Le monde adopte un accord historique pour tenter de sauver la nature

Un délégué s'étire devant la plénière pour la fin de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15) à Montréal, le 18 décembre 2022. (Photo de ANDREJ IVANOV / AFP)
Un délégué s'étire devant la plénière pour la fin de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15) à Montréal, le 18 décembre 2022. (Photo de ANDREJ IVANOV / AFP)
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Publié le Mardi 20 décembre 2022

Le monde adopte un accord historique pour tenter de sauver la nature

  • Certains pays du Sud, dont la République démocratique du Congo, continuent de réclamer davantage de moyens financiers de la part des pays riches pour donner leur approbation finale
  • La question du financement, qui crispe les discussions depuis 10 jours, reste cruciale

MONTRÉAL: Les pays du monde entier ont adopté lundi un accord historique à Montréal pour tenter d'enrayer la destruction de la biodiversité et de ses ressources, indispensables à l'humanité.

Après quatre années de négociations difficiles, dix jours et une nuit de marathon diplomatique, plus de 190 Etats sont parvenus à un accord sous l'égide de la Chine, présidente de la COP15.

Ce "pacte de paix avec la nature", appelé "accord de Kunming-Montréal", vise à protéger les terres, les océans et les espèces de la pollution, de la dégradation et de la crise climatique.

Les pays se sont mis d'accord sur une feuille de route visant notamment à protéger 30% de la planète d'ici 2030 et à porter à 30 milliards de dollars l'aide annuelle pour la biodiversité dans les pays en développement.

"L'accord a été adopté", a déclaré Huang Runqiu, le président chinois de la COP15, lors d'une séance plénière organisée en pleine nuit, avant de laisser retomber son marteau sous les applaudissements nourris des délégués aux traits tirés par la fatigue.

"Nous avons ensemble franchi un pas historique", s'est félicité Steven Guilbeault, le ministre de l'Environnement du Canada, qui a dû accueillir le sommet après que la Chine a renoncé à le tenir en raison de sa politique "zéro Covid".

La création d'aires protégées sur 30% de la planète, la plus connue des 23 mesures adoptées, est présentée comme l'équivalent pour la biodiversité de l'objectif de Paris de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C. A ce jour, 17% des terres et 8% des mers sont protégées.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a salué lundi le "résultat historique" de cet accord qui "complète" celui de Paris pour le climat.

Le monde a "désormais deux champs d'action pour aller vers une économie durable d'ici à 2050", a-t-elle ajouté.

«Pacte de paix»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est félicité du fait que "nous commençons enfin à conclure un pacte de paix avec la nature".

Washington, qui s'est impliqué dans les négociations même sans être membre de la Convention des Nations unies sur la biodiversité, a qualifié l'accord de "tournant".

Le texte est aussi salué pour ses garanties accordées aux peuples autochtones, gardiens de 80% de la biodiversité subsistante sur Terre, pour son objectif de restaurer 30% des terres dégradées et de réduire de moitié le risque lié aux pesticides.

Et pour tenter de résoudre la question financière toujours brûlante entre le Nord et le Sud, l'accord prévoit d'atteindre "au moins 20 milliards de dollars" d'aide internationale annuelle pour la biodiversité d'ici 2025 et "au moins 30 milliards d'ici 2030".

"La plupart des gens disent que c'est mieux que ce que nous attendions des deux côtés, pour les pays riches comme pour ceux en développement. C'est la marque d'un bon texte", a confié Lee White, ministre gabonais de l'Environnement.

"Les élans, les tortues de mer, les perroquets, les rhinocéros, les fougères rares font partie du million d'espèces dont les perspectives d'avenir seront considérablement améliorées" par cet accord, a complété Brian O'Donnell, de l'ONG Campaign for nature.

Ce texte est "un pas en avant significatif", "mais cela ne suffira pas", a noté Bert Wander de l'ONG Avaaz.

"Les gouvernements devraient écouter ce que dit la science et accroître rapidement leurs ambitions pour protéger la moitié de la Terre d'ici 2030", a-t-il ajouté.

Principaux points de l'accord de Kunming-Montréal sur la biodiversité

La Conférence des Nations unies sur la biodiversité à Montréal a adopté lundi le principe d'un "cadre mondial pour la biodiversité", une feuille de route de 23 objectifs pour tenter d'enrayer la destruction de la nature d'ici 2030.

