Tigré: Retrait d'une ville-clé de forces pro-gouvernementales, Paris et Berlin appellent à rendre justice

La ministre fédérale allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (à gauche), et la ministre française des Affaires étrangères et européennes, Catherine Colonna (à droite), lors d'une conférence de presse dans un entrepôt du Programme alimentaire mondial (PAM) à Adama, en Éthiopie, le 12 janvier 2023 (Photo, AFP).
La ministre fédérale allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (à gauche), et la ministre française des Affaires étrangères et européennes, Catherine Colonna (à droite), lors d'une conférence de presse dans un entrepôt du Programme alimentaire mondial (PAM) à Adama, en Éthiopie, le 12 janvier 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 13 janvier 2023

Tigré: Retrait d'une ville-clé de forces pro-gouvernementales, Paris et Berlin appellent à rendre justice

  • Ce retrait des forces Amhara intervient, a précisé l'armée, après que les rebelles tigréens ont commencé à rendre leurs armes lourdes
  • Cette nouvelle étape dans l'application de l'accord de paix intervient lors de la visite conjointe en Ethiopie des responsables de la diplomatie de l'Allemagne et de la France

ADDIS ABEBA: L'armée éthiopienne a annoncé jeudi le retrait d'une force régionale pro-gouvernementale d'une ville stratégique du Tigré, conformément à l'accord de paix, au moment où les responsables de la diplomatie allemande et française encourageaient Addis Abeba à rendre justice aux victimes de la guerre.

Il s'agit d'une étape importante de l'accord de paix signé en novembre entre Addis Abeba et les rebelles tigréens pour mettre un terme à un conflit meurtrier de près de deux ans.

Ce retrait des forces Amhara intervient, a précisé l'armée, après que les rebelles tigréens ont commencé à rendre leurs armes lourdes.

Cet accord prévoit en effet que les forces étrangères et celles ne faisant pas partie de l'armée se retirent du Tigré "simultanément" au désarmement des forces rebelles.

Les habitants et les travailleurs humanitaires ont rapporté la présence des forces Amhara et des troupes érythréennes dans Shire comme dans d'autres régions de Tigré, les accusant de meurtres, viols et pillages.

Cette nouvelle étape dans l'application de l'accord de paix intervient lors de la visite conjointe en Ethiopie des responsables de la diplomatie de l'Allemagne et de la France.

«Pas de paix durable sans justice»

"Il n’y a pas de paix durable sans justice, pas plus en Éthiopie qu'ailleurs, mais pas moins non plus, c'est une des conditions de la paix durable que de faire la justice", a prévenu la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, lors d'une conférence de presse à Addis Abeba.

Son homologue allemande, Annalena Baerbock, a abondé dans ce sens: "il est important que les crimes soient jugés", soulignant que les femmes avaient particulièrement souffert d'exactions et de viols pendant ces deux années de conflit qui ont opposé les rebelles du Tigré aux forces éthiopiennes soutenues par l'Erythrée.

Les deux cheffes de la diplomatie, arrivées jeudi pour une visite de deux jours en Ethiopie, s'exprimaient aux côtés du vice-Premier ministre éthiopien et ministre des Affaires étrangères, Demeke Mekonnen. Ce dernier a promis qu'Addis Abeba ferait le nécessaire pour ne pas laisser les crimes impunis.

En échange de ces efforts, Demeke Mekonnen a insisté sur les besoins d'aides financières de son pays. "Il est temps que nos partenaires soutiennent ce pays", a-t-il déclaré.

Les deux cheffes de la diplomatie avaient rencontré dans la matinée le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed. Elles doivent encore s'entretenir vendredi avec des représentants de l'Union Africaine et des défenseurs des droits de l'Homme.

Elles ont également visité un centre de distribution du Programme alimentaire mondial (PAM) pour constater la mise en oeuvre d'un don ukrainien de 50 000 tonnes de blé à l'Ethiopie et la Somalie, dont Paris et Berlin ont financé l'acheminement à hauteur de 14 millions d'euros chacun.

