L'année 2022 en dix événements marquants dans le monde

Au Pakistan, des inondations historiques liées à une mousson hors norme tuent plus de 1.700 personnes et déplacent huit millions de personnes alors qu'un tiers du pays est sous l'eau. (AFP)
Au Pakistan, des inondations historiques liées à une mousson hors norme tuent plus de 1.700 personnes et déplacent huit millions de personnes alors qu'un tiers du pays est sous l'eau. (AFP)
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Publié le Samedi 31 décembre 2022

L'année 2022 en dix événements marquants dans le monde

  • La guerre entraîne le plus important afflux de réfugiés en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et coûte la vie à des milliers de soldats et de civils
  • Après une succession de scandales et une avalanche de démissions au sein de son gouvernement, le Premier ministre conservateur Boris Johnson démissionne en juillet

Invasion de l'Ukraine par la Russie, contestation en Iran, remise en cause du droit à l'avortement aux Etats-Unis: voici dix événements marquants de l'année 2022 dans le monde.

Poutine envahit l'Ukraine 

Le 24 février, Vladimir Poutine envahit l'Ukraine, plongeant le monde dans une crise inédite depuis la fin de Guerre froide. Face aux pays de l’OTAN qui affichent leur soutien à l’Ukraine, le président russe agite le spectre de l’arme nucléaire, en se disant prêt à utiliser "tous les moyens" dans son arsenal.

La guerre entraîne le plus important afflux de réfugiés en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et coûte la vie à des milliers de soldats et de civils.

Poutine - qui affirme vouloir "dénazifier" l'Ukraine - se retrouve très isolé diplomatiquement. Les Occidentaux infligent à la Russie des sanctions économiques, durcies au fil du temps, tout en livrant des armes à l'Ukraine qui obtient aussi le statut de candidat à l'UE.

Les témoignages abondent accusant l'armée russe d'exactions, dont des meurtres de civils, des actes de torture et des viols.

Les troupes russes renoncent au début de l'invasion à encercler la capitale, Kiev, où le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'adresse quotidiennement aux dirigeants mondiaux pour réclamer leur soutien.

La guerre fait aussi planer la menace d’une crise alimentaire mondiale, en raison du blocus maritime imposé par la Russie en mer Noire. Un accord conclu en juillet permet à l’Ukraine de progressivement recommencer à exporter son abondante production de céréales.

En septembre, Poutine décrète la mobilisation de quelque 300.000 réservistes et signe l'annexion de quatre territoires ukrainiens occupés dans la foulée de "référendums", alors que l’armée russe accumule les revers sur le terrain.

Après l'abandon de la région de Kharkiv (sa première prise), Moscou ordonne début novembre le retrait de ses forces de Kherson (Sud). La Russie lance des centaines de frappes de rétorsion contre les réseaux énergétiques ukrainiens, plongeant des millions d’Ukrainiens dans le noir à l’approche de l’hiver.

Une inflation tirée par la crise énergétique 

La flambée des prix, amorcée en 2021 par la désorganisation des chaînes de distribution combinée à la forte demande de produits et services essentiels au redémarrage des économies après le Covid, accélère en 2022 pour atteindre des niveaux inédits depuis des décennies. L’inflation devrait atteindre 8% au quatrième trimestre dans les pays du G20, grevant la croissance dans le monde en faisant monter les coûts de production des entreprises.

Elle est alimentée par la guerre en Ukraine qui plonge l’Europe dans une profonde crise énergétique. La Russie, sous le coup de sanctions occidentales, multiplie les représailles allant jusqu'à frapper le point faible de l'UE: sa dépendance au gaz russe. Ses exportations de gaz, notamment vers les très dépendantes Allemagne et Italie, sont en chute libre.

"L'économie mondiale subit sa plus grave crise énergétique depuis les années 1970", souligne l'OCDE.

La guerre fait également monter les cours des céréales, et par ricochet la nourriture des animaux.

En raison des restrictions sanitaires persistantes liées au Covid-19, des pénuries de puces électroniques, fabriquées majoritairement à Taïwan, ralentissent aussi de nombreux secteurs.

Pour maîtriser l'inflation, la Banque centrale américaine relève agressivement ses taux directeurs depuis mars, rendant l'emprunt de plus en plus coûteux, la Banque centrale européenne lui emboîtant le pas.