Cinq autres textes visant à rendre ce cadre applicable, mesurable, efficace et surtout à financer les efforts demandés aux pays en développement, ont également été approuvés.

30% de la planète protégée

C'est l'objectif phare du texte: "que, d'ici 2030, au moins 30% des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines (...) soient efficacement conservées et gérées".

Cela se fera "par le biais de réseaux d'aires protégées écologiquement représentatifs, bien reliés et gérés de manière équitable" et "tout en veillant à ce que toute utilisation durable (...) soit pleinement compatible avec les objectifs de la conservation."

L'objectif est donc mondial et non pas national, impliquant que certains en fassent plus que les autres, ou en fasse plus sur terre que sur mer.

Ces 30% sont un minimum pour les scientifiques et les ONG, qui jugent que 50% serait nécessaire. A ce jour, 17% des terres et 8% des mers sont protégées.

20 milliards d'aides internationales

Les négociations ont été marquées par un long marchandage entre le Nord et le Sud: plus d'ambitions écologiques en échange de plus de subventions internationales, et vice-versa.

Au final, le texte approuve l'objectif pour les pays riches de fournir "au moins 20 milliards de dollars par an d'ici 2025, et au moins 30 milliards de dollars par an d'ici 2030". Soit environ le double puis le triple de l'aide internationale actuelle pour la biodiversité.

Nouveauté: l'objectif incombe aux "pays développés, et aux pays qui assument volontairement les obligations des pays développés", membres de la Convention sur la

diversité biologique (CDB). Cette formulation permet d'intégrer les Etats-Unis, non signataires de la Convention, et ouvre la voie à l'intégration de la Chine ou des Etats arabes parmi les donateurs, espère l'Union européenne.

La COP15 approuve aussi la création d'une nouvelle branche du Fonds mondial pour l'Environnement (FEM), dédié à l'application de l'accord de Kunming-Montréal: une alternative au fonds distinct que nombre de pays du Sud espèrent toujours obtenir à l'avenir.

Restaurer 30% des terres dégradées

Un tiers des terres émergées sont "modérément ou fortement dégradées" par l'activité humaine, selon la FAO.

Pour y remédier, le texte prévoit "que, d'ici 2030, au moins 30% des écosystèmes terrestres, de mers intérieures et d'écosystèmes côtiers et marins dégradés fassent l'objet d'une restauration effective".

Réduire les pesticides

Un long bras de fer a opposé l'Union européenne à des pays comme le Brésil, l'Inde ou l'Indonésie. Au final, l'accord prévoit de "réduire les risques de pollution et l'impact négatif de la pollution de toutes les sources, d'ici 2030, à des niveaux qui ne sont pas nuisibles à la biodiversité".

Pour y parvenir, les signataires doivent, entre autres "réduire de moitié au moins le risque global lié aux pesticides et aux produits chimiques hautement dangereux" notamment par la lutte contre les parasites, en tenant compte de la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance.

Les pays doivent également "prévenir, réduire et travailler à l'élimination de la pollution plastique."

Cadre pour la mise en œuvre

Quasiment aucun objectif fixé à l'accord précédent, en 2010 à Aichi (Japon), n'a été atteint à son terme, en 2020.

Tirant les enseignements de cet échec, les pays ont adopté un mécanisme de planification et de suivi commun, avec des indicateurs précis. Et une éventuelle révision des stratégies nationales, si les pays ne sont pas sur la bonne trajectoire.

Mais le texte est moins contraignant que celui sur l'accord de Paris pour le climat. - Partage des bénéfices -

L'accord n'aurait jamais été approuvé sans une avancée sur une "injustice" brandie par nombre de pays du Sud: l'absence de partage des bénéfices réalisés par le Nord avec des médicaments ou produits cosmétiques issus de leurs ressources biologiques.

Ces ressources sont devenus des milliards de données génétiques numérisées bénéficiant quasi exclusivement à la recherche et à l'économie des pays riches.

Le texte prévoit d'établir "un mécanisme mondial de partage des avantages découlant de l'utilisation des informations sur les séquences numériques (ISN/DSI en anglais) des ressources génétiques, y compris un fonds multilatéral".

Le financement au cœur des débats

Car le temps presse, alertent les scientifiques. 75% des écosystèmes mondiaux sont altérés par l'activité humaine, plus d'un million d'espèces sont menacées de disparition et la prospérité du monde est en jeu: plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature et de ses services.

