La chute vertigineuse du riyal yéménite paralyse les bureaux de change

Une employée prend des liasses de riyal yéménite à la Banque centrale du Yémen à Sanaa (Reuters / Fichier Photo)
Une employée prend des liasses de riyal yéménite à la Banque centrale du Yémen à Sanaa (Reuters / Fichier Photo)
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Publié le Jeudi 19 novembre 2020

La chute vertigineuse du riyal yéménite paralyse les bureaux de change

  • La principale raison de la baisse successive du riyal yéménite est le coup d’État des Houthis
  • Un responsable du CTS assure que les responsables du gouvernement font obstacle à la formation du nouveau cabinet en réclamant des arrangements préalables

AL-MUKALLA: Les bureaux de change dans les zones contrôlées par le gouvernement ont suspendu le commerce du dollar et des autres devises étrangères après que le riyal yéménite a chuté à un niveau record, ont déclaré des responsables locaux et des employés des bureaux de change.

Le riyal yéménite est tombé à 855 contre le dollar américain mercredi, battant un précédent record de 850 en septembre. Dans la ville d'Al-Mukalla, la capitale de la province du sud-est de Hadramout, les bureaux de change ont refusé les personnes qui voulaient échanger le riyal saoudien ou le dollar, invoquant les instructions de leurs patrons de cesser d'acheter ou de vendre des devises étrangères.

En septembre, la Banque centrale du Yémen (BCY) a lancé des mesures répressives contre les bureaux de change non autorisées, et a interdit le réseau de transfert interne – connu sous le nom de «hawala». Il a aussi fourni des dollars aux importateurs de pétrole dans le but de freiner la chute du riyal yéménite. Ces mesures ont aidé la monnaie à se redresser brièvement à 800 par rapport au dollar, avant de reculer de nouveau cette semaine.

Lorsque les Houthis ont pris d'assaut Sanaa à la fin de 2014, le dollar s'échangeait vers 215 et a commencé à chuter brutalement en 2016 lorsque le gouvernement internationalement reconnu a transféré la banque centrale de Sanaa à Aden. La semaine dernière, les économistes ont averti que l’économie du pays était au bord de l’effondrement total en raison de la concurrence entre la banque centrale contrôlée par le gouvernement à Aden et la banque contrôlée par les Houthis à Sanaa et l’ingérence des rebelles dans les banques commerciales de leurs territoires.

L'avertissement survient après que des agents secrets houthis ont pris d'assaut une grande banque privée à Sanaa, la forçant à suspendre ses opérations à travers le pays.

Les économistes du gouvernement affirment que les principales raisons de la baisse successive du riyal yéménite sont le coup d’État des Houthis, l’arrêt des exportations de pétrole et de gaz, et le refus de la banque centrale de Sanaa de respecter les consignes de la banque centrale d’Aden.

Jamal Al-Kamel, directeur de la succursale de la banque centrale de la ville centrale de Marib, a déclaré mardi à la télévision d’État que les Houthis ont pillé les réserves de change de la banque centrale lors de la prise d’assaut.

«Le coup d'État (Houthi) a été la dernière goutte qui a fait déborder ce qui restait de l'économie», a déclaré Al-Kamel, ajoutant que les hostilités entre le gouvernement et les séparatistes à Aden jouent également un rôle dans la remise en cause de la reprise économique du Yémen.

Les responsables du gouvernement yéménite et du Conseil de transition du Sud (CTS) séparatiste ont échangé des accusations par rapport aux retards dans l'annonce d'un nouveau gouvernement.

Un membre haut placé du gouvernement à Riyad a déclaré mercredi à Arab News que le CTS n’est pas en mesure de mettre en place des arrangements sécuritaires et militaires dans le cadre de l'accord de Riyad avant la formation d’un cabinet. Il a ajouté que les choix ont été soumis pour le nouveau conseil des ministres.

Un responsable du CTS, actuellement à Riyad, assure que les responsables du gouvernement internationalement reconnu font obstacle à la formation du nouveau cabinet en réclamant des arrangements préalables. Il insisté sur le fait que l’application des arrangements sécuritaires et militaires arriverait après la formation. «Nous avons convenu que cet aspect sécuritaire et militaire serait mis en œuvre après la formation du nouveau gouvernement», a-t-il ajouté.

Les deux responsables se sont exprimés sous couvert d'anonymat car ils ne sont pas autorisés à parler aux journalistes.

En vertu de l'accord de partage du pouvoir signé à Riyad il y a un an, le gouvernement yéménite et le CTS ont convenu de retirer leurs forces militaires des zones contestées du sud du Yémen et de les déplacer vers les champs de bataille. Les forces politiques yéménites ont manqué de nombreuses occasions pour former un nouveau gouvernement et mettre en place tous les termes de l'accord. Le mois dernier, deux responsables yéménites à Riyad ont affirmé que Maeen Abdul Malik Saeed, Premier ministre désigné, était sur le point d'annoncer la formation d'un nouveau gouvernement et que les partis politiques collaboraient avec lui.

Les disputes politiques concernant la formation du gouvernement se reflètent concrètement dans les zones contestées de la province méridionale d'Abyan. Des dizaines de personnes ont été tuées dans de violents combats entre le gouvernement et le CTS depuis la semaine dernière. Les deux parties se sont mutuellement accusées de violer une trêve décidée dans l'accord de Riyad. Un commandant de l'armée a déclaré que leurs forces avaient obtenu des gains «limités» sur les champs de bataille et que 10 soldats du gouvernement avaient été tués lors des combats. Mohammed Al-Naqeeb, un porte-parole des forces du CTS à Abyan, a déclaré sur Facebook que leurs troupes avaient repoussé une offensive du gouvernement en tuant plus de 50 soldats.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.