 

Revirement sur l'avortement aux Etats-Unis 

En juin, la Cour suprême des Etats-Unis rend à chaque Etat la liberté d'interdire les avortements sur leur sol, en enterrant l'arrêt emblématique "Roe v. Wade" de 1973. Après cette volte-face, une vingtaine d'Etats interdisent totalement ou limitent profondément le droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), et ce sujet s'impose parmi les thèmes de la campagne des élections de mi-mandat.

En novembre, celles-ci ne débouchent pas sur la "vague" conservatrice qui était attendue par les soutiens de l'ancien président Donald Trump. Les démocrates conservent le contrôle du Sénat, et les républicains ne remportent qu'une courte majorité à la Chambre des représentants.

Donald Trump annonce malgré tout dans la foulée sa candidature à l'élection présidentielle de 2024. La bataille pour l'investiture républicaine promet d'être âpre, avec plusieurs autres candidats potentiels dont le gouverneur de Floride Ron DeSantis, étoile montante de la droite dure américaine.

La candidature de l'ex-président pourrait par ailleurs être entachée par d'éventuelles poursuites judiciaires, un procureur spécial ayant été nommé en novembre pour s'occuper de deux des nombreuses enquêtes le visant.

Instabilité politique au Royaume-Uni 

Après une succession de scandales et une avalanche de démissions au sein de son gouvernement, le Premier ministre conservateur Boris Johnson démissionne en juillet. Liz Truss est officiellement nommée pour lui succéder à Downing Street par la reine Elizabeth II deux jours avant le décès, le 8 septembre, de la souveraine, après 70 ans de règne. Le 10, Charles III est proclamé roi.

Premier ministre le plus éphémère dans l'histoire moderne du pays, Liz Truss tient seulement 44 jours avant de démissionner à son tour, ayant provoqué une crise politique et financière avec son programme économique radical.

Rishi Sunak arrive au pouvoir fin octobre, dans une période d'instabilité sans précédent au Royaume-Uni. Il est le cinquième Premier ministre britannique depuis le référendum sur le Brexit en 2016.

Des défis immenses attendent l'ex-banquier et ministre des Finances de 42 ans: inflation de plus de 10%, système de santé déclinant .... La fin d'année est marquée par une succession de grèves.

Événements climatiques extrêmes 

L'année 2022 voit se multiplier les catastrophes liées au réchauffement climatique.

L'été est le plus chaud jamais enregistré en Europe, records de températures et canicules provoquant sécheresse et dramatiques incendies (plus de 660.000 hectares de forêts brûlés de janvier à la mi-août dans l'UE, un record). Les glaciers des Alpes enregistrent une perte record de masse de glace.

Au moins 15.000 décès sont directement liés à cette chaleur sur le vieux continent, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

La Chine bat également des records de chaleur en août, et la sécheresse menace de famine la Corne de l'Afrique.

Incendies et déforestation atteignent de nouveaux records en Amazonie brésilienne.

Au Pakistan, des inondations historiques liées à une mousson hors norme tuent plus de 1.700 personnes et déplacent huit millions de personnes alors qu'un tiers du pays est sous l'eau.

Si les projections pour cette année se confirment, les huit années de 2015 à 2022 seront les plus chaudes jamais enregistrées, s'alarme l'Organisation météorologique mondiale (OMM).

Après des négociations difficiles, la conférence de l'ONU sur le climat (COP27) se termine le 20 novembre à Charm el-Cheikh (Egypte) avec un compromis sur l'aide aux pays pauvres affectés par le changement climatique, mais aussi sur un échec à fixer de nouvelles ambitions pour la baisse des gaz à effet de serre.

Révolte anti-voile durement réprimée en Iran 

Le 16 septembre, Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, décède à l'hôpital, trois jours après son arrestation par la police des mœurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique, imposant aux femmes le port du voile en public.

Sa mort déclenche une vague de manifestations à travers l'Iran, sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979.

Les jeunes femmes sont à l'avant-garde de la contestation, certaines retirant et brûlant leur foulard en défiant les autorités sur des vidéos.

