Liquidation judiciaire confirmée pour Place du Marché, 1 900 emplois supprimés

Les deux frères Léo et Patrick Bahadourian, actionnaires de la florissante enseigne Grand Frais, avaient repris Toupargel en 2020 via la holding Agihold France (Photo, Twitter).
Les deux frères Léo et Patrick Bahadourian, actionnaires de la florissante enseigne Grand Frais, avaient repris Toupargel en 2020 via la holding Agihold France (Photo, Twitter).
Short Url
Publié le Samedi 14 janvier 2023

Liquidation judiciaire confirmée pour Place du Marché, 1 900 emplois supprimés

  • Le tribunal de commerce de Lyon s'était donné 48 heures mercredi pour rendre son délibéré concernant cette société basée à Civrieux-d'Azergues
  • Vendredi, le tribunal a ainsi placé en liquidation judiciaire Place du Marché et ses deux sociétés soeurs, Eismann et Touparlog

LYON: Le couperet de la liquidation judiciaire est tombé vendredi sur la société de livraison à domicile de produits alimentaires Place du Marché (ex-Toupargel) et ses sociétés sœurs, entraînant la suppression de 1 900 emplois, l'un des plus importants plans sociaux de ces derniers mois.

Le tribunal de commerce de Lyon s'était donné 48 heures mercredi pour rendre son délibéré concernant cette société basée à Civrieux-d'Azergues (Rhône). Mais l'issue ne faisait guère de doute, car aucun repreneur n'avait déposé d'offre, malgré l'intérêt un temps manifesté par l'enseigne discount Tazita.

Dans son délibéré, dont l'AFP a obtenu copie, le tribunal a d'ailleurs mis en avant le retrait de l'offre de Tazita, "unique candidat repreneur", le 28 décembre, pour justifier sa décision, ainsi que "l'impossibilité de proposer un plan de redressement par la société".

Vendredi, le tribunal a ainsi placé en liquidation judiciaire Place du Marché (1 600 salariés) et ses deux sociétés soeurs, Eismann et Touparlog (300 salariés à elles deux).

Cette liquidation va entraîner l'un des plus importants plans sociaux de ces derniers mois, après celle de l'enseigne textile Camaïeu en septembre (2 100 salariés) et la suppression de 1 200 emplois (sur 2 300) annoncés fin décembre chez Scopelec, groupe spécialisé dans les technologies de communication.

"Ce n'est pas une surprise, mais nous sommes toujours dans la colère et l'incompréhension. Les actionnaires, les frères Bahadourian, n'ont pas respecté leurs engagements depuis le début sur la reconstruction de Toupargel", a réagi Wafaa Kohily, la secrétaire (CGT) du Comité social et économique (CSE), accompagnée au tribunal d'une dizaine de salariés.

Les deux frères Léo et Patrick Bahadourian, actionnaires de la florissante enseigne Grand Frais, avaient repris Toupargel en 2020 via la holding Agihold France.

La société s'était rebaptisée Place du Marché en 2021, avec l'idée d'étendre sensiblement son offre au-delà du surgelé, vers les produits frais et l'épicerie. Certains produits distribués provenaient d'ailleurs des mêmes fournisseurs que Grand Frais.

Le projet visait aussi à accélérer les ventes en ligne, alors que l'entreprise a bâti son modèle sur les ventes par téléphone.

Jouets des actionnaires

Mais cette stratégie a échoué, alimentant une chute des ventes, passées de 271 millions d'euros en 2017 à 200 millions en 2021-2022.

La situation de Place du Marché s'est dégradée très rapidement: le groupe avait demandé fin octobre son placement en procédure de sauvegarde, puis avait été placé en redressement judiciaire fin novembre 2022.

Dans une déclaration à l'AFP, la direction de l'entreprise a expliqué vendredi que "malgré le travail de tous, salariés, direction, cette décision était inéluctable compte tenu de la situation financière des entreprises dans un marché en grande difficulté, et faute de repreneur".

"Les crises qui se sont succédé depuis 2020 et qui se poursuivent ont rendu" un "redressement impossible", a-t-elle ajouté, assurant: "notre priorité demeure nos collaborateurs". Il s'agira "avec l'aide des services de l'Etat de les accompagner au mieux afin qu'ils retrouvent un travail dans les meilleures conditions".

"Nous restons mobilisés, sur les risques psycho-sociaux, l'accompagnement des salariés et notre demande légitime de prime supralégale de licenciement, à 100 000 euros par salarié", a insisté Mme Kohily, relevant que beaucoup de salariés sont des "quinquagénaires, qui auront des difficultés" à retrouver un travail. "On nous parle de rebondir, mais nous ne sommes pas des ballons, on ne rebondit pas!". Et de s'étonner, au passage du peu de soutien reçu d'élus politiques.

A ses côtés, Véronique Brun, 50 ans et 13 ans d'ancienneté au service clients, évoque "des clients qui pleuraient au téléphone la dernière semaine, la plupart âgés et ne sachant pas commander sur internet, se demandant qui allait les livrer désormais".

"On a été des jouets des actionnaires, qui n'avaient aucun intérêt à garder l'entreprise et ne nous ont pas donné d'outils pour travailler, tout en mettant la pression sur les téléprospecteurs", dénonce aussi Louise, 58 ans.

"Nous avons fermé en trois mois, c'est particulièrement violent!", insiste Louisa, 38 ans, évoquant des salariés "très fragilisés lorsqu'il a fallu appeler les clients pour dire que l'activité arrêtait".


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Short Url
  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.