L'Ukraine obtient plus d'un milliard d'euros de dons pour passer l'hiver

Le résident Sergei se tient au milieu des débris de son appartement dans un immeuble fortement endommagé lors des récents bombardements au cours du conflit russo-ukrainien à Horlivka (Gorlovka) dans la région de Donetsk, contrôlée par la Russie, le 13 décembre 2022. (Reuters)
Le résident Sergei se tient au milieu des débris de son appartement dans un immeuble fortement endommagé lors des récents bombardements au cours du conflit russo-ukrainien à Horlivka (Gorlovka) dans la région de Donetsk, contrôlée par la Russie, le 13 décembre 2022. (Reuters)
Short Url
Publié le Mercredi 14 décembre 2022

L'Ukraine obtient plus d'un milliard d'euros de dons pour passer l'hiver

Le résident Sergei se tient au milieu des débris de son appartement dans un immeuble fortement endommagé lors des récents bombardements au cours du conflit russo-ukrainien à Horlivka (Gorlovka) dans la région de Donetsk, contrôlée par la Russie, le 13 décembre 2022. (Reuters)
  • «Je suis heureuse de vous annoncer que nous dépassons» les 800 millions d'euros d'aide d'urgence réclamés mardi par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, a déclaré Catherine Colonna
  • La conférence de soutien à l'Ukraine réunissait 70 délégations de pays et organisations internationales, et visait à «aider les Ukrainiens à résister cet hiver», avait expliqué le président français Emmanuel Macron

PARIS: La conférence internationale de soutien à l'Ukraine, organisée à Paris, a permis d'engranger plus d'un milliard d'euros de dons pour aider la population à passer l'hiver dans un pays aux infrastructures ravagées par les attaques russes.

"Je suis heureuse de vous annoncer que nous dépassons" les 800 millions d'euros d'aide d'urgence réclamés mardi par le président ukrainien Volodymyr Zelensky à l'ouverture de la réunion, s'est réjouie la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, aux côtés du Premier ministre ukrainien Denys Chmygal.

Avec cela, "notre pays ne sombrera pas dans le noir", s'est réjoui ce dernier, se félicitant du "signal puissant" de soutien à l'Ukraine du "monde civilisé".

Cette réunion de plus de 70 délégations d'Etats ou d'organisations a été montée pour permettre à l'Ukraine de passer l'hiver et contrer les effets de la récente stratégie russe consistant à frapper les infrastructures, notamment énergétiques, pour accabler la population à l'approche de l'hiver.

Sur le milliard d'euros annoncé mardi, 415 millions seront alloués au secteur de l'énergie, 25 millions à celui de l'eau, 38 millions iront à l'alimentation, 17 millions à la santé, 22 aux transports, le reste, soit près de 493 millions d'euros, n'étant pas encore ventilé, a précisé la ministre française.

Après les conférences de Lugano, Varsovie et Berlin ces derniers mois, cette rencontre se voulait "pratico-pratique", avait expliqué à l'ouverture Emmanuel Macron, en présence de l'épouse de M. Zelensky.

"Ce qui est très important pour nous, ce sont les équipements de haute tension (...), parce qu'ils sont parmi les cibles les plus prisées" des Russes, avait par exemple expliqué le ministre ukrainien de l'Energie Guerman Galouchtchenko.

Stratégie «cynique» de Moscou

"La Russie, dont les faiblesses au plan militaire ont éclaté au grand jour, a opté pour une stratégie cynique", a déploré M. Macron, répétant que ces frappes constituaient "des crimes de guerre" qui ne resteraient "pas impunis".

Concernant la partie française, Emmanuel Macron a annoncé pour début 2023 l'octroi d'une somme supplémentaire de 76,5 millions d'euros afin d'aider à passer l'hiver. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock a, quant à elle, déclaré que Berlin allait débourser 50 millions d'euros.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, rappelant que l'UE s'était engagée à fournir à Kiev une assistance macro-financière de 18 milliards d'euros en 2023, a annoncé l'achat au profit de l'Ukraine de 30 millions d'ampoules LED, nettement moins gourmandes en énergie.

Une autre réunion, entre la délégation ukrainienne et des entreprises françaises, a eu lieu dans l'après-midi au ministère des Finances, permettant de signer des contrats pour la fourniture de rails, de ponts et de semences.

