Comment le Moyen-Orient a influencé la cuisine indienne telle que nous la connaissons

Un vendeur de rue préparant ses plats à New Delhi (Fichier/AFP).
Un vendeur de rue préparant ses plats à New Delhi (Fichier/AFP).
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Publié le Samedi 17 décembre 2022

Comment le Moyen-Orient a influencé la cuisine indienne telle que nous la connaissons

  • Des siècles d'échanges entre les régions ont abouti à des mets réputés
  • Les marchands arabes ont atteint les régions côtières du sud-ouest de l'Inde bien avant l'avènement de l'Islam

NEW DELHI: Lorsque les commerçants de la péninsule arabique ont commencé à atteindre les côtes du sous-continent indien, ils ont échangé non seulement des marchandises et des informations, mais aussi des saveurs qui, pendant des millénaires, ont façonné le patrimoine gastronomique commun que nous connaissons aujourd'hui.

Alors qu'un repas indien est généralement incomplet sans naan, un pain plat au levain originaire du Moyen-Orient, la plupart des plats de prédilection arabes ne sont pas imaginables sans épices indiennes.

Depuis 2 000 ans av. J.-C., les épices du Sud et de l'Est de l’Asie étaient exportées le long de la route de la soie vers le Moyen-Orient, d'où elles ont fait ensuite leur entrée en Europe. Elles étaient très appréciées et utilisées non seulement dans la cuisine, mais aussi à des fins rituelles, religieuses, ou médicales.

Le mot anglais «spice» («épice») est dérivé du latin «species» («espèces») ou «marchandises spéciales», qui fait référence à des articles ayant une valeur spéciale, par opposition aux articles de commerce ordinaires.

En arabe, le mot même «épices» est en liaison étroite avec l'Inde.

«Les épices sont connues sous le nom de "baharat", un terme similaire à l'ancien nom de l'Inde, Bharat", a affirmé à Arab News Muddassir Quamar, un expert des histoires du Moyen-Orient, basé à New Delhi.

«"Baharat" pour "épices" était une référence à ses origines indiennes, ou le nom de Bharat pour l'Inde était lié au terme d'épices. Quoi qu'il en soit, les liens étroits entre les deux sont manifestes.»

Les marchands du Moyen-Orient naviguaient sur la mer d'Oman et atteignaient les régions côtières du sud-ouest de l'Inde bien avant l'avènement de l'Islam au VIIe siècle.

Les fouilles archéologiques montrent de solides échanges commerciaux et culturels entre les civilisations de la vallée de l'Indus, dans les régions du nord-ouest de l'Asie du Sud et de la Mésopotamie.

Colleen Taylor Sen, l'autrice de «A history of food in India» («Histoire de l’alimentation en Inde»), considère les anciens commerçants arabes comme un «lien sur la route des épices entre l'Asie du Sud-Est et l'Europe via l'Inde».

«Depuis l'époque de la civilisation harappéenne, ou de la vallée de l'Indus, l'Inde et les terres de la mer d'Oman ont entretenu des relations commerciales et des échanges culturels étroits», a-t-elle précisé.

«Aujourd'hui, les épices indiennes sont largement utilisées dans les cuisines arabes. Les plats à base de riz, comme la kabsa au poulet saoudien, sont des cousins ​​aromatiques du biryani indien.» La nourriture dans la péninsule arabique, en particulier au Yémen, met en évidence des influences indiennes avec l'utilisation intensive de piment, de cumin, de graines de coriandre et de curcuma.

L'échange gastronomique est toutefois allé dans les deux sens, et il est évident dans le haleem de ragoût réconfortant de l'Inde ou les collations très appréciées telles que les samosas et les jalebis.

Le haleem a été introduit dans la région pendant la période mongole, tandis que la pâtisserie frite était déjà connue quelques centaines d'années plus tôt – depuis le début du XIIIe siècle environ.

«En Inde, le haleem est un dérivé de la harissa arabe, tandis que le samosa et le jalebi sont d'origine moyen-orientale», a indiqué Colleen Taylor Sen.

