Mondial: attente fiévreuse en Argentine d'un sacre que pays, équipe et surtout Messi «méritent»

Un maillot géant de l'attaquant argentin Lionel Messi affiché à Rosario, en Argentine, le 15 décembre 2022. (Photo, AFP)
Un maillot géant de l'attaquant argentin Lionel Messi affiché à Rosario, en Argentine, le 15 décembre 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 18 décembre 2022

Mondial: attente fiévreuse en Argentine d'un sacre que pays, équipe et surtout Messi «méritent»

Un maillot géant de l'attaquant argentin Lionel Messi affiché à Rosario, en Argentine, le 15 décembre 2022. (Photo, AFP)
  • Des drapeaux, des chants pour envoyer d'ultimes «ondas» positives aux «muchachos» de Lionel Scaloni, qui vont jouer à 13 000 km de Buenos Aires
  • De Jujuy (nord) à Chubut (sud) à 2 800 km de distance, de Mendoza au pieds des Andes à Mar del Plata sur l'Atlantique, tout un pays se préparait à vibrer autour d'écrans géants dans des parcs, des stades, sur un front de mer

BUENOS AIRES: Les Argentins se préparaient fiévreusement à la finale du Mondial dimanche contre la France, convaincus que leur pays, son équipe et surtout leur joueur star Leo Messi "méritent" de soulever le prestigieux trophée trente-six ans après avoir décroché leur deuxième étoile. 

Des drapeaux, des chants pour envoyer d'ultimes "ondas" positives aux "muchachos" de Lionel Scaloni, qui vont jouer à 13 000 km de Buenos Aires. Des centaines de Porteños se sont rassemblés samedi soir pour des "banderazos", sorte de "drapeau-party", dans quinze quartiers de la capitale. 

Maillots de l'Albiceleste quasiment tous floqués "Messi", perruques, visages peinturlurés, trompettes, tambours, chansons bien sûr et drapeaux surtout. Des attroupements joyeux ressemblant à s'y méprendre à une célébration de victoire. 

Déjà l'Obélisque, monument emblématique au coeur de Buenos Aires, a assisté samedi à une répétition spontanée --et à petite échelle-- de la marée humaine de dizaines, sans doute même de centaines de milliers de personnes, qui devraient se déverser dans la capitale en cas de victoire. 

Franco Llanos, paré du chapeau, du drapeau et du maillot de l'Albiceleste, tenait entre les mains une réplique en plastique du trophée doré. 

La fête quoi qu'il arrive 

"Je suis très fier d'être Argentin. Je sais que Messi va ramener la Coupe", dit-il avant de sautiller à pieds joints et en chansons, bras tendu fouettant le ciel, vers ces inconnus venus comme lui communier, déjà célébrer. 

De Jujuy (nord) à Chubut (sud) à 2 800 km de distance, de Mendoza au pieds des Andes à Mar del Plata sur l'Atlantique, tout un pays se préparait à vibrer autour d'écrans géants dans des parcs, des stades, sur un front de mer. 

Dans le quartier de la Boca, fief "maradonesque" aux couleurs jaune et bleu du club local de Boca Juniors, Carina Disanzo, 44 ans, revêtue du maillot de la sélection, est persuadée d'une chose: elle fera "la fête" dimanche, quelle que soit l'issue du match. 

"S'il arrive ce qui doit arriver, ce qu'on souhaite tous, ce sera une grande fête. Si on perd aussi, car on est allés en finale". Mais "ce serait une immense joie d'être champions avec tout ce qui nous arrive", relève-t-elle, faisant référence à l'économie malade chronique du pays, avec une inflation parmi les plus élevée au monde. 

Oui, "on le mérite", assure-t-elle. 

Et puis l'Argentine "est un pays très foot", rappelle-t-elle. Ce qui se passe ici, sur les terrains, l'ambiance dans les tribunes, n'existe pas dans d'autres pays (...) Sauf peut-être au Brésil". 

