-on dire que cela répond aux besoins après la fin du coup d'État? Il ne s'agit en fait que d'un changement dans la dynamique de l'après-coup d'État.»

Le chef de l'armée soudanaise Abdel Fattah Al-Burhan (au centre à droite) et le commandant paramilitaire Mohammed Hamdan Dagalo (au centre à gauche) (Photo, AFP).

Pour sa part, M. Achcar estime que les circonstances permettent un certain optimisme, en supposant que le FFC et les groupes prodémocratie chercheront à rallier les acteurs de la société civile qui se sont en grande partie opposés à l'accord, mais il est lui aussi sceptique quant à leur capacité à y parvenir.

«Après 30 ans de régime militaire et tous les privilèges qui en découlent, l'idée qu'ils puissent remettre tout cela aux mains des militaires semble fantaisiste», a-t-il déclaré à Arab News.

Comme on pouvait s'y attendre, le gouvernement soudanais est plus optimiste quant à l'accord.

«La signature de l'accord-cadre politique peut être considérée comme une étape essentielle vers le retour à un gouvernement de transition dirigé par des civils au Soudan», a déclaré à Arab News Ola Elgindi, du service médias et culture de l'ambassade du Soudan à Londres.

«On peut également considérer qu'il s'agit d'une preuve claire de la détermination de l'armée soudanaise à céder la place aux parties civiles soudanaises pour former un accord final.»

«Dans la prochaine phase, nous espérons que l'accord inclura d'autres parties civiles favorables à la transition qui n'ont pas encore signé l'accord», a-t-elle affirmé.

«À tous ceux qui mettent en doute la viabilité de cet accord, nous disons qu'il est encore trop tôt pour juger et faire des suppositions. Nous espérons vivement que les choses se passeront bien.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.