Retraites: la Nupes tente de colmater ses brèches

Un militant syndical se tient au milieu de bombes fumigènes alors qu'il participe à une manifestation de retraités contre les réformes du droit du travail prévues par le gouvernement à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France (Photo, AFP).
Un militant syndical se tient au milieu de bombes fumigènes alors qu'il participe à une manifestation de retraités contre les réformes du droit du travail prévues par le gouvernement à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 07 janvier 2023

Retraites: la Nupes tente de colmater ses brèches

  • Une longue réunion de responsables jeudi a accouché d'un communiqué commun le lendemain, minimaliste
  • Les militants et les figures du mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon se déchirent sur l'affaire Quatennens, exclu du groupe à l'Assemblée pour quatre mois

PARIS: La gauche unie dans la Nupes tente de resserrer les rangs en menant une offensive commune contre la réforme des retraites, mais les divergences entre partis, ainsi que la crise interne à La France insoumise, en atténuent l'ampleur.

Une longue réunion de responsables jeudi a accouché d'un communiqué commun le lendemain, minimaliste. Il annonce une campagne de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), qui consiste en des meetings communs - dont un premier le 17 janvier à Paris -, la proposition de rencontrer l'intersyndicale et l'appel à constituer des collectifs unitaires sur tout le territoire.

Aucun contre-projet n'a été annoncé, alors même que le programme de la coalition prévoyait en mai dernier la retraite à 60 ans. Et "pas sûr" que cela change après la réunion inter-groupes prévue la semaine prochaine, anticipe le député socialiste Arthur Delaporte.

"On doit faire comme les syndicats: on n’est pas au gouvernement, on n'est pas là pour faire une réforme, mais on dit non à une réforme injuste", "c'est ce qui rassemble les Français", soutient cette jeune valeur montante du PS.

La déclaration commune n'évoque pas non plus la marche du 21 janvier à l'appel d'organisations de jeunesse, mise en avant par Jean-Luc Mélenchon. La gauche y sera ainsi moins unie que dans la marche contre la vie chère, en octobre dernier.

La députée Aurélie Trouvé, qui représentait LFI dans les discussions, souligne auprès de l'AFP le positif de la déclaration commune: "Ce n'est pas rien, c'est la première campagne en commun hors élections". Elle rapporte que la réunion s'est étirée car il fallait "trouver un langage commun".

Seconds rôles

En effet, le premier secrétaire du PS Olivier Faure juge dans Libération que, ces derniers mois, "les débats secondaires nous ont désaxés et égarés sur les chemins de traverse, qu’il s’agisse du barbecue ou de la gauche du travail contre celle des allocs". Il pointe le "grand risque d'un repli sur soi" et demande à la Nupes de "changer de braquet".

Lui sera pourtant condamné à une certaine prudence en janvier à l'approche des votes au congrès du PS, pour lesquels il fait face à deux motions qui jugent sa relation aux Insoumis trop complaisante.

Le PCF est aussi engagé dans un congrès délicat, pour lequel une opposition à Fabien Roussel s'est déclarée. Quant à EELV, Marine Tondelier, élue cheffe en décembre, doit en permanence jouer les équilibristes entre tenants de l'union à gauche et partisans d'une affirmation écologiste.

Mais le corps malade de la Nupes se nomme LFI, rien moins que sa locomotive. Les militants et les figures du mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon se déchirent sur l'affaire Quatennens, exclu du groupe à l'Assemblée pour quatre mois après sa condamnation pour violences conjugales, et sur la désignation de la direction, trop restrictive selon certains.

Comme pour se serrer les coudes, ces détracteurs, François Ruffin, Clémentine Autain, Alexis Corbière, Eric Coquerel, Raquel Garrido et Leïla Chaïbi, tiendront un meeting en commun sur les retraites le 16 février à Bobigny, a appris l'AFP auprès de Mme Garrido, confirmant une information du Parisien.

"Il faut qu'on arrive à se retrouver malgré nos différences", juge le député écologiste Benjamin Lucas, pour qui la Nupes "joue beaucoup sur cette séquence". Il explique qu'elle est naturellement portée par ce sujet des retraites, mais aussi attendue au tournant: "Si j'ai gagné au second tour des législatives, c'est grâce aux retraites, j'ai eu le report de voix du RN".