D'autant plus que le plan décennal précédent signé au Japon en 2010 n'a atteint quasiment aucun de ses objectifs, notamment en raison de l'absence de mécanismes d'application véritables.

Mais les discussions ont bien failli achopper sur la question financière, restée au cœur des débats jusqu'à la session plénière d'adoption, qui s'est finalement tenue dans la nuit de dimanche à lundi après des heures de débats n'ayant pas suffi à lever les objections de la République démocratique du Congo.

En échange des coûteux efforts écologiques demandés, nombre de pays du Sud réclamaient aux pays riches 100 milliards de dollars par an, soit 7 à 10 fois l'aide internationale actuelle pour la biodiversité.

Outre les subventions, les pays du Sud ont poussé aussi fortement à la création d'un fonds mondial dédié à la biodiversité, à l'image de celui obtenu en novembre pour les aider à affronter les dégâts climatiques.

Sur ce point, la Chine a obtenu un compromis: établir dès 2023 une branche dédiée à la biodiversité au sein du Fonds mondial pour l'environnement (FEM).


Prison à vie pour une Syrienne jugée coupable de l'attentat meurtrier d'Istanbul

Des gens portent lors de cérémonies funéraires, les cercueils des victimes de l'explosion dans la rue Istiklal à Istanbul, le 14 novembre 2022. (AFP)
Des gens portent lors de cérémonies funéraires, les cercueils des victimes de l'explosion dans la rue Istiklal à Istanbul, le 14 novembre 2022. (AFP)
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  • Ahlam Albashir a été condamnée à sept peines de prison à vie par un tribunal turc pour avoir perpétré l'attentat sur l'avenue Istiklal le 13 novembre 2022
  • Vingt autres personnes ont été condamnées à des peines d'emprisonnement allant de quatre ans à la perpétuité

DJEDDAH : Une femme syrienne qui avait posé une bombe  tuant six personnes dans la principale rue commerçante d'Istanbul il y a 18 mois a été condamnée à la prison à vie vendredi.

Ahlam Albashir a été condamnée à sept peines de prison à vie par un tribunal turc pour avoir perpétré l'attentat sur l'avenue Istiklal le 13 novembre 2022. Six citoyens turcs, deux membres de chacune des trois familles, ont trouvé la mort dans l'explosion qui s'est produite dans cette rue très fréquentée par les commerçants et les touristes. Une centaine de personnes ont été blessées.

Plus de 30 autres personnes ont été accusées d'avoir participé à l'explosion. Quatre d'entre elles ont été remises en liberté vendredi, et dix autres ont été jugées séparément par contumace, car elles étaient introuvables.

Vingt autres personnes ont été condamnées à des peines d'emprisonnement allant de quatre ans à la perpétuité. Six d'entre eux ont été condamnés à la réclusion à perpétuité pour meurtre et « atteinte à l'unité et à l'intégrité de l'État ».

La Turquie a accusé des militants kurdes d'être à l'origine de l'explosion et a déclaré que l'ordre d'attaquer avait été donné à Kobani, dans le nord de la Syrie, où les forces turques ont mené des opérations contre la milice kurde syrienne YPG au cours des dernières années.

Les YPG et le groupe séparatiste kurde hors-la-loi PKK, qui mène depuis des décennies une insurrection contre l'État turc, ont nié toute implication dans l'attentat. Aucun groupe n'a admis avoir participé à l'attentat.

Istanbul a été attaquée par le passé par des militants kurdes, islamistes et gauchistes. Une vague d'attentats à la bombe et d'autres attaques a commencé à l'échelle nationale lorsque le cessez-le-feu entre Ankara et le PKK a été rompu à la mi-2015.

Plus de 40 000 personnes ont été tuées dans le conflit entre le PKK et la Turquie depuis que le groupe militant a pris les armes en 1984. Il est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'UE et les États-Unis.

 Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Des milliards de cigales vont envahir les Etats-Unis

L'exuvie de la cigale s'accroche à un arbre lors du deuxième tour du Barbasol Championship au Robert Trent Jones Golf Trail at Grand National le 21 juillet 2017 à Auburn, Alabama. (Cliff Hawkins/Getty Images/AFP)
L'exuvie de la cigale s'accroche à un arbre lors du deuxième tour du Barbasol Championship au Robert Trent Jones Golf Trail at Grand National le 21 juillet 2017 à Auburn, Alabama. (Cliff Hawkins/Getty Images/AFP)
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  • Certaines cigales apparaissent chaque année, quand d'autres, appelées cigales «périodiques», sortent de terre tous les 13 ou 17 ans
  • «Nous avons eu plusieurs appels concernant un son qui ressemble à une sirène, un gémissement ou un rugissement», a indiqué sur Facebook le bureau du shérif de Newberry, en Caroline du Sud (sud-est) cette semaine

WASHINGTON : Bruyantes et prêtes à s'accoupler, des milliards de cigales s'apprêtent à envahir les forêts et banlieues pavillonnaires américaines.

Dans les prochaines semaines, deux groupes particuliers de cigales vont batifoler au même moment. Un phénomène qui n'est pas arrivé depuis 1803, quand Thomas Jefferson était encore président et que les Etats-Unis rachetaient la Louisiane à la France.

La famille des cigales comprend plus de 3.000 espèces d'insectes à travers le monde. La majorité d'entre-elles passent leur vie sous terre, sous forme de larve. Elles émergent adultes pour muer et se reproduire.

Certaines apparaissent chaque année, quand d'autres, appelées cigales «périodiques», sortent de terre tous les 13 ou 17 ans.

Cette année, le phénomène implique deux groupes de cigales: le groupe XIX, qui émerge tous les 13 ans et a déjà commencé à le faire en Caroline du Nord et du Sud (sud-est). Il sera suivi par le groupe XIII dans le Midwest, qui émerge tous les 17 ans. Dans le centre de l'Etat de l'Illinois (nord), les deux pourraient être présentes au même endroit.

«Quand elles font surface, elles le font en grand nombre, ce qui enthousiasme parents et enfants», selon l'entomologiste Gene Kritsky, de l'Université Mount-Saint-Joseph, qui a développé une application pour que tout un chacun puisse collecter des données sur ces bestioles aux yeux rouges.

Un phénomène dont on se souvient, et dont les histoires se transmettent de génération en génération. Tout comme, par exemple, être témoin d'une éclipse.

«C'est ce que fait la science: vous faites des hypothèses qui vous conduisent à des prédictions, les prédictions sont vérifiées, (...) cela a de la valeur, au moment où certaines personnes cherchent à discréditer la science», note Gene Kritsky.

- Une merveille scientifique  -

Sans grande défense, les cigales «périodiques» comptent sur leur nombre pour la survie de l'espèce: grâce aux hordes qui déferlent au même moment, les oiseaux, renards, ratons laveurs, tortues et autres prédateurs sont vite rassasiés, explique à l'AFP John Lill, professeur de biologie à l'Université George Washington.

Dans une étude publiée récemment dans la revue Science, John Lill et ses collègues montrent qu'un groupe de cigales ayant émergé à Washington en 2021 avait conduit à une augmentation du nombre de chenilles -- délaissées par les oiseaux, qui se sont concentrés sur les cigales.

Résultat: la consommation de pousses de jeunes chênes s'est accrue.

D'autres recherches montrent que les années où les chênes produisent le plus de glands suivent toujours deux ans après l'émergence des cigales. Plus il y a de glands, plus les populations de mammifères qui s'en nourrissent croît, plus le risque de maladie de Lyme chez l'homme augmente.

Ce phénomène «montre qu'il existe potentiellement des impacts écologiques à plus long terme se répercutant pendant des années après l'apparition des cigales», ajoute M. Lill.

- Impacts humains -

Puis il y a le son singulier -- et strident -- des cigales mâles qui s'accouplent.

«Nous avons eu plusieurs appels concernant un son qui ressemble à une sirène, un gémissement ou un rugissement», a indiqué sur Facebook le bureau du shérif de Newberry, en Caroline du Sud (sud-est) cette semaine.

Selon Chris Simon, chercheuse à l'université du Connecticut, le changement climatique perturbe l'horloge interne des cigales.

Avec le réchauffement climatique aux Etats-Unis, l'allongement de la saison de croissance des plantes fournit plus de nourriture et accélère celle des cigales. «Je prédis que davantage de cigales de 17 ans se transformeront en cigales de 13 ans», a-t-elle indiqué «et, éventuellement, que ce trait sera assimilé génétiquement».

Il est difficile de savoir ce que cela signifie pour l'espèce à long terme, ajoute M. Lill.