Cette journée a aussi été l'occasion pour Emmanuel Macron d'afficher un engagement encore accru de la France aux côtés de l'Ukraine, après que plusieurs de ses récentes déclarations ont hérissé certains de ses alliés européens qui les jugent trop complaisantes envers Moscou.

M. Chmygal a salué le "leadership" du chef de l'Etat français "concernant les points de préparation de la paix du président" Zelensky. Le Kremlin a écarté mardi le plan de paix ukrainien, répondant que Kiev devait céder les territoires dont la Russie revendique l'annexion avant toute négociation diplomatique, tandis que les combats et les bombardements se poursuivent, comme à Kramatorsk par exemple, dont le centre-ville et la zone industrielle ont été frappés le même jour, selon les autorités ukrainiennes

Ces aides annoncées à Paris s'ajoutent au soutien crucial en équipements militaires fourni par les Occidentaux, Etats-Unis en tête. L'Ukraine continue de demander à cor et à cri davantage d'armes, après avoir jusqu'ici progressivement refoulé l'armée russe.

"Compte tenu de l'ampleur de la guerre (...), nous allons devoir nous battre tout l'hiver", a déclaré mardi dans une conférence de presse en ligne le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, réclamant "plus de systèmes de défense antiaérienne et antimissiles et de munitions, de véhicules blindés, principalement à chenilles".

Il a aussi évoqué "un besoin très important" en "canons supplémentaires" de calibre 155 mm.

Ukraine : 7 millions d'enfants menacés par les destructions dans le secteur de l'énergie

Les frappes russes visant les infrastructures énergétiques ukrainiennes entraînent des risques croissants pour "presque tous les enfants en Ukraine – soit près de sept millions d'enfants –" au moment ou les températures hivernales continuent de chuter dans le pays, s'alarme mercredi l'Unicef.

Privés d'un accès stable à l'électricité, au chauffage ou à l'eau, "les enfants sont non seulement confrontés à un froid extrême – les températures hivernales peuvent descendre en dessous de -20°C – mais sont également incapables de profiter des possibilités d'apprentissage en ligne qui sont le seul moyen d'accès à l'éducation pour de nombreux enfants, alors que tant d'écoles sont endommagées ou détruites", détaille dans un communiqué le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).

En outre, les établissements de santé peuvent être dans l'incapacité de fournir des services essentiels, et les systèmes d'approvisionnement en eau défectueux augmentent les risques déjà extrêmement élevés de pneumonie, de grippe saisonnière, de maladies d'origine hydrique et de Covid-19, ajoute l'organisation.

Et "au-delà de la menace immédiate créée par les conditions de froid, les enfants sont aussi privés de la possibilité d'apprendre ou de rester connectés avec leurs amis et famille, mettant en grand danger à la fois leur santé physique et mentale", s'inquiète aussi la directrice générale de l'Unicef Catherine Russell, citée dans le communiqué.

En difficulté dans sa guerre d'invasion contre l'Ukraine, la Russie a opté depuis octobre pour une stratégie de frappes massives sur les infrastructures ukrainiennes, notamment énergétiques, pour accabler la population à l'approche de l'hiver.

À ce stade, 40% des capacités ukrainiennes de production d'énergie ont été détruites et en dépit des réparations en cours, le système énergétique ukrainien n'a pu couvrir que 70% de la demande lors d'un pic de consommation le 28 novembre, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).

Pour l'heure, l'Unicef explique avoir besoin d'1,1 milliard de dollars pour répondre aux besoins immédiats et de long terme de 9,4 millions de personnes, dont 4 millions d'enfants, pour fournir, maintenir et étendre des services essentiels dans les domaines de la santé, de la nutrition, de la protection de l'enfance, des violences sexistes, de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène ou encore de la protection sociale.

Déminage

Dans une adresse vidéo devant le Parlement de Nouvelle-Zélande, M. Zelensky a également lancé un appel pour aider son pays à se débarrasser des mines et autres engins non explosés, qui selon lui infestent 174 000 km2 de territoire ukrainien, une surface équivalente à celle du Cambodge ou de l'Uruguay.

"Il n'y a pas de paix réelle pour tout enfant susceptible de mourir à cause d'une mine antipersonnel russe cachée", a insisté le président ukrainien.