«Arme» des céréales

Mmes Baerbock et Colonna ont à cette occasion fustigé l'action du président russe Vladimir Poutine qui, selon elles, utilise "les céréales comme une arme de guerre". L'Ukraine, l'un des greniers à blé du monde, n'a pas été en mesure d'acheminer pendant des mois ses céréales vers des pays comme l'Ethiopie, en raison de l'invasion russe.

La guerre fratricide au Tigré a déplacé plus de deux millions d'Ethiopiens et plongé des centaines de milliers de personnes dans des conditions proches de la famine, accentuée par la pire sécheresse qu'a connu la région depuis des décennies.

Après l'accord de paix, l'acheminement de l'aide humanitaire a repris progressivement et les services de base (électricité, banque, transport...) sont lentement restaurés.

Mais des habitants et des travailleurs humanitaires de diverses parties du Tigré ont affirmé récemment que pillages et persécutions se poursuivaient dans la région.

Et un haut responsable américain a appelé jeudi l'Ethiopie à en faire plus pour permettre un accès humanitaire sans entrave au Tigré. "Il y a encore des défis considérables. Il y a toujours des lenteurs bureaucratiques", a relevé le responsable qui s'exprimait devant des journalistes sous couvert d'anonymat.

"Cela ne correspond simplement pas à l'accès humanitaire sans entrave dont nous avons tant besoin", a-t-il dit, en soulignant qu'une aide humanitaire avait pu parvenir à quelque 1,5 million de personnes sur les 5,2 millions qui ont besoin d'une assistance internationale.

La corne de l’Afrique, et l’Ethiopie en particulier, font partie des partenaires prioritaires pour l’UE, alors que la Chine avance ses pions dans la région, comme l'a illustré la visite en début de semaine à Addis Abeba du ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang.

Mme Baerbock a profité de la conférence de presse commune avec ses homologues français et éthiopien pour envoyer une pique à Pékin, évoquant "d'autres pays qui veulent faire de l'Afrique un marché pour les matières premières et les fournisseurs".


Séisme de magnitude 4,4 près de Naples, ni blessés ni dégâts

Les pompiers contrôlent la tour de l'église Sant'Anna à Bagnoli près de Naples, suite à un tremblement de terre de magnitude 4,4, le 13 mars 2025. (AFP)
Les pompiers contrôlent la tour de l'église Sant'Anna à Bagnoli près de Naples, suite à un tremblement de terre de magnitude 4,4, le 13 mars 2025. (AFP)
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  • Dans cette région, les Champs Plégréens sont éclipsés par le tout proche Vésuve, qui domine la baie de Naples et dont l'éruption a rayé Pompéi de la carte en l'an 79
  • Les Champs Phlégréens, dont une éruption il y a 40.000 ans avait affecté le climat de la planète, inquiètent riverains et scientifiques en raison d'une résurgence de son activité due aux gaz émis par le magma

ROME: Un séisme de magnitude 4,4 a frappé mardi à la mi-journée la zone des Champs Phlégréens, près de Naples, où il a été ressenti dans le centre historique de cette métropole portuaire du sud de l'Italie mais sans faire de blessés ou causer de dégâts.

La secousse a été enregistrée à 12H07 (10H07 GMT), à trois kilomètres de profondeur, selon l'Institut national de géophysique et de vulcanologie (INGV).

Elle a été ressentie dans les quartiers de Pozzuoli et du Vomero du centre de Naples, faisant sortir des habitants dans la rue. Deux lignes de métro ont été suspendues, selon RaiNews.

Cette secousse a été précédée et suivie de secousses de moindre ampleur, notamment un tremblement de terre de magnitude 3,5 un quart d'heure après le séisme principal.

La zone volcanique des Champs Phlégréens, où résident quelque 500.000 personnes, a déjà été touchée par plusieurs séismes ces dernières années. Le dernier épisode majeur en date, le 13 mars, était déjà de magnitude 4,4, de même qu'une autre secousse en mai 2024.

Le volcan, qui s'étend sur un périmètre de 15 km sur 12, présente la dépression typique à fond plat laissée après une éruption. Il s'agit de la caldera ("chaudière" en espagnol) en activité la plus vaste d'Europe, située aux confins des communes de Naples et de Pouzzoles en bord de mer.

