Castex annonce un plan de 6,5 milliards d’euros pour l’emploi des jeunes

Les syndicats ont mis en garde contre "un effet d'aubaine" (Photo, Sebastien BOZON / AFP)
Les syndicats ont mis en garde contre "un effet d'aubaine" (Photo, Sebastien BOZON / AFP)
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Publié le Vendredi 24 juillet 2020

Castex annonce un plan de 6,5 milliards d’euros pour l’emploi des jeunes

  • Outre 100.000 missions supplémentaires en service civique, ce plan prévoit 200.000 places de plus en formation
  • L'objectif est de pousser les entreprises à recruter plus vite

Besançon: Face à l'arrivée de 750.000 jeunes sur un marché du travail dégradé à la rentrée, le gouvernement français a présenté jeudi un plan à 6,5 milliards d'euros sur deux ans, "du jamais vu", selon Jean Castex, avec en mesure phare une aide de 4.000 euros pour favoriser 450.000 embauches d'ici janvier.
"Le gouvernement a décidé de mettre le paquet sur l'emploi des jeunes, parce que nous savons qu'en temps de crise, ce sont ceux qui morflent les premiers", a souligné le Premier ministre, en présentant ce plan "un jeune, une solution" depuis Besançon.
Pour inciter les entreprises à recruter en cette période incertaine, le gouvernement, comme annoncé par Emmanuel Macron le 14 juillet, instaure une prime pour toute embauche d'un jeune de moins de 25 ans, entre août et fin janvier, pour un contrat de trois mois minimum. 
Cette aide sera de 1.000 euros chaque trimestre, pendant un an maximum, jusqu'à un salaire de 2 Smic, ce qui devrait permettre de toucher tous les secteurs.
Si les syndicats ont mis en garde contre "un effet d'aubaine", le gouvernement assume. "L'objectif est de pousser les entreprises à recruter plus vite, car plus un jeune reste longtemps sans emploi, plus il  perd confiance", explique-t-on au ministère du Travail. 
"Jean Castex nous propose une société de petits boulots", a tweeté le secrétaire national du PCF Fabien Roussel en allusion à la période de trois mois, jugée également trop courte par la CGT.
Côté patronal, l'U2P (artisans et commerçants) estime que le gouvernement "apporte un encouragement non négligeable", tout en rappelant, comme la CPME, que l'embauche dépend avant tout de "l'activité", et notamment du plan de relance attendu fin août.
Le plan reprend aussi les aides, déjà en vigueur depuis le 1er juillet, pour les embauches de jeunes en alternance d'ici fin février : 5.000 euros pour un apprenti ou un contrat de professionnalisation de moins de 18 ans, 8.000 euros pour un majeur.
Pour Jean Castex, qui a visité dans la matinée un centre de formation d'apprentis, l'apprentissage est "au cœur des contradictions françaises". "On sait que ça marche et pourtant ça reste encore choisi quand on n'a pas réussi", a-t-il regretté.
Retour des contrats aidés
Outre 100.000 missions supplémentaires en service civique, ce plan prévoit 200.000 places de plus en formation, dont 100.000 qualifiantes ou pré-qualifiantes "dans les métiers d'avenir" (transition écologique, santé, numérique...) pour un budget d'1,5 milliard d'euros. Cette offre sera accessible via l'application "Moncompteformation". Les stagiaires en formation professionnelle verront leur rémunération augmentée de 330 à 500 euros pour un 18-25 ans.
Côté accompagnement, le gouvernement prévoit 300.000 "parcours d'insertion" pour les jeunes les plus éloignés de l'emploi.
Pour ceux-là, le plan marque le retour des "contrats aidés" dans le secteur marchand, qui avaient été supprimés en 2017 par la nouvelle majorité (sauf en outremer). "Ce public a besoin d'un coup de pouce pour bousculer la file d'attente", reconnait-on au ministère. 
"Peut-être que par le passé, les contrats aidés ont été un peu dans le traitement statistique du chômage. Là on sera très attentifs à la qualité de l'accompagnement", a promis Elisabeth Borne.
Sont ainsi prévus 60.000 "contrats initiative emploi" (CIE) pour des jeunes rencontrant des difficultés particulières d'insertion et dont une partie du salaire est financée par l'Etat. 
Dans le secteur associatif ou public, les contrats aidés ("Parcours emplois compétences", au nombre de 94.000 en 2019) seront augmentés de 60.000 en 2021.
Par ailleurs, le plan prévoit un doublement des jeunes bénéficiant d'un suivi renforcé à Pôle emploi, avec des effectifs en plus pour l'opérateur public, ainsi que 50.000 entrées supplémentaires en Garantie jeunes, un dispositif d'insertion géré par les Missions locales au succès reconnu pour les jeunes les plus vulnérables.
Cependant, "nous fixer les objectifs, dégager des moyens substantiels, c'est bien, mais si nous ne nous préoccupons pas de leur mise en œuvre, nous n'atteindrons pas le résultat escompté", a prévenu Jean Castex. 
"Pour cela, il n'y a pas 36 méthodes : la première, c'est celle du dialogue social", a-t-il insisté, en souhaitant qu'il soit déployé au niveau des régions, voire des bassins d'emploi avec des modulations locales possibles sur les priorités.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».