Les manifestations pour la liberté des femmes se transforment progressivement en un mouvement plus large dirigé contre le régime islamique, gagnant les rues, les universités et même les écoles, malgré la répression. Les autorités font état de plus de 300 morts, une ONG basée en Norvège en recense au moins 448.

Début décembre, le pouvoir fait un geste envers les manifestants, en annonçant la dissolution de la police des moeurs.

Chine: sacre de Xi et contestation du "zéro Covid" 

Le président chinois Xi Jinping est reconduit en octobre à la tête du Parti communiste, à l'occasion du 20e congrès du PCC, s'entourant de fidèles alliés pour devenir le dirigeant le plus puissant de la Chine moderne.

 

Pendant une décennie à la tête du pays, Xi Jinping a affiché un désir de contrôle, s'immisçant dans la quasi-totalité des rouages du pays, et essuyé des critiques internationales sur les droits humains.

Il entretient aussi une rivalité exacerbée avec les Etats-Unis.

Les tensions dans le détroit de Taïwan atteignent leur plus haut niveau depuis des années, à la suite de la visite de la présidente de la Chambre américaine des représentants Nancy Pelosi début août dans l'île autonome.

La Chine procède en représailles à des manoeuvres militaires terrestres et maritimes sans précédent depuis le milieu des années 1990. Et le président américain Joe Biden affirme que ses troupes défendront Taïwan si l'île venait à être envahie par la Chine.

La stratégie "zéro Covid" du pays, entraînant des confinements de quartiers ou villes entières dès l'apparition de foyers, déclenche fin novembre des manifestations d'une ampleur inédite depuis des décennies. Les autorités y réagissent par la répression, mais aussi par un assouplissement de leur politique sanitaire.

Destins contrastés de l'extrême droite 

Après quatre années au pouvoir, le président d'extrême droite du Brésil, Jair Bolsonaro, est battu de justesse par l'icône de la gauche Luiz Inácio Lula da Silva à l'élection présidentielle du 30 octobre, au terme d'une campagne délétère.

Lula, qui avait connu la prison pour corruption (2018-2019) avant de voir ses condamnations annulées par la justice, effectuera officiellement son retour au sommet de l'Etat brésilien le 1er janvier 2023. Son succès semble consacrer le retour en puissance de la gauche en Amérique Latine.

En Europe en revanche, les ultra-conservateurs engrangent des succès retentissants aux élections législatives dans plusieurs pays, à commencer en avril par la quatrième victoire d'affilée du parti du dirigeant nationaliste hongrois Viktor Orban.

En France, le Rassemblement National (extrême droite) de Marine Le Pen réalise une percée historique en juin, devenant le premier parti d'opposition à l'Assemblée nationale, où le chef de l'Etat Emmanuel Macron perd la majorité absolue.

Le parti nationaliste et anti-immigration, les Démocrates de Suède (SD) est le grand gagnant des élections de septembre, devenant la deuxième force politique du pays.

En Italie, Giorgia Meloni remporte une victoire historique en septembre avec son parti post-fasciste Fratelli d'Italia, et est nommée en octobre chef de gouvernement.

Espoir de paix en Ethiopie 

Après deux ans de conflit, le gouvernement fédéral éthiopien et les autorités rebelles de la région du Tigré (nord) signent le 2 novembre à Pretoria un accord de "cessation des hostilités", censé mettre fin à une guerre décrite par des ONG comme l'"une des plus meurtrières au monde". Après cinq mois de trêve, les combats avaient repris fin août.

Le conflit opposant depuis novembre 2020 l'Ethiopie, appuyée notamment par des forces de l'Erythrée voisine, aux autorités rebelles du Tigré a été marqué par de possibles crimes contre l'humanité commis par "toutes les parties" selon l'ONU. Il a déplacé plus de deux millions d’Ethiopiens.

Outre un désarmement des rebelles, l'accord de paix doit notamment permettre l'acheminement d'aide humanitaire au Tigré, quasiment coupé du monde et dont les six millions d'habitants sont privés de nourriture et de médicaments depuis plus d'un an. Le premier convoi d'aide depuis fin août arrive le 16 novembre.

Le Qatar hôte critiqué du Mondial 2022 

L'organisation du Mondial-2022 au Qatar - du 20 novembre au 18 décembre - entraîne un déluge de critiques sur le petit Etat du Golfe.