Par ailleurs, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) va envoyer des missions pour "sécuriser" cinq centrales nucléaires d'Ukraine, y compris celle de Zaporijjia, occupée par l'armée russe, a souligné Denys Chmygal après une rencontre à Paris avec le patron de cette organisation, Rafael Grossi. Cet accord devra "impliquer la partie russe évidemment", a dit ce dernier.

Reconstruction

Après la réunion du matin, plus de 700 représentants d'entreprises se sont retrouvés au ministère des Finances pour une rencontre sur les futurs marchés de la reconstruction de l'Ukraine.

Face aux destructions massives, "il faut qu'on investisse dans un effort de reconstruction", a déclaré dans un message vidéo le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

"La mobilisation des entreprises (...) est à mes yeux cruciale" dès à présent, a déclaré Emmanuel Macron.

"La France entend jouer un rôle décisif dans la reconstruction de l'Ukraine", a insisté le ministre de l'Economie Bruno Le Maire après la signature de différents accords, notamment sur la fourniture de 150 kilomètres de rail, de ponts flottants et de semences par des entreprises françaises et allemandes, avec des financements trouvés par la France.


La France rapatrie treize femmes et enfants depuis les camps en Syrie, une première depuis deux ans

La Française Emilie Konig marche dans le camp Al-Roj, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021, où elle est détenue avec d'autres personnes soupçonnées d'être des proches de membres présumés du groupe Daesh. (AFP)
La Française Emilie Konig marche dans le camp Al-Roj, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021, où elle est détenue avec d'autres personnes soupçonnées d'être des proches de membres présumés du groupe Daesh. (AFP)
Short Url
  • La France a rapatrié dix enfants et trois femmes détenus dans des camps jihadistes en Syrie, marquant la première opération du genre depuis deux ans
  • Deux femmes ont été placées en garde à vue, et une troisième présentée à un juge antiterroriste

PARIS: La France a rapatrié tôt mardi matin dix enfants et trois femmes âgées de 18 à 34 ans qui étaient détenus dans des camps de prisonniers jihadistes dans le nord-est de la Syrie, une première depuis deux ans.

Parmi les femmes, "deux ont été placées en garde à vue, sur commission rogatoire du juge d'instruction", a annoncé le Parquet national antiterroriste (Pnat) dans un communiqué.

"Une autre femme, faisant l'objet d'un mandat d'arrêt, sera présentée à un juge d'instruction dans la journée" en vue d'une possible mise en examen, a-t-il ajouté.

"Les mineurs sont pris en charge dans le cadre de procédures d'assistance éducative sous la responsabilité du parquet" de Versailles, a indiqué le Pnat, qui "assurera le suivi centralisé des mineurs concernés, en lien avec les parquets territoriaux".

"La France remercie les autorités syriennes de transition ainsi que l'administration locale du Nord-Est syrien qui a rendu possible cette opération", a déclaré de son coté le porte-parole du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

Cette opération est une première depuis juillet 2023 en France, où ces retours restent une question sensible, dix ans après la vague d'attentats jihadistes sur le sol national.

Au total, 179 enfants et 60 femmes adultes ont été rapatriées depuis 2019, précise une source diplomatique.

Mais ces opérations avaient cessé à l'été 2023, faute de volontaires selon les autorités, et ce malgré des condamnations internationales dont celle de la Cour européenne des droits de l'Homme en 2022.

- "Arbitraire" -

"Pour les familles qui attendaient leurs petits-enfants, neveux et nièces depuis plus de six ans, c'est un immense et indescriptible soulagement", a déclaré l'avocate des femmes rapatriées, Marie Dosé, dans un communiqué transmis à l'AFP.

Mais "la France laisse derrière elle 110 autres enfants français, toujours détenus dans le camp Roj", l'un des camps contrôlés comme d'autres centres et prisons par les forces kurdes, depuis plus de six ans, dénonce-t-elle.

Des dizaines de milliers de personnes, d'une cinquantaine de nationalités et soupçonnées de liens avec l'organisation jihadiste État islamique, sont retenues dans ces camps.

En juin, quelque 120 enfants et une cinquantaine de femmes françaises y étaient encore retenus, selon le Collectif des Familles unies, qui rassemble leurs proches.

