Retraites: La Nupes veut «réveiller l'orgueil» contre la «résignation»

Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire de l'Assemblée nationale du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), prononce un discours lors d'un rassemblement unitaire de personnalités de gauche sur le thème de la réforme des retraites en France, à Paris, le 10 janvier 2023 (Photo, AFP).
Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire de l'Assemblée nationale du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), prononce un discours lors d'un rassemblement unitaire de personnalités de gauche sur le thème de la réforme des retraites en France, à Paris, le 10 janvier 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 11 janvier 2023

Retraites: La Nupes veut «réveiller l'orgueil» contre la «résignation»

  • L'ensemble de la gauche, des socialistes à la France Insoumise en passant par les écologistes, a d'ores et déjà appelé à rallier la première journée de mobilisation syndicale contre la réforme
  • La cheffe des députés insoumis Mathilde Panot mise sur les affects, évoquant «l'énergie plus réjouissante» dans la foule que «la grise mine d'Elisabeth Borne»

PARIS: "Réveillons la joie et l'orgueil" contre la "résignation": la gauche a présenté un front uni pour se lancer mardi dans la bataille des retraites en tenant un premier meeting à Paris, avec l'Insoumis François Ruffin en fer de lance.

20H40: Fabien Roussel (PCF), Boris Vallaud (PS), Marine Tondelier (EELV) et les autres responsables politiques de la Nupes s'apprêtent à prendre la parole, quand le visage d'Elisabeth Borne, sur le point d'annoncer un recul de l'âge de départ à 64 ans, apparaît à l'écran. La foule la hue copieusement.

Contraste total avec ce qui a précédé, quand le millier de personnes réunies salle Olympe de Gouge à Paris, pleine à craquer, a entonné avec fièvre une reprise de "I will survive": "Nous on veut vivre, pas juste survivre, la retraite à 60 ans, bosser mieux et moins longtemps!".

A la tribune, François Ruffin vilipende une Elisabeth Borne venue "délivrer une peine derrière son pupitre: deux ans de plus pour les caristes, camionneurs, femmes de ménage".

"C'est pour eux que ça va peser le plus dans les épaules, les genoux, alors que pour les ministres c'est un arbitrage, c'est abstrait", s'indigne-t-il. "Il faut toucher les coeurs (...), réveiller la joie, l'orgueil" contre la "résignation".

L'ensemble de la gauche, des socialistes à la France Insoumise en passant par les écologistes, a d'ores et déjà appelé à rallier la première journée de mobilisation syndicale contre la réforme, le 19 janvier.

Le Medef salue «les décisions responsables et pragmatiques» du gouvernement

Le Medef a salué mardi "les décisions pragmatiques et responsables" prises par le gouvernement pour réformer le système de retraites, tout en restant "opposé au principe d'un index seniors" qui obligera les entreprises à publier la part de leurs salariés âgés.

"Assurer l'avenir de ce pilier du modèle social du pays, tout en maintenant le pouvoir d'achat des actifs et des retraités, conduit nécessairement à travailler plus longtemps", affirme la première organisation patronale française dans un communiqué.

"A cet égard, le relèvement de l'âge de départ à 64 ans complété d'une accélération de l'allongement, déjà prévu, de la durée de cotisation, est indispensable", juge le Medef.

 

ZAD

Durant le meeting, les temps de parole sont strictement limités à sept minutes car les orateurs - et les partis de gauche - sont nombreux.

La cheffe des députés insoumis Mathilde Panot mise sur les affects, évoquant "l'énergie plus réjouissante" dans la foule que "la grise mine d'Elisabeth Borne".

La patronne des Verts Marine Tondelier promet, elle, une "Assemblée nationale transformée en ZAD" (zone à défendre) et une "rue où le 49.3 n'existe pas".

Auparavant, une aide à domicile, un manutentionnaire, un employé à l'Office national des forêts et un conseiller de vente à Leroy Merlin ont dit tout le mal qu'ils pensaient de cette réforme.

"Chaque salarié charge ou décharge quatre ou cinq remorques à l'heure", raconte Mouloud Sahraoui, manutentionnaire chez Geodis. "Ces politicards sont complètement fêlés" de "vouloir nous tuer au boulot".

Dans le public, Françoise Bazire, retraitée de 74 ans, se réjouit auprès de l'AFP: "C'est bien ce mélange, des pas sont franchis". Elle "ose espérer" que la gauche soit assez forte pour épauler les syndicats.

Gaëlle Salin, 45 ans, fait la moue: "J'aimerais l'union entre syndicats et partis de gauche, mais ce n'est pas à l'ordre du jour". Car si la Nupes a bien appelé à rejoindre la mobilisation syndicale le 19 janvier, les syndicats, eux, ne soutiennent pas la marche plébiscitée deux jours plus tard par les Insoumis.

La soirée s'est conclue sur le titre "J'veux du soleil", nom d'un des documentaires de François Ruffin.

Le député de la Somme, qui cultive son indépendance au sein de LFI, était derrière ce raout organisé par son journal Fakir avec la revue en ligne Reporterre. Et ce rendez-vous a devancé le premier meeting officiel de la Nupes sur les retraites, le 17 janvier à Paris.

