Le patriarche maronite s’en prend aux députés, les accusant de trahir leur peuple et le monde

Le patriarche maronite Mar Béchara Boutros al-Rahi. (AFP)
Le patriarche maronite Mar Béchara Boutros al-Rahi. (AFP)
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Publié le Lundi 12 décembre 2022

Le patriarche maronite s’en prend aux députés, les accusant de trahir leur peuple et le monde

  • Dans son sermon du dimanche, le patriarche maronite appelle à une intervention internationale urgente pour trouver une solution à la situation politique et économique désastreuse du Liban
  • En l’absence de solutions internes potentielles aux crises, il réitère son appel à l’ONU et à d’autres entités décisionnaires clés pour venir en aide au Liban avant qu’il ne soit trop tard

BEYROUTH: Le chef de l’Église maronite au Liban s’en est violemment pris aux dirigeants politiques du pays dimanche, les accusant de trahir le peuple libanais et le monde.
Dans son sermon du dimanche, le patriarche maronite Béchara Boutros al-Rahi appelle à une intervention internationale urgente pour trouver une solution à la situation politique et économique désastreuse du Liban.
Il critique les députés pour avoir négligé leurs devoirs envers la nation.
Le patriarche Al-Rahi déclare: «Tous les actes du groupe politique et parlementaire sont contraires aux principes sur lesquels le Liban repose depuis sa fondation.»
«Ils ne respectent en aucun cas l’idée du partenariat, du pluralisme, de l’indépendance du pays, du Pacte national, de l’accord de Taëf et de la Constitution.»
«Y a-t-il une décision délibérée de démolir le Liban existant et de construire, sur ses ruines, un projet d’État qui n’appartient ni à son peuple, ni à son histoire, ni à son environnement?»
Les commentaires du chef religieux font suite à l’échec des députés à élire un nouveau président pour la neuvième fois consécutive.
«Cela signifie qu’ils n’ont pas l’intention d’élire un président ou qu’ils ne sont pas qualifiés pour le faire», ajoute-t-il.
Le patriarche soutient que toutes les parties devraient mettre leurs différences de côté si elles voulaient éviter de perdre la confiance du peuple libanais et le respect de la communauté internationale.
En l’absence de solutions internes potentielles aux crises, il réitère son appel à l’ONU et à d’autres entités décisionnaires clés pour venir en aide au Liban avant qu’il ne soit trop tard.
Au cours de son sermon, il déclare que trop de décideurs libanais n’avaient pas appliqué le texte et l’esprit de l’accord de Taëf, les accusant «de rejeter l’internationalisation et de ne vouloir aucune solution à la crise libanaise».
«Le Liban sera comme ils le veulent ou pas. Mais tout le monde devrait savoir que le Liban sera à l’image de tous ses fils fidèles», poursuit-il.
Concernant l’implication de l’Église dans la crise politique du pays, le patriarche dit: «Elle ne prend parti que pour le droit national et adhère aux principes nationaux inclusifs, aux constantes historiques et à la Constitution avec sa dimension de pacte».
Le mufti jaafarite, le cheikh Ahmad Qabalan, qui représente le mouvement chiite Amal et le Hezbollah, a riposté à l’appel du patriarche maronite à l’aide internationale.
Il déclare: «L’ONU œuvre uniquement à saper la structure démographique du Liban au moyen du HCR (l’Agence des Nations unies pour les réfugiés) et d’autres associations. Par ailleurs, New York est le centre de partage du pouvoir.»
«L’internationalisation de la cause libanaise porte un coup explicite à la souveraineté libanaise et nous n’accepterons pas de mettre le Liban entre les mains d’un boucher international ou régional.»
«La solution est de répondre à l’appel du président de la Chambre des députés Nabih Berri qui veut que le Liban passe de l’aliénation au dialogue afin de le sauver des catastrophes. Ce qu’il faut, c’est du courage à l’échelle nationale pour un secours interne», renchérit le mufti Qabalan.
Le député des Forces libanaises, Ghassan Hasbani, affirme que le parti serait heureux de participer à un tel dialogue, mais ajoute que «le Parlement est divisé entre ceux qui veulent un président réformiste et souverain d’une part et les partisans d’un président qui protège le Hezbollah de l’autre».
Le député Ayoub Hamid, membre du bloc parlementaire «Développement et libération» dirigé par M. Berri, dit: «Les résultats des élections législatives ont produit une nouvelle réalité que personne ne devrait nier. Le dialogue reste la priorité.»
«Il n’y a pas de place au Liban pour la domination d’un parti, l’arrogance des autres ou l’exagération dans le traitement des questions nationales.»
«Par conséquent, l’appel au dialogue en toutes circonstances est obligatoire, puisque sans dialogue, nous ne pourrons jamais garantir la sécurité du pays.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.