Après ce rapatriement nocturne, ce collectif a rediffusé sur X mardi matin son message habituel dénonçant la détention sur place d'enfants "coupables de rien" dans "des conditions indignes".

Car pour ces familles, rien n'est encore réglé. "Une nouvelle fois, la France fait le choix de l'arbitraire", regrette Marie Dosé.

"La France, qui refusait de rapatrier des enfants tant que leurs mères n'avaient pas donné leur accord, refuse aujourd'hui leur retour alors qu'ils sont devenus majeurs. Ce faisant et plus que jamais, la France décide donc de faire payer à ces enfants le choix de leurs parents", estime-t-elle aussi.

Elle dénonce également le sort de femmes sans enfant ou dont les enfants sont décédés, et que la France refuse désormais de rapatrier, ainsi que d'enfants nés en France et "conduits de force en Syrie" avant de pouvoir acquérir la nationalité, ou de jeunes majeurs enfermés dans d'autres lieux de détention syriens.

Pour Matthieu Bagard, responsable du pôle expertise Syrie de l'ONG Avocats sans frontières France, "ce rapatriement démontre une nouvelle fois que la France a la possibilité d'organiser ces opérations". Mais il déplore lui aussi la situation des femmes et jeunes majeurs toujours "illégalement détenus".

En février, l'administration kurde a annoncé, en coordination avec l'ONU, son intention de vider d'ici fin 2025 les camps du nord-est de la Syrie des déplacés syriens et irakiens, y compris les proches présumés de jihadistes.


Après «Bloquons tout» et les promesses de «rupture», les syndicats dans la rue jeudi

"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
Short Url
  • Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi
  • Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme"

PARIS: "Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées.

Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi. "(Il) ne s'est engagé à rien du tout. Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", a-t-elle lancé.

Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme". Depuis vendredi, il reçoit les syndicats représentatifs - à l'exception de Frédéric Souillot (FO) qui souhaite le rencontrer après le 18. Mais ces derniers maintiennent leur appel à la mobilisation du 18, espérant peser de tout leur poids sur les futures orientations budgétaires.

CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront ainsi unis jeudi dans la rue, pour la première fois depuis le 6 juin 2023 - date de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites.

Les mesures avancées cet été sont "d'une brutalité sans précédent", dénonçaient-ils fin août dans un communiqué commun, regrettant que l'ancien gouvernement choisisse "encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades".

Ils pointent "des coupes dans les services publics, (...), une énième réforme de l'assurance chômage, le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les, la désindexation des pensions de retraites, le doublement des franchises médicales, la remise en cause de la 5ème semaine de congés payés…".

L'abandon de la suppression de deux jours fériés, unanimement décriée par le monde syndical, constitue "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a estimé Sophie Binet.

Même la CFDT, pourtant peu rompue aux cortèges syndicaux, maintient sa participation: vendredi, Marylise Léon a réaffirmé que son syndicat était "plus que jamais motivé pour aller dans la rue", à l'issue de son entrevue avec Sébastien Lecornu.

"Le budget tel qu'il a commencé à être construit n'est pas compatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale donc il y a vraiment besoin de le revoir de fond en comble", a-t-elle estimé lundi sur France Inter.

Sur la durée ? 

Sur la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat, Mme Léon a pourtant apprécié que le Premier ministre dise être conscient de la nécessité de "faire quelque chose".

"Le budget, il va se décider dans la rue", insiste Mme Binet. Ainsi, "il faut faire une démonstration de force jeudi prochain et après", laissant entrevoir une mobilisation dans la durée.

Lundi, la CGT annonçait déjà plus de 220 manifestations, un chiffre encore amené à évoluer.

Les organisations syndicales parviendront-elles à dépasser l'affluence du mouvement citoyen "Bloquons tout" - qui a rassemblé près de 200.000 personnes le 10 septembre selon le ministère de l'Intérieur, sans toutefois parvenir à paralyser le pays ? Les manifestants du 10, parfois méfiants vis-à-vis des syndicats, participeront-ils à cette nouvelle journée ?

Aucune inquiétude côté syndical: "Nous avons déjà d'excellents retours sur la mobilisation de jeudi", assure Frédéric Souillot (FO).

