Maghreb : Rothschild & Cie s’associe au groupe Carte pour réaliser son premier investissement en Tunisie

La banque d’affaires française projette d’investir dans le secteur de la santé avec le groupe des frères Doghri (Photo, Fethi BELAID/AFP).
La banque d’affaires française projette d’investir dans le secteur de la santé avec le groupe des frères Doghri (Photo, Fethi BELAID/AFP).
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Publié le Samedi 21 novembre 2020

Maghreb : Rothschild & Cie s’associe au groupe Carte pour réaliser son premier investissement en Tunisie

  • Rothschild & Cie opère depuis près de vingt ans en Tunisie dans les domaines du conseil et de l’accompagnement pour le compte de clients tunisiens et français
  • La banque française d’affaires a signé avec la Compagnie d’assurance et de réassurance tuniso-européenne une convention portant sur la création d’un complexe privé de santé

TUNIS: Après s’être limité jusqu’ici à des missions de conseil et d’accompagnement, Rothschild & Cie s’apprête à réaliser son premier investissement en Tunisie en partenariat avec un groupe privé tunisien. D’après nos informations, la banque française d’affaires a signé avec la Compagnie d’assurance et de réassurance tuniso-européenne (Carte) une convention portant sur la création d’un complexe privé de santé.

Ce «village de santé» serait implanté sur un terrain dont les deux partenaires – qui n’ont voulu ni confirmer ni infirmer les informations concernant ce projet – ont déjà fait l’acquisition d’un terrain à «La Perle du lac». Il s’agit d’un nouveau lotissement qui s’étend sur 65 hectares au sud-ouest des berges du lac de Tunis, aménagé par la Société de promotion du lac de Tunis (SPLT) – un joint-venture entre l’État tunisien et le groupe saoudien Dallah Al Baraka (fondé par feu Cheikh Salah Kamel) créé en 1983 –, et sur lequel une véritable nouvelle ville devrait voir le jour aux portes de la capitale.

Pour ce projet, Rothschild & Cie n’a pas jeté son dévolu sur le premier venu. Outre qu’il est déjà l’un des plus importants groupes en Tunisie, Carte connaît une forte croissance depuis quelques années (voir encadré).

Rothschild & Cie opère depuis près de vingt ans en Tunisie dans les domaines du conseil et de l’accompagnement pour le compte de clients tunisiens et français, principalement en rapport avec la privatisation partielle ou totale d’entreprises publiques.

Sa première opération en Tunisie a été la privatisation de l’Union internationale de banques (UIB) en 2001, dont la Société générale avait acquis 52 % du capital. Cinq ans plus tard, en 2006, la banque accompagne Vivendi dans sa tentative de racheter de 35 % du capital de l’opérateur public Tunisie Telecom et réalise l’étude de faisabilité du rapprochement entre Karthago Airlines, la compagnie aérienne de Belhassen Trabelsi, gendre de l’ancien président Zine el-Abidine Ben Ali, et Nouvelair, filiale du groupe Tunisia Travel Service (TTS) de l’homme d’affaires Aziz Miled.

En 2017, l’État tunisien et l’autorité d’investissement d’Abu Dhabi (Abu Dhabi Investment Authority, [ADIA]) chargent Rothschild & Cie et KPMG Tunisie de piloter la cession de 77,78 % du capital de la Banque de Tunisie et des Émirats (BTE), mais l’appel d’offre international a été déclaré infructueux.

Rothschild & Cie a actuellement un mandat de l’École supérieure privée d'ingénierie et de technologies (Esprit) pour l’accompagner dans la mise en œuvre de son plan de développement stratégique, «qui peut induire une opération au niveau de son capital, mais ce n’est pas l’objectif premier», précise une source proche du dossier.

