À Jérusalem, le Bahreïn appelle à la relance des pourparlers Israël/Palestine

Bahreïn et Israël cherchent à élargir la coopération que Washington a promue dans le cadre d'une alliance anti-iranienne. (Reuters)
Bahreïn et Israël cherchent à élargir la coopération que Washington a promue dans le cadre d'une alliance anti-iranienne. (Reuters)
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Publié le Jeudi 19 novembre 2020

À Jérusalem, le Bahreïn appelle à la relance des pourparlers Israël/Palestine

  • Bahreïn et les Émirats arabes unis avaient signé en septembre à Washington des accords de normalisation de leurs relations avec Israël, une initiative qualifiée de « trahison » par les Palestiniens
  • Ces derniers considèrent que la normalisation des relations entre Israël et le monde arabe n'est envisageable qu'après un accord de paix israélo-palestinien et non l'inverse

JÉRUSALEM : Le chef de la diplomatie bahreïnie, Abdellatif al-Zayani, a plaidé mercredi pour la reprise des pourparlers de paix israélo-palestiniens lors de la première visite officielle en Israël et à Jérusalem d'un ministre de cette monarchie du Golfe qui vient de normaliser ses relations avec l'État hébreu.

Bahreïn et les Émirats arabes unis avaient signé en septembre à Washington des accords de normalisation de leurs relations avec Israël, une initiative qualifiée de « trahison » par les Palestiniens. 

Ces derniers considèrent que la normalisation des relations entre Israël et le monde arabe n'est envisageable qu'après un accord de paix israélo-palestinien et non l'inverse.

Or, à l'occasion de la première visite officielle d'un ministre de Bahreïn en Israël, M. Zayani a suggéré que la normalisation en cours des relations entre l'État hébreu et des pays arabes devait aussi inclure une solution « viable » au conflit israélo-palestinien.

« Je suis confiant que cette coopération naissante entre Bahreïn et Israël ouvrira la voie à une paix pour l'ensemble du Moyen-Orient et je continue de souligner dans toutes mes rencontres afin d'atteindre et consolider cette paix, le conflit israélo-palestinien doit être résolu », a déclaré M. Zayani.

« J'appelle donc les deux parties à s'asseoir à la table des négociations afin d'aboutir à une solution viable à deux États », une Palestine indépendante aux côtés d'Israël, a déclaré M. Zayani lors d'un point de presse à Jérusalem avec le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Les derniers pourparlers directs entre Palestiniens et Israéliens avaient avorté en 2014. Ces derniers mois, les Israéliens ont proposé de discuter avec les Palestiniens sur la base du plan Trump qui prévoit non seulement de faire de Jérusalem la capitale d'Israël mais l'annexion près de 30% de la Cisjordanie par l'État hébreu.

Mais les Palestiniens ont rejeté le plan Trump, qu'ils jugent trop favorables à Israël, et plutôt proposé de reprendre les négociations là où elles avaient achoppé en 2014, soit sous l'égide du Quartette (ONU, UE, Russie, USA) ou simplement de relancer la coordination sécuritaire avec Israël gelée depuis des mois. 

Mardi soir, les Palestiniens ont annoncé la reprise de cette coordination sécuritaire - qu'ils avaient eux-mêmes suspendue en mai pour protester contre les projets d'annexion de pans de la Cisjordanie par l'État hébreu - sans pour autant se lancer dans des pourparlers de paix.  

Ambassades

Lors de sa visite à Jérusalem, le chef de la diplomatie de Bahreïn et son homologue israélien Gabi Ashkenazi ont annoncé l'ouverture sous peu d'une ambassade bahreïnie en Israël et d'une ambassade israélienne à Manama, capitale de cette monarchie du Golfe. 

« J'espère que d'ici la fin de l'année nous pourrons tenir des cérémonies pour marquer ces inaugurations dans les deux pays », a déclaré M. Ashkenazi, disant vouloir profiter d'une visite possible à Bahreïn le mois prochain pour y inaugurer déjà une ambassade d'Israël.

Les demandes pour ouvrir une ambassade israélienne à Bahreïn et une ambassade bahreïnie en Israël ont été « approuvées », a confirmé M. Zayani, disant souhaiter des ouvertures « relativement rapides ».

Outre les ambassades, M. Ashkenazi a indiqué qu'à partir du 1er décembre les citoyens de Bahreïn pourront demander en ligne un visa pour visiter Israël et Jérusalem, ville dont la partie orientale a été annexée par l'Etat hébreu en 1967.

Monarchie arabe du Golfe où siège la Ve flotte américaine, le petit royaume de Bahreïn est devenu le quatrième pays arabe à normaliser ses relations avec Israël, après les Émirats, l'Égypte (1979) et la Jordanie (1994), mais avant le Soudan qui a annoncé ce rapprochement avec Israël en octobre. 

M. Zayani a d'ailleurs rendu hommage à Anouar al-Sadate, défunt président égyptien, pour avoir été le premier leader d'un pays arabe à se rendre officiellement en Israël, le 19 novembre 1977, « plantant ainsi la graine de la paix régionale que nous cultivons aujourd'hui ».   

 


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.