Le rétablissement des liens avec Israël suscite la colère en Palestine

Le président palestinien Mahmoud Abbas prend la parole après une réunion des chefs palestiniens à Ramallah, en Cisjordanie (Photo, AFP)
Le président palestinien Mahmoud Abbas prend la parole après une réunion des chefs palestiniens à Ramallah, en Cisjordanie (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 19 novembre 2020

Le rétablissement des liens avec Israël suscite la colère en Palestine

  • Le président palestinien Mahmoud Abbas avait annoncé en mai l'arrêt de toute coordination avec Israël en réponse à la décision d'annexer 30% de la Cisjordanie
  • L’Autorité palestinienne se voit contrainte de réduire les salaires des fonctionnaires au moment où les effets dévastateurs de la pandémie de la Covid-19 pèsent cruellement sur l’économie locale

GAZA: L'Autorité palestinienne (AP) a annoncé mardi qu'elle rétablirait la coordination avec Israël, une décision qui s'est heurtée au rejet des factions dans le pays, l'AP étant accusée de «saper» les efforts de réconciliation interne.

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, avait annoncé en mai l'arrêt de toute coordination avec Israël, y compris en matière de sécurité, en réponse à la décision d'annexer 30% de la Cisjordanie.

Hussein Al-Sheikh, le ministre des Affaires civiles de l'Autorité palestinienne, a annoncé mardi soir sur Twitter la reprise les relations avec Israël. Il a précisé que la communication reprendrait «là où elles en étaient au 19 mai, après avoir confirmé qu'Israël respecterait les accords signés».

Al-Sheikh a déclaré à la chaîne de télévision officielle palestinienne que l’Autorité palestinienne a envoyé une lettre officielle aux Israéliens pour s’enquérir de leur position envers les accords signés avec l’Organisation de libération de la Palestine. Il aurait reçu une réponse écrite mardi, réitérant l’engagement d’Israël à ces accords.

Al-Sheikh a déclaré: «La reconnaissance des accords signés signifie que «l’accord du siècle» (du président américain Donald Trump, NDLR) n’est plus sur la table des négociations». Il a décrit ce développement comme «une grande victoire, et le fruit de la fermeté des Palestiniens et de leurs leaders».

Des observateurs ont cependant remis en question le moment choisi pour l’annonce inopinée de l’Autorité palestinienne, qui coïncide avec les pourparlers entre le Fatah et le Hamas au Caire. Alors que les deux principales factions tentent de négocier une marche à suivre, le Hamas a publié un communiqué décrivant la décision de l’Autorité palestinienne comme «un coup de poignard dans le dos» du processus.

Un analyste politique proche du Hamas, Ibrahim Al-Madhoun, a déclaré à Arab News que l’annonce par l’Autorité palestinienne de la reprise de ses relations avec Israël était attendue, mais que la manière «passe outre aux objections du peuple palestinien».

«Après cette décision, la voie de la réconciliation est, sans aucun doute, en jeu», a-t-il déclaré. D'autres experts ont remarqué que la réponse israélienne à l'AP avait été signée par le «coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires» Kamil Abu Rukun plutôt que par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Le député palestinien Hassan Khreisheh fait partie de ceux qui ont minimisé l'importance du message israélien, affirmant qu'il n’officialise aucun engagement politique. Il a parlé de la décision de l’Autorité palestinienne comme «d’une lutte entre des ailes et des courants au sein de l’Autorité palestinienne et du Fatah pour succéder au président Abbas».

Gal Berger, analyste des affaires palestiniennes à la Société israélienne de radiodiffusion publique, exprime des sentiments similaires dans un article publié. «L’entourage de Abbas, dont Hussein Al-Sheikh et le chef des renseignements généraux, Majed Faraj, n'a pas aimé le progrès dans les efforts de réconciliation», a-t-il écrit, affirmant qu'ils s'opposent à la promotion du membre du Comité central du Fatah Jibril Rajoub comme un successeur possible d'Abbas.

Berger suggère que l'annonce faite simultanément avec les pourparlers Hamas-Fatah au Caire n’est pas «une simple coïncidence. C’est peut-être une tentative de gêner Rajoub. Il s'est rué vers la réconciliation avec le Hamas à un moment où le président et son entourage avaient d’autres projets», a déclaré Berger. «La réconciliation avec le Hamas n’est certainement pas une option pour Abbas, mais plutôt un message à Israël et à la communauté internationale, et l’occasion est venue de se retirer après la victoire de Joe Biden.»

Les relations américano-palestiniennes se sont effondrées sous l'administration Trump, mais avec la prise de fonction imminente de Joe Biden, les espoirs d’une amélioration des relations subsistent.

Le journaliste israélien Daniel Serotti a insinué que l'Autorité palestinienne essaie à présent de «redorer son blason». Elle envoie aussi «un message à l'administration Biden que le boycott palestinien de l'Amérique ne se poursuivra sûrement pas pendant son mandat».

Serotti estime que la décision de l’Autorité palestinienne est principalement motivée par son refus d’accepter le transfert des taxes collectées par Israël en son nom depuis mai, soit un déficit de centaines de millions de shekels. L'AP se voit contrainte de réduire les salaires des fonctionnaires au moment où les effets dévastateurs de la pandémie de Covid-19 pèsent cruellement sur l’économie locale. 

Ismat Mansour, un écrivain spécialisé dans les affaires israéliennes, a affirmé à Arab News que les déclarations de Biden sur une «solution à deux États» donnent le feu vert à l'Autorité palestinienne en trouvant «un moyen approprié de recevoir des recettes fiscales d'Israël».

Ceci reste une bonne nouvelle pour certaines tranches de la société palestinienne; de nombreux fonctionnaires ont en effet exprimé leur joie sur les réseaux sociaux de voir, enfin, un certain soulagement de leurs difficultés financières.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".