Le gouvernement fait sa rentrée, avant l'épreuve du feu des retraites

Le chef de l'Etat a planté le décor dès ses voeux aux Français le 31 décembre, confirmant que 2023 serait l'année de la réforme et appelant ses concitoyens à "l'unité" pour ne pas céder à "l'esprit de division" dans des "temps si durs". (AFP).
Le chef de l'Etat a planté le décor dès ses voeux aux Français le 31 décembre, confirmant que 2023 serait l'année de la réforme et appelant ses concitoyens à "l'unité" pour ne pas céder à "l'esprit de division" dans des "temps si durs". (AFP).
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Publié le Mercredi 04 janvier 2023

Le gouvernement fait sa rentrée, avant l'épreuve du feu des retraites

  • Comme chaque année début janvier, les membres du gouvernement menés par la Première ministre Elisabeth Borne se sont d'abord retrouvés place Beauvau pour le traditionnel petit-déjeuner de rentrée au ministère de l'Intérieur
  • Juste avant 10H00, l'équipe gouvernementale a ensuite rejoint en groupe, et à pied, le palais de l'Elysée situé juste en face, pour adresser ses voeux à Emmanuel Macron puis participer au Conseil des ministres

PARIS : Emmanuel Macron a réuni mercredi le premier Conseil des ministres de 2023, l'occasion pour le chef de l'Etat de galvaniser ses troupes avant l'épreuve du feu sur les retraites dont dépendra en partie la tournure de son second quinquennat.

Comme chaque année début janvier, les membres du gouvernement menés par la Première ministre Elisabeth Borne se sont d'abord retrouvés place Beauvau pour le traditionnel petit-déjeuner de rentrée au ministère de l'Intérieur, accueillis un à un sur le perron par Gérald Darmanin. Sur la grande table dressée, chacun a trouvé un petit paquet cadeau rouge.

Juste avant 10H00, l'équipe gouvernementale a ensuite rejoint en groupe, et à pied, le palais de l'Elysée situé juste en face, pour adresser ses voeux à Emmanuel Macron puis participer au Conseil des ministres.

Exit le suspense de la présidentielle à l'orée de 2022. Le président a depuis été réélu. Mais place à une incertitude bien plus grande, avec la guerre en Ukraine et ses multiples retombées géopolitiques et économiques.

Et une première hypothèque majeure en ce début d'année, la réforme des retraites qui sera présentée le 10 janvier aux Français puis le 23 en Conseil des ministres, avant un examen potentiellement houleux à l'Assemblée nationale et le risque d'une fronde dans la rue.

Le chef de l'Etat a confirmé dès ses voeux aux Français le 31 décembre que 2023 serait l'année de la réforme, appelant ses concitoyens à "l'unité" pour ne pas céder à "l'esprit de division" dans des "temps si durs".

Pour cette réunion de rentrée, il y aura "sûrement la volonté d'afficher une cohésion, un gouvernement en ordre de marche derrière le président", prédit Anne-Charlène Bezzina, maître de conférences en droit public à l'université de Rouen.

Pas de «totem»

En la matière, rien n'est jamais acquis. Emmanuel Macron a déjà recadré à plusieurs reprises ses ministres ces dernières semaines après des séquences jugées ratées, comme la crise des stations-service à l'automne ou la communication sur la menace de coupures d'électricité durant l'hiver.

Le président de la République pourrait aussi braquer les projecteurs sur les chantiers à venir. Des annonces présidentielles importantes sont attendues dès vendredi sur le système de santé, au bord de l'implosion, notamment en pédiatrie.

Sur l'âge de départ à la retraite, syndicats et oppositions sont vent debout, qu'il passe à 64 ou 65 ans, contre 62 actuellement.

Le gouvernement ne fait pas des 65 ans un "totem", a réaffirmé mardi Elisabeth Borne, tentant de jeter une ultime fois les bases d'un compromis.

Si le curseur s'arrête sur 64 ans, Emmanuel Macron aura beau jeu de rappeler qu'il avait lui-même évoqué cette possibilité dès le printemps. "Ce n'est pas le méchant président contre la gentille Première ministre", assure un membre de la majorité, alors que d'autres avaient pu décrire, ces dernières semaines, un chef de l'Etat sur une ligne plus ferme qu'Elisabeth Borne.

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dont l'exécutif espère une opposition moins frontale à son projet, a dit mercredi avoir "le sentiment que ce sera 64 ans"... pour mieux réaffirmer que, de toutes manières, ce sera "inacceptable" même pour son syndicat réformiste.

"Si on vit plus longtemps, il faut accepter de travailler plus longtemps", mais "certains sont cabossés par le travail, ils ne pourront pas aller à 64 ans", a prévenu pour sa part sur France 2 le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, alors que la majorité à l'Assemblée sur cette réforme dépendra du vote de son parti, Les Républicains.

A partir de la mi-janvier, chacun aura les yeux rivés sur le climat social. Les Français vont-ils descendre en masse dans la rue pour dénoncer la réforme des retraites? Le pays sera-t-il paralysé par les grèves?

"Les crises de grande ampleur n'interviennent généralement pas quand la population va le plus mal mais au contraire dans les périodes de légère remontée du moral", estime Anne-Charlène Bezzina.

Même si une "toute petite étincelle peut allumer la flamme" de manière "imprévisible" si les colères et tensions "se coalisent", "là on est plutôt dans le creux de la vague, l’ambiance est morose, les gens sont un peu asphyxiés par les informations négatives", dit-elle à l'AFP. C'est tout le pari de l'exécutif.


Jeudi "noir" de manifestations en France pour peser sur le prochain gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.