Dans cette région, les Champs Plégréens sont éclipsés par le tout proche Vésuve, qui domine la baie de Naples et dont l'éruption a rayé Pompéi de la carte en l'an 79.

Les Champs Phlégréens, dont une éruption il y a 40.000 ans avait affecté le climat de la planète, inquiètent riverains et scientifiques en raison d'une résurgence de son activité due aux gaz émis par le magma et qui font pression sur la surface en fissurant le sol.

Le scénario catastrophe, à savoir l'expulsion de lave, de cendres et de pierres, est cependant improbable dans un futur proche, selon les spécialistes.


Trump arrive en Arabie saoudite pour entamer une tournée dans le Golfe

 Donald Trump s'est envolé lundi pour l'Arabie saoudite dans le cadre de sa première tournée au Moyen-Orient depuis son retour au pouvoir. (AFP)
Donald Trump s'est envolé lundi pour l'Arabie saoudite dans le cadre de sa première tournée au Moyen-Orient depuis son retour au pouvoir. (AFP)
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  • Dans une concomittance quasi orchestrée, le président américain a décollé à destination de Ryad depuis la base militaire Andrews, dans la banlieue de Washington, à peu près au moment où était annoncée par le Hamas la libération de l'otage Edan Alexander
  • Lors de cette tournée majeure, Donald Trump doit aussi se rendre au Qatar et aux Emirats arabes unis

JOINT BASE ANDREWS: L'avion présidentiel de Donald Trump s'est posé peu avant 9h50 (6h50 GMT) mardi à Ryad, première étape d'une tournée dans le Golfe pendant laquelle il entend surtout récolter d'énormes contrats et promesses d'investissements.

Après l'Arabie saoudite, le président américain doit se rendre au Qatar et aux Emirats arabes unis.

Donald Trump s'est envolé lundi pour l'Arabie saoudite dans le cadre de sa première tournée au Moyen-Orient depuis son retour au pouvoir, qu'il espère riche en contrats économiques mais qui sera également dominée par les conflits et tensions dans une région en pleine effervescence.

Dans une concomitance quasi orchestrée, le président américain a décollé à destination de Ryad depuis la base militaire Andrews, dans la banlieue de Washington, à peu près au moment où était annoncée par le Hamas la libération de l'otage israélo-américain Edan Alexander, retenu dans la bande de Gaza depuis les attaques sanglantes du 7 octobre 2023 en Israël.

Lors de cette tournée majeure, Donald Trump doit aussi se rendre au Qatar et aux Emirats arabes unis.

Mais il pourrait ajouter une étape car il a évoqué lundi la possibilité d'aller en Turquie jeudi pour des discussions entre l'Ukraine et la Russie à Istanbul, qui restent cependant à confirmer.

"Je pense que la réunion de jeudi en Turquie entre la Russie et l'Ukraine pourrait déboucher sur un bon résultat, et je pense que les deux dirigeants devraient être présents", a-t-il dit en référence aux présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky.

Ce dernier a dit qu'il y sera mais le maître du Kremlin n'a pas pour l'instant répondu.

"Beau geste" du Qatar 

Le voyage de M. Trump dans le Golfe s'annonce intense.

L'ancien promoteur immobilier "espère décrocher des promesses d'investissement", analyse Anna Jacobs, chercheuse à l'Arab Gulf States Institute à Washington, à un moment où sa politique protectionniste déstabilise l'économie américaine et inquiète l'opinion publique.

Ryad, Doha et Abou Dhabi déploieront tout leur faste pour un dirigeant très sensible à la pompe monarchique, en plus d'annoncer d'énormes contrats et commandes, qui pourraient aller de la défense à l'aviation en passant par l'énergie ou l'intelligence artificielle.

Le déplacement est cependant déjà entaché d'une polémique, alors que la famille royale qatarie escompte faire cadeau aux Etats-Unis d'un luxueux Boeing 747-8 Jumbo, estimé à 400 millions de dollars par des experts et que le président américain compte utiliser comme son prochain Air Force One.

"Je pense que c'est un beau geste venant du Qatar. Je suis très reconnaissant", a déclaré Donald Trump. L'opposition démocrate crie, elle, à la "corruption".