Et face à la France "championne en titre" qui se dresse, "pas de peur mais du respect oui". 

Touristes, supporters d'un soir 

Renforts inattendus, la marée de supporters s'est enrichie de touristes, venus spécialement vibrer pour un moment qu'ils espèrent "historique". 

Lilly Oronoz et Antonio Secola, deux Portoricains de 51 ans, ont traversé l'Amérique du Sud "pour la passion" argentine pour le football, "par solidarité sud-américaine" et "pour "Messi". 

Des amis Anglais en vacances au Brésil ont décidé "sur un coup de tête" de rallier Buenos Aires: "Quand est-ce qu'on aura une autre chance de vivre une finale en Coupe du monde de l'Argentine, en Argentine?", dit Josh Gwilt, 27 ans, vêtu du maillot du gardien Emiliano Martinez. 

Greg Layhe, 28 ans, portait celui de son idole, Leo Messi. 

"On espère tous qu'il gagne une Coupe du monde. Je pense que c'est le plus grand joueur de tous les temps et qu'il mérite" de la soulever, confie-t-il. 

A la veille de ce rendez-vous avec l'histoire, à de nombreux coins de rue, des vendeurs agitaient des drapeaux à vendre et soufflaient à tue-tête dans des trompettes en plastique (vuvuzela). 

Au Barrio 11, quartier qui concentre les magasins de gros, les décorations de Noël ont cette année fait place à l'attirail complet du supporter --bonnet à grelot et vuvuzela bleu ciel et blanc compris-- qui débordent sur les trottoirs. 

Raul Machuca, vendeur de 22 ans, confie que les affaires marchent bien en ce début d'été austral, "surtout du maquillage et des drapeaux". 

Des chaînes de télévision meublaient l'attente en continu, aiguisant les espoirs. 

"A un pas du rêve", clamait le bandeau quasi-constant de la chaîne TN, qui rappelait de quand datait le dernier titre mondial de l'Argentine, en 1986 au Mexique: "Deux générations de larmes". 

Les grandes chaînes de télévision, normalement tenues de diffuser en fin de programmes l'hymne national, ont innové avec une version spéciale à minuit, enregistrée par les joueurs au Qatar. Initiative de la Fédération argentine (AFA) pour lancer, avec frissons garantis, le compte à rebours à 12 heures du coup d'envoi. 


Guerre à Gaza: la Colombie rompt ses liens diplomatiques avec Israël

Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
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  • Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza
  • Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire"

BOGOTA: Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire".

M. Petro avait vivement critiqué, à plusieurs reprises, la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza après les attaques sans précédent du Hamas dans le sud du territoire israélien le 7 octobre.

"Demain (jeudi), les relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël seront rompues (parce qu'il a) un gouvernement, un président génocidaire", a déclaré mercredi le président colombien, lors d'un discours prononcé devant plusieurs milliers de partisans à Bogota à l'occasion du 1er-Mai.

En Israël, le chef du gouvernement est le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, tandis que le président, Isaac Herzog, a  un rôle avant tout symbolique.

"On ne peut pas revenir aux époques de génocide, d'extermination d'un peuple entier", a déclaré le président colombien. "Si la Palestine meurt, l'humanité meurt", a-t-il lancé, déclenchant les vivats de la foule.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a aussitôt réagi en qualifiant Gustavo Petro d'"antisémite". "Le président colombien avait promis de récompenser les meurtriers et violeurs du Hamas, aujourd'hui il a tenu promesse", a écrit M. Katz sur X.

"Nous apprécions grandement la position du président colombien Gustavo Petro (...) que nous considérons comme une victoire pour les sacrifices de notre peuple et sa cause qui est juste", a déclaré pour sa part dans un communiqué la direction du Hamas, en appelant d'autres pays d'Amérique latine à "rompre" leurs relations avec Israël.