«Les deux derniers ont probablement été introduits en Inde à l'époque du sultanat de Delhi, qui a attiré des universitaires et des administrateurs de tout le monde islamique.»

La complexité de la formation d'un patrimoine culinaire commun se reflète dans la façon dont certains produits alimentaires ont voyagé au Moyen-Orient depuis l'Inde et sont revenus sous une forme nouvelle et modifiée qui est aujourd'hui considérée comme originale.

Vir Sanghvi, célèbre chroniqueur culinaire indien et auteur, fait référence à un exemple documenté d'ancien commerce alimentaire qui indique que l'introduction de la volaille – un aliment de base dans les cuisines du Moyen-Orient – trouve sa source dans le sous-continent indien.

«Il est généralement admis que le poulet a été domestiqué pour la première fois dans la civilisation de la vallée de l'Indus en 1 500-2 000 av. J-C. La vallée de l'Indus avait des liens commerciaux étroits avec la Mésopotamie, qui est aujourd'hui l'Irak. On considère que le poulet est passé de la vallée de l'Indus au Moyen-Orient, et de là aux autres lieux», a affirmé Vir Sanghvi à Arab News.

Réciproquement, l'Inde a reçu du pain, qui constitue depuis l'un des éléments les plus importants de l'alimentation du pays.

«Je pense que l'une des contributions les plus importantes du monde arabe à l'Inde a été la farine raffinée ou maida. Nous n'avions pas de farine raffinée et donc pas de tradition de boulangerie, et ce sont les Arabes qui ont introduit la boulangerie en Inde», a précisé Sanghvi, en mentionnant un autre élément culinaire, qui a été la clé de l'évolution des cuisines indienne et arabe: le riz.

Il existe différentes opinions sur le moment où le riz a été introduit, mais selon Sanghvi, les premiers grains sont probablement entrés au Moyen-Orient depuis l'Inde.

«Deux points de vue existent. Le premier est que lorsqu’Alexandre le Grand est venu en Inde en 326 av. J.-C., ses soldats n'avaient jamais vu de riz, et ils ont ramené du riz jusqu'en Grèce. Sur le chemin du retour, ces soldats ont établi des camps et des villes et ont introduit le riz au Moyen-Orient», a-t-il affirmé.

«Le deuxième point de vue est que lorsque les Arabes ont conquis le Sind indien au IXe siècle, ils y ont également découvert le riz et l'ont introduit chez eux.»

Quelques siècles plus tard, le riz est retourné en Inde depuis le Moyen-Orient, mais sous une nouvelle forme devenue depuis l'un des plats festifs préférés de la région: le biryani.

Ce plat savoureux est issu du mandi, un riz pilaf arabe.

«Le Moyen-Orient a créé ce plat appelé pilaf et il est venu en Inde avec des voyageurs arabes», a indiqué Sanghvi.

«Nous l'avons changé et modifié. Probablement sous le règne de l'empereur mongol Jahangir au XVIIe siècle, nous avons créé le biryani, qui est typiquement indien, mais qui est né du pilaf, issu d'un plat arabe, qui est à son tour né du riz que l'Inde a envoyé là-bas.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


L'Anglaise doyenne de l'humanité fête ses 116 ans

La supercentenaire et sa famille sont "reconnaissants pour tous les gentils messages et l'intérêt manifesté à son égard". (AFP)
La supercentenaire et sa famille sont "reconnaissants pour tous les gentils messages et l'intérêt manifesté à son égard". (AFP)
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  • Née le 21 août 1909 dans un village du Hampshire, dans le sud de l'Angleterre, Ethel Caterham est devenue la doyenne de l'humanité début mai après le décès de la nonne brésilienne Inah Canabarro Lucas à l'âge de 116 ans
  • "Ethel a une nouvelle fois choisi de ne pas accorder d'interviews, préférant passer la journée tranquillement avec sa famille pour qu'elle puisse en profiter à son rythme"

LONDRES: La doyenne du monde, la Britannique Ethel Caterham, fête jeudi ses 116 ans, a annoncé la maison de retraite dans laquelle elle vit.