L'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont par ailleurs décidé, avec les autres pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+), d'augmenter fortement leur offre de pétrole. De quoi mettre Donald Trump, que toute baisse du cours du brut enchante, dans les meilleures dispositions.

Le président américain rencontrera à Ryad les dirigeants des six pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Bahreïn, Qatar, Koweït et Oman), dont l'influence diplomatique ne cesse de croître, comme en témoigne le rôle de médiation joué par certains d'entre eux dans la guerre en Ukraine ou le conflit à Gaza.

Il sera question des grands sujets régionaux allant des discussions entre les Etats-Unis et l'Iran sur le nucléaire, dont une nouvelle session s'est achevée dimanche à Oman, aux attaques des Houthis du Yémen, avec lesquels Washington vient de conclure un cessez-le-feu. La Syrie et bien sûr Gaza, où les Américains ont annoncé une initiative humanitaire, seront également à l'agenda.

Les spécialistes de la région jugent par contre qu'une normalisation des relations entre l'Arabie saoudite et Israël, projet un temps cher à Donald Trump, n'est plus d'actualité à l'heure où la bande de Gaza, assiégée et pilonnée par les forces israéliennes, vit une catastrophe humanitaire.

Certains experts imaginent plutôt des tractations américano-saoudiennes dans lesquelles Israël serait laissé de côté, par exemple sur le nucléaire civil.

L'une des inconnues du voyage concerne une éventuelle décision du président américain sur la manière dont les Etats-Unis désignent le Golfe.

Des articles de presse lui prêtent l'intention de le nommer "Golfe d'Arabie" ou "Golfe arabique", et non plus "Golfe persique", au risque de braquer les Iraniens.

 


Ukraine: Paris appelle Poutine à rencontrer Zelensky jeudi à Istanbul

 Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou. (AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou. (AFP)
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  • Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou
  • "On a assisté ce week-end à Kiev à une démonstration de force et d'unité européenne avec l'appel unanime à un cessez-le-feu de 30 jours sans condition avec le soutien des Etats-Unis", a rappelé le chef de la diplomatie française

PONT-L'EVEQUE: Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou.

"On a assisté ce week-end à Kiev à une démonstration de force et d'unité européenne avec l'appel unanime à un cessez-le-feu de 30 jours sans condition avec le soutien des Etats-Unis", a rappelé le chef de la diplomatie française lors d'un point presse en marge d'une visite à Pont-L'Evêque (Calvados).

"Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a saisi la balle au bond et il a proposé de se rendre lui-même à Istanbul. C'est désormais ce à quoi nous appelons Vladimir Poutine à consentir également", a-t-il ajouté, alors que se tient à Londres une réunion entre plusieurs ministres des Affaires étrangères de pays européens sur la guerre en Ukraine.

Le ministre français a réaffirmé qu'un cessez-le-feu était un préalable à toute discussion de paix en Ukraine.

"Evidemment il n'y aura de négociation sur une paix juste et durable qu'avec un cessez-le-feu parce qu'on ne peut pas négocier sereinement sous les bombes et sous les attaques de drones", a-t-il insisté.

La Russie a ignoré l'ultimatum des alliés de Kiev en lançant plus d'une centaine de drones dans la nuit de dimanche à lundi sur l'Ukraine, qui attend une réponse du Kremlin à la proposition de Volodymyr Zelensky de rencontrer "en personne" Vladimir Poutine jeudi à Istanbul.

Kiev et ses alliés européens ont réclamé pendant le week-end un cessez-le-feu "complet et inconditionnel" de 30 jours à partir de lundi, condition préalable selon eux pour l'ouverture de discussions de paix directes entre Russes et Ukrainiens en Turquie, comme l'a proposé le président russe Vladimir Poutine.

A ce stade, la Russie n'a répondu ni à l'offre faite dimanche par le président ukrainien Volodymyr Zelensky d'échanger directement "en personne" avec Vladimir Poutine, ni à cet ultimatum d'arrêt des combats pendant un mois, alors que le président américain Donald Trump a exhorté les deux camps à se rencontrer sans délai.