"Je vois bien que vous allez chercher la petite bête, mais Mélenchon (actuellement en Guyane, NDLR) a retweeté le meeting d'aujourd'hui, donc aucune ambiguïté", a assuré François Ruffin aux journalistes.


Réforme des retraites en France: Nouvelle et peut-être dernière journée de mobilisation

Cette 14e journée d'action depuis le début de l'année pourrait néanmoins être le chant du cygne d'une contestation massive, marquée par des manifestations et des grèves spectaculaires (Photo, AFP).
Cette 14e journée d'action depuis le début de l'année pourrait néanmoins être le chant du cygne d'une contestation massive, marquée par des manifestations et des grèves spectaculaires (Photo, AFP).
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  • A l'appel des syndicats, quelque 250 actions sont prévues mardi en France
  • Le texte a été vidé de sa substance après la suppression, en commission, de l'article-clé portant sur la mesure d'âge

PARIS: Les opposants à la réforme des retraites en France ne désarment pas après des mois de contestation et malgré son adoption définitive en avril, appellent à une nouvelle journée de mobilisation mardi contre ce texte emblématique du second quinquennat Macron, instaurant l'âge légal de départ en retraite à 64 ans.

Cette 14e journée d'action depuis le début de l'année pourrait néanmoins être le chant du cygne d'une contestation massive, marquée par des manifestations et des grèves spectaculaires, mais qui n'a jamais réussi à ébranler l'exécutif.

Ce dernier a utilisé tous les moyens constitutionnels à sa disposition -et notamment un article permettant de faire passer le texte sans vote- pour imposer la réforme.

Le président Emmanuel Macron a promulgué le 14 avril, quelques heures après sa validation par le Conseil constitutionnel, le texte et sa mesure phare, le recul de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans.

Le bras de fer entre l'exécutif et les opposants à la réforme a laissé de profondes traces, et c'est dans un contexte crispé que va se tenir cette nouvelle journée de mobilisation, même si le président Macron tente de reprendre l'initiative et changer de sujet en labourant le terrain depuis plusieurs semaines.

À l'appel des syndicats, quelque 250 actions sont prévues mardi en France, qui devraient réunir, selon les autorités, entre 400.000 et 600.000 personnes.

Des grèves sont annoncées chez les compagnies d'électricité et de gaz ainsi que dans les transports ferroviaires et aériens, avec notamment un tiers des vols annulés au départ de Paris-Orly.

Quelque 11.000 policiers et gendarmes seront mobilisés, dont 4.000 à Paris. Les autorités anticipent la participation "de membres de l'ultra gauche venus de l'étranger", selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

«Dernier combat»

Cette nouvelle journée de mobilisation intervient deux jours avant l'examen au Parlement d'une proposition de loi visant à abroger la réforme, qui n'a aucune chance d'aboutir.

Le texte a en effet été vidé de sa substance après la suppression, en commission, de l'article-clé portant sur la mesure d'âge.

Et si des amendements ont été déposés pour rétablir cet article, la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet a prévenu qu'elle invoquerait l'article 40 de la Constitution -qui interdit aux parlementaires de déposer des amendements ayant pour effet de diminuer les ressources ou d'aggraver les charges publiques - pour les déclarer irrecevables.

Si c'est le cas, ce sera "un pur scandale démocratique", a tonné la secrétaire générale du syndicat CGT, Sophie Binet.

Le secrétaire général du syndicat réformiste CFDT, Laurent Berger, a de son côté dénoncé un "vice démocratique", à propos d'un "projet de loi aussi fondamental sur lequel il n'y aura pas eu de vote".

M. Berger, qui quittera ses fonctions le 21 juin, a cependant semblé acter la défaite des syndicats, affirmant que "bien sûr (...) le texte s'appliquera le moment venu".

Le président de la CFTC (syndicat des travailleurs chrétiens), Cyril Chabanier, avait dit mi-mai que le 8 juin serait probablement "le dernier combat" de son syndicat.

Plusieurs élus de gauche ont appelé dimanche à une forte mobilisation mardi pour faire pression sur la présidente de l'Assemblée.

Le gouvernement s'efforce en tous cas de tourner la page, et deux premiers décrets d'application de la loi promulguée mi-avril, dont celui sur le recul progressif de l'âge de départ, ont été publiés dimanche au Journal officiel.

Mme Binet a fait savoir que son syndicat traquerait toute "faille juridique" pour attaquer les 31 décrets.

La France est l'un des pays européens où l'âge de départ à la retraite est le plus bas, mais les systèmes sont très différents. L'exécutif a justifié son projet par la nécessité de répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population.


Inflation alimentaire: Bruno Le Maire met la pression aux industriels et félicite les distributeurs

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire (Photo, AFP).
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire (Photo, AFP).
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  • «Je rassemblerai les industriels de l'agro-alimentaire et les représentants des distributeurs dans les jours qui viennent»
  • Les négociations avec les industriels «ne vont pas assez vite», a estimé le ministre sur France 5

PARIS: Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a demandé lundi aux industriels de l'agro-alimentaire d'accélérer les négociations pour faire baisser les prix, tout en félicitant les distributeurs d'avoir prolongé l'opération "trimestre anti-inflation" jusqu'à la fin de l'année.

