La France insoumise fracturée après la désignation de ses nouveaux dirigeants

La députée La France Insoumise (LFI) Mathilde Panot prononce un discours à l'issue de l'Assemblée représentative du parti de gauche français La France Insoumise, à Paris, le 10 décembre 2022. (Photo, AFP)
La députée La France Insoumise (LFI) Mathilde Panot prononce un discours à l'issue de l'Assemblée représentative du parti de gauche français La France Insoumise, à Paris, le 10 décembre 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 12 décembre 2022

La France insoumise fracturée après la désignation de ses nouveaux dirigeants

  • LFI connaît régulièrement, depuis sa création en 2016, des secousses similaires
  • Jean-Luc Mélenchon est sorti de sa posture officielle «en retrait» pour balayer les critiques, sur son blog: «Pour se distinguer, autant briller dans l’action et la prise de parole sans se sentir obligé de dénigrer les autres (...)»

PARIS: "Renouvellement" ou "purge"? La désignation de la nouvelle direction de La France insoumise révolte plusieurs figures comme Clémentine Autain, François Ruffin ou Raquel Garrido, qui pointent l'absence de démocratie interne. Des critiques balayées par Jean-Luc Mélenchon.

Dans la nouvelle coordination du mouvement annoncée ce weekend, composée de 21 cadres et que va diriger Manuel Bompard, ne figurent pas les députés Clémentine Autain, Eric Coquerel, Alexis Corbière, François Ruffin, ni encore Raquel Garrido - soit cinq des insoumis les plus médiatiques et populaires.

D'autres parlementaires font partie de la direction, mais ils représentent une génération plus jeune: Antoine Léaument, Manon Aubry, Marina Mesure, Paul Vannier...

"Le repli et le verrouillage ont été assumés de façon brutale", dénonce Clémentine Autain dans un entretien à Libération, soulignant une "marginalisation de ceux qui ont une parole différente du noyau dirigeant actuel". Celle qui avait déjà préconisé des réformes cet été demande de "démocratiser LFI: une force à vocation majoritaire ne peut être un bloc monolithique".

François Ruffin s'est aussi dit "triste que plutôt qu’un élargissement, on ait un rétrécissement", lui qui avait décidé de bousculer ses habitudes de solitaire en postulant à la coordination de LFI. En l'état, c'est un "consensus d’un petit groupe qui s’est mis d’accord avec lui-même", a-t-il regretté.

"La mission était de passer d'une structure tournée vers la présidentielle, très efficace, à un vrai parti sur le temps long, capable d'exister et de remporter des victoires en dehors de la présidentielle" mais "la porte a été fermée aux militants", abonde Raquel Garrido. Qui prévient: "Qu'ils ne pensent pas une seconde qu'on se laissera faire".

Une soixantaine de militants de la région parisienne ont ainsi écrit un "appel pour la VIe République à LFI" pour "tirer la sonnette d'alarme" contre une "absence totale de démocratie", que s'est procuré l'AFP: "Nous traversons en effet une véritable crise interne liée aux décisions verticales à répétition (...), à aucun moment nous n'avons été consultés".

«Mélenchon 2027»

LFI connaît régulièrement, depuis sa création en 2016, des secousses similaires. En cause, le mode de désignation. Alors que les autres partis de la Nupes se sont plongés dans des congrès pour élire leurs nouveaux dirigeants, LFI procède par "consensus" des cadres présents en réunion. Ou, comme le dit Clémentine Autain, "par cooptation, ce qui favorise les courtisans et contribue à faire taire la critique".

"Virer de la table ceux qui ne sont pas d'accord ça ne s'appelle pas un consensus", tempête Raquel Garrido.

Même le député Eric Coquerel, fidèle lieutenant de Jean-Luc Mélenchon, plaide pour que "soit représentée dans la direction toute la nuance du mouvement", ne se disant pas contre, à l'avenir, des élections internes.

Jean-Luc Mélenchon est sorti de sa posture officielle "en retrait" pour balayer les critiques, sur son blog: "Pour se distinguer, autant briller dans l’action et la prise de parole sans se sentir obligé de dénigrer les autres ou de rendre la vie commune impossible par des confidences de presse".

Il assume un "renouvellement": "Les nommés le sont par les membres actifs des +espaces+ (secteurs de la direction, NDLR). Tous ont gagné leurs galons dans l’action et leur participation à l’effort collectif depuis 2017".

Un élu critique en privé une "purge": "Maintenant c'est clair, ça veut dire Jean-Luc Mélenchon 2027", contrairement à ce qu'avait souhaité le tribun après sa troisième présidentielle: être "remplacé".