Le premier pays arabe à organiser l'événement est mis en cause à propos du traitement des travailleurs étrangers, des LGBT+ et des femmes, ou encore de la climatisation de ses stades à l'heure du réchauffement climatique.

Le sort des travailleurs migrants -rouages essentiels d'un pays où les Qataris ne représentent que 10% d'une population de trois millions d'habitants- est pointé du doigt. Certains médias avancent le chiffre de milliers de morts sur les chantiers, bilan que Doha dément, brandissant même la menace de poursuites judiciaires face aux critiques de l'Europe occidentale.

Suite à la menace de sanctions sportives par la Fifa, instance dirigeante du football mondial, aucune sélection ne fait porter à son capitaine le brassard anti-homophobie "One Love" quand débute le tournoi. Les critiques s'expriment par quelques gestes symboliques (bâillon mimé par les joueurs allemands, des ministres européens arborant le brassard arc-en-ciel en tribune), alors que la compétition bat son plein.


Vote attendu du Conseil de sécurité de l'ONU pour autoriser une force internationale à Gaza

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d'une force internationale, sous la pression des Etats-Unis qui mettent en garde contre le risque d'une reprise de la guerre. (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d'une force internationale, sous la pression des Etats-Unis qui mettent en garde contre le risque d'une reprise de la guerre. (AFP)
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  • Le projet de résolution américaine, plusieurs fois modifié lors de négociations sensibles, "endosse" le plan de Donald Trump ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas
  • Le texte, vu par l'AFP, "autorise" la mise en place d'une "force de stabilisation internationale" (ISF) chargée notamment de l'appui à la sécurisation des frontières en coopération avec Israël et l'Egypte, de la démilitarisation de Gaza

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d'une force internationale, sous la pression des Etats-Unis qui mettent en garde contre le risque d'une reprise de la guerre.

Le projet de résolution américaine, plusieurs fois modifié lors de négociations sensibles, "endosse" le plan de Donald Trump ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien du 7 octobre 2023.

Le texte, vu par l'AFP, "autorise" la mise en place d'une "force de stabilisation internationale" (ISF) chargée notamment de l'appui à la sécurisation des frontières en coopération avec Israël et l'Egypte, de la démilitarisation de Gaza, du désarmement "des groupes armés non étatiques", de la protection des civils, et de la formation d'une police palestinienne. La composition de cette force n'est pas évoquée.

Il donne également mandat jusqu'au 31 décembre 2027 à un "Comité de la paix", organe de "gouvernance de transition" à Gaza jusqu'à la réforme de l'Autorité palestinienne. Selon le plan en 20 points annexé à la résolution, ce comité doit être présidé par Donald Trump.

Contrairement aux premières versions du texte, le projet qui doit être soumis au vote lundi à 17H00 (22H00 GMT) évoque l'éventualité d'un Etat palestinien.

Après la réforme de l'Autorité palestinienne et l'avancée de la reconstruction de Gaza, "les conditions pourraient finalement être en place pour un chemin crédible vers une autodétermination palestinienne et un statut d'Etat", dit ainsi le texte.

Un avenir clairement rejeté par Israël. "Notre opposition à un Etat palestinien sur quelque territoire que ce soit n'a pas changé", a insisté dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Objections russes 

La Russie, qui a fait circuler un texte concurrent, a justifié cette initiative notamment par le fait que la résolution américaine n'allait pas assez loin sur ce point, affirmant quant à elle un "engagement indéfectible" en faveur de la solution à deux Etats.

Le texte russe, également consulté par l'AFP, n'autorise ni la création d'un Comité de la paix ni le déploiement d'une force à ce stade, demandant au secrétaire général de l'ONU de proposer des "options" en la matière.

Face à ce qu'ils ont qualifié de "tentatives de semer la discorde", les Etats-Unis ont redoublé d'efforts ces derniers jours pour pousser le Conseil à donner son feu vert.

"Tout refus de soutenir cette résolution est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a insisté vendredi l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz dans un texte publié dans le Washington Post.

Les Américains ont également mis en avant l'ampleur du soutien pour ce texte, publiant une déclaration commune avec le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie.