 


Mobilisation en soutien à Gaza: affrontements et interpellations sur les campus américains

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  • A l'université du Texas à Dallas, la police a démantelé mercredi un campement de manifestants et arrêté au moins 17 personnes pour "intrusion criminelle" mercredi, a indiqué l'établissement.
  • Les forces de l'ordre ont également arrêté plusieurs personnes à l'université new-yorkaise de Fordham University et ont évacué un campement installé dans la matinée sur le campus, ont indiqué des responsables

LOS ANGELES: La police a été déployée mercredi sur plusieurs campus américains, où de nouvelles arrestations ont eu lieu, après être intervenue à Los Angeles et New York, théâtres d'une mobilisation étudiante contre la guerre à Gaza qui secoue les Etats-Unis.

A l'université du Texas à Dallas, la police a démantelé mercredi un campement de manifestants et arrêté au moins 17 personnes pour "intrusion criminelle" mercredi, a indiqué l'établissement.

Les forces de l'ordre ont également arrêté plusieurs personnes à l'université new-yorkaise de Fordham University et ont évacué un campement installé dans la matinée sur le campus, ont indiqué des responsables.

Et environ 300 personnes ont été interpellées à New York sur deux sites universitaires, a dit mercredi la police de la ville lors d'une conférence de presse.

Au cours de la nuit de mardi à mercredi, les forces de l'ordre ont délogé manu militari des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de la prestigieuse université Columbia à Manhattan, d'où est partie la mobilisation estudiantine de soutien à Gaza.

"La police s'est montrée brutale et agressive avec eux", a assuré à l'AFP Meghnad Bose, un étudiant de Columbia ayant assisté à la scène.

"Ils ont arrêté des gens au hasard (...) plusieurs étudiants ont été blessés au point qu'ils ont dû être hospitalisés", a dénoncé une coalition de groupes étudiants pro-palestiniens de Columbia dans une publication Instagram.

"Je regrette que nous en soyons arrivés là", a réagi mercredi Minouche Shafik, la présidente de l'université.

Les manifestants se battent "pour une cause importante", mais les récents "actes de destruction" menés par des "étudiants et militants extérieurs" l'ont conduite à recourir aux forces de l'ordre, a-t-elle expliqué, dénonçant par ailleurs "des propos antisémites" proférés lors de ces rassemblements.

D'autres campements avaient également été démantelés tôt mercredi sur les campus de l'Université de l'Arizona à Tucson, et à l'Université de Wisconsin-Madison, respectivement dans le sud-ouest et le nord du pays, selon des médias locaux.


Mobilisation en soutien à Gaza: affrontements et intervention de la police sur le campus de la UCLA à Los Angeles

Des agents de la CHP marchent près d'un campement de partisans des Palestiniens de Gaza, sur le campus de l'UCLA, à Los Angeles, Californie, États-Unis, le 1er mai 2024. (Reuters)
Des agents de la CHP marchent près d'un campement de partisans des Palestiniens de Gaza, sur le campus de l'UCLA, à Los Angeles, Californie, États-Unis, le 1er mai 2024. (Reuters)
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  • Manifestants et contre-manifestants se sont opposés à coups de bâton et se sont lancé des projectiles
  • Quelques heures plus tôt, la police de New York avait délogé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de l'université Columbia, campus américain d'où est partie la mobilisation estudiantine pro-palestinienne

LOS ANGELES : Des affrontements ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi en marge d'un rassemblement étudiant dénonçant la guerre menée par Israël à Gaza à l'Université UCLA, à Los Angeles, dernier épisode d'un mouvement étudiant qui secoue les Etats-Unis.

Les heurts ont éclaté quand un important groupe de contre-manifestants, pour beaucoup masqués, a attaqué un campement pro-palestinien installé sur une pelouse de l'UCLA, selon un photographe de l'AFP sur place.

Les assaillants ont tenté d'enfoncer une barricade improvisée autour du campement, composée de barrières métalliques et de panneaux de contreplaqué. Manifestants et contre-manifestants se sont ensuite opposés à coups de bâton et se sont lancé des projectiles.