Quant à Manuel Bompard, "l'un sans la légitimité de l'autre (Jean-Luc Mélenchon) est un parmi d'autres", critique une autre figure insoumise.

Une porte a cependant été laissée ouverte: le groupe à l'Assemblée nationale va pouvoir désigner dans les prochaines semaines des représentants supplémentaires à la coordination de LFI. Cette discussion, et d'éventuelles demandes de remise en chantier de la coordination, devrait notamment être au menu des réunions du bureau du groupe lundi soir et du groupe dans son entier mardi.


À Paris, un Français crache sur une femme musulmane qui porte un hijab

Un homme marche dans une rue de la ville de Châteauroux, dans le centre de la France, près de Deols où se déroulera l'épreuve de tir des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Centre National de Tir (CNTS), le 7 avril 2024. (Photo de Martin BUREAU / AFP)
Un homme marche dans une rue de la ville de Châteauroux, dans le centre de la France, près de Deols où se déroulera l'épreuve de tir des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Centre National de Tir (CNTS), le 7 avril 2024. (Photo de Martin BUREAU / AFP)
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  • Fatima Saidi, une influenceuse marocaine qui a récemment visité la capitale française, a révélé sur son compte TikTok le racisme dont elle avait été victime
  • L’influenceuse a qualifié le comportement de cet homme de «raciste» et «machiste»

PARIS: Un incident a récemment suscité l'indignation: à Paris, un Français a craché sur une femme musulmane qui portait un hijab.  

Fatima Saidi, une influenceuse marocaine qui a récemment visité la capitale française, a révélé sur son compte TikTok le racisme dont elle avait été victime. 

 

Cette jeune femme de 22 ans a affirmé qu'un homme d'âge moyen qui faisait son jogging alors qu'elle se trouvait sur un trottoir a craché sur son hijab. 

Saidi a filmé son agresseur, qui a craché à nouveau, sur la caméra cette fois. 

Fatima Saidi a décidé de porter plainte contre cet individu auprès du commissariat de police de Paris Centre.  

L’influenceuse a qualifié le comportement de cet homme de «raciste» et «machiste». 


France: au moins cinq migrants décédés lors d'une tentative de traversée de la Manche

Photo d'archives d'un contrebandier réparant le moteur du bateau sur la plage de Gravelines, près de Dunkerque, dans le nord de la France, le 12 octobre 2022, pour tenter de traverser la Channe anglaise (Photo, AFP).
Photo d'archives d'un contrebandier réparant le moteur du bateau sur la plage de Gravelines, près de Dunkerque, dans le nord de la France, le 12 octobre 2022, pour tenter de traverser la Channe anglaise (Photo, AFP).
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  • Douze migrants avaient perdu la vie en 2023 dans ces circonstances, selon la Préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord
  • En 2023, 29.437 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises, contre 45.774 en 2022, année record, d'après des chiffres du ministère britannique de l'Intérieur

WIMEREUX: Au moins cinq migrants, dont une enfant, sont décédés après "un mouvement de foule" en mer lors d'une tentative de traversée de la Manche dans la nuit de lundi à mardi à partir d'une plage du nord de la France.

Trois hommes et une femme figurent également parmi les personnes décédées et une personne a été légèrement blessée, a indiqué à l'AFP la préfecture du département du Pas-de-Calais, confirmant une information de La Voix du Nord.

Les faits ont eu lieu à 5H00 (3h00 GMT), quand un small-boat avec plus de 110 personnes à bord a pris la mer depuis la plage de Wimereux, selon le récit de la préfecture.

"Après un premier échouage sur un banc de sable, le bateau a de nouveau repris la mer", a indiqué la préfecture. "Un mouvement de foule serait survenu dans l'embarcation surchargée, générant plusieurs victimes."

La tentative de traversée a eu lieu sur une mer calme et avec un temps dégagé, mais avec une température à peine quelques degrés au dessus de zéro.

Avec ce drame, au moins quinze personnes ont perdu la vie en tentant de traverser la Manche en direction de la Grande-Bretagne en 2024, selon un décompte de l'AFP.

Douze migrants avaient perdu la vie en 2023 dans ces circonstances, selon la Préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord.

Année record 

Le dernier drame remonte au 3 mars avec le décès par noyade d'une fillette de sept ans dans le canal de l'Aa, un petit fleuve qui se jette dans la mer du Nord, alors qu'elle se trouvait sur une petite embarcation avec 15 autres migrants.

Fin février, un Turc de 22 ans est décédé en tombant de son embarcation au large de Calais et deux autres migrants sont portés disparus. Un Erythréen a été mis en examen et incarcéré samedi dans ce dossier.