"Nous avons l'objectif d'avoir un million de personnes avec nous", avance de son côté Cyril Chabanier (CFTC).

"La colère sociale est toujours là", abonde Julie Ferrua, co-déléguée générale de Solidaires.

De leur côté, les autorités s'attendent à une mobilisation plus importante que le 10 septembre et craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux dans des cortèges. Une cellule de crise sera ouverte dès mardi au ministère de l'Intérieur.

Après le 18, ce sera le tour des agriculteurs de la FNSEA, le 26 septembre, de mener "une grande journée d'actions" autour des échanges internationaux de produits agricoles.


Lecornu va mettre fin aux "avantages à vie" des ex-ministres dès 2026

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu concrétise une promesse phare pour réduire le « décalage » entre les élites politiques et la réalité des Français, dans un contexte de forte défiance envers sa nomination

PARIS: Fini le chauffeur et la voiture de fonction "à vie" pour les anciens de Matignon: les avantages octroyés aux ex-Premiers ministres seront "supprimés" dès 2026, a annoncé lundi Sébastien Lecornu, concrétisant l'une de ses premières promesses, très symbolique pour l'opinion.

Il n'est "pas concevable" que les anciens ministres "puissent bénéficier d'avantages à vie en raison d'un statut temporaire", a écrit le locataire de Matignon sur X, confirmant la mise en place de cette réforme dès le 1er janvier 2026.

"La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur que pour une durée limitée, et reconduite en fonction de la réalité du risque. Tous les autres moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée", a expliqué M. Lecornu sur ce réseau social.

Sollicité par l'AFP, Matignon a expliqué que le gouvernement avait préparé une "instruction" à destination du Secrétariat général du gouvernement, en vue de revoir le décret du 20 septembre 2019, qui avait déjà restreint les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres.

Ces derniers peuvent actuellement se voir octroyer "sur leur demande, un véhicule de fonction et un conducteur automobile", à la charge de l'Etat. Ils peuvent aussi bénéficier d'un "agent pour leur secrétariat particulier" pendant dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 67 ans.

Des avantages qui ne s'appliquent pas pour les "ex" de Matignon lorsque ces derniers disposent déjà de ces privilèges via leur mandat (parlementaire ou local) ou leur fonction publique.

- "Mettre fin aux derniers privilèges" -

Une autre instruction du chef du gouvernement à l'attention de la Direction générale de la police nationale (DGPN) permettra de créer "un cadre" relatif à la "protection policière" des anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur, a détaillé Matignon.

"On ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l'État n'en font pas. La réforme, ce n'est pas toujours +pour les autres+, cela crée la suspicion", avait lancé Sébastien Lecornu dans un entretien donné à plusieurs titres de la presse régionale durant le week-end.

"Beaucoup de choses ont été réglées pour les anciens présidents de la République. Je vais donc mettre fin aux derniers privilèges", avait-il encore promis, quelques jours seulement après sa prise de fonctions à Matignon, durant laquelle il s'était inquiété du "décalage" observé entre la vie politique et la vie "réelle" des Français.

Le Premier ministre, nommé mardi par Emmanuel Macron après la chute de François Bayrou, met ainsi en musique l'une de ses premières promesses, alors qu'il consulte en parallèle les forces politiques, syndicales et patronales en vue de former un gouvernement susceptible de survivre aux menaces de censure des oppositions.

Il doit aussi batailler contre une opinion publique très défiante vis-à-vis de sa nomination, même si les chiffres de confiance des Français à son égard varient selon les instituts de sondage.

Son prédécesseur, François Bayrou, avait déjà annoncé vouloir passer au crible ces privilèges ministériels: il avait confié fin août une mission à l'ex-député socialiste René Dosière pour identifier les "avantages indus, excessifs, inacceptables" dans un contexte de dérapage des finances publiques.

En réalité, l'économie à espérer de ces annonces est dérisoire par rapport aux dizaines de milliards d'euros recherchées par les gouvernements successifs. Les privilèges accordés au titre du décret de 2019 (chauffeur, secrétariat, véhicule) ont coûté 1,58 million d'euros à l'Etat en 2024, selon le gouvernement.

Un montant auquel il faut ajouter les dépenses de protection policière, évaluées à 2,8 millions d'euros par an dans un rapport parlementaire de 2019.