Si aucun hôpital privé n’a été créé à ce jour, ce n’est pas parce qu’aucun investisseur n’y a pensé. Plusieurs ont essayé d’en lancer un mais ont échoué en raison du double veto des autorités et de l’Ordre des médecins qui, en particulier, refuse le salariat des médecins en dehors des structures publiques. D’après nos sources, les médecins seraient des prestataires et non des employés de Rothschild & Cie et de Carte et auraient leurs cabinets à côté de l’hôpital. Mais cela suffira-t-il à faire accepter leur projet?

EN BREF La montée en puissance du groupe Carte

 

Comme pour bon nombre de groupes tunisiens, il y a pour le groupe Carte un avant et un après le 14 janvier 2011. Sous l’ancien régime, le groupe des frères Doghri faisait attention, comme tant d’autres, à ne pas se développer de manière trop visible pour ne pas se signaler à l’attention de l’entourage prédateur de l’ex-président Ben Ali. Mais, depuis la chute de ce dernier, Carte est passé à la vitesse supérieure et multiplie les investissements. Il le fait essentiellement pour étendre son activité à de nouveaux secteurs.

Principalement présent jusqu’en 2011 dans l’assurance et, à un degré moindre, dans la chimie, le gaz, l’immobilier, l’hôtellerie, le lait et ses dérivés…, il s’est depuis développé dans les équipements portuaires et aéroportuaires – avec le chinois Shenzhen CIMC Tianda –, les matériaux de construction, les semences potagères, la concession automobile – il est détenteur de la carte de la marque chinoise BAIC YX –, l’eau minérale, l’e-santé, et, enfin, la banque où il est en passe de prendre le contrôle de l’un des plus importants établissements du pays – l’Union bancaire pour le commerce et l'industrie (UBCI), une banque tunisienne filiale de BNP Paribas – à hauteur de 39 % du capital, moyennant son plus gros investissement à ce jour: près de 60 millions d’euros.


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.


Sept accords technologiques avec les États-Unis pour accélérer l’IA saoudienne

L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
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  • La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC

WASHINGTON : L’Autorité saoudienne des données et de l’intelligence artificielle (SDAIA) a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en intelligence artificielle (IA).

Les accords ont été signés en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC, qui a rassemblé des hauts responsables, dignitaires, PDG et cadres de grandes entreprises saoudiennes et américaines, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, a ajouté la SPA.

Ces accords couvrent un large spectre de collaborations visant à renforcer l’infrastructure des données, développer les compétences nationales et promouvoir l’adoption de l’IA dans des secteurs clés.

Dans le cadre d’un partenariat, Supermicro travaillera avec la SDAIA sur des solutions serveur, la conception de centres de données, des événements centrés sur l’IA, des programmes de formation et des initiatives d’apprentissage en ligne destinées à développer l’expertise locale.

Dell coopérera avec la SDAIA pour accélérer l’adoption des technologies IA grâce à l’amélioration de l’infrastructure, au transfert de connaissances et à des initiatives de renforcement des capacités nationales.

Un accord distinct avec Accenture permettra aux deux parties d’échanger leur expertise pour renforcer les capacités de leadership en IA. Le partenariat comprend le développement des infrastructures de données et d’IA, le soutien à la transformation de la main-d’œuvre et la sensibilisation du public à l’importance de l’adoption de l’IA.

La collaboration de Cisco se concentrera sur l’accélération de la transformation numérique dans le secteur public, la promotion d’initiatives IA et le développement d’environnements de centres de données évolutifs et dotés d’IA.

L’accord-cadre de la SDAIA avec Boomi renforcera l’innovation au sein de l’écosystème IA du Royaume grâce au développement de centres de données IA alimentés par la technologie Boomi, ainsi qu’à des programmes plus larges d’échange de connaissances.

SambaNova soutiendra la SDAIA à travers des événements conjoints, des camps de formation, le partage de connaissances et des campagnes de sensibilisation pour renforcer les capacités nationales en IA et en données.

Par ailleurs, GitLab explorera des opportunités conjointes dans le développement des compétences, les projets d’innovation, les solutions commerciales et l’expansion de la portée mondiale des applications IA développées en Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
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  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.