Née le 21 août 1909 dans un village du Hampshire, dans le sud de l'Angleterre, Ethel Caterham est devenue la doyenne de l'humanité début mai après le décès de la nonne brésilienne Inah Canabarro Lucas à l'âge de 116 ans.

Elle vit dans une maison de retraite du Surrey, un comté au sud de Londres.

"Ethel a une nouvelle fois choisi de ne pas accorder d'interviews, préférant passer la journée tranquillement avec sa famille pour qu'elle puisse en profiter à son rythme", a indiqué un porte-parole de la maison de retraite.

La supercentenaire et sa famille sont "reconnaissants pour tous les gentils messages et l'intérêt manifesté à son égard", a précisé la même source.

Ethel Caterham est le dernier sujet vivant du roi Édouard VII, dont le règne s'est achevé en 1910. Elle est aussi la Britannique la plus âgée de tous les temps, selon la base de données Oldest in Britain.

L'année dernière, elle avait reçu une lettre du roi Charles III la félicitant d'avoir atteint cette "étape remarquable".

 


Immersion avec Laura Smet dans la série policière «Surface»

Laura Smet joue Noémie, sombre et teigneuse, à la moitié du visage ravagée. Pas besoin de forcer le trait : "la faille est apparente", soulignait l'actrice lors d'une conférence de presse en juin. (AFP)
Laura Smet joue Noémie, sombre et teigneuse, à la moitié du visage ravagée. Pas besoin de forcer le trait : "la faille est apparente", soulignait l'actrice lors d'une conférence de presse en juin. (AFP)
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  • Haletant et puissant, le polar dont sont tirés les six épisodes, est paru en 2019 (éd. Michel Lafon)
  • Gros succès de librairie, il a pour personnage central la policière parisienne Noémie Chastain, grièvement blessée au visage après un tir en pleine tête

PARIS: Faire remonter la mémoire d'un village et revenir une flic à la vie: le roman policier "Surface" d'Olivier Norek est décliné en série à partir de jeudi sur france.tv et de lundi sur France 2, avec une touche fantastique et Laura Smet dans le rôle titre.

Haletant et puissant, le polar dont sont tirés les six épisodes, est paru en 2019 (éd. Michel Lafon). Gros succès de librairie, il a pour personnage central la policière parisienne Noémie Chastain, grièvement blessée au visage après un tir en pleine tête.

Sa hiérarchie la met au placard en l'envoyant dans l'Aveyron dans un village sans histoires. Mais les eaux du lac au fond duquel a été noyé le vieux village imaginaire d'Avalone font remonter à la surface un fût contenant le squelette d'un enfant disparu vingt-cinq ans auparavant. La capitaine de police n'a d'autre choix que de s'atteler à l'enquête, qui sera aussi sa rédemption.

C'est le premier polar d'Olivier Norek, 50 ans, à être adapté en série.

Laura Smet joue Noémie, sombre et teigneuse, à la moitié du visage ravagée. Pas besoin de forcer le trait : "la faille est apparente", soulignait l'actrice lors d'une conférence de presse en juin.

Elle est entourée notamment de Théo Costa-Marini dans le rôle du collègue bousculé par son arrivée, et de Tomer Sisley dans celui du plongeur de la brigade fluviale, obstiné et sensible.

L'équipe du commissariat local est particulièrement attachante, avec le trio Otis Ngoi, Quentin Laclotte Parmentier et Pauline Serieys.

Les co-scénaristes Marie Deshaires et Catherine Touzet ont dû opérer des choix radicaux pour faire tenir l'intrigue en six fois 52 minutes, et captiver le téléspectateur.

Olivier Norek, lui-même scénariste à ses heures ("Engrenages", "Les Invisibles"...), convient qu'il n'aurait pu écrire lui-même cette adaptation: "Le job est de faire exploser le livre et d'en prendre toutes les parties pour reconstruire".

Fantômes et cicatrices 

"Ce qui m'intéresse, c'est de voir la vision de quelqu'un d'autre: de scénaristes, d'un réalisateur, d'acteurs et d'actrices", confie l'écrivain dont le dernier roman paru en 2024, "Les Guerriers de l'hiver" (éd. Michel Lafon) sur la guerre entre la Finlande et l'URSS en 1939-40, sera porté sur grand écran.