Les négociations avec les industriels "ne vont pas assez vite", a estimé le ministre sur France 5, ajoutant que "certains industriels, certaines grandes multinationales industrielles jouent la montre", et rappelant que les 75 plus gros industriels de l'agro-alimentaire se sont engagés à rouvrir des négociations commerciales avec les distributeurs.

"A date, il y en a deux ou trois qui l'ont fait", d'après Bruno Le Maire, citant les distributeurs.

"Je rassemblerai les industriels de l'agro-alimentaire et les représentants des distributeurs dans les jours qui viennent", a annoncé le ministre en précisant que si des négociations ne s'ouvraient pas avant le 15 juin, elles n'auraient "aucun effet sur les prix en septembre et en octobre".

Des prix à la hausse

La hausse des prix à la consommation s'est élevée à 5,1% en mai sur un an, mais celle des produits alimentaires s'élève à 14,1%.

"Avant la fin du mois de juin, je publierai la liste de tous les industriels de l'agro-alimentaire qui ont joué le jeu et la liste des industriels de l'agro-alimentaire qui ont refusé de revenir à la table des négociations et qui n'ont pas voulu faire baisser les prix de détail alors que les prix de gros baissent", a expliqué Bruno Le Maire.

De plus, "nous utiliserons l'outil fiscal pour aller rechercher dans les marges des grands industriels, qui sont élevées et qui se redressent, les prix qu'ils n'ont pas voulu donner aux consommateurs lors des négociations commerciales du printemps", a-t-il averti.

Bruno Le Maire a par ailleurs salué les distributeurs "qui ont tous accepté de prolonger jusqu'à la fin de l'année 2023 l'opération du trimestre anti-inflation qui devait s'arrêter le 15 juin".

Depuis le 15 mars et pour une période initiale de trois mois, la plupart des distributeurs s'étaient engagés à vendre une sélection de produits au "prix le plus bas possible", formule leur laissant une grande liberté de manœuvre.


L'aéroport d'Orly veut réduire ses émissions de CO2 au sol d'ici à 2030

Autre levier, réduire l'utilisation du groupe auxiliaire de puissance (APU) nécessaire à l'énergie au bord des avions (Photo, AFP).
Autre levier, réduire l'utilisation du groupe auxiliaire de puissance (APU) nécessaire à l'énergie au bord des avions (Photo, AFP).
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  • Les efforts portent sur la conversion du parc de véhicules sur la plateforme, comme les bus nécessaires au transport des voyageurs
  • Pour réduire les émissions externes, celles des avions au sol, la principale mesure, concerne le roulage des appareils sur un seul moteur

PARIS: L'aéroport Paris-Orly, Groupe ADP, veut réduire ses émissions de CO2 au sol d'ici à 2030 grâce à des efforts sur les sources d'énergie utilisées sur site, le déplacement des véhicules de services et le roulage des avions sur piste.

Ce projet est l'un des cinq principaux objectifs affichés par "l'alliance pour la transformation environnementale de la plateforme de Paris-Orly" signée lundi par la directrice de l'aéroport, Justine Coutard, et les entreprises partenaires.

"Le principe de cette charte est d'impliquer tous les acteurs pour que les efforts soient collectifs et pas seulement de la part d'ADP", explique à l'AFP Mme Coutard.

Les activités internes de Paris-Orly représentent seulement 5% des 271.099 tonnes émises annuellement au sol.

Les efforts portent sur la conversion du parc de véhicules sur la plateforme, comme les bus nécessaires au transport des voyageurs, tous électriques depuis février, soit une "économie de 765 tonnes de CO2 par an".

Énergies renouvelables  

"11.000 tonnes de CO2 sont économisées sur le chauffage du site grâce à un mix énergétique qui se base sur le renouvelable", selon le responsable réseaux du groupe ADP, Marc Boufflers.

"Un tiers de la chaleur vient de générateurs au gaz, un tiers est récupéré de l'incinérateur de Rungis et le dernier tiers, dont la proportion va s'élever à 40%, vient de la géothermie", précise-t-il.

Pour réduire les émissions externes, celles des avions au sol, la principale mesure, non coercitive, concerne le roulage des appareils sur un seul moteur, "ce qui permet une économie de carburant de 25% et donc des émissions", assure à l'AFP Jérôme Lauferon, directeur des opérations aéronautiques d'ADP.

Autre levier, réduire l'utilisation du groupe auxiliaire de puissance (APU) nécessaire à l'énergie au bord des avions, grâce à un raccord de l'appareil au courant de l'aéroport lorsqu'il est en stationnement.

L'aéroport d'Orly veut aussi augmenter la valorisation des déchets, réduire les nuisances sonores et sa consommation d'électricité ainsi qu'augmenter les surfaces dédiées à la biodiversité sur le site.