Retraites: Borne, la lieutenante qui joue gros

Simple exécutante de la sensible réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron, Elisabeth Borne joue cependant sa crédibilité, en cheville ouvrière des concertations avec les syndicats et forces politiques qu'elle a obtenu d'engager puis de prolonger. (AFP)
Simple exécutante de la sensible réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron, Elisabeth Borne joue cependant sa crédibilité, en cheville ouvrière des concertations avec les syndicats et forces politiques qu'elle a obtenu d'engager puis de prolonger. (AFP)
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Publié le Dimanche 08 janvier 2023

Retraites: Borne, la lieutenante qui joue gros

  • Consciente de la fronde que risque de susciter le projet de réforme des retraites, Élisabeth Borne a d'ailleurs demandé à son gouvernement de «résister aux vents contraires»
  • Conformément à cette méthode, et à défaut d'avoir convaincu les syndicats, la Première ministre compte désormais sur la «phase du débat parlementaire» pour rallier les députés LR

PARIS: Simple exécutante de la sensible réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron, Elisabeth Borne joue cependant sa crédibilité, en cheville ouvrière des concertations avec les syndicats et forces politiques qu'elle a obtenu d'engager puis de prolonger.

La peinture orange lancée cette semaine par des militants écologistes sur la lourde porte de Matignon sonne comme un avertissement de la période troublée à venir.

Consciente de la fronde que risque de susciter le projet de réforme des retraites, Élisabeth Borne a d'ailleurs demandé à son gouvernement de "résister aux vents contraires".

Mais elle assure qu'elle "ne se pose pas la question dans (les) termes" de son maintien ou pas à Matignon selon l'issue du projet. "Je suis à ma tâche", dit-elle.

La Première ministre ne joue pas sa tête car elle n'a "aucune marge de manoeuvre", estime François Hommeril, président de la CFE-CGC.

Elisabeth Borne "n'ambitionne pas d'incarner autre chose que le projet présidentiel", d'autant plus avec une majorité relative, abonde Stella Dupont, députée de l'aile gauche du parti présidentiel Renaissance.

Méthode 

Pourtant la cheffe du gouvernement a obtenu fin septembre de lancer des concertations puis, malgré l'empressement du président, le report de près d'un mois de la présentation du projet afin de poursuivre les négociations avec les forces politiques et syndicales.

Dialogue et recherche de compromis sont devenus sa marque de fabrique depuis son discours de politique générale en juillet, justifiés par l'absence de majorité absolue à l'Assemblée.

Le patron de la CFDT Laurent Berger admet d'ailleurs, en dépit de leurs désaccords, que la Première ministre "écoute" les syndicats et que "c'est quelqu'un de sérieux", qui "travaille".

Ce qui fait dire à un élu de la majorité qu'elle a "suffisamment marqué sa méthode pour qu'on puisse dire que ce sera +sa+ réforme".

"Elle est à la manœuvre. A la fois pour trouver une majorité, pour amender etc... mais s'il y a une crise, ce sera arbitré ailleurs", modère un syndicaliste.

Conformément à cette méthode, et à défaut d'avoir convaincu les syndicats, la Première ministre compte désormais sur la "phase du débat parlementaire" pour rallier les députés LR.

Ce qui lui éviterait de dégainer l'article 49.3, un outil constitutionnel vu comme autoritaire et qui porte aussi le risque en retour d'une censure de la part des oppositions.

Quoi qu'il en soit, "on va la passer" la réforme des retraites, assure une source gouvernementale, et "ça donnera une stature" à l'ancienne ministre du Travail, décrite par certains dans le camp présidentiel comme "la papesse du dialogue social".

Reste que, dans la rue, le volume des manifestations sera regardé de près. Pour tempérer la mobilisation, le gouvernement mise sur les mesures d'accompagnement qui concernent la pénibilité ou l'emploi des seniors. Et tente d'éteindre les autres feux liés à la crise énergétique ou à l'inflation.

«Intermédiaire»

La cheffe du gouvernement "joue à plein son rôle de négociatrice" mais dans "un rôle d'intermédiaire, de représentant en mission du président", selon l'historien Jean Garrigues, auteur de "Elysée contre Matignon" (éditions Tallandier, octobre 2022).

Car "aux yeux de l’opinion, l'incarnation de cette réforme c'est Macron", qui "n’a pas réussi à renverser l'image initiale d’un président des riches et de la régression sociale".

Certes, étant donné le mode de fonctionnement de la Ve République, si la réforme échoue, le fusible sera Elisabeth Borne.

Mais sa "chance" est d'être "moins exposée qu’à son époque Alain Juppé", confronté à des grèves massives en 1995 contre sa réforme de la Sécurité sociale, sur laquelle le président Jacques Chirac était très en retrait, rappelle l'historien.

Or même Jacques Chirac n'avait pas fait partir Alain Juppé, qui n'avait démissionné qu'après la dissolution de 1997.

Le président peut-il en outre remplacer Elisabeth Borne avant qu'elle ait dépassé le temps imparti à la première femme à avoir occupé ce poste, Edith Cresson, restée 10 mois et 18 jours à Matignon? "Ce serait dramatique dans le souvenir que ça laisserait", note un conseiller.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.