«La violence en cours à l'UCLA est absolument abjecte et inexcusable», a fustigé la maire de Los Angeles, Karen Bass, ajoutant que la police de la ville était déployée sur le campus.

Cette dernière a indiqué avoir été appelée en renfort par la direction après «de nombreux actes de violence commis dans le campement à l'intérieur du campus».

Tôt mercredi, les policiers étaient toujours présents en grand nombre sur le site universitaire.

Quelques heures plus tôt, la police de New York avait délogé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de l'université Columbia, intervenant manu militari sur le campus américain d'où est partie la mobilisation estudiantine pro-palestinienne.

Le campement de tentes installé sur la pelouse du site a été démantelé, a pu constater une journaliste de l'AFP dans la nuit de mardi à mercredi.

Environ 300 personnes ont été interpellées, a indiqué la police new-yorkaise.

Dans le sud-ouest du pays, la police de l'Université de l'Arizona a annoncé mercredi matin avoir utilisé du gaz lacrymogène pour disperser «un rassemblement illégal».

En Caroline du Nord, sur la côte est, la police est intervenue mardi pour évacuer un campement sur un campus de Chapel Hill, arrêtant plusieurs manifestants dans un face-à-face tendu.

- Accord -

Depuis deux semaines, les mobilisations de soutien à Gaza se multiplient à travers les campus américains, de la Californie aux grandes universités du nord-est, en passant par le sud et le centre du pays -- rappelant les manifestations contre la guerre du Vietnam.

Les étudiants appellent les établissements à couper les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël, et dénoncent le soutien de Washington à son allié israélien.

Se distinguant ainsi des autres institutions, l'université Brown dans l'Etat de Rhode Island a annoncé mardi avoir trouvé un accord avec les manifestants, prévoyant le démantèlement de leur campement en échange d'un vote de l'université en octobre sur d'éventuels «désinvestissements dans des +sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza+».

A Columbia, les négociations entre direction et groupes étudiants n'avaient pas abouti. «Les événements de la nuit dernière sur le campus ne nous ont pas donné le choix», avait écrit la présidente de l'université, Minouche Shafik, dans une lettre rendue publique demandant à la police de New York d'intervenir sur le campus.

A Los Angeles, le président de l'UCLA Gene Block avait mis en garde avant les heurts de la nuit contre la présence de personnes extérieures à l'université.

Dimanche, des militants pro-palestiniens et pro-israéliens, soutenus par de nombreux manifestants extérieurs au campus, en étaient venus aux mains, avec des bousculades et des insultes.

«Beaucoup de manifestants et de contre-manifestants pratiquent leur militantisme de manière pacifique. Mais d'autres emploient des méthodes franchement choquantes et honteuses», avait écrit M. Block dans un message posté mardi sur le site de l'université.

«Ces incidents ont provoqué, tout particulièrement chez nos étudiants juifs, une profonde anxiété et de la peur», a-t-il ajouté.

- A 6 mois de la présidentielle -

Depuis le début du mouvement, des centaines de personnes - étudiants, enseignants et militants - ont été interpellées, parfois arrêtées et poursuivies en justice dans plusieurs universités du pays.

Les images de policiers anti-émeutes intervenant sur les campus, à la demande des universités, ont fait le tour du monde et on fait vivement réagir le monde politique, à six mois de la présidentielle dans un pays polarisé.

Joe Biden «doit faire quelque chose» contre ces «agitateurs payés», a déclaré mardi soir sur Fox News le candidat républicain Donald Trump. «Il nous faut mettre fin à l'antisémitisme qui gangrène notre pays aujourd'hui», a-t-il ajouté.

«Occuper par la force un bâtiment universitaire est la mauvaise approche» et ne représente «pas un exemple de manifestation pacifique», avait tonné avant l'intervention de la police John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.