L'Iran ferme un institut français après la publication de caricatures

L'Iran a convoqué mercredi l'ambassadeur de France pour condamner la publication de caricatures offensantes du guide suprême Khamenei dans le magazine satirique français Charlie Hebdo. (AP)
L'Iran a convoqué mercredi l'ambassadeur de France pour condamner la publication de caricatures offensantes du guide suprême Khamenei dans le magazine satirique français Charlie Hebdo. (AP)
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Publié le Vendredi 06 janvier 2023

L'Iran ferme un institut français après la publication de caricatures

  • La République islamique d'Iran a annoncé jeudi la fermeture de l'Institut Français de Recherche en Iran
  • Un journal français a publié des caricatures jugées insultantes pour le guide suprême iranien Ali Khamenei

TÉHÉRAN: L'Iran a annoncé jeudi la fermeture du plus ancien et plus important centre d'études français dans le pays, comme première riposte à la publication par un magazine satirique français de caricatures jugées insultantes pour le guide suprême Ali Khamenei.

 

Les autorités iraniennes avaient averti mercredi la France qu'elles prendraient des mesures après la publication le même jour par Charlie Hebdo de ces dessins mettant en scène la plus haute personnalité religieuse et politique de la République islamique d'Iran.

"(...) Le ministère met fin aux activités de l'Institut Français de Recherche en Iran (IFRI) comme une première étape", a affirmé le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Selon son site, l'IFRI est affilié au ministère français des Affaires étrangères.

Interrogée par l'AFP, l'ambassade de France à Téhéran a affirmé ne pas avoir de commentaire dans l'immédiat.

Dans son communiqué, le ministère iranien accuse les autorités françaises "d'inaction continue face aux expressions d'anti-islamisme et à la propagation de la haine raciste dans les publications françaises".

Il demande au gouvernement français de réclamer des comptes aux "auteurs (de la propagation) d'une telle haine", soulignant que le "peuple iranien" suivrait "avec sérieux" la réponse qu'apporterait la France.

Le ministère appelle aussi Paris à mener "une lutte sérieuse contre l'islamophobie".

Les caricatures publiées dans le journal satirique ont été retenues dans le cadre d'un concours lancé en décembre, au moment où des manifestations se poursuivaient en Iran pour protester contre la mort en détention le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne arrêtée pour avoir enfreint le code vestimentaire strict du pays.

Ambassadeur convoqué

Les responsables iraniens, qui dénoncent généralement ces manifestations comme des "émeutes", affirment que des centaines de personnes ont été tuées, y compris des membres des forces de sécurité, et des milliers d'autres arrêtées.

Charlie Hebdo a soutenu en décembre que ce "concours international" visait à soutenir les "Iraniens qui se battent pour leur liberté".

 

Le numéro contient plusieurs dessins d'ordre sexuel montrant l'ayatollah Khamenei et d'autres religieux iraniens, de même que des caricatures dénonçant le recours en Iran à la peine capitale comme tactique pour intimider les manifestants.

Deux Iraniens ont été exécutés pour leur implication dans les manifestations. Et jeudi la justice iranienne a prononcé une nouvelle condamnation à mort en première instance contre un homme ayant participé aux manifestations.

Avant l'annonce de la fermeture de l'IFRI, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a indiqué que "la liberté de la presse existe (en France) contrairement à ce qu'il se passe en Iran", rappelant que le délit de blasphème n'existe pas en droit français.

"La mauvaise politique est celle qui est suivie par l'Iran qui pratique des violences à l'encontre de sa propre population", a-t-elle ajouté jeudi, interrogée sur la chaîne de télévision française LCI.

«Acte haineux»

Mercredi, son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian a dénoncé "un acte insultant et indécent" qui ne "restera pas sans réponse ferme".

L'ambassadeur de France en Iran Nicolas Roche a été convoqué le même jour par les Affaires étrangères à Téhéran.

"L'Iran n'accepte en aucune façon l'insulte de ses valeurs (...) islamiques, religieuses et nationales (...) et la France n'a pas le droit d'insulter ce qui est sacré (...) pour les pays musulmans sous le prétexte de la liberté d'expression", a dit le porte-parole du ministère Nasser Kanani mercredi.

L'Iran "considère le gouvernement français responsable pour cet acte haineux, insultant et injustifié", a-t-il ajouté.

Le siège de l’IFRI, dans le centre de Téhéran, avait été fermé durant de longues années. Il avait rouvert sous la présidence du modéré Hassan Rohani (2013-2021) comme un signe du réchauffement des relations franco-iraniennes. Il comprend une riche bibliothèque, utilisée par les étudiants de la langue française et des universitaires iraniens.

L'IFRI est né en 1983 après la fusion de la Délégation Archéologique Française en Iran (DAFI), créée en 1897, et de l’Institut Français d’Iranologie de Téhéran (IFIT), fondé en 1947 par Henry Corbin, selon son site.

 

 


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.