Sahel: Washington va retirer des soldats du Tchad, après le Niger

Des milliers de Tchadiens assistent au meeting de Mahamat Idriss Deby Itno, président de la transition et candidat à l'élection présidentielle au Tchad, dans le stade en construction au quartier Dombao, à Moundou, le 25 avril 2024. (AFP)
Des milliers de Tchadiens assistent au meeting de Mahamat Idriss Deby Itno, président de la transition et candidat à l'élection présidentielle au Tchad, dans le stade en construction au quartier Dombao, à Moundou, le 25 avril 2024. (AFP)
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  • Washington a entamé cette semaine des discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des plus de 1 000 soldats américains présents dans le pays
  • Dans un courrier au ministre des Armées, le chef d'état-major de l'armée de l'air tchadienne avait réclamé début avril le départ des soldats américains

WASHINGTON: Les Etats-Unis vont retirer temporairement des soldats du Tchad, a annoncé le Pentagone quelques jours après leur accord pour retirer leurs forces du Niger voisin.

Au Tchad, les Etats-Unis disposent d'une centaine de soldats dans le cadre de la lutte antijihadiste au Sahel.

"L'Usafricom envisage actuellement de repositionner certaines forces militaires américaines depuis le Tchad, dont le départ d'une partie était déjà prévu", a déclaré lors d'une conférence de presse jeudi le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, se référant au commandement militaire américain en Afrique.

"Il s'agit d'une étape temporaire dans le cadre d'une révision en cours de notre coopération de sécurité, qui reprendra après l'élection présidentielle du 6 mai au Tchad", a-t-il ajouté.

Dans un courrier au ministre des Armées lu par l'AFP, le chef d'état-major de l'armée de l'air tchadienne avait réclamé début avril le départ des soldats américains, incriminant un défaut de documents sur un accord permettant leur présence.

Selon ce courrier, "l'armée de l'air a demandé à l'attaché de défense américain d'arrêter immédiatement les activités militaires sur la BAK", la base aérienne d'Adji Kossei où les soldats américains entraînent des forces spéciales tchadiennes à lutter contre le groupe jihadiste Boko Haram.

"Nous vous demandons d'intercéder auprès de qui de droit afin de prévenir les Américains que nous avons pris la décision d'arrêter leur activité", ajoute la lettre.

"La présence des forces américaines au Tchad était initialement motivée par l'engagement commun dans la lutte contre le terrorisme, un objectif partagé par les deux nations", a déclaré vendredi à l'AFP le porte-parole du gouvernement tchadien.

Discussions supplémentaires 

"Cependant, des préoccupations ont été exprimées par l'état-major tchadien quant à cette présence" et "en reconnaissance des préoccupations exprimées, le gouvernement américain a décidé de retirer temporairement ses forces du Tchad", a ajouté M. Abderaman Koulamallah.

"Il est important de souligner que ce retrait ne signifie en aucun cas une rupture de la coopération entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme", a-t-il dit.

"Des discussions supplémentaires auront lieu pour explorer la possibilité d'un retour des forces américaines dans le cadre d'un accord bilatéral précis et convenu entre les deux pays", a encore indiqué le porte-parole.

Au Niger, autre pivot de la stratégie des Etats-Unis et de la France pour combattre les jihadistes dans la région, la junte militaire au pouvoir depuis juillet a dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a entamé cette semaine des discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des plus de 1.000 soldats américains présents dans le pays.

Les Etats-Unis disposent notamment au Niger d'une base de drones importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Washington va "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", avait déclaré lundi Pat Ryder après l'annonce la semaine dernière du retrait américain du Niger.

Au Tchad, le général Mahamat Idriss Deby Itno a annoncé en mars sa candidature à la présidentielle, qu'il est quasi-assuré de remporter après que son régime a violemment réprimé dans la rue et muselé toute opposition et éliminé toute concurrence.

Il avait été proclamé par l'armée président de transition le 20 avril 2021, à la tête d'une junte de 15 généraux, à la mort de son père Idriss Déby Itno, lequel régnait d'une main de fer sur le Tchad depuis 30 ans.

Son principal adversaire, Yaya Dillo, a été tué fin février par des militaires dans l'assaut de son parti, d'une "balle dans la tête à bout portant" selon l'opposition, puis les candidatures de dix autres potentiels rivaux ont été invalidées.