DJEDDAH : L’ONU a averti mardi qu’une catastrophe humanitaire s’annonce dans la Corne de l’Afrique, alors que des milliers de personnes fuient les combats au nord de l’Éthiopie.
Près de 4 000 réfugiés traversent la frontière du Soudan chaque jour, des missiles ont été tirés sur l'Érythrée et on craint que le conflit n’implique d'autres pays voisins tels que l'Égypte, la Somalie et Djibouti.
L’Éthiopie, le Soudan et l’Égypte sont déjà impliqués dans un conflit acharné autour d’un projet de barrage éthiopien qui, selon les deux autres pays, restreint leur accès à l'eau du Nil Bleu. L'Égypte et le Soudan organisent cette semaine des exercices de guerre conjoints, voulus comme une démonstration de force.
Le dernier conflit a commencé le 4 novembre, lorsque le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a accusé le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), au nord de la province, de révolte armée, et a lancé des frappes aériennes et une offensive terrestre contre leurs positions.
Le Premier ministre a annoncé mardi qu’un ultimatum de trois jours demandant au TPLF de déposer leurs armes et de se rendre avait expiré, ouvrant la voie à une avance sur la capitale du Tigré, Mekele. «Le dernier acte critique d'application de la loi sera accompli dans les prochains jours», a déclaré M. Abiy, le plus jeune dirigeant d'Afrique et lauréat du prix Nobel de la paix 2019.
Babar Baloch, porte-parole de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a noté que «les gens sortent d’Éthiopie très apeurés, effrayés, et racontent qu’ils ont fui de violents combats qui ne s’arrêteront probablement pas de sitôt». Au moins 30 000 personnes ont déjà fui le pays, précise-t-il.
Des centaines de milliers de Tigréens dépendent des aides alimentaires, avant même le début du conflit. Les travailleurs humanitaires réduisent leurs activités pour des raisons de sécurité, ce qui ajoute à la complexité des conditions de vie.
L’ONU et les pays d’Europe et d’Afrique appellent à des pourparlers, et le comité Nobel a exprimé sa préoccupation, dans un commentaire inusité sur les actions du lauréat. M. Abiy a insisté qu'il ne négocierait que lorsque l'état de droit serait rétabli.
Ses forces armées fédérales sont composées de 140 000 soldats aguerris par les combats en Somalie, dans les zones rebelles frontalières et en Érythrée. Cependant, de nombreux hauts gradés sont Tigréens, et de puissantes armes sont disponibles au Tigré, et de plus, le TPLF a mis la main sur le quartier général du commandement nord, fort convoité, à Mekele.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com