Dans la nuit du 13 au 14 janvier, cinq migrants, dont un adolescent syrien de 14 ans, sont morts à Wimereux alors qu'ils tentaient de rejoindre une embarcation déjà en mer dans une eau à 9 degrés.

Le corps d'un homme a par ailleurs été découvert le 19 mars dans le chenal de l'Aa, à Grand-Fort-Philippe, probablement un migrant signalé disparu alors qu'il tentait, selon les associations, de rejoindre le Royaume-Uni en bateau.

En 2023, 29.437 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises, contre 45.774 en 2022, année record, d'après des chiffres du ministère britannique de l'Intérieur.

Le Parlement britannique a approuvé dans la nuit de lundi à mardi le projet de loi permettant l'expulsion vers le Rwanda de demandeurs d'asile entrés illégalement au Royaume-Uni.

Annoncé il y a deux ans par le gouvernement conservateur de Rishi Sunak et présenté comme une mesure-phare de sa politique de lutte contre l'immigration clandestine, ce projet vise à envoyer au Rwanda les demandeurs d'asile - d'où qu'ils viennent- entrés illégalement au Royaume-Uni, notamment en traversant la Manche sur des canots pneumatiques.


Grenades factices au consulat d'Iran à Paris: 10 mois de prison avec sursis

La police de Paris a déclaré avoir mené une opération au consulat iranien après qu'un témoin ait rapporté avoir vu dehors un homme portant une grenade et un gilet explosif, vendredi 19 avril 2024 (Photo, AP).
La police de Paris a déclaré avoir mené une opération au consulat iranien après qu'un témoin ait rapporté avoir vu dehors un homme portant une grenade et un gilet explosif, vendredi 19 avril 2024 (Photo, AP).
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  • L'homme de 61 ans, qui vit en France depuis de longues années, a également été condamné par le tribunal correctionnel à une obligation de soins, une interdiction de porter une arme et une interdiction de paraître au consulat
  • Le prévenu, qui s'exprime dans un français correct mais souffre de problèmes d'audition, comparaissait pour «menace de mort»

PARIS: Un homme d'origine iranienne qui s'était introduit vendredi dans le consulat d'Iran à Paris avec des grenades factices pour se "venger" du gouvernement de Téhéran a été condamné lundi à Paris à 10 mois de prison avec sursis.

L'homme de 61 ans, qui vit en France depuis de longues années, a également été condamné par le tribunal correctionnel à une obligation de soins, une interdiction de porter une arme et une interdiction de paraître au consulat, ainsi que dans le 16e arrondissement de Paris où les faits ont eu lieu.

A la barre, il a expliqué qu'il n'avait voulu "menacer personne", mais avait souhaité "se venger" des autorités iraniennes, "terroristes" à ses yeux.

La veille des faits, "on m'a informé que mon cousin avait été pendu en Iran, et que ma soeur avait été arrêtée", a affirmé Nicolas K., qui réside en banlieue parisienne et participe régulièrement à des manifestations d'opposants iraniens à Paris.

Le prévenu, qui s'exprime dans un français correct mais souffre de problèmes d'audition, comparaissait pour "menace de mort" et "violences avec préméditation".

Vendredi après-midi, il était entré dans la section consulaire de l'ambassade d'Iran, muni d'un gilet avec des explosifs factices.

Selon des témoins, dont les récits ont été rapportés à l'audience par le président du tribunal, il avait "fait tomber des drapeaux" iraniens, et répété "j'ai envie de mourir, je suis à bout".

Intervention des négociateurs 

L'intervention de négociateurs de la police avait finalement permis son interpellation; il était de lui-même sorti du bâtiment sans son gilet.

Selon un expert psychiatre, il ne souffre ni d'une altération, ni d'une abolition de son discernement. A la barre, il a fait de longues digressions sur la situation politique en Iran. "Ça ne m'intéresse pas, nous devons rester sur les faits", lui a rétorqué le président.

Le représentant du parquet a estimé que les faits poursuivis ne relevaient pas d'un "acte de résistance politique", mais bien d'"infractions de droit commun".

"C'est l'acte isolé d'une personne qui certes ne va pas bien, mais qui n'a aucune légitimité pour se venger de qui que ce soit", a dit le procureur, qui avait requis un an de prison, dont quatre mois avec sursis.

L'avocate du prévenu, Me Louise Hennon, a elle a plaidé la relaxe, faisant notamment valoir qu'une condamnation porterait une "ingérence disproportionnée dans la liberté d'expression" de son client.