En Ukraine, le calvaire des ascenseurs à l'arrêt

Kostiantyn Krul, un employé de la société d'entretien d'ascenseurs UKRLIFT, sauve Mykola Bezruchenko, 71 ans, après avoir passé une heure coincée dans l'ascenseur d'un immeuble résidentiel à Kiev le 9 décembre 2022. (Photo, AFP)
Kostiantyn Krul, un employé de la société d'entretien d'ascenseurs UKRLIFT, sauve Mykola Bezruchenko, 71 ans, après avoir passé une heure coincée dans l'ascenseur d'un immeuble résidentiel à Kiev le 9 décembre 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 13 décembre 2022

En Ukraine, le calvaire des ascenseurs à l'arrêt

Kostiantyn Krul, un employé de la société d'entretien d'ascenseurs UKRLIFT, sauve Mykola Bezruchenko, 71 ans, après avoir passé une heure coincée dans l'ascenseur d'un immeuble résidentiel à Kiev le 9 décembre 2022. (Photo, AFP)
  • Certains habitants de Kiev tentent tous les jours leur chance en montant dans des ascenseurs, malgré le risque de rester coincé des heures durant
  • Du coup, dans les ascenseurs de hautes tours, les habitants se sont préparés, entreposant dans la cabine des kits de survie : eau, gâteaux, lampes torches ou encore des sacs plastiques en guise de toilettes

KIEV: Lorsqu'on a une jambe mutilée, vivre en Ukraine au 27e étage relève d'une mission impossible. C'est celle de Viktor Lazarenko, confronté aux pannes d’ascenseur dues aux bombardements russes. 

Installé chez son gendre à Kiev, la capitale, cet homme de 68 ans a été blessé au début de la guerre lors du terrible siège de Marioupol par l'armée russe, perdant sept centimètres d'os sur une de ses jambes. Aujourd'hui, il ne peut se déplacer sans attelle, ni béquilles. 

Lorsqu'il lui faut descendre ses 27 étages à pied pour aller à un rendez-vous médical, le calvaire dure près d'une heure. 

"S'il n'y avait pas eu la guerre, tout cela ne serait jamais arrivé", dit-il, en pleurs. 

"Les coupures d'électricité sont incroyablement difficiles pour des personnes comme lui", se désole son  gendre, Viktor Dergaï, un fonctionnaire de 46 ans, qui liste les victimes de ces pannes d'ascenseurs: personnes âgées, handicapés, "ou encore des mamans qui doivent porter leurs enfants dans leurs poussettes". 

Il y a un an, lui et sa famille étaient pourtant enthousiastes à l'idée d'emménager au 27e étage d'un immeuble avec une vue imprenable sur Kiev. 

Mais c'était avant l'invasion et les frappes russes qui depuis octobre visent systématiquement les installations énergétiques ukrainiennes, plongeant des millions d'Ukrainiens comme M. Dergaï et sa famille dans le noir et le froid. 

« Qui a commencé ? » 

L'objectif affiché par les Russes est de ravager les réseaux d'électricité, au moment même où les températures plongent sous zéro et que la neige recouvre doucement le pays. 

Pour Moscou, il s'agit d'une réplique à une série de revers et retraites humiliants sur le front. Le président russe Vladimir Poutine a lui-même affirmé que ces bombardements étaient justifiés, car l'Ukraine a frappé des infrastructures de son envahisseur, comme le pont de Crimée. 

"Qui a commencé ?", s'est justifié M. Poutine, qui a ordonné l'invasion de son voisin ukrainien le 24 février dernier. 

Les effets des bombardements russes sur les transformateurs de l'Ukraine sont en tout cas bien là: rationnement de l'électricité, peu ou pas de chauffage, coupures d'eau, réseaux téléphoniques et internet instables... 

"Cela réduit petit à petit la capacité de l'Ukraine à réparer ses infrastructures et les composants du réseau électrique dont elle a besoin pour faire tourner le pays", observe Michael Kofman, directeur des études sur la Russie au CNA, un institut de recherche américain. 

Selon lui, cela risque, à mesure que l'hiver avance, d'"augmenter les flux de réfugiés, empêcher le retour des investissements et rendre beaucoup plus difficile le maintien de l'effort de guerre pour l'Ukraine". 

« On ne peut pas perdre » 

"Sans électricité, les villes modernes ne peuvent tout simplement pas marcher", résume Robert Bryce, auteur d'un livre sur la question de l'électricité dans les pays développés. 

Certains habitants de Kiev tentent néanmoins tous les jours leur chance en montant dans des ascenseurs, malgré le risque de rester coincé des heures durant en attendant une des équipes de maintenance surmenées. 

Du coup, dans les ascenseurs de hautes tours, les habitants se sont préparés, entreposant dans la cabine des kits de survie : eau, gâteaux, lampes torches ou encore des sacs plastiques en guise de toilettes. 

Dmytro Soukhorouchko, directeur de 42 ans de l'entreprise Ukrlift en charge de la maintenance d'ascenseurs, raconte que les appels à l'aide ont été multipliés par "10 à 15" depuis début octobre et les premières frappes massives russes visant les installations électriques. 

"C'est physiquement éprouvant de monter 25 étages à pied pour sortir une personne d'un ascenseur, redescendre et refaire de même dans un autre immeuble", dit-il. 

Son collègue, Konstiantyn Kroul, 36 ans, dit effectuer actuellement une douzaine d'interventions par jour. 

Lors de l'une d'entre elles, il a grimpé 12 étages pour venir au secours de Mykola Bezroutchenko, 71 ans. 

"C'était comme être assis dans un sous-marin", relate le septuagénaire, après avoir passée une heure dans une cabine noire et froide. 

Mais "on survivra", lance-t-il. "Le mois de décembre est bientôt fini, puis les vacances vont vite passer en janvier, et après le printemps arrivera". 

"On ne peut pas perdre au printemps", proclame-t-il. 

 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.