Ainsi, plaide Benjamin Lucas, "il faut faire tout ce qui est légalement possible au parlement pour bloquer la réforme. Pas de pudeur sur l'obstruction", que LFI avait poussé au paroxysme en 2019-2020 lors du précédent projet porté par Emmanuel Macron.

En revanche, le patron de la CGT Philippe Martinez a prévenu jeudi soir sur Mediapart que la gauche devait, dans la rue, se cantonner aux seconds rôles: "Il ne faut pas que les politiques fassent à la place des syndicats, comme parfois il y a une tentation de le faire".


Plusieurs milliers de personnes dans la rue pour des logements accessibles au Pays basque

Des manifestants tiennent des pancartes sur lesquelles on peut lire "Se Loger au Pays" et "stop-assez" lors d'une manifestation organisée par le collectif "Se Loger au Pays" pour demander un meilleur accès au logement dans la région du "Pays Basque" à Bayonne, dans le sud-ouest de la France, le 1er avril 2023. (Photo, AFP)
Des manifestants tiennent des pancartes sur lesquelles on peut lire "Se Loger au Pays" et "stop-assez" lors d'une manifestation organisée par le collectif "Se Loger au Pays" pour demander un meilleur accès au logement dans la région du "Pays Basque" à Bayonne, dans le sud-ouest de la France, le 1er avril 2023. (Photo, AFP)
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  • En dix ans, la population du Pays basque a augmenté de 9,6% avec une hausse importante, en parallèle, du nombre de résidences secondaires et de locations saisonnières
  • Les manifestants réclament en parallèle un encadrement des loyers et une production accrue de logement social, face au manque actuel

BAYONNE: Environ 3 500 personnes, selon les organisateurs et la police, ont défilé ce samedi dans les rues de Bayonne pour dénoncer "les effets néfastes" d'un marché immobilier devenu inaccessible pour les habitants du Pays basque.

Les manifestants, réunis à l'appel de la plateforme Se loger au pays, constituée de 32 associations, syndicats et partis politiques, réclament une "régulation" du marché local et des "évolutions législatives et des politiques en faveur du logement pour toutes et tous".

"Quand on était jeunes, on réussissait à se loger sans problème, mais aujourd'hui je suis solidaire des jeunes quand je les entends", assure Mikele Lucu, 68 ans, présente dans le cortège, réclamant "des règles" contre la spéculation immobilière.

En dix ans, la population du Pays basque a augmenté de 9,6% avec une hausse importante, en parallèle, du nombre de résidences secondaires et de locations saisonnières.

Chaque année, 3 000 nouveaux arrivants s'y installent, essentiellement sur la frange littorale et ses environs, alors que le prix du m2 a augmenté de plus de 35% en quatre ans, avec des pics de 8 à 10 000 euros le m2 dans des villes comme Biarritz ou Saint-Jean-de-Luz.

Dans la foule, des banderoles aux messages comme "taxez les millionnaires, pas les locataires" ou "tourisme trop envahissant, on veut pouvoir vivre chez nous", s'affichent, en ce jour de fin de trêve hivernale et de journée européenne pour le droit au logement.

Dans leur viseur, la "prolifération" des meublés de tourisme, mais aussi des résidences secondaires, qui représentent 21% du parc immobilier de la zone.

"Il faut empêcher que les habitations soient confisquées à ceux qui font vivre le Pays basque", estime Maialen Errotabehere, membre de la plateforme organisatrice du rassemblement.

Les manifestants réclament en parallèle un encadrement des loyers et une production accrue de logement social, face au manque actuel.

"Vous devez agir vite pour ce droit qui n'est pas négociable", a commenté Denis Luthereau, membre de la fondation Abbé Pierre, s'adressant aux élus.

Le levier de la fiscalité est notamment évoqué par de nombreux acteurs du logement.

Les meublés de tourisme bénéficient aujourd'hui d'un régime fiscal qui permet un abattement de 50 à 71% du montant des revenus locatifs. Une proposition de loi visant à les en exclure a été déposée le 15 février par deux députés socialistes des Pyrénées-Atlantiques et des Landes, Iñaki Echaniz et Boris Vallaud.

