Plus de 45 000 traversées illégales de la Manche en 2022, nouveau record

Dans cette photo d'archive prise le 3 mai 2022, des migrants, sont récupérés en mer alors qu'ils tentaient de traverser la Manche (Photo, AFP).
Dans cette photo d'archive prise le 3 mai 2022, des migrants, sont récupérés en mer alors qu'ils tentaient de traverser la Manche (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 01 janvier 2023

Plus de 45 000 traversées illégales de la Manche en 2022, nouveau record

  • Le mois dernier a été marqué par le naufrage d'un canot pneumatique qui transportait des dizaines de migrants depuis la France au petit matin du 14 décembre
  • Quatre d'entre eux sont morts, des Afghans et Sénégalais selon les premiers éléments de l'enquête

LONDRES: Les plans anti-immigration du gouvernement britannique se succèdent mais le phénomène ne cesse d'exploser: plus de 45 000 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises en 2022 en traversant la Manche sur des embarcations de fortune, un nouveau record.

Depuis son arrivée à Downing Street en octobre, le Premier ministre Rishi Sunak a repris la position très dure de ses prédécesseurs et a encore évoqué dans ses voeux du Nouvel An ce sujet, très sensible politiquement depuis le Brexit, parmi ses priorités.

Les chiffres, eux augmentent, d'année en année. Selon les calculs de l'AFP à partir des chiffres du ministère de la Défense, 45 756 migrants ont effectué la dangereuse traversée de l'un des passages maritimes les plus fréquentées au monde, aux eaux très froides une grande partie de l'année, contre seulement 28.526 en 2021, pourtant déjà une année record.

Si la plupart des arrivées ont lieu en été, avec un record journalier de 1 295 migrants en 24 heures le 22 août, elles se poursuivent désormais les mois d'hiver avec 1 745 arrivées en décembre. Les dernières ont encore eu lieu le jour de Noël.

Le mois dernier a été marqué par le naufrage d'un canot pneumatique qui transportait des dizaines de migrants depuis la France au petit matin du 14 décembre. Quatre d'entre eux sont morts, des Afghans et Sénégalais selon les premiers éléments de l'enquête, un bilan qui aurait pu être bien plus lourd: 39 autres ont pu être secourus par un bateau de pêche à proximité.

Dans la nuit du 23 au 24 novembre 2021, 27 migrants âgés de sept à 46 ans avaient péri dans le naufrage de leur bateau pneumatique.

Le verrouillage croissant du port de Calais côté français et du tunnel sous la Manche expliquent l'explosion depuis 2018 du nombre des traversées de la Manche à bord de petites embarcations.

Le dossier est hautement sensible pour les conservateurs britanniques qui promettent depuis le Brexit de "reprendre le contrôle" des frontières, une volonté réaffirmée par Rishi Sunak et sa très à droite ministre de l'Intérieur Suella Braverman.

Mais malgré les plans successifs annoncés - deux encore cette année - les chiffres des traversées continuent d'augmenter, débordant complètement le système des demandes d'asile au Royaume-Uni.

Le plan Rwanda en suspens 

Londres a notamment conclu cette année un accord, critiqué par l'ONU, l'Eglise anglicane et de nombreuses organisations, avec le Rwanda pour y envoyer les migrants arrivés illégalement, quelle que soit leur origine, sans attendre l'examen de leur demande d'asile.

Le projet a été suspendu avant l'été après une décision de la Cour européenne des droits de l'Homme, mais le gouvernement veut le relancer à la suite d'une récente décision favorable de la justice britannique.

L'objectif est de décourager les traversées et de briser le modèle économique des passeurs, sans succès pour l'instant. Pour les associations d'aide aux migrants, le seul moyen de lutter contre les passeurs est d'ouvrir des voies légales pour accéder au Royaume-Uni et y demander l'asile, ce qui est quasi impossible actuellement.

Paris et Londres ont signé un accord mi-novembre qui prévoit notamment une enveloppe de 72,2 millions d'euros que devront verser les Britanniques en 2022-2023 à la France pour augmenter de 800 à 900 le nombre des policiers et gendarmes sur les plages françaises, d'où partent de nombreux migrants.

Dernière tentative en date: un plan présenté en décembre par le Premier ministre, qui comporte un accord avec Tirana pour expulser massivement les Albanais, arrivés très nombreux cette année (un tiers des arrivées environ) bien que Londres juge ce pays, qui n'est pas en guerre, sûr.

Rishi Sunak a en outre annoncé un nouveau "commandement unifié" contre passeurs et petites embarcations. Le gouvernement va aussi recourir à d'anciens centres de vacances, résidences étudiantes ou locaux militaires pour réduire de moitié la facture de l'hébergement des demandeurs d'asile actuellement logés dans des hôtels.

A plus long terme, un quota annuel de demandeurs d'asile sera déterminé par les députés et une loi empêchera ceux qui arrivent illégalement au Royaume-Uni d'y rester.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.