Retraites: Borne temporise sur les 65 ans sans convaincre les syndicats

La Première ministre française Elisabeth Borne assiste à la présentation des mesures de la Saint-Sylvestre de la police nationale (Photo, AFP).
La Première ministre française Elisabeth Borne assiste à la présentation des mesures de la Saint-Sylvestre de la police nationale (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 03 janvier 2023

Retraites: Borne temporise sur les 65 ans sans convaincre les syndicats

  • A une semaine de la présentation du projet de réforme, mardi prochain lors d'une conférence de presse, la Première ministre a joué de nouveau la carte de l'ouverture
  • Le report de la présentation du texte du 15 décembre au 10 janvier a permis à la cheffe du gouvernement d'entendre à nouveau, avant Noël, les groupes politiques

PARIS : Elisabeth Borne a temporisé à nouveau mardi sur le report de l'âge de départ à la retraite à 65 ans, dont elle ne veut pas faire "un totem", sans convaincre les syndicats qui se sont dits prêts à se mobiliser après de derniers entretiens à Matignon.

A une semaine de la présentation du projet de réforme, mardi prochain lors d'une conférence de presse, la Première ministre a joué de nouveau la carte de l'ouverture.

"On a porté les 65 ans" mais "ce n'est pas un totem", a-t-elle déclaré sur franceinfo, ajoutant étudier "d'autres solutions qui permettent d'atteindre (...) l'équilibre du système de retraite à l'horizon 2030".

En tout cas, "la CFDT se mobilisera" en cas de relèvement à 64 ou 65 ans de l'âge légal de départ, a prévenu le secrétaire général du premier syndicat français, Laurent Berger, à sa sortie de Matignon.

François Hommeril, président de la CFE-CGC, s'est également dit prêt à contrer "une mesure extrêmement injuste (...) de décalage" de l'âge de départ.

Le report de la présentation du texte du 15 décembre au 10 janvier a permis à la cheffe du gouvernement d'entendre à nouveau, avant Noël, les groupes politiques puis, cette semaine, les partenaires sociaux, avant le passage en Conseil des ministres le 23 janvier.

L'ensemble des syndicats et l'essentiel des oppositions contestent le projet de l'exécutif de reporter progressivement l'âge de départ de 62 à 65 ans, ou à 64 ans avec un allongement de la durée de cotisation.

Réforme «injuste»

Cette réforme ne rendra pas "le système plus juste" mais "plus injuste", selon Laurent Berger, qui plaide pour un relèvement de dix points du taux d'emploi des seniors pour combler le déficit. Pour lui "ce gouvernement s'apprête à prendre les mesures les plus dures de ces trente dernières années dans une réforme des retraites".

Une majorité de Français s'oppose à ce projet, dans le contexte inflammable d'un pouvoir d'achat rogné par l'inflation.

Mais Emmanuel Macron reste déterminé: "cette année sera celle d’une réforme des retraites" appliquée "dès la fin de l'été", a-t-il martelé samedi lors de ses vœux aux Français.

Le texte, qui concernera les Français nés à partir du second semestre 1961, tiendra compte "des carrières longues, des carrières hachées, de la difficulté de certaines tâches", il permettra "d'équilibrer le financement" du système et "d'améliorer la retraite minimale", a fait valoir le chef de l'Etat.

L'exécutif espère, grâce aux mesures sur la pénibilité ou les seniors, une "absence d'opposition frontale" de la CFDT, souligne un conseiller.

Une réforme impossible? "Les Anglais ont l'Irlande, les Américains les armes. Nous, on a les retraites", glissait récemment à l'AFP, fataliste, Edouard Philippe. L'ancien Premier ministre a lui-même essuyé des manifestations contre son projet à points, finalement abandonné pour cause de Covid.

Rallier LR

A défaut de convaincre la CFDT, Elisabeth Borne espère rallier Les Républicains, favorables à un report de l'âge. Elle doit à cet effet échanger par téléphone avec leur président Eric Ciotti, ainsi qu'avec les chefs de groupes à l'Assemblée Olivier Marleix et au Sénat Bruno Retailleau.

Sans LR, le gouvernement, qui ne dispose que d'une majorité relative, serait obligé d'utiliser l'article 49.3 de la Constitution, qui permet l'adoption d'un texte sans vote.

Pour la première fois depuis 12 ans et la réforme Woerth (qui avait relevé l'âge légal de 60 à 62 ans) tous les syndicats sont prêts à se mobiliser. Y compris la CFDT, sur une ligne plus ferme depuis son dernier congrès.

Désireuse d'amadouer les syndicats, Mme Borne a aussi annoncé le retrait d'une partie controversée du décret sur l'assurance chômage annoncée le 23 décembre, qui avait provoqué leur colère. Ce recul "est l'illustration que c'était du bricolage", a jugé Laurent Berger.

"Enfumage", "mascarade", la  gauche a vivement réagi aux propos de la Première ministre sur le recul de l'âge et sa volonté de trouver un "compromis" à l'Assemblée.

"65 ou 64 ans: décaler l'âge de départ à la retraite, c'est non. Ce n'est pas une question de +totem+, c'est une question de justice sociale", a tweeté le chef des députés PS Boris Vallaud.

La Première ministre "croit tellement au travail parlementaire qu’elle a déjà dix 49.3 à son actif. Quelle mascarade !", a ironisé Manuel Bompard, coordinateur de LFI, qui prévoit déjà de manifester le 21 janvier.


L'Elysée a proposé un hommage pour Bardot, la famille n'a pas donné suite

 L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
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  • Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday
  • Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines"

PARIS: L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron à l'AFP.