La fondation Abbé Pierre estime que le nombre de personnes à la rue a doublé en huit ans sur le territoire. "Et ça ne prend pas en compte les gens qui sont logés chez des amis, dans la famille, ou qui font des colocations", selon son porte-parole Jean-Pierre Voisin.

En novembre 2021, une manifestation au mot d'ordre similaire avait rassemblé entre 6 500 et 8 000 personnes à Bayonne.


Plusieurs milliers de manifestants attendus à Vire, terre de Borne

Des manifestants se rassemblent alors qu'ils participent à une manifestation contre une réforme des retraites à Vire, dans le nord-ouest de la France, le 1er avril 2023 (Photo, AFP).
Des manifestants se rassemblent alors qu'ils participent à une manifestation contre une réforme des retraites à Vire, dans le nord-ouest de la France, le 1er avril 2023 (Photo, AFP).
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  • «Depuis des mois nous exprimons notre rejet, mais le gouvernement refuse de nous entendre»
  • Quelques commerces ont protégé leurs vitrines avec des plaques de bois, principalement des banques, des agences immobilières et des boutiques de téléphonie

VIRE: Plusieurs milliers de manifestants sont attendus samedi après-midi à Vire (Calvados) pour protester contre la réforme des retraites, dans la terre d'élection de la Première ministre Elisabeth Borne.

L'ensemble des organisations syndicales appellent à ce rassemblement régional.  "Nous manifestons massivement notre colère, non seulement contre ce projet (de réforme des retraites), mais aussi contre le mépris dont le gouvernement nous écrase", écrit l'intersyncale dans son appel à participer, illustré par un slogan, "64 ans, c'est non!".

"Depuis des mois nous exprimons notre rejet, mais le gouvernement refuse de nous entendre: quel exemple de dialogue! Leur seule réponse, nous la connaissons: c’est la répression du mouvement", affirme encore l'intersyncale.  En fin de matinée, une quarantaine de syndicalistes ainsi que des agriculteurs de la Confédération Paysanne étaient déjà rassemblés devant la Porte Horloge, point de départ prévu du cortège à 14h30, a constaté un correspondant de l'AFP.


Bordeaux : trois nouvelles mises en examen après l'incendie du porche de la mairie

Une manifestation contre la réforme des retraites par le parlement sans vote, en utilisant l'article 49.3 de la constitution, à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 28 mars 2023 (Photo, AFP).
Une manifestation contre la réforme des retraites par le parlement sans vote, en utilisant l'article 49.3 de la constitution, à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 28 mars 2023 (Photo, AFP).
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  • Un premier suspect, né en 1986, a été mis en examen pour «dégradation de bien public par substance incendiaire»
  • Le feu du porche de la mairie avait duré une quinzaine de minutes le soir du 23 mars, après la fin d'une manifestation contre la réforme des retraites

BORDEAUX: Trois hommes ont été mis en examen samedi après l'incendie volontaire du porche de la mairie de Bordeaux le 23 mars, lors d'incidents ayant suivi la manifestation contre la réforme des retraites, a indiqué le parquet dans un communiqué.

Un premier suspect, né en 1986, a été mis en examen pour "dégradation de bien public par substance incendiaire" et "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences" et écroué.

Il a déjà fait l'objet de 21 condamnations, dont deux pour des "dégradations d’un objet d'utilité publique", a précisé la procureure de la République de Bordeaux Frédérique Porterie.

Deux autres suspects, nés en 1998 et 2004, ont également été mis en examen uniquement pour "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences" et placés sous contrôle judiciaire.

Le parquet a fait appel de leur placement sous contrôle judiciaire.

Un premier suspect avait déjà été mis en examen pour les mêmes faits le samedi précédent.

Le feu du porche de la mairie avait duré une quinzaine de minutes le soir du 23 mars, après la fin d'une manifestation contre la réforme des retraites émaillée de débordements, endommageant la porte massive en bois de l'édifice, avant d'être éteint par les pompiers.

Le préjudice est estimé à près de 3 millions d'euros par la mairie.