Plusieurs sources diplomatiques ont estimé auprès de l'AFP que, malgré les critiques affichées de la Russie, qui a un droit de veto, et les réticences d'autres Etats membres, qui s'inquiètent d'un manque de clarté dans les mandats du Comité de la paix et de l'ISF, il serait surprenant que le texte américain soit rejeté.

"Les Russes savent que, même si beaucoup de membres du Conseil vont jouer le jeu des Américains, ils partagent des inquiétudes sur le contenu du texte américain et la façon dont Washington a tenté d'accélérer" son adoption, commente Richard Gowan, de l'International Crisis Group, doutant d'un veto russe à une résolution soutenue par les pays arabes.

"Il est plus probable que la Chine et la Russie s'abstiennent, expriment leur scepticisme sur le plan, puis regardent les Etats-Unis se débattre pour le mettre en oeuvre", ajoute-t-il auprès de l'AFP.

 


Gaza: les Etats-Unis font pression pour l'adoption de leur résolution à l'ONU lundi

Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
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  • Les États-Unis poussent pour l’adoption par le Conseil de sécurité de leur résolution soutenant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza
  • Malgré des réticences de certains membres et un texte concurrent présenté par la Russie, Washington met en avant un large soutien arabe et occidental et avertit qu’un rejet ouvrirait la voie à la poursuite du conflit

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont mis la pression vendredi pour convaincre de la nécessité d'adopter leur projet de résolution endossant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza, qui sera mis au vote du Conseil de sécurité de l'ONU lundi.

La semaine dernière, les Américains ont officiellement entamé des négociations au sein du Conseil sur un projet de texte qui "endosse" le plan du président américain ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas. Le texte autorise notamment le déploiement d'une "force de stabilisation internationale" (ISF).

Face aux réserves de certains membres et à la proposition d'un texte concurrent de la Russie, ils ont mis en garde vendredi contre les risques d'un rejet de leur texte et affiché le soutien de plusieurs pays arabes et musulmans.

"Les Etats-Unis, le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, le royaume d'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie expriment leur soutien conjoint" au projet de résolution américaine autorisant notamment une force internationale dans le territoire palestinien, et espèrent son adoption "rapide", disent-ils dans une déclaration commune.

Ce plan offre "un chemin viable vers la paix et la stabilité, non seulement pour les Israéliens et les Palestiniens, mais pour toute la région", ont-ils insisté.

Le Royaume-Uni a également apporté vendredi son soutien public au texte américain.

Et le Conseil se prononcera lundi à 17H00 (22H00 GMT) sur le texte, ont indiqué vendredi soir plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

Le projet de résolution américain, plusieurs fois modifié, prévoit de donner un mandat jusqu'à fin décembre 2027 à un "comité de la paix" censé être présidé par Donald Trump, organe de "gouvernance de transition" pour administrer Gaza.

Il "autorise" également le déploiement de l'ISF qui pourra utiliser "toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international": appui à la sécurisation des frontières en coopération notamment avec Israël et l'Egypte, démilitarisation de Gaza, désarmement "des groupes armés non étatiques", protection des civils, formation d'une police palestinienne...

- Conflit perpétuel" -

La décision de programmer le vote intervient alors que la Russie a fait circuler aux membres du Conseil un projet de résolution concurrente qui n'autorise ni la création d'un "comité de la paix", ni le déploiement immédiat d'une force internationale à Gaza, selon le texte vu vendredi par l'AFP.

Ce texte demande simplement au secrétaire général de l'ONU "d'identifier des options pour appliquer les dispositions" du plan de paix et présenter "rapidement" des "options de déploiement d'une force" à Gaza.

"Nous voulons souligner que notre document ne contredit pas l'initiative américaine", a assuré vendredi dans un communiqué la mission russe à l'ONU.

La "logique" du texte russe est de permettre au Conseil "de définir des modalités claires de déploiement d'un contingent de maintien de la paix et d'établir une administration à Gaza tout en s'assurant que ces modalités sont en accord" avec les normes internationales, a-t-elle ajouté.

Alors que des échanges publics de ce type lors de négociations du Conseil sont plutôt rares, l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz a également publié un texte vendredi dans le Washington Post.

"Tout refus de soutenir cette résolution (le texte américain, ndlr) est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a-t-il déclaré.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas en Israël, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.

Plus de 69.185 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par la campagne militaire israélienne de représailles, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas et dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".