"Il y a eu un échange avec la famille avec proposition qu’un hommage ait lieu sans que la famille ne donne suite", a déclaré ce proche, en rappelant qu'une telle démarche correspond à un "usage républicain" et que les hommages sont "systématiquement décidés d'un commun accord avec les proches du défunt".

Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday.

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines".

Emmanuel Macron ne se rendra pas aux obsèques, qui se tiendront dans l’intimité le 7 janvier à Saint-Tropez, a également indiqué le proche du président.

En 2023, l'actrice avait adressé une lettre incendiaire au chef de l'Etat, lui reprochant son manque d'action contre la souffrance animale. "Je suis en colère face à votre inaction, votre lâcheté, votre mépris des Français, qui vous le rendent bien il est vrai", avait-elle notamment écrit.

Après une cérémonie à l'église retransmise sur grands écrans, l'inhumation privée de l'actrice et chanteuse au cimetière marin sera suivie d'"un hommage ouvert à tous les Tropéziens et à ses admirateurs", a précisé la Fondation de Brigitte Bardot, dédiée à la protection des animaux.

"À ce moment-là, tout le monde l'évoquera et partagera ses plus beaux souvenirs avec elle. Ce sera un grand moment de communion, simple, à son image", a précisé mardi la maire de Saint-Tropez, Sylvie Siri, dans une inteview au quotidien local Var-Matin.

"Mon rôle, c'est de lui organiser des obsèques dignes. Il faut tout mettre en œuvre pour que les Tropéziens et les admirateurs puissent se recueillir", a ajouté l'édile.

Interrogée sur le souhait exprimé il y a quelques années par Brigitte Bardot d’être enterrée à la Madrague, sa propriété en bord de mer, Sylvie Siri a affirmé avoir "respecté ses dernières volontés". "Seule la défunte avait décidé de son lieu d’enterrement", a souligné l'élue.

 


Agriculteurs: nouveaux rassemblements, bénédiction de tracteurs dans le Nord

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
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  • Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer
  • Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur

CAMBRAI: Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Mgr Vincent Dollmann et plusieurs prêtres ont célébré une messe sur un autel de paille en périphérie de Cambrai, en soutien aux agriculteurs "qui font face à des épreuves".

Il a salué la "dignité" des agriculteurs qui manifestent depuis plusieurs semaines contre l'accord de libre échange du Mercosur ou contre l'abattage systématique de troupeaux de bovins touchés par la DNC.

Une petite centaine de tracteurs ont été mobilisés, arborant des panneaux comme "Mercosur = mort de l'agriculture".

Jean Camier, 24 ans, jeune agriculteur d'Hermies qui doit reprendre l'exploitation familiale d'engraissement de bovins d'ici deux ans, se réjouit d'avoir fait bénir son tracteur et participé à la célébration qui selon lui "montre que tout le monde est avec [eux]".

Si les Hauts-de-France ne sont pas touchés par la DNC, il se dit "de tout cœur" avec les agriculteurs des régions concernées, soulignant avoir "un peu peur que la maladie remonte" vers le nord.

Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer.

Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur", a expliqué à l'AFP Louis Lacheré, des Jeunes Agriculteurs.

En Occitanie, plusieurs barrages emblématiques, à Carbonne Haute-Garonne) sur l'A64, Sévérac (Aveyron) ou Le Buisson (Lozère) sur l'A75, tiennent toujours, tandis que d'autres agriculteurs se remobilisent.

Ainsi, à Foix, une douzaine de tracteurs bloquaient depuis lundi midi l'entrée sud du tunnel de contournement de la ville et commençaient à installer un campement, a constaté un correspondant de l'AFP.

"On veut montrer à l’État qu'on est toujours autant mobilisés", a déclaré sur place Sébastien Durand, président de la Coordination rurale (CR) en Ariège. "Il n'y a pas de Noël, il n'y a pas de Premier de l'An; on sera là".

Depuis le début de l'épidémie de DNC en Savoie cet été, l'État tente de contenir la propagation par un abattage systématique des troupeaux touchés, la vaccination et les restrictions de mouvements.

Cette gestion fortement contestée par certains agriculteurs, notamment de la CR (deuxième syndicat agricole, classé à droite, voire à l’extrême droite) et de la Confédération paysanne (troisième, classé à gauche).

 


Colère agricole en France: Macron reçoit les syndicats, des blocages persistent

Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a reçu les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dans un contexte de forte colère liée aux crises sanitaires, notamment la dermatose bovine
  • Les blocages routiers se poursuivent dans le Sud-Ouest, alors que de nouveaux cas de la maladie sont confirmés et que la mobilisation agricole se prolonge

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a reçu mardi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, tandis que des axes routiers sont toujours bloqués pour protester contre le traitement par les autorités de l'épizootie de dermatose bovine.

"L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes", a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne - un syndicat classé à gauche -, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela "des mesures structurelles fortes".

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'Etat "l'extrême tension" et la "colère" du monde agricole et que des réponses étaient attendues "dès les premiers jours de janvier" sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées, lesquelles affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

L'accord permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Sur le terrain, la mobilisation a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1.600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi).

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest.

Mardi, le ministère de l'Agriculture a confirmé un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu.

Dans le Sud-Ouest, des blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 près de Bordeaux ou sur l'A64 au sud de Toulouse ou près de Bayonne.

Au sud de Bordeaux, les manifestants de la branche locale du syndicat Coordination rurale - classé à droite - ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés près de Toulouse.