Ukraine: Frappe meurtrière à Kherson, Zelensky dénonce la «terreur» russe pour Noël

Des femmes réagissent après un bombardement russe sur la ville ukrainienne de Kherson le 24 décembre 2022, où cinq personnes ont été tuées et 20 blessées (Photo, AFP).
Des femmes réagissent après un bombardement russe sur la ville ukrainienne de Kherson le 24 décembre 2022, où cinq personnes ont été tuées et 20 blessées (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 25 décembre 2022

Ukraine: Frappe meurtrière à Kherson, Zelensky dénonce la «terreur» russe pour Noël

  • Selon le dernier bilan samedi soir du gouverneur de la région de Kherson, Iaroslav Ianouchevitch, «pour le moment, nous avons 55 blessés (...) et 10 morts»
  • Au total, «66 voitures ont brûlé» dans la frappe, selon les secours

KHERSON: L'Ukraine a dénoncé samedi un acte de "terreur" et "une vengeance" après une frappe russe sur le marché de Kherson qui a fait au moins 10 morts et 55 blessés, dix mois jour pour jour après le début de l'invasion des troupes de Moscou.

"Alors que des familles en Europe, en Amérique du Nord et au-delà préparent des dîners festifs, ayez une pensée pour l'Ukraine qui combat le mal en ce moment", a imploré le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba sur Twitter.

Pour son homologue de la Défense Oleskiï Reznikov, la frappe sur Kherson est "une vengeance sur ses habitants qui ont résisté à l'occupation" russe. Kherson a été libérée le 11 novembre par l'armée ukrainienne, après huit mois d'occupation.

"Le matin, le samedi, à la veille de Noël, dans le centre-ville. Ce ne sont pas des installations militaires. Ce n'est pas une guerre selon les règles définies. C'est la terreur, c'est tuer pour intimider et (prendre) du plaisir", a fustigé le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux.

Selon le dernier bilan samedi soir du gouverneur de la région de Kherson, Iaroslav Ianouchevitch, "pour le moment, nous avons 55 blessés (...) et 10 morts. Parmi les blessés, 18 sont dans un état grave".

A Kherson, une équipe de l'AFP a vu de nombreux corps inertes jonchant le sol.

"Les secours ont essayé de le sauver, mais il ne respirait plus", se lamente une femme dont le mari, Oleksiï, est mort sur le coup. Accroupie, le regard dans le vide, elle tient dans les mains la veste ensanglantée du défunt.

Selon Leonid Tataryne, un habitant de 38 ans, "il y a eu un bombardement sur un magasin, puis sur le marché" central et autour.

Oleksandre Koudriachov, 43 ans, a du mal à se remettre de la disparition de "Liocha", un homme qui "travaillait ici depuis 20 ans, ou plus. (...) Il vendait de la viande". Au moment de la frappe, "il était sorti pour prendre une cigarette", raconte-t-il.

Lieu fréquenté

Près du marché de Kherson, l'AFP a vu un homme grièvement blessé à la tête, sa voiture soufflée par la puissance de l'explosion.

Une femme, vêtue d'un manteau rouge, était sans vie à quelques mètres de là, les bras en croix. Une personne en larmes à côté était réconfortée par un secouriste.

Plus loin, deux hommes étaient grièvement blessés à un passage piéton.

Des flammes s'élevaient aussi du marché, lieu fréquenté samedi matin et situé en plein coeur de Kherson.

Au total, "66 voitures ont brûlé" dans la frappe, selon les secours.

L'armée russe n'avait pas réagi en fin d'après-midi.

Vladimir Saldo, le chef de l'administration prorusse de Kherson, a imputé l'attaque à l'armée ukrainienne, fustigeant "une provocation écoeurante visant bien sûr à faire accuser les forces armées de la Fédération de Russie".

Vendredi, Kherson avait déjà été la cible de 74 frappes russes, selon les autorités régionales, faisant au total cinq morts et 22 blessés, selon l'administration régionale.

Dans l'Est, les frappes russes sont toujours "régulières" sur Bakhmout, que les Russes tentent de prendre depuis l'été, a déploré la présidence ukrainienne.

"La liberté s'obtient à un prix élevé. Mais le prix de l'esclavage est encore plus élevé", a déclaré M. Zelensky lors de son allocution du soir. "Nous résistons depuis le début de la guerre. Nous avons résisté aux attaques, aux menaces, au chantage nucléaire, au terrorisme, aux frappes de missiles. Résistons à cet hiver. Parce que nous savons pourquoi nous nous battons".

A Ankara, le ministre turc de la Défense Hulusi Akar, dont le pays joue les médiateurs entre Kiev et Moscou, a admis que "cette guerre ne semble pas près de se terminer facilement".

45 milliards d'aide américaine

Pour faire face à cette offensive russe, Kiev réclame depuis plusieurs semaines une nouvelle aide financière et militaire occidentale.

Vendredi, au surlendemain d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington, le Congrès américain a adopté un vaste projet de loi de finances des services fédéraux, dont 45 milliards de dollars (42,2 milliards d'euros) iront à l'Ukraine.

"Il ne s'agit vraiment pas - comme le président de l'Ukraine l'a dit l'autre soir - de charité. Il s'agit de sécurité, il s'agit de travailler ensemble", a salué Nancy Pelosi, la présidente sortante de la Chambre des représentants.

L'invasion russe affecte en profondeur l'économie ukrainienne, désormais quasiment uniquement tournée vers l'effort de guerre.

La récolte de céréales dans le pays, un des principaux producteurs mondiaux, va chuter d'environ 40% cette année par rapport à 2021, selon une estimation des professionnels du secteur à l'AFP.

Par ailleurs, la justice ukrainienne a condamné à 11 ans de prison "deux mercenaires" et "deux soldats russes" pour avoir "torturé" trois soldats ukrainiens début septembre dans la région d'Izioum (est), a annoncé samedi le parquet.

"Ils avaient été kidnappés et gardés dans un centre de loisirs sans eau ni nourriture. Les occupants ont frappé l'un des (soldats) à l'aide d'un marteau sur ses os", a-t-il détaillé, ajoutant que "les quatre hommes ont admis leur culpabilité et ont présenté leurs excuses".


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.