Dans "Surface", le réalisateur Slimane-Baptiste Berhoun, déjà aux manettes de la série "Vortex", a ajouté une dimension hypnotique voire fantastique à la série.

Les images sous-marines sont bluffantes. "C'était notre challenge: arriver à raconter cette histoire dans un décor englouti qui devait évoluer au fur et à mesure", dit-il.

La série a été tournée dans une piscine géante à Bruxelles, et entre les départements Tarn et Hérault, non loin de l'Aveyron qu'affectionne Olivier Norek.

Même si le personnage de Noémie s'y immerge à reculons, le monde rural est dépeint sans caricature, comme dans le livre où Olivier Norek a voulu "ne pas donner l'impression que c'est la ville qui regarde la campagne".

Son roman, qui s'est vendu à 500.000 exemplaires en langue française, est paru en six langues. Une traduction anglaise est en cours de négociation, et le livre doit être republié le 21 août, le jour de la mise en ligne de la série.

Norek, ancien policier lui-même et adepte d'une veine réaliste, s'est spécialement attaché à la reconstruction intime de l'enquêtrice. "Elle veut se cacher mais va devoir aller vers les gens, se révéler. C'est ce chemin-là, bien plus que l'intrigue de police, qui m'a intéressé", dit-il.

Un personnage avec lequel Laura Smet s'est mis au diapason: "Cette cicatrice, je la connais. Elle me parle", dit-elle.

"Noémie est quelqu'un d'extrêmement entier, qui a soif de justice. C'est une guerrière", décrit l'actrice qui, à 41 ans, avoue avoir "l'impression d'avoir passé (s)a vie sur un ring".

La fille de Johnny Hallyday et Nathalie Baye est rompue aux transformations, depuis son premier rôle dans "Les Corps impatients" de Xavier Giannoli en 2003, où elle apparaissait la tête rasée. Elle assure qu'il a été "difficile" de "quitter" le personnage de Noémie.


Un atelier à Riyad met en valeur le patrimoine culturel dans les réserves naturelles

En présence de divers spécialistes et experts, l'atelier a exploré les moyens d'exploiter le patrimoine culturel immatériel dans les réserves naturelles. (SPA)
En présence de divers spécialistes et experts, l'atelier a exploré les moyens d'exploiter le patrimoine culturel immatériel dans les réserves naturelles. (SPA)
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  • La réserve mène d’importants travaux de restauration, avec la plantation de centaines de milliers d’arbres, notamment des acacias, sur ses 91 500 km²

RIYAD : L’Autorité de développement de la Réserve royale Imam Abdulaziz ben Mohammed, en collaboration avec la Commission du patrimoine, a organisé un atelier consacré au patrimoine culturel dans les réserves naturelles.

Selon l’Agence de presse saoudienne, cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts nationaux visant à intégrer les dimensions culturelles et environnementales, tout en promouvant l’identité nationale par la préservation et le développement des réserves naturelles.

L’atelier, auquel ont participé de nombreux spécialistes et experts, a exploré les moyens de valoriser le patrimoine culturel immatériel dans les réserves, en soulignant le rôle essentiel des communautés locales dans sa préservation et sa transmission aux générations futures.

Cette initiative reflète les efforts conjoints d’organismes nationaux mobilisés pour préserver le patrimoine culturel, protéger la biodiversité naturelle et créer une expérience touristique intégrée mettant en lumière la richesse de l’identité saoudienne à travers ses dimensions environnementale et culturelle.

Par ailleurs, la réserve mène de vastes travaux de restauration écologique, avec la plantation de centaines de milliers d’arbres — principalement des acacias — sur une superficie de 91 500 km².

Ces efforts s’inscrivent dans le cadre de l’Initiative verte saoudienne, qui vise à revitaliser la végétation de la réserve et à rétablir l’équilibre écologique, selon la SPA.

Les acacias jouent un rôle clé dans cette mission, grâce à leur résistance aux conditions désertiques extrêmes et à leur contribution écologique : pâturage, ombrage, habitat pour la faune, stabilisation des sols, et source de nectar pour un miel de grande qualité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com